feat. naty
tenue ∂ Je n’entend même plus ce foutu policier me parler. sa voix résonne dans mon subconscient alors que je tente de m’accrocher à un bout de réalité. Je sais même plus où je suis, ni comment j’y suis arrivé. Alors je me balance sur ma chaise, l’air plus nonchalant que jamais. Je donne des coups de pieds frénétiques dans le bureau en face de moi sous les grincements incessants de l’ancêtre sur lequel je suis assise. Je me dis qu’au pire, même si elle lâche, cette putin de chaise, je serais encore en vie. Du moins je l’espère. On est jamais vraiment à l’abrit d’une nuque brisée. Puis je fixe le plafond en mâchouillant mon chewing-gum. Ce policier m’emmerde vraiment, voilà trois heures qu’il débatte alone sans s’arrêter, me faisant la morale par-ci et par là, tantôt pointant du doigt mon bracelet électronique tantôt secouant la tête d’un air désespéré.
Ouais, je le comprend un peu quand même. Il me fait comprendre qu’une si jolie frimousse devrait pas fait des choses aussi moches. Alors je claque la bulle de mon chewing-gum et pose un regard provocateur sur lui. Bla bla bla, c’est pas la première fois que j’ai droit à ce discourt, et si je m’en souviens bien, aussi loin que ma mémoire le permet, ça fait déjà plus de dix ans. Alors, les mains au fond de mes poches, je laisse mes paupières se fermer et je tente de refiler le court de la soirée. Une vitre brisé, des bombes à tag, de l’art approximatif, du feu. Voilà tout. Trop difficile de me souvenir que j’avais profané une temple abandonné non loin d’ici. Je voulais juste poser ma marque, sans demander rien à personne, exprimer mon art dans toute sa splendeur. je me pensais plus futée que ça, j’aurais juste du finir mon oeuvre et filer en douce, le problème c’est qu’un fervent pratiquant m’avais rodé comme une bleu. Même maintenant j’ai encore du mal à comprendre qu’est-ce que ce fanatique foutait dans ce lieu abandonné, mais j’avais décidé de ne pas plus me pencher sur la question. le problème quand on fait un mètre soixante de fierté, c’est que c’est pas toujours gagné.
Alors, comme d’habitude, j’avais sorti mon briquet pour finaliser mon oeuvre, y mettant le feu dans un feu de joie incessant. Je soupire bruyamment, sans l’intervention de ce mec merdique, j’aurais presque fini mon élan de folie. Je soupire encore, écartant une mèche rebelle qui s’entête à retomber sur le bout de mon nez. C’était pas si grave, au fond. Peut-être que je cherche, au final, à finir en taule à gratouiller un mur en béton en comptant les jours qu’il me reste. Je renifle, puis continu à me balancer dans un grincement incessant. Le flic me parle encore et encore. je sais plus quoi faire, j’avais donné le numéro de Nate une heure plus tôt, le clamant être mon tuteur. Pourquoi j’avais fais ça ? Je ne sais pas vraiment, à vrai dire. Enfin si, je lui fait confiance, à lui, c’est probablement pour ça que c’est toujours lui que j’appelle. Même si la confiance n’est absolument pas réciproque, même s’il me déteste, je l’aime. Je n’y peux rien, j’ai toujours eu le gout du risque.
«
Est ce que tu peux me dire ce qui t'est passé par ta putain de tête?! » J’arque un sourcil, pas le moins du monde troublée par cette voix grave survenue loin dans mon dos. J’arrête de me balancer. Une énième bulle éclate entre mes dents et je me retourne lentement, un regard perdu et ennuyé vers Nate. «
Yo. » Je marmonne en arrêtant de mâcher mon chewing-gum. Je finis par l’attraper du bout des doigts et tire dessus pour l’agrandir jusque dans le champ de vision du flic. «
C’est cool, j’veux dire, d’être venu, chéri. » Je lance un regard douteux à Nate.
joue le jeu. qu’il semble lui dire. y avait pas tente-six solutions, mon métissage empêchant l’éventuel possibilité d’un frère, j’avais opté pour l’option ‹ fiancé › sous le regard méduser du flic. à croire qu’une nana comme moi devrait être obligatoirement seule et détestée de tous. Détestée, okay, mais seule ? Non merci. Je fais une petite grimace à ledit policier tout en me relevant du haut de ma minuscule taille, arrivant au torse de Nate. Je l’entend jurer et lui accorde un sourire réticent avant de me retourner vers mon interlocuteur principal et foutrement emmerdant. «
C’était sympa, à plus. » Sur ce je tourne les talons et me dirige vers la sortie après le cinquantième secouement de tête du flic. Faut dire que, c’est pas la première fois qu’il a affaire avec moi.
Je finis par sortir dehors et m’étire de tout mon long dans un soupire exagéré, attendant que Nate me rejoigne après avoir signé les papiers et tout le bordel juridique habituel. Un petit frisson me parcourt par la brise fraîche extérieure et je reste de marbre tandis que j’entend Nate s’approcher derrière. «
J’aimerais bien être désolée pour toi, mais j’y arrive pas. » alors que je marque une pose, je sors une cigarette de mon paquet de clope et la glisse entre mes lèvres charnues. «
Mais je peux t’exprimer tout mon amour à travers quelques bouteilles de Soju. » J’ose lui lancer un regard en biais, un autre sourire provocateur sur le bord des lèvres. ma façon à moi de lui montrer l’étendue de ma gratitude.