Team building cocktail ▬ ft. Yoan

Un soupir m’échappa, lourd de sens et certainement agaçant pour mon vis à vis qui s’efforçait de faire son travail correctement. Je n’avais aucune envie de travailler sur un potentiel partenariat, je n’avais d’ailleurs aucune envie de travailler sur quoi que ce soit qui ait attrait au luxe et aux affaires de mon père. Néanmoins, j’avais beau rechigner, râler et faire le moins d’efforts possibles, je me retrouvais tout de même assis dans ce bureau avec un collaborateur qui lui se satisfaisait de devoir crouler sous les dossiers. Je l'admirais cependant, pour sa concentration et pour cette facilité qu'il avait de s'occuper et de gérer une entreprise d'une main de maître alors que je balbutiais volontairement dans ce monde qui me laissait indifférent. Je me sentais étouffer dans cet environnement trop fermé, trop officiel, et je préférais compter les minutes qu'il me restait à endurer avant de pouvoir enfin quitter ce bureau trop guindé. Un dernier coup d’œil vers ma montre, et j'estimais qu'il était temps pour moi de reprendre ma liberté. « Bien, ce fut une journée très intéressante, merci, et bonne soirée ! » Je me levais aussitôt pour rejoindre la porte en une fraction de seconde. Mais le soulagement ne fut que de courte durée. La main sur la poignée, je m'arrêtais en me souvenant d'un repas certainement aussi rebutant que ma journée de travail. Faux. Je frissonnais déjà de devoir me retrouver à nouveau en compagnie de ma fiancée pour la soirée. Un rendez-vous que mon père estimait important et qu'il m'imposait à nouveau. Le visage fermé, je décidais de m'y astreindre, je fuyais à nouveau et je me fichais totalement de passer pour un lâche, mais il était hors de question que je me retrouve à nouveau entre ses mains. « Finalement, après cette journée éreintante, que dirais-tu d'un verre ? Entre collaborateur. » J’espérais qu’il accepte, même si j’avais montré un dédain certain au cours de nos réunions, il me fallait une excuse pour éviter mon géniteur et ma future épouse. « Je connais un bar sympa à proximité. » Faux. J’évitais soigneusement ces lieux où l’alcool coulait à flot et où les inhibitions s’évaporaient avec quelques cocktails seulement, mais même si j’abhorrais cette débauche, elle serait d’un secours suffisant.