TORU & RYU ☾ Depuis combien de temps n’avait-il pas vu une autre lumière que celle qui éclairait doucement son atelier, depuis combien de temps n’avait-il pas senti la chaleur du soleil sur sa peau ? La notion du temps l’avait encore abandonnée, comme à chaque fois qu’il franchissait la porte de son atelier pour s’enfermer dans sa bulle artistique. Celle à l’intérieur de laquelle plus rien ne comptait, il n’y avait pas de place pour ses habituelles pensées inutilement sombres, pas de place pour la fatigue, non, il n’y avait que son esprit vide et ses toiles. Rien d’autre. Seulement son esprit enfin libéré de tout ce que la vie lui imposait alors qu’il créait du bout de ses pinceaux, prolongement d’un corps ravagé par bien trop de choses. Ces parenthèses qui le coupaient de tout lui faisaient du bien. Il n’avait plus à ressentir quoi que soit, n’avait pas à lutter sans cesse avec ses démons, non il était enfin « normal ». Alors qu’il jetait un peu plus de couleur sur son dernier projet, ajoutant la petite touche finale à son œuvre, une sonnerie bien connue le fit enfin sortir de sa bulle. D’un pas lent, il lâcha enfin son œuvre, se dirigeant vers son téléphone pour y lire le message de Toru. Comment savait-il qu’il s’agissait de son frère ? Easy, il n’y avait que son numéro et celui de Yuki qui avaient une sonnerie spéciale et propre dans son portable. Ils étaient les deux seuls privilégiés pour qui il lâchait toujours ses œuvres, les autres pouvaient toujours attendre des jours. Son sourire s’agrandit alors que son petit frère lui demandait s’il était toujours vivant, connaissant que trop bien son état de concentration extrême qui lui faisait presque oublié de répondre à ses besoins mêmes les plus sommaires. En parlant de besoin, dès l’instant ou Ryu lu le mot restaurant jap’ son estomac lui rappela à quel point il l’avait délaissé ces deniers jours. Il n’y avait pas à dire, Tôru le connaissait trop bien. Rapidement Ryu lui répondit amusé de voir à quel point le plus jeune de la fratrie maternait le plus âgé. Alors que Tôru lui annonçait qu’il allait passer dans un quart le chercher à l’atelier, Ryu alla prendre une douche rapide, ne voulant pas encore une fois se faire engueuler par Tôru l’accusant de trop se laisser aller. Alors qu’il avait enfin eu raison de toutes les taches de peinture qui s’était logée sur son épiderme pendant ses heures de travail, il sortit de la douche fin prêt pour sa petite pause et son date avec Tôru. Mais alors qu’il se séchait les cheveux vite fait, il entendu sonner. Surpris, il pensa sur le moment que Tôru avait probablement zappé son double des clés et se dirigea d’un pas joyeux vers la porte en laissant d’un ton chantant «
Alors comme ça on a oublié ses clés bébé ? ~ » avant de rester bloquer sur le visage qui se trouvait en face de lui. Son coeur loupa un battement et son esprit se vida en un instant. Non, ce n’était pas le doux visage Toru, me celui de la personne qu’il n’aurait jamais voulu revoir : leur mère. Comment l’avait-elle retrouvé ?Pourquoi refaisait-elle surface maintenant après toutes ses années ? Avant même qu’il n’ait le temps de lui claquer la porte au nez, elle entra à l’intérieur, l’obligeant à refermer celle-ci sur eux. L’expression de Ryu se faisait dès plus froide et son ton était glacial «
Qu’est-ce que tu fous là ? » fut tout ce qu’il put lui lancer alors que ses yeux ne reflétaient que de la haine envers celle qui lui avait portant donné la vie «
Une mère n’a plus le droit de venir rendre visite à son fils maintenant, c’est nouveau ? » un rire cynique sorti de ses lèvres «
Une mère ? C’te bonne blague. Si t’es venu faire ton petit numéro de femme parfaite et de mère aimante, tu peux te dégager. » il n’allait pas la laisser commencer son manège, il avait fini par connaître par cœur le fonctionnement vicieux de cette femme, il n’allait plus jamais tomber dedans «
Tu sais quoi, casse-toi tout court. On a plus rien à se dire et à faire ensemble toi et moi. » son expression ne vacillait plus comme par le passé lorsqu’il lui faisait face à présent «
Désolé de te décevoir, mais le gosse que tu pouvais manipuler à ta guise pour te faire du fric n’est plus là depuis longtemps, donc va te trouver un autre pigeon. » il lui indiqua ensuite froidement la porte, lui faisant comprendre qu’elle ne resterait pas un instant de plus ici. Seulement alors qu’elle semblait prête à se diriger vers celle-ci assez docilement en silence, elle s’ouvrit laissant apparaître un Tôru tout sourire. La poker face jusque là bien maintenue de Ryu disparu en un instant, alors que son coeur battait à la chamade à cause du stress. Ce qu’il avait toujours voulu éviter risquait d’arriver d’un instant à l’autre. Avec l’arrivée soudaine de ce monstre, il en avait oublié Tôru. Alors qu’il tentait de se recomposer pour inventé un mytho histoire qu’elle ne capte pas qu’il s’agissait de Tôru à la vue de son sourire narquois il comprit qu’il n’y avait plus rien à faire pour préserver Tôru. Alors qu’il se torturait l’esprit pour trouver une solution pourtant introuvable elle lui chuchota en passant à côté de lui «
Je n’ai plus d’emprise sur toi, c’est bien ce que tu as dit Ryu pas vrai ? Pourtant ton expression est toujours la même dès qu’on touche au sujet sensible... » Alors que ses yeux reflétaient à présent la crainte non pas vis-à-vis de sa mère, mais de ce qu’elle pourrait bien faire, il la vit se diriger vers le seul moyen de pression qu’elle a toujours sur lui : Tôru «
Tu as tellement grandis. Tu es devenu un si beau jeune homme Tôru...» lui lançait-elle alors que sa main s’apprêtait à toucher sa joue. Le sang de Ryu ne fit qu’un bon alors qu’il s’approcha, le regard semblable à celui d’un fou, pour lui saisir violemment le poignet «
Ne le touche pas » son ton était plus menaçant que jamais et sa poigne restait forte, alors que son regard se faisait un peu plus meurtrier chaque secondes. Il ne se montrait pas sous son meilleur jour, mais il s’en foutait complètement, tout ce qui compté à cet instant c’était de chasser ce serpent loin de Tôru et rien d’autre.
Accueil
FRANC 
