graved under your skin ft. Sun Ah

Un tatouage. Quelle idée, pour une fille sage comme Su Nah, n'est-ce pas ? Elle filait droit, était la petite-fille chérie du pays, et voilà qu'elle se rebellait et voulait se faire un tatouage. Étonnant, venant de sa part. Mais, pas tant que ça, lorsqu'on y réfléchit. Parce qu'il allait s'agir d'un tatouage bien caché. Habilement caché. Voilà comment se faire plaisir sans s'attirer les foudres de qui que ce soit. Pas même lors des séances de mannequinat, car personne, quasiment personne hormis elle ne pourrait le voir, et quelques privilégiés. Un, plus particulièrement.
Cette envie de se faire tatouer était inspirée par lui. Riok. Il partageait ses nuits et son lit depuis un bon moment, maintenant, et elle avait toujours été intriguée par ses tatouages. Qu'elle admirait parfois, parcourait du bout des doigts lorsqu'il était endormi, ou même éveillé. Elle leur trouvait un charme énorme. Et bien qu'elle ne pourrait jamais avoir les mêmes, d'aussi voyants... Elle aussi, elle voulait graver sa peau. D'un symbole qui lui tenait particulièrement à cœur. C'est un peu stressée qu'elle s'était mis en route vers leur lieu de rendez-vous, c'est-à-dire le salon de tatouage, bien caché dans une ruelle. Leur lieu de rendez-vous, car c'est lui qui allait l'y accompagner. Qui de mieux que Riok pour l'encourager lors de cette épreuve si difficile ? Ils avaient un lien assez particulier, et c'est immédiatement à lui qu'elle avait pensé aussitôt cette idée germée dans sa tête. C'est un sourire crispé qu'elle lui offrit lorsqu'il lui demanda si elle était prête. « On va dire ça. » Elle avait une peur bleue des aiguilles. Une peur bleue. Alors ça n'aidait vraiment pas. Mais son sourire se fit un peu plus détendu lorsqu'il tenta de la rassurer en lui disant qu'il était là. Comme quoi, c'était efficace. « Tssss. Su Nah ne lâche jamais l'affaire. C'est pas un p'tit tatouage qui va venir à bout d'une force de la nature comme moi. » Elle lui adressa un clin d'oeil avant de prendre son bras, et de l'emmener avec elle à l'intérieur. « Je crois que je ne dirai plus ça une fois le tatoueur au travail. » Au moins elle était réaliste. Elle rit un peu, et à peine à l'intérieur, l'artiste vint vers eux. Ce qu'elle voulait comme tatouage, et où. Elle sortit alors un feuille avec un dessin de lion, qu'elle voulait en très petit... « Là. Pour qu'il soit bien caché. Tu en penses quoi, Riok ? » Là, c'est-à-dire à l'intérieur des cuisses, et plus exactement sur l'intérieur de la cuisse gauche. Elle attendait confirmation de la part du connaisseur, avant de passer aux choses sérieuses.

Il n'était pas très rassurant, le Riok, quand même. Mais il était sûrement réaliste, par contre. Elle allait douiller. Et si elle voulait fuir, c'était maintenant ou jamais. Mais Su Nah ne fuyait jamais. Et Su Nah voulait vraiment son petit tatouage, comme ça il ne serait plus le seul à en avoir un. Ils seraient deux. Les siens restaient plus nombreux et impressionnants bien évidemment, mais ce qu'elle prévoyait de faire était déjà beaucoup connaissant sa réputation et sa nature d'athlète bien sage. A croire que Riok l'influençait et faisait d'elle une petite rebelle. Une petite rebelle qui avait malgré tout pensé à un endroit d'où l'on ne verrait pas son signe de rébellion. Et qui maintenant se demandait si elle n'aurait pas mieux fait de trouver un autre emplacement. Elle allait douiller. Ils avaient sûrement raison. Sa main gardant fermement celle de Riok dans la sienne, elle sentait son cœur bondir dans sa poitrine alors qu'elle s'avançait vers la chaise qui allait être le lieu de son calvaire pour la prochaine heure. « … Riok, tu sais si on peut mettre des anesthésiants avant le tatouage ? J'ai quand même un peu peur des aiguilles ... » Demande qui sembla faire rire le tatoueur qui l'avait entendue. Bon, visiblement, elle allait devoir supporter la chose comme une grande fille. Une grande fille qui refusait pour autant de lâcher la main de Riok, sauf lorsqu'elle dut retirer son pantalon. Gênée par la présence du tatoueur, mais pas par celle de Riok. Après tout, il connaissait sûrement son corps par cœur, vu la fréquence à laquelle il partageait son lit. Un ami, un confident, un compagnon sous la couette... A la fois complices dans la vie de tous les jours et dans les moments intimes. Comme aujourd'hui, pour l'accompagner dans cette épreuve particulière. Rien d'étonnant à ce qu'on les prenne pour un couple, donc. Même le tatoueur semblait le penser, vu la proximité des deux coréens. Proximité qui grandit à peine le tatoueur ayant commencé le travail. C'est de toute sa force qu'elle serra la main du pauvre Riok, grimaçant alors. « Ah oui, ça fait quand même ultra mal... » Elle aurait préféré les baisers de Riok sur cette cuisse, plutôt qu'une aiguille qui lui massacrait la peau. « On a intérêt à aller faire un truc sympa après ça, parce que... AÏE ! » Elle finit par tourner la tête vers Riok, la posant contre le dos de sa main. Vivement que ce soit fini. Vivement.

Même s'ils pouvaient ils ne le feraient pas ? Mais c'était quoi, cette bande de sadiques ? Pourquoi insister à vouloir faire souffrir ? Elle aurait dû demander à se faire assommer tiens, pour être certaine qu'elle ne ressentirait aucune douleur. Parce que là, là, elle avait mal. Pourtant, Su Nah avait une très bonne prédisposition à la douleur, elle était habituée à prendre des coups. Mais les aiguilles, c'était autre chose. Les aiguilles, c'était un cauchemar. Et ces aiguilles-là lui transperçaient littéralement la peau. Allez, no pain no gain. Et puis, elle avait Riok à ses côtés pour la soutenir. Et pendant qu'elle lui broyait la main, lui la couvrait de caresses et de petits baisers. Encore un peu et on croirait qu'elle était en train d'accoucher, et non pas de se faire tatouer. « Pour une fille j'ai une sacré poigne, hein ? » Donald Trump pouvait aller se brosser, comparé à elle. A sa question sur comment elle se sentait, elle força un sourire. Un vrai sourire forcé. Parce qu'elle n'en pouvait plus, mais elle ne pouvait pas pleurer non plus, n'est-ce pas ? Alors elle forçait des sourires. En attendant que ça passe. Vivement que ça passe. « Un endroit sympa ? C'est vrai ?! » Comme un gosse, elle oublia la douleur du tatouage l'espace d'un instant pour avoir les yeux brillants. Il allait l'emmener dans un endroit sympa. Ne lui restait plus qu'à supporter encore un peu, juste un tout petit peu la douleur. Fort heureusement, la demi-heure suivante passa très vite. Encore un effort, quelques retouches, de quoi protéger le tatouage et... C'était enfin fini. Un soupire lourd lui échappa des lèvres. « Hallellujah, j'en pouvais plus. » Difficilement, elle remit son pantalon, essayant de ne pas toucher le tatouage. Puis tout en se chargeant des dernières formalités avec le tatoueur, toute son attention était portée sur Riok maintenant. … Su Nah la gamine voulait avoir sa surprise, une promesse était une promesse non ? « On va aller où ? On va aller faire quoi ? On y va maintenant ? » Surexcitée ? Nooon. Du tout, voyons.

Elle appréciait beaucoup Riok. Ce n'était pas pour rien qu'elle l'avait fait venir avec elle. C'était un moment particulier et, elle avait besoin de quelqu'un de tout aussi particulier à ses côtés. Puis, il était le tatoué en chef dans son entourage alors. A vrai dire, c'est même lui qui lui avait inspiré cette idée. « Moi ? Mal à la jambe ? J'suis faite en béton voilà, pas mal du tout. » Pas mal du tout... Bien sûr. Elle fit à peine un pas qu'elle s'accrocha finalement à son bras en grimaçant, jusqu'à ce qu'ils arrivent à la voiture. Ce tatouage l'avait plus épuisée qu'elle ne voulait le laisser croire, et rapidement, elle posa sa tête contre la portière, s'endormant presque sur le trajet. « J'crois que je suis faite en sucre, pas en béton. J'ai l'impression qu'on m'a aspirée toute mon énergie vitale. » Elle rit un peu, avant de regarder le rétro puis de lui sourire. Rapidement, ils finirent par arriver à destination puis, comme un petit couple parfait, main dans la main, ils arrivèrent devant... « Un spa ?! » Un large sourire s'afficha sur son visage. Oh non, c'était trop gentil là. Trop gentil et trop adorable. Elle tourna la tête vers lui, le regardant longuement sans perdre son sourire. Il avait pensé à tout, en fait. Pour l'aider à se détendre et à se sentir mieux. « A toute ! » Elle lui sourit une dernière fois avant d'aller se changer, puis de revenir le rejoindre, un simple peignoir sur le corps. Près du sauna. Et ni une ni deux, après avoir brièvement vérifié qu'il n'y avait personne autour pour les voir, elle prit son visage dans ses mains et l'embrassa. « C'est vraiment trop gentil, tu sais ? Trop trop trop gentil. Les seuls massages que j'ai d'habitude sont ceux de mon kiné et ils sont plus désagréables qu'autre chose. »