dress code ✧ jessica

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feat. jessica

Le jeune homme poussa un soupir qui ne trouva pas d'écho.
Ce jour là, le jeune homme se découvre un ennui fécond qui s'épanche au fur et à mesure de la pauvreté des conversations. Et c'est tout son art, de revêtir son épais manteau de perfection - cet air aimable d'employé serviable dont même la brise ne saurait brisé le voile. Mais il n'y avait rien, ici bas, rien ni personne qui cherche à remuer sous la surface, à creuser pour voir le salaud derrière cette enveloppe policé de gentil prolétaire bien éduqué. Car Nate, il porte mal son prénom. Et il porte bien son prénom aussi. Un acronyme à l'accent chantant, presque dansant, un ensemble de syllabe qu'on se plait à faire rouler sous la langue, à soupirer comme à hurler. Nate. Il n'est pas bon, il faut juste s'acharner, s'échiner à trouver sa beauté, comme pour un diamant. Il le semble pourtant, et tout son être l'exprime, cette douceur, cette taquinerie bonne enfant qu'on attribuerait volontier à un vieil ami. Mais ça, c'était seulement durant son service. Lorsque monsieur masque ses machinations sous un masque de tromperie ; puis laisse le tout se consumer, pour recommencer la fois d'après.

Nate.
Il se sentait comme une goutte dans un café tout ce qu'il y a de plus noir. Un vampire en plein soleil, un loup parmi les agneaux. Les fantômes qui sortent de jour sont toujours perdants, et ils auraient dû appliquer ce credo. Des mois durant il n'avait pas mis les pieds dans ce genre d'évènement, se contentant d'effectuer ses matchs sans se fondre dans l'envers du décors, là où rodait les vautours, un joueur discret , le fantôme de minuit, un homme à part.
L'appellation dépendant des rumeurs du jour.

Un peu comme cette fille, là bas. Celle qui s'approche à grand pas, cette même demoiselle dont la longue chevelure blonde attirait fréquemment les regards - même le sien. L'éclairage artificiel l'englobait comme la plus plaisante des lumières, une petite étoile de la capitale, une fille de ces milieux là.

Ils l'appelaient tous Jessica, Jessica la japonaise - pour lui, elle était semblable à une jolie poupée de cire, petite princesse extravertie. Une de plus, et il pouvait d'ores et déjà l'identifier à ses mimiques, à ces torsions dans son visage qui inconsciemment cherchaient à attendrir, séduire, celles qui le faisaient doucement sourire. Et c'est pour cette lueur, pour cette chevelure, pour ces courbes, pour cette preuve de l'avidité toute humaine qu'il s'était approché. Une belle chose, incontestablement; même s'il ne se voyait pas lui accorder autre chose que ça, la fréquence de ses sourires. Alors il glissait une main dans ses boucles brunes désordonnés, pour sourire à celle qui au fil des jours, était devenu une présence amicale.

- Je m'attendais pas à ce que tu m'dises oui.

Après tout, elle devait surement avoir mieux à faire que de le conseiller sur sa tenue vestimentaire. Mais toutes ces choses là, ces longs discours sur les tissus et les ensembles de bonnes factures, lui étaient totalement inconnus. Nate venait des rues. Là où personne ne se souciait de ses tenus. Alors s'habiller pour un cocktail, avoir l'air vendeur et "élégant". C'était pas pour lui. Sans doute cela se voyait-il dans son sourire, alors qu'il piétinait dans le hall de cette boutique de luxe. Il était pas à l'aise Nate. Il aurait mille fois préféré se trouver sur le terrain, une balle entre les mains.

- Du coup, on va par où?

Histoire de s'échapper. Histoire de filer là où tous cesseraient de les fixer.

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feat. nate

Journée luxueuse qui dépassera sûrement les plafonds financiers, aujourd'hui je laisse mon âme de fantôme errant à l'université, aujourd'hui je m'aventure dans ce que j'appelle la jungle des bobos. Là-bas, on y trouve des sourires confectionnés et taillés pour le client, qu'importe le taux de désagrément peut faire le client ; tant qu'il a l'argent, tout est permis. Je n'allais presque jamais dans ces lieux et quand j'y allais, j'avais toujours ce même arrière goût de surfait. Tout était beau mais tout était faux. Je n'appartiens pas à ce monde en interne, seul la surface le fait paraître. Je me prête des traits de vagabonde dans un monde qui se force, je ne m'y reconnais pas et je ne peux m'en défaire, origines obligent. Cette famille à laquelle j'appartiens, elle n'est pas fait pour être d'une classe raisonnable, elle est pas faite pour penser à l'échec.

Mes pas résonnent contre le sol immobile et lisse, il se contente d'être le réceptacle de mes chaussures. Tout est lisse et scintillant, propre comme à l'image du luxe, ça brille mais quand on regarde de plus près parfois ça semble rouillé ou en mauvais état. Comme les gens ici, je ne me décrivais pas comme parfaite ou comme étant une simple surface lisse, un être humain est plus compliqué que ça je pense. Je ne ressens pas grand chose pour les gens, faute de trop se prendre la tête pour certains, pour moi c'était pas le cas. J'avais l'apparence lisse qu'on colle aux magazines pour donner bonne figure à l'héritage, mais au fond je n'étais pas ça. Au fond je m'étais peut-être perdue en choisissant ma famille, le destin s'est peut-être trompé à la délivrance.

Non loin, mon échappatoire aux airs mystérieux se profile dans mes pupilles sombres, s'il n'avait pas été là ce fameux Nate qui se confond avec les autres, je le savais que je n'y serai pas allée et que j'aurai pas pris la peine de me rendre ici en ce lieu. Ce n'était pas mon environnement habituel, enfin si, mais pas que j'y prenne plaisir à m'y rendre. Bénévolat d'amis en détresse. Je réduis pas à pas la distance qui s'était fait entre nous lors de mon arrivée. Décochant un sourire moqueur à sa phrase, intriguée de sa réponse.

- Ah bon, pourquoi ça ?

Il était vrai que j'aurai peut-être pu faire autre chose mais comme chaque chose, un choix entraîne la suppression de l'autre possibilité. J'en étais consciente et je n'étais nullement dérangée par le fait de supprimer l'autre pour aider Nate. Je sais que ce dernier n'est pas familier avec ce milieu, du moins il s'y prête bien mais il ne vient pas de là, adopté par les autres dans cette situation. Je sais que je dois le guider pour un simple choix de fringues, mais ça me fait plaisir de passer du temps avec lui. Et même si je suis pas une pointure dans les choix de luxe, je sais très bien ce que le mondain veut voir. Il veut voir du riche à en pleuvoir, il veut voir de la classe illusoire.

- Suis-moi, on va bien te trouver un truc à te mettre.

Les regards curieux et insistants, j'ai l'habitude on va dire, surtout ici. Les gens sont impudiques sur ce sujet, ils aiment épier et regarder chacun des mouvements des personnes environnant ; surtout les plus citadins. Remarquant facilement le malaise de Nate quant à cet endroit, je devine facilement qu'il n'a guère l'habitude d'y pénétrer par envie. Et avec ma tenue, nul doute que penser que j'appartiens à une riche famille est impossible. Cette pensée me fait légèrement sourire d'un air sarcastique tandis que je me dirige vers une boutique fait pour des hommes, des costumes et toutes les paillettes qu'on envoie aux mirettes aux cocktails.

- Alors, plutôt blanc, bleu marine ou noir pour la couleur ? Demandais-je en examinant d'un oeil expert la qualité des vêtements proposés.