My room is not your room, you know ? ☾ Coco & Ryu

COCO & RYU ☾  Voilà déjà cinq heures qu’il n’avait pas quitté cette pièce, qu’aucun air frais n’avait rempli ses poumons. Cinq heures, que son esprit n’était qu’accaparé par une chose : cette œuvre sur laquelle il bossait avec assiduité depuis un petit moment. Ses pensées lui étaient complètement dédiées, son corps lui était consacré alors qu’il traçait des traits avec ses pinceaux, prolongement de son être qui matérialisait ce que son esprit tordu avait encore pondu. Il était happé par son art comme à son habitude. Complément coupé du monde extérieur, dans sa bulle créatrice où la notion du temps disparaissait tout comme les pensées qui d’habitude habitaient son esprit toujours autant en bordel. Il n’y avait que cette odeur de peinture à l’huile des plus agréable qui remplissait la pièce, cette toile qui se remplissait un peu plus de couleurs au fur et mesure que le temps avançait et lui, rien d’autre. Un moment de calme et de création exquis qui passionnait et transportait Ryu. Une autre forme de drogue bien plus dangereuse à manipuler selon lui. Une drogue qui l’avait plus d’une fois poussée à bout de forces. Mais une drogue à laquelle il ne pouvait se vouer à renoncer. Il était accroc à cette forme destructrice bien plus qu’à toutes les merdes qu’il prenait pour se niquer un peu plus. Cette drogue qui l’avait fait chuter plus d’une fois était celle qui le faisait vibrer le plus. Celle qui lui montrait que finalement, il était peut-être sur cette Terre pour une raison. Que ce don qu’il avait tant maudit n’était pas tant une malédiction. Dernier saut de peinture balancé en vrac dans un geste destructeur qui qualifiait bien les œuvres du fameux Fubuki, il recula enfin pour contempler son chef d’œuvre. Le perfectionniste qu’il était n’était pas satisfait à cent pour cent, mais il savait pertinemment que poursuivre n’allait pas le mener à quoi que soit. Alors il abandonna la partie pour ce soir. Il attrapa une clope qu’il porta à ses lèvres et quitta l’atelier. Le voile de la nuit avait déjà envahi le ciel et les néons colorés qui le décoraient lui faisaient presque mal aux yeux. Tout en inspirant à plusieurs reprises la douce fumée qui allait finir par lui rendre les poumons couleur ébène, il se dirigeait vers son chez-lui pour avoir un repos bien mérité. Arrivé à destination il jeta ses fringues au sol pour aller prendre une douche. Son corps était recouvert de petites taches de peintures qu’il allaient devoir faire disparaître. L’eau chaude qui ruisselait sur sa peau lui faisait un bien fou, ses muscles se détendaient peu à peu au contact de celle-ci. Après dix minutes, il finit par enfin sortir en boxer, une serviette à la main pour ressuyer sa chevelure encore ruisselante. Il eut un petit moment de recul alors qu’il vit quelqu’un sur son lit dans le plus grand des calmes en train de bouffer le paquet de chips qu’il s’était préparé tout en lisant je ne sais pas quoi. Il soupira. « Si un voleur débarque dans ma chambre un jour, je serais capable de croire que c’est toi, tu sais. » Sa squatteuse  avait encore frappé, elle s’était à nouveau faufilée à pas de loup dans son antre. Ryu s’approcha d’elle, sa serviette sur l’épaule, pour observer de plus près ce qu’elle lisait. C’était une revue d’art qui traînait dans sa chambre depuis des mois. Amusé et bien décidé à la taquiner un peu il lui sortit le plus naturellement du monde avec un petit sourire en coin « Ceux avec les modèles nus et les pornos sont dans l’autre tiroir, je pense qu’ils t’intéresseront plus, je me trompe ? ». Il finit par enfin la rejoindre avant de s’affaler à ses côtés dans son lit « Alors que me vaut cette visite nocturne miss Coco ? » il se risquait à poser la question même s’il savait qu’il n’y aurait probablement pas de raison précise vue le phénomène Hogan.  

COCO & RYU ☾  Le soleil se meurt doucement. A Séoul, l'effervescence est pourtant constante. Une porte s'ouvre ici et se referme là. Un nécessaire de toilette bringuebalante est remué en trombe dans une salle de bain blafarde. Quelqu'un gémit, quelqu'un soupir, d'autres somnolent. Et la ronde se répète. La trotteuse suit sa course sur le cadran de verre et une nouvelle valse de résident reprend son cycle.
Pas de temps mort.
Jamais de silence.

Avec le temps et la routine du quotidien on finit par ne plus rien remarquer. On absorbe les sons et les odeurs de jeunes filles en fleurs. Dans les ruelles, postée en sentinelle somnolente devant un épais roman, Coco se noie dans un mug de café. Quatre ou cinq doses de caféine supplémentaires ne seraient sans doute pas de trop pour que ses paupières de plomb se décollent. Elle a la tête lourde et cotonneuse, le menton dodelinant au rythme ambiant des diverses conversations. L'idée s'attarde un instant, alors qu'elle avale cul sec le breuvage amer, méditant quelques secondes sur la nécessité d'un autre récipient plein à ras-bord. Et puis finalement elle se contente de pivoter vers une nouvelle interstice son sachet de viennoiserie sous son bras, un bout de croissant habilement coincé entre ses dents.

En gravissant l'escalier de service qu'elle n'avait que trop emprunté, la soirée d'hier lui repassait en tête. Cette escapade hors des limites de la ville lui avait fait le plus grand bien, bien plus que la matinée qu'elle avait passée dans les locaux estudiantins en essayant de suivre les discours de statistiques sportifs sans céder à l'appel de sa gueule de bois carabiné. Si son intégration au sein de la société locale était complète, jonglé avec une supposée image d'élève potable et ses errances perpétuelles devenait de plus en plus délicat. Mais elle n'allait pas s'en plaindre, son train de vie possédait un intérêt certain. Elle retirait d'une main ses chaussures en balayant la pièce du regard, vide, Ryû était sans doute encore enterré dans son atelier.  Avec ses pieds nues rendu douloureux par sa course effrénée, glisser sur le sol impeccable de la chambre était un vrai plaisir. Le nid du jeune homme faisait partie des endroits qu'elle préférait: premièrement, il y régnait une tranquillité certaine qu'elle ne trouvait que trop rarement ailleurs, deuxièmement son entourage ne viendrait jamais ici et puis elle en a marre de devoir courir.  Coco poussa un soupir et avala sa viennoiserie tout rond. Sans la présence du jeune homme l'endroit perdait pourtant une grande partie de son attrait. Elle se laissa tout de même tomber sur le lit en abandonnant le sachet de viennoiserie sur l'oreiller et appuya sa tête contre son poing, tentant tant bien que de mal de capter les bruits environnant. Si son crâne avait été moins douloureux et ses sens plus alertes, sans doute aurait-elle capté le sourd brouhaha provenant du couloir. Mais de bruyant, elle ne percevait que le battement douloureux de son sang contre ses temps et le tourbillonnement incessant de ses pensés. Et puis, il finirait bien par arriver. C'est ce dont elle se convainquit en ramassant une de ses revus auxquelles elle ne comprenait jamais rien, feuilletant les pages de papiers glacés avec une moue dubitative. Elle sursauta à l'entente d'une voix grondante.  

▬ Si je devais faire quelque chose d'aussi répréhensible je ne me ferai pas prendre.

Oh, elle exagérait à peine Coco. Elle avait toujours été moins bête qu'il n'y paraissait. Mais cet aspect là de sa personne - celui plus pernicieux, infiniment plus tortueux- il n'y a que peut de personne qui avaient eut l'occasion de l'explorer. 

▬ Je ne t'imaginais pas du genre gros pervers à se masturber en matant un magazine. Les vidéos ne sont pas plus immersif  ? Ou tu préfère le côté subjectif?

Coco était d'un naturel sans gêne, elle avait construit trop d'amour du bout des doigts pour que quelque chose d'aussi futile que des magazines érotiques lui tire autre chose qu'un sourire moqueur. Et elle l'observait Ryu, elle l'observait en souriant doucement, comme d'ordinaire. Comme toujours et pour toujours.

▬  Je me suis dis "Où est ce que tu as le plus envie d'être maintenant"? Et c'était ici.

La chambre du jeune homme était son refuge, son escapade, l'endroit où elle trouverait toujours ce regard particulier qui jamais ne s'était détourné. Daddy était ce genre d'homme après tout, celui qui l'avait recueillit comme on ramasse un chat errant. Et Coco vint s'appuyer contre lui, se lovant contre son flanc pour lui voler un peu de sa chaleur,
attrapant le sachet de viennoiserie pour lui déposer sur les jambes.Coinçant la revue entre eux pour continuer à la parcourir.

▬  Tiens, elles ne valent pas celles de France mais ce sont les meilleures de la ville à ce qui se dit.

COCO & RYU ☾  Ryu était bien connu pour être le genre de personne incapable de prendre soin de lui-même, c’est simple, détournez le regard de lui un peu plus de deux jours et vous le retrouverez évanouie en train de réclamer de la nourriture dans son atelier ou alors complètement défoncée et coupée de la réalité. Et pourtant, ce cas d’école aussi complexe que les pires équations de math avait pas mal de personnes à sa charge. Des personnes envers qui il accordait une attention particulière. Celles pour qui, le gars le plus égoïste et je-m’en-foutiste que la terre est connue, était prêt à tout. Celles qui étaient la prunelle de ses yeux, celles à qui on ne devait pas toucher sous peine de réveiller les vieux démons de Ryu. Coco avait le privilège de faire partie de ce groupe restreint et comme les autres elle savait en profiter. Quoiqu’elle était largement à un autre lever, il faut l’avouer. La chambre de Ryu en était le parfait exemple. Elle l’avait presque auto-proclamer son deuxième chez-elle sans lui demander son avis. Il ne comprenait pas ce qu’elle pouvait trouver de si bien dans cette chambre d’étudiante aussi bordélique que l’esprit de son propriétaire. Une pièce avec des murs remplis de croquis en tout genre, des magazines qui traînent à droite à gauche et  dans laquelle l’odeur dominante était celle de la peinture à l’huile si ce n’était pas la beuh. Rien extraordinaire en soit pour un élève en art quoi.  Mais elle semblait s’y plaire alors, il l’accueillait toujours à bras ouverts même s’il prétendait le contraire. Après tout, il avait laissé le chat entrer dans sa chambre un soir, l’avait nourri et occupée le temps d’une matinée avec des  séries. il était maintenant  en quelque sorte responsable d’elle, enfin c’est ce qu’il s’amusait à penser.
Alors qu’il l’avait à nouveau surpris sur son lit en sortant de la douche et qu’il lui avait dit qu’il finirait par prendre un potentiel voleur pour elle, il ne put que sourire, amusé par sa réponse. Elle ne se ferait pas prendre  « Dommage, l’idée de te surprendre en pleine nuit en tenu de voleuse sexy à la catwoman me générais pas le moins du monde. Au contraire, je suis sûr que ça t’irait comme un gant ! » c’était un chat après tout. Alors qu’il lui avait indiqué la cachette des revues avec les modèles nus plus susceptibles de l’intéresser, il ne fut pas déçu par sa répartie. Il ne put s’empêcher d’exploser de rire face à la première remarque de sa squatteuse. Non, Ryu n’était pas comme ça et ne l’avait jamais été par ailleurs. Lui, il était du genre à laisser glisser ses doigts sur les courbes harmonieuses de la gente féminine, plutôt que sur le papier glacé des magazines avec ses femmes inaccessibles. Il fit mine de réfléchir très sérieusement à la question de Coco. Après tout, il n’y avait aucune gène entre eux et Ryu n’était pas du genre secret sur le sujet « En vrai, je dirais plutôt que je suis le genre d’élève préférant largement la pratique à la théorie des vidéos ou support en tout genre. Entre nous, c’est beaucoup plus plaisant et efficace cette méthode. » Non il n’était vraiment pas un fan de pornos ou quoi que ce soit du genre. L’anatomie humaine était un objet d’art et même si ces films pouvaient être considérés comme un art qu’il pouvait respecter, il n’en était pas pour autant si friand que ça. Les paroles de Coco sur la raison de sa venue en ces lieux fit décrocher un petit sourire dès plus sincère à Ryu. Elle était vraiment mignonne quand elle s’y mettait la petite. Entendre ça faisait toujours plaisir et Ryu n’était pas une exception à cette règle « Heureux que ce bordel qui me sert de chambre te soit si plaisant même si j’ose espérer que c'est l’occupant qui te plaît le plus. » Il n’avait pas besoin de la réponse, car il la devinait facilement, mais il aimait bien taquiner gentiment. Alors qu’il l’avait enfin rejoint sur son lit, il la laissa se servir de lui comme coussin. C’était la réincarnation d’un chat, cela ne faisait aucun doute. Pendant que la jolie demoiselle parcourait le magazine, il en profita pour se rouler un joint avant de le porter à sa bouche. Il observa le sachet qui avait été déposé sur ses jambes et écoutait Coco lui en dévoiler le contenu. Il sourit face à cette douce attention avant de lui lancer sur un ton amusé « Thanks  miss ! Testons les rumeurs alors ». Il attrapa un croissant avant de croquer à pleine bouche dedans. Il fit une mine dubitative « Mouais… je sais pas trop quoi en penser je t’avoue, ça ne vaut pas ceux de la France en effet. » il avait beau dire ça, il n’en fit qu’une bouché après tout il n’avait rien avalé de la journée. Alors, qu’il s’affala à nouveau sur son lit. Il tira une longue taffe avant de proposer son joint à Coco. Il réfléchit longuement avant de sortir le plus sérieusement du monde « Si on foire nos vies, vient on ouvre une boulangerie avec des croissants multicolores. Je suis sure qu’ils seront meilleurs que cela. » Pourquoi multicolores ? Parce qu’à ses yeux c’était aesthetic et cool tout simplement « On pourrait même entraîner le squad dans ce projet, on foutra Sae Ra aux platines et les deux bgs en gogo danseurs. » Il ne savait pas si la beuh avait déjà atteint son cerveau ou si la fatigue avait pris le peu d’idées claires qui lui restaient. En tout cas, une chose était sure à ses yeux, son concept de boulangerie, ressemblant plus à un nightclub qu’autre chose, était l’idée du siècle,va savoir si Coco pensait la même chose.  

COCO & RYU ☾  Oh oui, quelle scène serait-ce de surprendre son daddy devant un film pornographique.
Elle rit. Son hilarité résonne jusque dans les poitrines.
Et puis elle se laissa ensevelir, s'appuyant tout contre lui en écoutant d'une oreille distraite le discours un brin moqueur qu'il lui servait, même si au fond, elle s'en doutait déjà. Cette intervention avait au moins eu le mérite de lui tirer la légèreté d'un fou rire. Et cette façon d'en rire encore. Cette manie de plaisanter avec lui en enroulant une mèche de cheveux autour de son doigt et de chantonner lorsqu'il y a un silence. Coco et sa manie de regarder le monde comme si elle était assise dans une salle de spectacle. Elle glissa sa main jusqu'à une illustration avant d'en survoler la courbe du bout de l'index, esquissant la silhouette longiligne d'une femme.
Après tout, c'était un jour de fête.

▬ Si tu veux la prochaine fois je t'attendrai avec une nuisette et des oreilles de chat. Mais c'est bien parce que c'est toi Daddy.

Juste pour toi.
L'affirmation vint mourir sur la courbe de son sourire. Parce que Coco, elle semblait toujours lui offrir le monde de la pointe de ses mots. Elle qui avait les yeux levés vers lui, comme si Ryu était l'être qu'elle désirait le plus revoir au monde. C'était un genre qu'elle avait. Sa voix était un murmure qui vous forçait à vous pencher vers elle et son regard vous abandonnait toujours comme à regret. C'était une spontanéité des sens, une douceur usée qui s'était peu à peu embourbée dans une lascivité viciée. Coco appuya sa joue contre la paume de sa main comme pour en tâter le délicat contour, et son regard plongea dans le crépuscule ensanglanté. Elle ne s'étonnait pas que le garçon préfère le toucher à la frivolité de l'imaginaire. A quoi bon se complaire en désir innocent lorsque l'on pouvait saisir, tenir, la chaire tendre à même ses paumes, gouter la rondeur d'un sein du plat de la langue?

▬  Faire l'amour, c'est comme composer une mélodie. Est ce que tu me laisserais engrener des notes sur ta peau Daddy?

Les mots roulent dans sa langue natale sans qu'elle ne cherche à les traduire. A quoi bon s'embêter à les dénaturer lorsqu'elle n'aurait put mieux les choisir? Coco croyait à la beauté de l'instant. Des secondes envolés que jamais plus on ne pourrait retrouver. Et elle redresse son visage à sa question absurde, plissant doucement son nez dans une grimace des plus explicite. Son refuge ne serait plus pareil sans sa présence entre ses murs. Il lui fallait le musc de son odeur, le confort de sa chaleur, la paix de ses silences, le réconfort de sa voix, la trêve de ses sourires. Qu'est ce qu'elle ferait Coco sans Ryu? Un chat, aussi vagabond soit-il, devenait bien malheureux lorsque la main de son protecteur ne venait plus se glisser dans le désordre de son pelage.

▬  Sans comparaison, l'occupant est la meilleur partie du cadeau.

Elle avait soufflée ces quelques mots en tendant le doigt pour appuyer sur le bout de son nez, les yeux brillant, avant de le regarder aspirer une première bouffée du joint blottit entre ses doigts. Elle s'esclaffa doucement. Puis un moment passa. Et il lui parlait de ses idées farfelues, esquisses de pâtisseries à mi chemin entre la boite de nuit et le club de strip-tease. Et Coco l'écoutait, la rigole au coin des lèvres. Coco l'écoutait en remuant une de ses jambes, les pages tournant sous ses doigts. Mélange d'odeur et de couleurs qui l'y projetait déjà, dans ce futur établissement, elle se voyait peut être même lui donner un nom.

▬ On l'appellerait le Candy Shop et on laisserait les clients bouffés un fondant au chocolat sur le torse de nos gars s'ils y mettent le prix.

Oui Coco, elle trouvait l'idée géniale. Révolutionnaire même. Si bien que ça la fit rire encore. Tout sur son corps s'animait, de son visage qui s'illuminait à ses mains qui traçait des formes dans les airs, comme si elle tentait de lui dessiner les contours de son projet. Un projet qui l'impliquerait lui, Ryu, en tenue de sexy serveur avec écrit "eat me " sur son tablier, juste au niveau de son intimité. Coco, elle était toujours pleine d'idée. Il valait tout simplement mieux qu'elle s'abstienne de les partager.

▬ Je vous habillerai moi même et je vous regarderai déambuler dans la pièce en faisant grimper les billets verts juste en faisant mousser les vieilles. Et avec Sae on vous arroserait de champagne.

En définitive, tout ceci tenait bien plus du scénario pornographique qu'à une véritable boulangerie. Mais Coco ne doutait pas qu'un jour, si jamais ils en ressentaient le besoin, les wankers créeraient la première boite de nuit boulangerie de tous Séoul. Parce qu'à eux tous, rien n'était impossible. Ils l'avaient suffisamment prouvés par le passé.

▬ En attendant je t'en ferai des vrais de croissant,
un jour. Dans le labo des sciences.

Parce que tout était toujours plus drôle lorsqu'il était fait là où l'on ne vous désirait pas.

COCO & RYU ☾  Finalement Coco n’avait pas tort, cette chambre n’était un lieu si désagréable. Quoi que. Ce qui la rendait si lumineuse à cet instant était probablement la source de ce rit qui résonnait entre les murs. Oui, c’était Coco elle-même qui, par sa seule présence, ramenait un peu de joie dans ce lieu aussi monotone que son propriétaire.  Un vrai petit rayon de soleil cette gosse au regard toujours rempli de malice qui la caractérisait tant à ses yeux. Alors qu’elle est toujours calée sur son ventre, Ryu l’observe rire, laissant apparaître un doux sourire au coin de ses lèvres. Il aime la voir ainsi. Alors qu’il commence à trifouiller dans ses affaires pour pouvoir rouler son joint, la voix de Coco le fait à nouveau porter son regard sur elle. Une nuisette et des oreilles de chat ? C’est que le concept n’est pas si désagréable à imaginer, bien au contraire. Un petit joueur prend place à la commissure de ses lèvres alors qu’il lui répond sur un ton amusé. « C’est que la proposition n’est pas du tout déplaisante, bien au contraire même » Il arborait son sourire  dès plus charmeur avant de lui lancer en riant « C’est que vous voulez réaliser mes fantasmes aujourd’hui ou bien, miss Coco ? » Pour le coup Ryu en avait pas mal, mais il fallait avouer que les oreilles de chat et la nuisette pouvait très rapidement en devenir un de plus, surtout quand ce dernier était incarné par une beauté digne de ce nom comme Coco.

Ryu avait affirmé que la volupté et la luxure étaient des choses qui fallait pouvoir sentir, vivre avec son corps et non pas une chose à fantasmer ou imaginer. Il ne changerait probablement jamais d’avis à ce sujet d’ailleurs. Après tout, si le corps avait été créé avec ses courbes magnifiques, cette peau aussi douce que du velours et sucrée tel le fruit interdit, c’était bel et bien pour qu’on y goûte. Non ? Où serait le plaisir dans tout cela sinon. Contre toute attente le côté frenchie de Coco refit son apparition. Le français était l’une des langues les plus sexy et dans ce contexte cela n’était que plus flagrant. Sa phrase lui décrocha un petit sourire, alors qu’il n’en comprit que l’essentiel sans vraiment pouvoir la traduire à cent pour cent, grâce aux manuels d’art français que la fac lui avait fait bouffer tout au long de ses études.  « Si tu me laisses mettre de la peinture sur le tien Madame, pourquoi pas » lui lançait-il d’une  confiance sans nom alors que son français était loin d’être parfait et son accent littéralement à chier. Mais au moins ça aurait le don de la faire rire, voire même de la surprendre. Alors, qu’il finit lui même pas rire face à sa propre connerie.

Alors qu’elle lui dit d’une sincérité dès plus réconfortante et avec un regard plus pétillant encore que les étoiles, qu’il était la chose la plus intéressante ici. Il se contenta de lui offrir un sourire dès plus franc avant de glisser gentiment sa main dans sa douce chevelure, comme pour la récompenser. Il avait vraiment dû intégrer  inconsciemment, dans son esprit, l’idée qu’elle était son chat vu comment il agissait avec elle.

La douce fumée libératrice emplissait un peu plus ses poumons et lui montait doucement au cerveau, son génie frappa à nouveau. Il expliqua alors son concept dès plus farfelu à Coco. Parlant de pâtisseries aussi colorées que bourrées de sucre, des membres du squad qui aurait chacun leur poste pour amuser les clients et faire monter le chiffre d’affaires de cette boulangerie venue d’un autre univers. Et comme d’habitude, Coco semblait aussi enjouée et créative que lui, alors le délire fut rapidement lancé. Ryu se mit à applaudir le nom et l’idée de Coco « Je kiffe le nom putain ! C’est trop swagué, j’adore ! J’ai une idée, pour ce service de haute qualité on pourra aussi rajouter en bonus encore un peu plus cher de glisser les billets dans leurs boxers, au pire ça sera leur salaire s’ils gèrent bien leur doss’ et ça les motivera à laisser tomber le maillot encore plus !  »
Décidément, Ryu allait vraiment transformer les deux beaux gosses du squad en véritable Magic Mike s’il ne se calmait pas sur la drogue. Enfin, Lenny ne serait pas du tout gêné d’avoir ce boulot, après tout, les slips et boxers en tout genre sont littéralement ses tenues de prédilection, va savoir ce qu’il faudra promettre à Dân pour qu’il le fasse aussi. Coco semblait partit aussi loin que lui dans le délire Candy Shop. Ryu le regardait s’agiter sur lui toute excité alors qu’elle lui balançait toutes les  idées toujours plus inventives qui traversaient son esprit. Ryu quand à lui, lui répondait avec le même engouement, les yeux aussi pétillants que les siens. « N’oublie pas la tirelire cachée dans le caleçon alors, beauté ! Par contre si tu nous habilles, moi je veux vous habiller les filles ! » En l’espace d’une seconde, il attrapa une feuille qui traînait par là et commença à griffonner une tenue des plus sexy qui laisserait apparaître les courbes divines des deux demoiselles. Elle était pleine de couleurs, presque aussi psychédélique que les fois où toutes les drogues qu’il ingérait lui provoquaient des hallucinations. Il regarda son chef d’œuvre peu satisfait, avant de choper la comme pour raccourcir la jupe de bien cinq centimètres, la rendant légèrement trop courte. Il releva le regard vers Coco avant d’annoncer innocemment « Faut bien attirer les clients masculins non ? » Fallait surtout que les gars du squad  puissent aussi les regarder déambuler avec plaisir dans la boutique, mais ça, ça resterait secret.

Ce projet aussi barré que les deux cerveaux qui l’avaient créé, faisait rire Ryu. Au fond il savait pertinemment que ce projet sans réelle logique plairait énormément au reste du squad et qu’ils pourraient tous ce lancer dans cette nouvelle aventure complètement dingue sans réfléchir une seconde au manque cruel de rationalité de ce dernier. C’est ça qu’était d’ailleurs magnifique chez eux, rien ne les arrêtez, ensemble ils étaient capables de tout.
Il sourit à la proposition de Coco. « On s’y faufile là-bas quand tu veux ma belle. On y mettra du colorant ! Faut qu’on teste pour voir si ça peut les rendre meilleurs ou si notre affaire et vouée à tomber à l’eau. »

Braver les interdits, se moquer de l’autorité était bien l’une des choses qui le faisait sentir le plus vivant, comme le sexe, la drogue et l’art.  

COCO & RYU ☾ Un sourire amusé se peignit sur les lèvres pleines de Coco. Il y avait un rien de concupiscent sur le visage du jeune homme. Ryu, songeait-elle, avait la tête d'un garçon qui vient de tomber de la lune. Un personnage de fiction. Un mythe, peut être.
Ryu était son djinn personnel, à défaut de meilleur mot. Avec lui, elle venait à penser que les peintres avaient de la magie au bout des doigts. Et que lui aussi, en avait un peu, parce qu'il parvenait à donner vie à ses toiles. Des peintures par centaine posés en pile tout autour de sa chambre. Dans chaque recoin. Elle s'y perdait souvent, à présent. Elle aimait se dire que cette pièce était une capsule hors du temps. Un abri coloré où rien ne pourrait jamais les rattraper. Elle était heureuse de voir que c'était quelque chose qui ne disparaissait jamais.
L'immuable dans l'abstrait.
L'éternel dans l'éphémère.

▬ Pourquoi pas? Comme une fée clochette. Fais un voeu et je l'exaucerai. Pour un baiser ou une nuisette.

Elle pouvait sentir l'enthousiasme poindre un peu plus à chacun de ses mots. Son rire dégringola de sa gorge sans qu'elle ne cherche à le retenir. Alors ses doigts crochetèrent son sourire. Elle laissa sa main serpenter sur la courbe d'une pommette. Elle rencontra l'ombre de ses grands yeux, elle remarqua que le jour avait fait muter l'encre opaque de ses iris en un marron chaleureux. Elle aimait bien cette couleur aussi. Elle l'imaginait presque habillé les peaux comme une étoffe délicate. Combien de femmes avaient put s'épanouir sous ce regard là? Combien de soupir, combien de cris avait-il cueillit ? Son regard tomba sur ses lèvres, alors sans vraiment y penser elle glissa le bout de son index sur la pulpe fine et rosée de la bouche. Ses yeux brillèrent un peu, comme dans un éclair de plaisir mal contenu. Les femmes qu'il y avait eut, elle n'était pas certaine de s'en soucier. Ni de celles qu'il y aurait. Entre eux, c'était spécial. C'était éloigné des codes humains. Juste un chat de gouttière qui venait incessamment chercher l'attention de son gardien.

▬ Si tu me laisses mettre de la peinture sur le tien Madame, pourquoi pas.

C'est à peine essoufflé, cette phrase qui lui fait redresser son menton. Elle regardait ses yeux trop grands. Elle regardait ses orbites grands ouverts sur les flots tumultueux et cet air trop fière qui parvient néanmoins à lui tirer un sourire sincère. Un sourire qui se meut en rire, un rire qui devient fou rire, fou rire qui s'écroule dans une expiration et fait voleter les mèches qui voilent son visage. Il y avait un éclat surprit dans les creux de ses pupilles. Coco, elle l'observait comme si elle le découvrait pour la première fois. Comme si leurs courses folles, leurs essoufflements et leurs déraisons communes n'avaient été mit de bout en bout que pour s'achever sur cet instant.

Et il y avait ses doigts qui glissaient dans le désordre de ses boucles blondes. Un délice. Un bout d'extase qui la fait frémir jusqu'à la pointe des cils et lui arrache la paresse d'un soupir. Tout était embrumé à présent. La pièce aux fenêtres outrageusement closes comme son esprit. Ca dansait devant ses yeux à présent. Les murs, les odeurs, les couleurs, les sensations sous la pulpe de ses doigts fins. Les pages abstraites du magazine qui peu à peu devenait établissement de luxure. Pâtisserie licencieuse qui viendrait renverser les meilleures attractions de Séoul. Le luxe, ils s'en foutraient. Pire, ils le réinventeraient. L'attendu, le correct, l'acceptable, le condamnable ne sauraient constitués un obstacle à la course folle de leurs imaginaires. The Candy Shop. Coco le voyait déjà. Et plus Ryu s'enthousiasmait, plus son coeur s'emballait, plus elle répondait dans ces élans de spontanéité qui lui seyait mieux que la plus opulente des parures. Ils étaient fait de la même essence après tout. Une folie douce.

▬  J'adore! Comme ça on rameute les milfs délaissées comme les nanas d'universités qui ont besoins de se faire mousser. Doubles clientèles, double bénéfice. Ca sonne plus classe qu'une boite de strip tease mais au fond c'est pareil.

Oui, au fond les deux se valaient.
Il n'y a que l'emballage qui s'y différenciait.
Mais Coco, c'est tout ce qu'elle aimait. Offrir l'innommable en laissant croire que tout ça, tout ce faste, tout ce stupre, avait autant de valeur que vos plus beaux verres en cristal. L'humain était toujours prompt à mordre l'interdit à pleine dent après tout. Il suffisait simplement d'une légère impulsion. La plus tendre et la plus volontaire des incitations. Alors Coco se faisait vilaine fille sur la courbe de leurs codes moraux. Immonde roublarde qui vous vendrait l'Eden pour peu qu'elle s'en trouve distraite. Ce ne sont certainement pas les membres de son crew qui s'en plaindraient. Ni Lenny qui pouvait vous montrer son cul en milieu de soirée sur un simple défi ou Dân avec qui elle avait finit à poil dès leur première rencontre, à se planquer dans les couloirs de Haneul en espérant ne pas tomber sur les pions. Laisser quelques mains glissés de beaux billets verts dans leurs frocs? Ils adoreraient.

▬ Si c'est toi qui nous habille on finira avec toute la ville dans ce club!

Et Coco éclatait de rire devant son croquis. Un rire absurde. Rire ivresse. Rire fumé. Rire qui ne pouvait trouver d'écho que dans les mirages colorés qui crépitaient sous le prisme de son imagination foisonnante. Alors qu'elle se cache à demi derrière la feuille, qu'elle lui pique son fusain pour y rajouter une indication, légende calligraphié en toute subtilité: "On fait tomber le string si tu y mets ton prix bébé". Classe. Comme toujours.  Et Coco poussait sa tête sous sa main pour ne que ses caresses perdurent. Encore un peu plus. Parce que ça, sa main qui glissait tendrement sur son crâne, c'était mieux que le plus fort de ses alcools.

▬ Je mettrai du colorant alimentaire dedans, et on fera des saveurs arc en ciel. Et on appellera ce croissant la licorne. Servit avec des cupcakes en forme d'étoile et des macarons colorés.

La gourmandise restait en tout et pour tout un vilain défaut dont mademoiselle était pétrit. Gourmandise sexuel. Gourmandise affective. Gourmandise alimentaire. Gourmandise monétaire. Gourmandise gourmande. Et si dans tout ça elle pouvait en plus enfreindre le règlement universitaire, Coco s'y livrerait avec grand plaisir.

▬ Dis Daddy, tu crois qu'on devra se teindre les cheveux aussi? Histoire de coller à tout le reste.

Quitte à bâtir un thème sur les licornes, pourquoi ne pas y aller à fond?