Jeon Sixte. Sixte. La sixième.
« Dis grand-frère, tu m’aimes, hein que tu m’aimes ?
- Putain, Sixte…fous moi la paix, va jouer avec tes poupées. » -
Jeon Sixte & Jeon Aaron.« Dis, dis…Koh il est fâché ? J’aime pas quand Koh est fâché. Zak, dis à Koh de plus être fâché…
- Promis je lui dirai, maintenant dors Sixte.
- Bonne nuit Zak… t’aime. » -
Jeon Sixte & Jeon Zacharie.« Koh, tu viens me chercher hein ? Ou c’est Zak ? Ou bien Aaron ?
- C’est moi aujourd’hui Sixte, c’est moi. Allez, file en classe. » -
Jeon Sixte & Jeon Koh.« Tu m’aimes grand-frère, hein tu m’aimes ? Dis-moi que tu m’aimes. » -
Jeon Sixte.« Sixte ? Pourquoi t’es toute seule dans le noir ma chérie ?
- …Aaron il veut pas jouer avec moi. Il dit que mes poupées sont moches.
- Aaron dit que des bêtises ! Tes poupées sont aussi jolies que toi. Tu veux que je joue avec toi ? » -
Jeon Nathanaël & Jeon Sixte.« Côme, il est où Nathy ? Il doit m’aider en maths.
- Nathy…avec sa copine je crois. Mais je peux t’aider moi.
- Non. Non, merci. »
Jeon Sixte & Jeon Côme.« Putain, Sixte, respire ! Respire ! Sixte ! J’vais te tuer si tu respires pas, j’te jure j’vais te tuer, alors respire ! » -
Jeon Koh.«
October 16, 2012 – South KoreaElle était la sixième part, le sixième bris, la sixième odeur, la sixième moitié. La sixième et dernière de notre famille un peu bancale, un peu faussée. Elle avait ce sourire un peu étrange, un peu maladroit, un peu cassé, il n’était pas plein, pas entier. Elle était la sixième.
Et nous avions failli la perdre. Ils l’avaient appelée Sixte, proclamant ainsi sa place au sein de notre famille. Elle était la sixième et la dernière. Père et Mère s’étaient séparés deux ans après sa naissance. Mère était rentrée en Suède,
seule, envoyant une carte, de temps à autre, passant un coup de téléphone pour les anniversaires, quand elle s’en souvenait. Père nous avait tous élevés, à Bali puis en Corée.
Cinq garçons, et Sixte. Nous nous étions toujours considérés comme les six moitiés, les six parties d’une seule et même personne, d’une seule et même entité. Nous n’étions complets qu’à six.
Et tout lui rappelait qu’elle n’était rien sans nous, qu’elle n’était rien toute seule, jusqu’à son prénom. Marquée à vif. Elle n’était que la sixième partie d’un tout, et elle était la sixième ou rien. Mais elle n’était jamais entière.
Jamais entièrement elle-même. Nous l’avions rendu
dépendante, peut-être sans le vouloir, sûrement en le calculant. Nous l’avions rendue ainsi, pour que jamais elle ne s’échappe, pour que jamais elle ne respire.
Respirer seule, vivre seule. Partir. Mais sans nous en rendre compte, nous l’avions
cassée. Elle était cassée. Comme cette poupée avec laquelle elle avait tant joué. Nous l’avions usée, nous l’avions abîmée, et nous n’arrivions pas à la réparer. Père était en colère, contre nous. Nous avions cassé Sixte, effrayés qu’elle apprenne à exister
sans nous. Elle était notre sixième part, notre sixième bris. Nous l’avions cassée, et Père voulait que nous prenions nos responsabilités. Nous ne pouvions pas la réparer, nous ne savions pas faire.
Mais nous allons l’aimer.
Jeon Koh, Sixte’s brother »