skin ϟ bae

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feat. bae

La cigarette éteinte balance d'un côté à l'autre de ses lèvres, puis dans un élan suicidaire humide, choit une énième fois sur l'asphalte. Qu'importe les graviers et autres saloperies, Coco fait claquer sa langue, agacée, avec l'idée que mâchonner un cure-dent aurait tout autant d'allure, souffle dessus.

- Hey Bae.

Bae.
Elle aimait ce nom. Il roulait entre ses lèvres comme une promesse. Promesse de tout. Promesse de rien. Promesse mensongère qui se brisait inévitablement sous ses propos vulgaires. Bae. Il portait mal son nom, il portait bien son nom aussi. Il fallait juste creuser un peu, comme un diamant. Négliger le mauvais pour se focaliser sur le bon. Et Coco, elle avait toujours été douée pour ça. Elle se foutait de tout la princesse, de la morale comme du reste. Elle s'avance dans le salon et s'assoit à califourchon sur son siège, le menton posé sur le dossier et son regard focalisé sur le brun, écrasant dans un cendrier la clope coincée entre ses lèvres. Bae, elle le connaissait. Pas réellement un ami, pas réellement un inconnu non plus. Il traversait sa vie de manière occasionnel, comme un courant d'air. Pourtant Coco, elle n'aurait imaginé nul autre pour graver sa peau.

- Toujours d'accord?

Le tatouage, après tout, restait une pratique interdite en Corée du Sud. Sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi. Mais ce n'était là que l'une des nombreuses incohérence sévissant au pays du matin calme. Une de plus qu'elle se contentait de contourner sans réellement s'en soucier. Coco, après tout, n'avait jamais été une fervente défenseuse de la légalité.  Pire encore, son séjour à Haneul n'avait fait qu'accentuer cette désinvolture excessivement marquée.

— RIMY ♥ @ OOC —

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Un sale gamin, avec ses aiguilles entre les mains.
Un léger sourire prit place sur les délicates lèvres de Coco. Son regard charbonneux alla directement vers le jeune homme qui déambulait dans la pièce. Mais ce qui la surpris plus qu'à l'accoutumé -même si son visage ne le décrit nullement- ce fut ce professionnalisme avec lequel monsieur gérait leur rencontre. Bae, agissant comme un adulte dans un corps encore adolescent, à la susceptibilité d'enfant. Elle laissa son avant bras reposer sur la table, sa chaire blanche dévoilée sans aucune frivolité. Coco, elle avait décidé de se faire tatouer sous une impulsion. Comme d'ordinaire. Comme toujours dans le fond. Cela ne l’empêchait pas d’être embourbée dans une apathie persistante, familière, mais néanmoins irritante. L'ennuie demeurait, après tout, son plus fervent ennemi. L'ennuie d'une journée passer sur les bancs des amphis, l'ennuie d'une soirée qui s'annonçait sans son frère ou sans ses partenaires de galères. L'ennuie, il l'ensevelissait, il s'écroulait sur son corps avec le poids d'une lourde canicule et détrempait tout le reste. L'ennuie, Coco le côtoyait au quotidien. Il se tenait tapis dans l'ombre de ses romans, dans les murs toujours trop vierges de son univers. Oui Coco, elle côtoyait l'ennuie comme une vieille amie. Mais jamais elle ne s'y habituait.

- Je n'ai pas but, j'ai manger avant de venir et je ne vais pas m'évanouir pour une petite aiguille.

Elle ne jeta pas un coup d’œil à sa montre.
Qu’il soit en avance, à l’heure, en retard, elle n’en avait strictement rien à foutre. Ce qu’elle voulait, c’était une nouvelle marque sur sa peau. Une de plus, avec une signification toute particulière. Mais ça, c'était un secret. Ca, c'était son propre mystère. Coco, elle avait les yeux vlos et l'oreille tendu vers lui. Mademoiselle était à l'aise. Coco, elle était partout comme chez elle. Elle soulève une paupière pour voir les inscriptions qu'il marque sur sa peau, l'abaisse en constatant que c'est exactement ce qu'elle désirait. Bae. Il était doué. C'est tout du moins ce qu'il se murmurait. Ce qu'elle avait vaguement put observer lorsqu'elle était venue se renseigner.

- T'es chez le dog?

Simple supposition soufflé alors qu'il revient s'asseoir face à elle, son matériel entre les mains. Coco, elle n'était pas de ceux qui avaient besoin de converser pour oublier la douleur qui irradiait de leur chaire. Aussi étrange que cela soit, le contact de l'aiguille contre sa peau l'apaisait bien plus qu'il ne l'incommodait. Mais mademoiselle aimait le contact humain. Les discussions, les échanges, les conversations sans grande importance. Et plus elle semblait vous agacer, plus elle palabrait - plus elle s'amusait. Parce que la vie justement, n'était qu'une immense farce. Un jeu entre elle et le monde, entre elle et les autres. Un jeu avec tout le monde. Avec Bae et avec personne d'autre.

— RIMY ♥ @ OOC —

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Comme si elle pouvait avoir peur de ça.
Coco éclata d'un rire amusé. Il fut un temps où il aurait considéré cette remarque comme une insulte dégradante ; une atteinte à son rang. Plus aujourd'hui. Elle eut un drôle sourire ; un sourire en coin, imperceptible, presque charmant. Il était aujourd'hui habitué, Bae, à recevoir les douces paroles de Coco.

- Je n'ai peur de personne.


Coco était purement charnelle.
Beaucoup trop pour appréhender ne serait-ce qu'un infime pourcentage du plaisir que tirait le genre humain du jeu auquel il participait inconsciemment. Le pouvoir, la terreur, la soumission, la domination, toutes ces petites choses dont mademoiselle se jouait, tous ces menus détails que Coco ignorait. Coco, Coco était l'excès. C'était faire n'importe quoi n'importe où à n'importe quelle heure de n'importe quelle journée, sans bien sûr se soucier ne serait-ce qu'une fraction de seconde des conséquences, et en rire jusqu'à s'en déchirer la gorge, jusqu'à s'en éclater les poumons, rire jusqu'au vertige, jusqu'à l'inconscience, et hurler hurler hurler. Hurler dans le silence sans fond des nuits sans fin, hurler dans la foule trop lourde de ces journées trop longues, hurler pour conjurer le sort et faire reculer le vide, hurler ce trop-plein de mort aux allures de vie, hurler hurler hurler. C'était, à bout de souffle, les jambes au supplice, la gorge aphone, les poumons évanouis et le myocarde explosé, en redemander et recommencer de plus belle. Coco ne craignait pas les dogsulis. Elle frayait avec eux. Elle gravitait autour de leurs sphères avec cette insolence presque solaire. Elle irradiait sa propre lumière Coco. Elle s'y réchauffait. S'en nourrissait.  

- Française. C'est quelqu'un à qui je tiens qui avait choisit ces symboles pour moi.

Quelqu'un qui aurait dût être là. Avec toi. Mais ce n'est pas le cas, hein Coco? Ce n'est plus le cas depuis longtemps. Et c'est plus facile de se dire que ça ne compte pas de toute façon, que ça n'a pas d'importance. Que tu t'en fous du temps qui s'étire, des jours qui passes sans signe de vie. Non, toi tu roule sur ta route d'amour, sur ta ligne de vie. Tu roules et tu roules jusqu'à en perdre ton propre fil. S'appuyer sur ta seule vanité a toujours été plus aisé. L'arrogance, l'insolente confiance, ça, c'est familier. Alors y'a rien à ajouter. Elle n'a rien à en dire Coco, de ce tatouage. Rien qu'elle ait envie de confier. Juste ses paupières qui se soulèvent. Juste son regard qui suit la descente du sien. Ca la fait sourire. Ca la fait doucement rire.

- Pourquoi tatoueur?

Pourquoi pas voleur ou dealeur? Pourquoi pas arnaqueur?

— RIMY ♥ @ OOC —

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Ah Paris.
Coco. Elle ne portait rien de la capitale sur les traits de son visage. Non elle la véhiculait dans le timbre particulier de sa voix, dans ce léger accent qui enrobaient chacun de ses mots. Coco, Paris elle l'a dans la sang, elle l'a dans la peau. A quoi bon le nier? Ce qui l'ensorcelle c'est Paris, Paris tout entier. Ses ruelles et ses mystères, l'univers qu'elle se créait, son atmosphère. Coco. Il y a des jours où sa ville lui manquait. Des instants où elle souhaitait retrouver toutes ces petites choses qu'aucune autre ville ne pouvait lui apporter. Des moments où les mots brûlaient sa langue. Où elle se languissait de partager toutes ces choses insignifiantes qui l'habitaient.

- Vivre de sa passion et mater peinard sans se faire emmerder. Ca semble être une belle vie.

L'amour des choses simples.
Le sexe, la bière, les tournois de boxe, les sortis sans grande importance, à traîner dans les parcs ou dans les bars, à faire n'importe quoi. Peut être bien que Bae, il les aimait aussi, ces grands n'importe quoi. Cette jeunesse affichée et effrontément revendiquée. C'est choses dont on ne pouvait profiter que lors de cette phase tant convoité qu'est la période des universités.

- Je bosse deux soirs par semaines dans un bars.
Je gagne pas grand chose mais c'est assez fun.

Passion alcool. Encore un vice, un de plus qu'elle entretenait non sans un certain plaisir. Pourtant Coco, elle ne dit rien de plus, elle a les yeux rivés sur l'aiguille qui voyage sur son bras. C'est apaisant, presque reposant. Un contact régulier qui parvenait à la faire somnoler. Pourtant, Bae n'était pas doux. Si elle avait été douillette sans doute l'aurait-il fait grimacer et elle  eut une légère moue à cette pensée. L'absence de douceur, c'était presque un trait récurrent chez ses homologues masculins. Chez ceux qui la rejetait, consciemment ou non, s'en détournait assurément.

- T'es rude chaton.

Simple constat, sans aucun reproche. Parce qu'il avait la main dur Bae. Lorsqu'il essuyait sa chaire qui rougissait. Beaucoup plus que lorsqu'il prenait soin de son matériel, changeant une aiguille pour une autre. Mais alors que son regard voguait sur les tableaux accrochés aux murs, alors qu'elle observait ses desseins qui s'étalaient tout autour d'elle, elle ne pouvait lui dénier: Ce type là était doué.

- Mais t'as raison, t'as un don. Ca doit être cool de vivre de sa passion.

Comme Ryu dont elle aimait explorer l'univers. Des toiles par centaines et des joints coincés entre les lèvres. Des âmes d'artistes ces garçons là. Pas comme elle.

— RIMY ♥ @ OOC —

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Oui Coco, et alors?
Qu'est ce que ça peut te foutre qu'il vive de passion ou par procuration ? Qu'il s'emmerde comme un rat mort ou s'éclate à chaque instant? Qu'est ce que ça peut te foutre dans le fond? Après tout sa vie, c'est pas la tienne. Toi, t'as rien à voir avec ça. T'es même pas une amie, tout juste une vague connaissance avec qui il parle de temps en temps.

- J'crois que j'envie ça. La vie est ennuyeuse lorsqu'on a ni but ni réelle ambition.

Lorsqu'il n'y avait que l'interdit pour vous faire frémir. Lorsque même les choses les plus banales se trouvaient viciées par l'ennuie. Il fallait alors trouver de nouvelles choses pour se distraire. Des absurdités plus folles les unes que les autres dans l'espoir de la faire taire, cette foutue voix qui chuchotait à ses oreilles. Celle qui affirmait qu'elle pourrait bien finir par pourrir, Coco. Par s'affaisser sur elle même si elle continuait à s'enliser dans une vie qui lui convenait guère. Une vie trop sage de petite étudiante respectable. Avenir bien rangée où elle pourrait vivre d'un salaire durement gagné. Elle pourrait finir par s'y oublier Coco. Et cette soumission là, cette forme d'abnégation sociétal qu'elle rejetait de toutes ses forces, avait quelque chose de profondément terrifiant.

- Vrai, j'aime le sexe.

Tendre euphémisme qui vint s'échapper dans un sourire. Le sexe, après tout, était un plaisir particulier que mademoiselle avait toujours sût apprécier. Coco. Elle savait ce que l'on ressentait lorsqu'on était captive de de leurs baisers et esclave de leurs touchers. Un eux indissociable. Deux moitiés d'une seule et même unité dont elle n'était ni pivot ni pilier. Coco, elle avait aimer de tout son vide. Elle avait aussi sut se traîner de ci, de là, le corps comme un festin, pour offrir aux chiens le vide entre ses reins. Le sexe restait un vieil ail, pas moyen de s'y tromper. Mais Coco, elle avait apprit à faire l'amour plutôt que baiser et c'était là tout ce qu'il fallait nuancer.

- Et la drague, on s'y habitue. Quand ça devient trop chiant, on vire juste le client.

Pas plus compliqué que ça.
La vie de Coco, après tout, avait toujours ces airs d'évidences. Ce qu'elle désirait, elle le conquérait. Ce qui l'ennuyait elle s'en débarrassait. La morale, le socialement acceptable, le permit et l'interdit demeuraient des notions humaines qui lui passaient par dessus la tête. Une simplicité enfantine à tout épreuve vous dis-je.

- Oui, plus ou moins.

C'est compliqué. Elle ne le dit pas Coco, mais elle n'en a pas vraiment besoin. C'est ce qu'il y a de bien avec Bae, il devine ce qu'elle ne dit pas, ne la pousse pas à avouer des trucs qui ne lui conviendrait pas. Parfois, elle a l'impression qu'entre eux y'a rien de plus que ça. Juste un salon qu'elle squatte de temps en temps. Et à d'autres moments, c'est comme si elle le connaissait depuis longtemps.

- Et toi? T'as un plan cul régulier en ce moment?

Pas en couple non. Jamais en couple. La baise, dans ce monde à lui, c'est conventionnel. La baise au fond, c'est infiniment plus sécuritaire. Y'a pas à choisir, rien à justifier, juste des étreintes à voler. Juste des soupirs à cueillir.

— RIMY ♥ @ OOC —