why are you here ? + kim bae

Elle n'avait pas de chance, la Byul. Même si bon, pour elle, la chance, le destin, toutes ces choses, elle n'y croyait pas mais... Soyons honnêtes deux minutes, elle était une sacré poissarde. Y avait toujours quelqu'un pour l'emmerder, quelque part. Everywhere. Et là encore, ça ne manquait pas. Elle était avec ses bouquins, sortant tout juste d'un cours qu'elle avait donné pour aller prendre une pause bien méritée lorsque deux garçons vinrent se mettre face à elle. Lui coupant ainsi la route au passage. Oui, teacher, on a des questions. Byul était adorable, et était surtout une déesse des maths, bien évidemment qu'elle allait répondre à leurs questions. Sauf que rapidement, ils s'approchèrent un peu trop d'elle. L'un toucha ses cheveux. Elle n'aimait pas vraiment qu'on la touche. L'autre commença à lui prendre la main, histoire de l'emmener voir je ne sais quoi avec eux. Mais elle ne voulait pas. Elle ne voulait vraiment pas. Alors bien évidemment, elle tenta de se reculer, mais non, elle était haute comme trois pommes et eux faisaient deux têtes de plus qu'elle, elle ne parvenait même plus à voir face à elle. Et elle ne savait plus comment se sortir de la situation. Enfin, pas comme si à la base elle savait comment s'y prendre mais... Mais là, encore moins. Même ses petits Non, je dois y aller. ils ne l'écoutaient même plus, essayant de la convaincre de les accompagner dans leur petite escapade qui semblait déjà bien étrange. Elle était dans la merde.

Byul était assurément la victime parfaite. Jolie, incapable de se défendre, se plaignant peu. Sa seule réaction ? Se braquer, ne rien dire, ou alors se contenter de refuser les propositions sans pour autant faire d'esclandre. Crier, faire un scandale... Ca elle ne savait pas faire. Leur crier de la lâcher. Les repousser violemment. Et ils en avaient profité, les deux garçons. Parce qu'ils le savaient. Elle essayait de libérer sa main sans y parvenir, alors qu'ils l'emmenaient avec eux on ne sait où, mais tout ce que Byul savait, c'est qu'elle n'en avait pas envie. Et elle leur avait dit, de sa petite voix, en regardant ses pieds, sans pour autant arriver à les convaincre. Car elle n'était pas convaincante lorsqu'elle faisait ce genre de chose, la Byul. Pas assez ferme, pas assez violente.
Mais heureusement, il y avait Bae. Ah lui, question violence, il n'y avait rien à redire. Il était au maximum, mieux valait qu'il n'aille pas plus loin et qu'il n'en reste qu'à ça, tiens. Elle ne savait pas si elle était soulagée ou inquiète en le voyant, la Byul. Elle se contenta de le fixer pendant un petit moment, perdue, ne sachant ce qu'il allait faire. Ce qu'il voulait faire. Puis il finit par l'attraper, et par la tirer vers lui. Derrière lui. Frêle, toute petite, elle n'opposa aucune résistance, restant là, protégée par son dos, par son corps qui faisait au moins deux fois le sien. Tout en regardant discrètement ce qui se tramait et... Oh. Merde. Il venait de... Il venait de lui brûler l'oeil. Littéralement lui brûler l'oeil. Choquée, elle déglutit alors qu'il l'emmenait avec lui, on ne sait où, sa main dans la sienne, se contentant de lui jeter quelques regards discrets. « Je fume pas, j'ai pas de cigarettes... Mais j'ai des cigarettes en chocolat, si tu veux... » Bah quoi ? Peut-être que les cigarettes en chocolat lui conviendraient ? Peut-être même qu'il les préférait aux vraies. C'était son cas, à Byul. Qu'est-ce qu'elle aimait les cigarettes en chocolat.
Puis... Puis elle finit par tiquer. C'était bizarre. Ils allaient vers sa chambre. Pourquoi allaient-ils vers sa chambre ? Il n'avait rien à voir avec sa chambre, lui. Ou peut-être se trompait-elle ? Non. Non non non. Elle connaissait bien le trajet de sa chambre, quand même. C'était... Là, devant eux, c'était sa chambre. Et il ouvrait la porte de sa chambre. Alors qu'elle ouvrait grand les yeux, à ce qu'il lui annonçait. Dans la même chambre ? « … Quoi ?! Mais. Mais c'est ma chambre ! C'est ma chambre à moi, pas la tienne ! Pourquoi tu viens dans ma chambre ? C'est la mienne ! » Il ne pouvait pas être dans la même chambre qu'elle. Non. Non non non non non. C'était sa chambre. A elle et à ses poissons. Et aux animaux qu'elle recueillait parfois. Pourquoi lui était là ? Lorsqu'il relâcha sa main, elle s'apprêta à s'éloigner avant qu'il ne l'attrape finalement par la taille. Et comme à chaque fois qu'on la touchait, elle se figea, ne bougeant plus, se contentant de fixer ses pieds. Elle gérait les contacts physiques aussi mal que les relations sociales. Elle ne savait pas, tout simplement. Mal à l'aise. Gênée. Alors elle ne bougeait plus. « Je suis pas un bébé... Je me fais pas victimiser... » Pourtant, l'air d'enfant boudeur qu'elle avait sur le visage était tout sauf un air d'adulte. « Je me suis défendue quand même, je leur ai dit que je voulais pas. Tu vois que je suis pas un bébé ni une victime. ... »

Byul n'aimait pas partager sa chambre. Elle aimait bien être seule. Dans son petit monde. Avec ses animaux. Ses maths, ses machines. Les autres humains, elle pouvait s'en passer. Surtout de cet humain en particulier. Bae était franchement effrayant, il brûlait les yeux des gens avec sa cigarette, quand même. Et l'avoir dans sa chambre ne la rassurait pas trop. Et s'il s'en prenait à ses cahiers hein ? Où elle résolvait tous ses théorèmes ? Non. Non non non. Ca ne la rassurait pas du tout.
D'ailleurs, pourquoi l'avait-il aidée ? Elle ne comprenait pas. Il n'était lui-même pas gentil avec elle... Pourquoi l'avoir aidée lorsque d'autres n'avaient pas été gentils avec elle non plus ? Elle ne parvenait pas à suivre sa logique, elle ne parvenait pas à le comprendre non plus. En fait, tout ce qu'elle savait, la petite blonde, c'est qu'il n'était pas commode.
A contre-coeur, elle se laissait emmener, ou plutôt entraîner, alors qu'il avançait dans la chambre en la tenant toujours par la taille. Elle regardait ses pieds, affichait une moue boudeuse, se pinçait les lèvres, mais n'osait rien dire, comme à chaque fois. Elle ne disait jamais rien, Byul. Rien qui puisse être vraiment efficace pour la défendre, en tout cas. « Du fric ? De l'argent tu veux dire ? … J'en ai pas … » Et elle ne mentait même pas. Byul était fauchée, sérieusement fauchée. Son poste de prof de maths lui servait simplement à financer ses études. Alors à la fin du mois, il ne lui restait pas le moindre centime. Comme là. Plus un rond. Alors qu'il s'asseyait sur le lit, sans la lâcher, elle releva les yeux vers lui. Il avait quelque chose à lui proposer. Et... Elle eut du mal à rester de marbre face à sa proposition. Sa protection ? Mais en échange elle faisait ce qu'il voulait ? La coréenne ouvrit grand les yeux, se demandant l'espace d'un instant s'il était sérieux. Et il l'était. Il ne lui laissait pas le choix. Elle était sa victime. « Mais je suis pas une victime, je t'ai dit... J'ai pas envie d'être ta victime... » Bien qu'elle avait le regard un peu fuyant alors qu'elle s'adressait à lui, de sa petite voix, bien incertaine, baissant régulièrement les yeux. « Ca va aller, je peux me défendre toute seule, pas besoin de tout ça... Je peux le faire... » Même s'il lui avait dit qu'elle n'avait pas le choix, elle pouvait toujours tenter sa chance, non ? Peut-être que par miracle, il reviendrait sur ce qu'il avait dit. Ou peut-être... Pas. A peine tenta-t-elle de se reculer qu'elle sentit des mains la retenir par la taille. Oui, définitivement, elle était déjà prise au piège.

Elle ne savait pas faire grand chose, Byul, à part des maths. Ni se défendre seule, ni parler aux gens, ni... Rien. Elle ne savait pas grand chose, à part les maths. Mais elle faisait de son mieux. Elle essayait de son mieux. Elle voulait y arriver, mais sans y parvenir. Et Bae le lui rappelait, de manière un peu abrupte pour le coup. Elle avait parlé d'une petite voix, incertaine, le regard fuyant et... Sa réaction augmenta son incertitude. L'inquiéta, même. Elle essaya de se reculer, sans y parvenir, il la touchait toujours aussi fort. Puis au final, il lui demandait de la fermer. C'était méchant. Il était méchant avec elle, Bae. Et elle ne comprenait pas pourquoi. Elle ne lui avait jamais rien fait de mal, non ? Elle avait toujours été correcte avec lui. Pourquoi lui ne l'était pas ?
Elle lui lança un regard un peu boudeur et triste à la fois, à la manière d'une enfant, avant de faire quelques pas en arrière tandis qu'il se levait. Il voulait qu'ils aillent fouiller une chambre. … Quoi ?! « … C'est pas bien d'aller fouiller les chambres des autres … » Qu'elle lança d'une toute petite voix, se doutant qu'il n'allait pas l'écouter. Pour changer. Puis, malgré elle, elle avança vers la porte, poussée par son nouveau colocataire. Colocataire qui disait même... « Partager mon lit ?! Mais... Mais j'aime dormir seule, j'ai pas envie de partager mon lit, c'est mon lit ! ... » Byul avait quelques soucis avec le contact physique. En fait, être touchée la mettait horriblement mal à l'aise. La gênait. Atrocement. Alors dormir avec quelqu'un... Mais au point où elle en était avec Bae, ça ne changerait plus grand chose. Il ne respectait déjà pas son espace vital, puisque là voilà qui se retrouvait contre lui, tenue par son bras. Elle marchait difficilement, presque complètement tournée vers lui, les joues rougies par tant de proximité mais n'osait même plus protester. Ca ne servirait à rien, non ? Lorsqu'ils arrivèrent enfin dans la chambre, ce fut finalement une bénédiction. Certes, ce n'était pas bien de fouiller dans la chambre des autres mais, elle pouvait enfin regagner un peu de liberté, en allant s'asseoir sur le lit. Ce qu'elle fit, sagement, docilement. Puis elle le laissa chercher, tout en regardant autour d'eux. Jusqu'à ce que... Oh. Sous les draps. Il y avait quelque chose. Doucement, elle les releva et... « Les cigarettes... Les voilà. Là. C'est celles-là que tu voulais ? … C'est bon, on est quittes maintenant... ? » Oui, la pauvre petite essayait encore de regagner sa liberté. Même si elle savait la chose perdue d'avance.