locked out of Heaven (Jun + Shin)

Je regarde la bouteille tourner avec une joie mêlée d'excitation. Je jette un regard en biais vers la fille avec qui j'étais dans le placard y a pas cinq minutes. Regard haineux de celui qui n'a pas pu finir ce qu'il avait commencé, regard envieux de celui qui désire être satisfait. Et puis, la bouteille s'arrête lentement, glissant d'un dernier quart de tour jusqu'à des chaussures masculines. Mon regard suit la courbe du corps que je ne connais que trop bien pour s'arrêter sur les iris sombre du blond. Un sourire carnassier dévoile mes dents et je me libère enfin du poids de Ji Soo sur ma cuisse, le dégageant d'une poussée ferme. Je le laisse passer le premier et referme la porte moi-même derrière nous. Je n'ai besoin de personne pour nous enfermer dans l'obscurité. Je ressens toujours ce besoin d'affirmer ma maitrise de tout ce qui m'entoure quand il est là, et qu'il me regarde avec ces yeux plein d'une admiration et d'un respect non-feint. Je le trouve con au fond, j'comprends pas qu'il puisse supporter ce que je lui fait et me laisser trôner sur le piédestal où il m'a mit. Mais c'est certainement pas moi qui ira le lui dire. Je fais quelque pas vers lui, incertain de ce que je dois faire. Puisqu'on est aveuglés, je me sens privé d'une de mes armes et je n'aime pas ça. J'esquisse un sourire flanchant, qu'il ne peut de toutes façons pas voir et je m'approche de lui jusqu'à ce qu'il soit dos au mur et que je ne sois qu'à quelques millimètres de son propre corps. J'appuie ma main contre le mur derrière lui, le surplombant sans pouvoir détacher mes yeux de son visage éclairé par l'unique raie de lumière filtrant sous la porte. L'image des filles qui l'ont suivi dans ce placard avant moi réveille une fureur irrationnelle que je peine à contenir. Mes entrailles s'enflamment à la fois parce que ma visite du placard avec l'autre brune m'a laissé un goût amer dans la bouche, mais aussi parce que la hargne qui m'habite et l'envie ridicule d'avoir ses lèvres contre les miennes ou de le frapper me donne la nausée. I'm not much of a kisser. Je n'embrasse que par intérêt, souvent en publique pour montrer aux autres que ces lèvres sont ma propriété au même titre que la personne elle-même. Parfois en privé, pour satisfaire les caprices des filles et arriver à mes fins. J'ai toujours été distant, du plus loin que je me souvienne, même étant enfant je n'aimais pas qu'on me câline ou m'embrasse. Réclamer ce genre d'attention est trop faible, trop écoeurant. Pourtant parfois, le dragon enfoui au fond de moi veut autre chose, parfois j'peux pas arrêter de regarder les lèvres charnues de cet idiot. Et la question me brûle la langue. Qu'est-ce qu'elles lui ont fait, qu'est-ce qu'il leur a fait, est-ce qu'elles l'ont touché ? La pensée que quelqu'un d'autre le touche me révulse. Il est à moi. Je rapproche dangereusement mon visage du sien. « Elles t'ont fait quoi ? » Ma voix tranchante et ferme transpire la jalousie, mot tant haït.