save me, cause I can't save myself. [Ji Eun]

Les portes battantes des urgences s'ouvrent sur Andreas et moi en train de nous frapper l'un l'autre avec notre bras valide. « J'en peux plus d'toi ! On finis toujours dans des galères pas possibles gros ! En plus j'ai loupé l'taf à cause de toi. Puis téma, j'me suis pété l'poignet putain ! Pourquoi tu m'sautes dessus t'es taré ? ET LE PIRE c'est qu'on a tous les deux chopé des MST dans la piscine. J'SUIS FIRST POUR TE DONNER UNE PICHENETTE. » Il s'arrête et se baisse un peu pour que j'puisse lui en foutre une. J'lui met la plus grosse de sa vie et ça fait un bruit creux. Comme c'est étonnant. Puis j'le laisse me punir aussi parce qu'il faut bien, avant de reprendre ma route vers la sortie de l'hôpital. Je suis des panneaux un peu au pif, j'arrive pas à bien capter par où il faut aller, surement à cause des médocs qu'ils nous ont donné. Puis on tombe sur le bureau des infirmières de l'étage sans l'faire exprès. « Gros, dessines moi un truc sur mon plâtre. » J'regarde la gueule d'Andreas et on se marre comme des débiles pendant qu'il prend un marqueur, surement pour me dessiner une bite sur le bras. Pendant ce temps là, j'fais le guet au cas où l'infirmière revient. Quand je traîne avec Andreas j'ai tout l'temps l'impression d'avoir 12 ans et que j'dois avoir peur des vrais adultes. Rien que d'y penser ça me fait me marrer. Et d'un coup je vois une silhouette familière passer devant la porte, sans s'arrêter. Une fraction de seconde et pourtant je l'aurai reconnue entre mille. Elle, ses longs cheveux, sa démarche fluide, son visage baissé vers le sol, le sac sur son épaule. « Ji Eun ! » J'en oublie instantanément mon pote et son dessin et me barre vers la porte en courant pour la rattraper. « Ya, Im Ji Eun. » Je finis par lui prendre le bras pour qu'elle me fasse face. Bizarrement, elle a l'air faible, plus douce encore que d'habitude, elle est belle, d'une beauté fragile. « Qu'est-ce que tu fais là ? » Une note inquiète me surprend moi-même dans ma voix. Elle m'a jamais dit qu'elle allait à l'hôpital, qu'elle venait rendre visite à quelqu'un ou quoi que ce soit.

Si l'hôpital avait cet odeur si particulière je ne devais plus le sentir. Je me sentais comme dans un endroit trop familier. Un endroit où je voulais plus être mais je n'avais pas le choix. Ces murs me donnaient envie de vomir. Le ton mielleux des infirmières qui venaient pour me piquer le bras et m'immobiliser sur ce fauteuil pendant quatre à cinq heure. C'était long putain c'était long, et puis, j'étais crevée. Avant, après. J'avais envie de dormir dans mon lit. Je pose ma tête alors que je vois encore ce liquide rouge qui sort de mon corps, et qui revient, nettoyé. Mon corps peut même pas le faire soi même c'est tellement déprimant. Je mets de la musique dans les oreilles. Finalement je m'endors, quelques minutes, quelques heures je sais pas.
Quand mes yeux se rouvrent je suis tranquillement dans ce fauteuil et l'infirmière vient en face de moi pour regarder je ne sais quoi. Dix minutes, il me restait dix minutes. C'était le plus long, les dernières minutes qui venaient. Je soupirai et regardais autour de moi. J'étais assez seule dans cette pièce, il était tard et normalement les gens venaient en après midi ou le matin. Lorsque je venais le matin, c'était blindé, je voyais la détresse sur le visage des gens et ça me dégoûtais. Voilà pourquoi personne n'était au courant. Il était hors de question que je vois ne serait ce qu'une parcelle de pitié dans les yeux de qui que se soit. Dix minutes sont passées, on m'enlève mes chaines, on me pèse et on me relâche. Hors de question qu'on me raccompagne. Je salue les travailleurs de nuit et sort de la salle en soupirant. Je suis encore plus fatiguée, c'est n'importe quoi.. Alors que je marche la tête baissée, en direction de cette sortie salvatrice j'entends mon prénom. Non. Cette voix je ne la reconnais que trop bien. Mon visage se relève. Il faut que je parte avant qu'il ne me voit. Mon coeur bat fort, beaucoup trop fort. Merde merde !!! Je sens sa main prendre mon bras et me faire me retourner. Sang Rae. Mon regard est surpris, mon regard est presque meurtri. Qu'est ce qu'il fait là ? Qu'est-ce que tu fais là? Je viens jouer aux dominos. Putain ce que j'aimerai lui répondre ça mais je suis pas en état de blaguer, ni même en position pour rigoler. J'essaie de trouver quelque chose mais j'ai la tête vide. Je veux juste dormir. « HEu.. en fait je.. Rae !!! Qu'est ce qui t'est arrivé ? Pourquoi t'as un plâtre ? » Je prends son bras plâtrer dans une incompréhension totale. Je suis vraiment inquiète,
et j'avoue que ça m'arrange d'avoir une diversion. « T'as fait quoi ? Tu joues pas au hockey si tard.. » Comment ça je le connaissais ? je savais aussi qu'il y avait de fortes probabilités pour que se soit une connerie qui l'ait conduit ici. C'était même le plus plausible.

Son regard est brillant et surpris. Je me demande un instant si elle est fiévreuse, si elle a un problème, puis j'me dis t'es con Rae, elle te l'aurait dit si elle était malade. Tu l'aurais su. « HEu.. en fait je.. Rae !!! Qu'est ce qui t'est arrivé ? Pourquoi t'as un plâtre ? T'as fait quoi ? Tu joues pas au hockey si tard.. » Elle attrape mon bras plâtré avec une inquiétude non dissimulée. Je ne peux pas m'empêcher d'esquisser un tout petit sourire. « Tu devineras jamais ! J'étais avec... » Le prénom Andreas sort de nos deux bouches simultanément et j'en reste muet de stupeur. Elle sait. Elle me connait, elle sait que j'ai encore fait le con avec Andreas. « Comment tu sais ? » Je la regarde bouche bée. Ma main descend le long de son bras pour prendre la sienne avec douceur. Je peux pas m'empêcher de me dire que quelque chose cloche. Elle est pas comme d'habitude. Je plisse les yeux pour essayer de lire en elle, peine perdu Rae, tu te prends pour qui, Akinator ? Je soupire et baisse les yeux. « Ouais, on a fait une bataille de moutarde et de ketchup dans les cuisines donc après on a du nettoyer la piscine et là on a commencé à jouer à The floor is MST et Andreas m'a sauté dessus, j'ai glissé, on a du venir ici et résultat, j'ai le poignet pété. » Je lâche un rire muet avant de relever les yeux vers elle, par-dessous mes cheveux trop longs. Elle est blanche comme un linge et je me demande si elle va pas s'évanouir. J'utilise la main que je tiens dans la mienne pour l'attirer contre moi et je la prends dans mes bras pour murmurer à son oreille. « Dis, pourquoi t'es là Ji Eun ? »

T'es conne de rien lui dire. Je peux pas m'empêcher de me trouver injuste envers lui, parce qu'il sait rien, parce qu'il me regarde en cherchant quelque chose qu'il ne saura pas. Enfin, je lui dirai pas. Ji Eun t'abuse. Oui mais.. mais je peux pas me résoudre à ce qu'il commence à s'agiter dans tous les sens, qu'il s'inquiète ou je ne sais quoi. Je veux juste qu'il me regarde comme il le fait tout le temps. Qu'il prenne du temps pour lui quand son emploi du temps lui permet. Je veux continuer de pouvoir faire ce que je veux sans qu'il vienne me dire de faire attention. Alors qu'il allait m'expliquer je réponds en même temps que lui. Andréas. Les deux sont comme cul et chemise. Mais un cul et chemise un peu trop maladroit, trop fou pour s'en sortir sans aucune conséquence. Je regarde donc son bras et me dis qu'il va péter un câble de pas pouvoir jouer pendant sa convalescence. Prenant doucement je ris quelque peu. « Je connais mon copain. » Comme il me connait. J'ai peur qu'il voit quelque chose. Mes manches sont longues, mon sweat trop grand. Rien ne se voit, ni le poids que j'ai perdu depuis ces quelques semaines, ni le bandage qui cache l'ancienne prise de sang. Je n'ai qu'à faire bonne figure. Je l'écoute et je ne peux m'empêcher de rire en le poussant doucement, son épaule bouge de quelques centimètres à peine. « Bien fait pour toi. Vous aviez pas à faire les cons comme ça» Je ris en lui ébouriffant les cheveux. Je pense pas ce que j'ai dit. Parce que j'aime ce côté fou et idiot qu'il a. Me regarde pas comme ça. J'ai peur qu'il le sache. Mais c'est impossible. La Ji Eun qu'il connait fait du basket, de la natation, du pole dance, elle a ses cours, elle a sa vie elle est vive, sportive ..impossible qu'il se doute de quelque chose. Mais voilà qu'il me prend contre lui. J'aime son odeur, même légèrement modifié par le ketchup.J'aime cette voix qui murmure à mon oreille. Mais ce qu'elle me dit me déchire le coeur. Me demande pas ça. Je ferme un moment les yeux avant de le serrer dans mes bras entourant sa taille de mes bras. «Pour rien de grave. T'en fais pas. » Désolé...
 

« Je connais mon copain. » Mon coeur saute un battement comme à chaque fois qu'elle a une parole douce à mon encontre. Et je passe ma langue sur mes lèvres en souriant. Elle rit, me pousse doucement, me dit que c'est bien fait pour moi. Alors je l'attire contre moi. Je veux savoir, ça m'démange, je sens qu'y a un truc. Comme quand vous avez cette intuition que quelque chose est pas normal, que vous avez pas toutes les infos, que vous manquez un truc. Ben ça c'est moi là tout d'suite. Je sens ses bras m'entourer et quelque part ça m'apaise. « Pour rien de grave. T'en fais pas. » J'expire bruyamment et je sens mon coeur me faire mal. Elle me ment. Je retire doucement ses bras de ma taille et l'écarte de moi pour la scruter de l'air le plus sérieux dont je l'ai jamais regardée. J'esquisse un sourire triste et malicieux. « Je connais ma copine... Tu mens. » Je la prends par le bras et la tire derrière moi, peut-être un peu trop fort. Non pas que je veuille lui faire du mal. Mais j'suis en colère. Contre moi-même. J'ai l'impression de tout revivre, encore et encore. J'ai pas su voir que ma soeur était malade, c'est pas ce qui se passera avec Ji Eun. No way. J'arrive au bureau des infirmières, personne. Andreas a du se tirer en feuj, de toutes façons c'est pas lui que je voulais voir, pour être honnête il m'était complètement sorti de l'esprit. Je regarde autour de moi, je m'affole, comme mon coeur dans ma cage thoracique. « Ok. J'vais attendre là qu'une infirmière revienne et j'vais lui demander, puisque je peux pas t'faire confiance. » J'ai un trou à la place du coeur, c'pas possible qu'on me fasse ça. Pas encore. J'peux pas rester dans l'ignorance cette fois.

Je suis pas normale. Je devrai m'appuyer sur lui. Lui dire que ça va pas. Qu'il y a des années de ça j'étais complètement perdue et qu'aujourd'hui je sais pas où j'en suis parce que je sais pas comment faire. Je les fais ces putains de dialyses. Je prends ces cachets. Je fais attention à ce que je mange. Mais je le dis à personne. Y a mon père, ma mère et Lynn qui savent pour ce que j'ai. Et pourtant des fois j'ai envie de prendre la main de Rae et de lui demander de me tenir compagnie. Même juste deux minutes. J'aimerai voir son visage et lui sourire doucement pour me sentir apaisée. Je me sens coupable, je me sens vide, mal, et je veux pas. Pas devant lui, pas devant quelqu'un. MAis lorsqu'il me détache de son corps je me rends compte. Je me rends compte qu'il sait. Et ses mots me serrent le coeur. Il se doute de quelque chose et je peux pas lui raconter un bobard. J'en suis incapable. Je peux pas aller devant lui, le regarder, l'embrasser alors que je lui ai menti. Je peux pas juste le regarder sans rien lui dire. Mais le voir avec un regard différent me tuerais je pense. Je soupire donc doucement sans rien savoir quoi dire. Ma main passe dans mes cheveux et je me sens tirée derrière lui. La force qu'il y a mis était trop forte pour que se soit anodin. Il est énervé. Je suis fatiguée je veux pas m'engueuler avec lui encore moins le décevoir. Je le suis, comme on suit son bourreau à l'abattoir. Je me sens mal, je me sens comme celle qui a déçu sa moitié. Et ca je le supporte pas. C'est plus dure que la maladie en elle même. Alors qu'on arrive au bureau des infirmières je le regarde et regarde autour de moi comme paniquer. Non pas comme ça. C'est jours de question qu'il l'apprenne comme ça. Mon cœur tambourine dans ma poitrine et se brise lorsqu'il dit ne pas pouvoir me faire confiance. A mon tour de le traîner. Tant pis. Je ne voulais pas lui dire comme ça. Maintenant mais c'est trop tard. Je l'emmène dans un endroit reculer. Mon cœur me fait mal mais je n'ai pas le choix. Je mords ma lèvre avant de le regarder.

« Je veux pas que tu le prennes comme ça ... j'ai tellement peur que ça change entre nous. Je voulais pas le dire. Personne le sait ... Sang Rae. Crois moi.  » je prenais une grande inspiration. Il fallait que j'arrive à tout lui dire et je ne savais pas comment. " J'ai un problème de rein. Ils fontionnent pas bien. Une insuffisance rénale sévère. Je vais pas en mourir mais je dois faire des dialyses. Voilà pourquoi je suis ici. " . Voilà. C'est dit. Je le regarde en mordant la lèvre. Anxieuse et stressée comme jamais
 

Elle m'attrape soudainement, m'empêchant de m'agiter partout et m'emmène dans un coin plus tranquille où personne ne devrait nous surprendre. Je me demande ce qu'elle veut soudainement, j'espère qu'elle espère pas me soudoyer avec son corps, ça marchera pas. Mais en regardant ses yeux, je sais que c'est pas ça. « Je veux pas que tu le prennes comme ça ... j'ai tellement peur que ça change entre nous. Je voulais pas le dire. Personne le sait ... Sang Rae. Crois moi.  » Je l'attrape par la taille et j'attends patiemment qu'elle crache le morceau sans moufter, pour une fois, je me mords la langue pour rien dire. « J'ai un problème de rein. Ils fonctionnent pas bien. Une insuffisance rénale sévère. Je vais pas en mourir mais je dois faire des dialyses. Voilà pourquoi je suis ici. » Je déglutis difficilement. C'est grave, j'le sens dans la gravité de sa voix. Mais elle a dit qu'elle en mourrait pas. Donc si elle en meurt pas, c'est pas si grave. Mon coeur bat à une vitesse folle et je porte ma main à mon front, sonné. « Pourquoi- » Je la regarde avec une incompréhension non feinte. « Pourquoi tu me l'as pas dit avant ? Bordel de merde Ji Eun. Il faut que j'te rentre dedans dans un hôpital pour que tu me l'avoues ? Tu me l'aurais dit quand ? » J'ai la gorge serrée. Parce que j'pense qu'à ma soeur depuis que je sais qu'elle a un truc. J'peux pas m'arrêter d'y penser, et la colère revient. Comme avant. Plus forte qu'avant. Parce que j'ai oublié ses traits. Elle non plus elle m'avait rien dit, jusqu'à la fin. Jusqu'à la mort. Je tourne le dos à Ji Eun, j'ai peur de pleurer de rage et de tristesse. J'ai peur pour elle bordel. J'ai peur qu'elle finisse comme elle. Mi Rae. Rien que de penser à son nom, ça me retourne l'estomac, j'ai envie de vomir, de crier, de pleurer, de frapper. Exactement comme le jour où on m'a annoncé sa mort. Ma faute, mon fardeau, pour toujours. Alors je frappe, le mur. Une fois. Deux fois. Trois fois. Y laissant des empreintes rouges. Une larme roule sur ma joue. Puis deux. Elle attrape mon bras au vol et je tire dessus, pour la déstabiliser avant de la plaquer contre le mur avec, les yeux flamboyants. Je me rends compte trop tard de ce que je fais et je tombe à genoux devant elle. Bordel c'que t'es con Rae. J'entoure sa taille de mes bras et enfouis ma tête contre son ventre, secoué de sanglots silencieux que j'essaie tant bien que mal de retenir. Je veux qu'elle aille bien. Je veux qu'elle vive. J'peux pas réparer ce que j'ai fait à ma soeur. Mais il est pas trop tard pour Ji Eun.

Je ne voulais pas lui annoncer ici. Comme ça. Au détour d'une conversation banale. Au détour d'un couloir pris au mauvais moment. J'étais prise la main dans le sac comme une voleuse. Ji Eun..Qu'est ce que tu as fait? Je me mords ma lèvre, je me sens fragile et faible. Pourquoi je devais lui annoncer comme ça ? Pourquoi je ne lui ai jamais rien dit. On était un couple non ? J'avais merdé. Je soupirai pour essayer de calmer les battements de mon coeur qui allaient beaucoup trop vite. J'étais stupide. Sang Rae pardonne moi. . Je sens ses mains se posées sur mes hanches, mais je n'arrive pas à me calmer. Ce geste me fait même presque plus peur. Il me stresse parce qu'il m'aime. Il me l'a dit et je l'ai trahi de la plus bête des façons. J'étais précise, mais surtout rapide, concise. Je n'allais pas tout lui expliquer dans les détails. Plus tard peut être, si il le demande. J'aurai aimé que se soit une soirée où il n'y avait que nous deux et mon courage pour lui avouer. Il me regarde et semble blêmir. Je peux en mourir mais ce cas de figure s'avérerait vrai si je saute toutes mes dialyses pendant longtemps.. Chose que je ne suis pas prête de faire. Son regard me crie qu'il est déçu, en colère sûrement, inquiet.. Ses mots étaient durs. Secs. Ils ne laissaient place à aucune compassion. Je n'en méritais pas. Mes yeux se ferment quelque peu alors que je passe mes mains sur mon visage. Il a tellement raison que je sens mon coeur se serrer, me faire mal, me couper la respiration. Ne me tournes pas le dos. J'aimerai tellement lui dire. J'aimerai tellement que les choses se passent autrement, mais je connais les règles du jeu, pas de retour en arrière. Je mords ma lèvre et essaie de passer ma main sur son dos comme pour le rassurer mais l'énervement qui le prend est plus fort. Un.. Deux..trois.. trois coups que je ne pus arrêter. La violence avec laquelle il me repousse est effrayante. Je n'ai pas peur d'avoir mal, de me prendre des coups, d'avoir des fractures, dans la vie j'ai peur que ceux que j'aime partent. J'ai peur que Rae me lâche. Qu'il parte loin, où je ne saurai pas le voir. Me retrouvant plaquer contre ce mur je le regarde, il n'est plus le même, mon Sang Rae. Mes yeux sont embrouillés de larmes naissantes mais je me retiens. "J'avais peur. Sang Rae.. J'avais peur que tout change. Mais le pire c'est que j'ai peur que ça soit grave.. Rae.. Si je te le dis.. c'est tellement plus réel. Si je le vis seule alors c'est juste moi.. Moi et personne d'autre.   " Je l'avoue. J'avais peut être besoin de cet électrochoc pour l'avouer. Cette peur de voir de la pitié dans les yeux des autres, c'était la peur que tout ceci soit bien trop réel. De voir la condamnation dans les yeux des autres. Je voulais pas mourir de ça et je n'en mourais pas. C'était hors de question. Lorsqu'il tombe à genoux devant moi je ne peux me retenir également et les nerfs lâchent. Le tableau est triste, surement pathétique. J'essaie de me pencher le plus possible pour prendre sa tête entre mes mains tremblantes. "  Pardon.. Je suis tellement désolée. " . Je répète ces excuses comme une litanie.Ses sanglots me brisent ce qui reste de mon coeur. Je veux le prendre dans mes bras.. là ..De suite.
 

Elle a les yeux brillants, Ji Eun, mais je le remarque pas. Trop aveuglé par la colère, rouge, comme le sang sur mes phalanges. J'veux plus la voir, j'veux plus rien voir. Il faut que j'me calme. Je sais que j'ai faillit lui faire mal. J'veux pas lui faire de mal. Surtout pas. « J'avais peur. Sang Rae.. J'avais peur que tout change. Mais le pire c'est que j'ai peur que ça soit grave.. Rae.. Si je te le dis.. c'est tellement plus réel. Si je le vis seule alors c'est juste moi.. Moi et personne d'autre. Pardon.. Je suis tellement désolée. » Elle prend ma tête entre ses mains et j'entends ses sanglots briser sa voix, elle pleure, aussi. Alors je prends ses mains et je la tire vers moi, fort, assez fort pour que ses genoux lâchent, pour qu'elle tombe face à moi. Et je la serre contre moi, comme si c'était la dernière fois, avec la force de mon amour pour elle. « Ji Eun. » Je respire son parfum enivrant. Je me calme. Je me rends compte que j'ressasse le passé, je m'étais promis de pas le faire. J'dois penser au futur. Au présent. A sa présence dans mes bras. Je l'écarte de moi et passe mes mains sur ses joues en souriant à travers mes larmes. « Putain, désolé, j'suis un fragile. J'ai pété un câble. C'était pas- Enfin. Pas de ta faute. » Je met à rire nerveusement en m'essuyant les yeux avec la main avant de me relever et de lui tendre ma main qui saigne. Je me ravise et lui tend l'autre. « Allez, je te ramène. »

Si mes yeux montraient que j'étais perdue, triste et affolée de le voir partir il n'en vit rien. Je ne lui en voulais pas, je ne verrai rien. Cette colère de se sentir à l'écart je la comprenais. Mais j'avais mes raisons et maintenant je les trouvais stupide, égoïstes. Ca n'avait été qu'une peur qui m'avait enlacée depuis bien des années maintenant. Et cette peur ne faisait que croître au fil des années. Parce que les donneurs n'arrivaient pas et que j'avais toujours cette insolence de dire "J'irai mieux quand j'aurai une greffe" Comme si c'était sûr et acquis. Alors je lui balance tout. Toute la vérité parce que je ne me sens pas de faire autrement. Parce que ça a besoin de sortir et qu'il est une personne de confiance. Une personne que j'aime et qui m'épaule. J'essaie de le consoler, ou de me consoler je ne sais pas trop. Je me sens tirer. Et je n'ai pas la force de résister, je ne veux même pas résister. Pourquoi est ce que je le ferai ? Tout ce que je voulais c'était l'avoir dans mes bras. Sentir son odeur, entendre son coeur s'apaiser et pouvoir le serrer. Mais je me retrouve dans les siens, je me retrouve à être consoler, serrer, et aimer. Sur le moment je pense que j'ai encore plus pleurer. Parce que toute la peur que je contenais s'en allait peu à peu. Alors je l'ai serré également mes bras venant entourer son torse pour se rejoindre dans son dos. Ji Eun Mon nom prononcer par cette voix me fait frissonner, m'enlève un battement et m'empêche de respirer. Je reste contre lui à essayer de récupérer ce qu'il me reste. Mes yeux sont lourds et gonflés, mon corps n'a jamais été aussi lent, et mon coeur ressent comme une pression immense qui me semble prête à me tuer. En m'éloignant de son corps je le desserre doucement. J'ose à peine le regarder et mes yeux rouges se posent avec peine sur ses larmes à lui. " Je suis désolée.. " . Ca revient encore. Ce constant sentiment de trahison envers lui. Cette culpabilité qui me meurtrie. Et pourtant il arrive à me faire lâcher un petit rire. "j'suis un fragile" Fragile ou pas j'ai vraiment eu la peur qu'il parte saoulé par tout ça. Cette colère dans ses yeux m'avait fait mal. Pas parce que j'avais eu peur qu'il me frappe mais parce que je sentais cette colère dirigée contre ma personne. Parce que j'avais merdé. J'avais mal agis. Mais là, mon coeur semblait s'apaiser à ses gestes et à ses mots. Je voulais essuyer toute trace de ce passage merdique mais je n'arrivais même pas à lever le bras. " Si.. Rae.. ça reste de ma faute. " Il se relève et je fais de même avec bien plus de difficulté en lui prenant le bras valide, rejetant donc celui qu'il me tendait. J'espère que personne ne nous a vu. Je frotte mon front et sèche mes larmes en reprenant mon souffle." J'allais pas prendre ton bras plâtré.. idiot" J'avais envie de le taquiner. J'avais envie de l'entendre rire. Je mords alors ma lèvre en lui offrant un petit sourire. Puis il me propose de me raccompagner et je ne peux refuser. J'hoche donc la tête et prends sa main afin de le suivre comme une enfant qu'on aurait grondé juste avant. Quelle imbécile j'ai été. Le trajet est silencieux, et je redoute de le laisser, pour une raison idiote. J'ai peur qu'il parte et finalement ne revienne pas. Qu'il réfléchisse et me laisse. Putain l'amour me rend conne.