Let me discover your world. [Bang Gigi & Lezio Sora Suga ]

vêtements du jour ƒ  la vérité ? vous voulez vraiment la vérité ? pourtant vous la connaissez tous. c’est tous les jours le même bordel avec moi, chaque jour que dieu fait j’ingurgite une tonne de médicaments tous plus douteux les uns que les autres, dans l’espoir d’y voir plus clair dans ma vie. le problème, c’est que je vois plus du tout clair dans tout ça. je suis là, je divague minute après minute et heure après heure. je ne sais même pas comment j’ai pu atterrir dans le jardin botanique de la fac. ha oui, les tulipes de lenny. je devais venir les arroser, juste histoire de lui faire plaisir, il en prend autant soin que moi de ces fleurs bizarres. enfin bizarres, je dis ça parce qu’elles sont surement plus normales que moi. bref, je suis là, stoppée par mon énième hallucination de la journée. mon psy me dis que je devrais baisser les doses de pilules mais je peux pas. il y a toujours un moment où je risque d’être mal dans la journée, alors il faut que je les prennent, question de vie ou de mort. question d’addiction, maybe.

alors je reste plantée là, devant les tulipes à me demander si l’espèce de nain habillé en drag-queen en face de moi est réel. bien sûr que non il n’est pas réel. quoique, c’est une probabilité. je veux dire, ça doit bien exister des nains drag-queen. non ? alors je le regarde sans broncher et tente de le faire disparaître après quelques clignements d’yeux. il reste là, à me regarder avec son petit sourire narquois. seigneur, qu’est-ce que j’ai fais pour mériter ça. avant hier c’était schwarzenegger et maintenant le nain. plus rien ne va, je m’enfonce toujours un peu plus dans ma dépression. alors je m’accroupie, la tête enfoui entre mes mains, face à un buisson. « dégage. dégage. dégage. dégage. » je me répète ça en boucle en me persuadant que ça ferait partir mon hallucination journalière. « Ta une clope à me filer ? S’il te plaît. » une voix masculine me fait sortir de ma torpeur. je regarde rapidement à l’endroit où le nain est censé se tenir. ce petit con disparait en m’envoyant son majeur en l’air. je cligne des yeux et dirige mon visage vers la voix. « euh. oui. oui bien sur. toujours. » je plonge ma main dans mon sac et sort un paquet de camel. mais qu’est-ce que ce mec fou là bordel ? « tu l’as vu ? dis moi que tu l’as vu. » je lui lance un regard carrément sérieux en lui tendant une clope. mollement je fou la mienne dans ma bouche et ne l’allume pas. j’aurais plus besoin d’un xanax à cette heure-ci. je réalise que le mec est un étranger lorsqu’il s’assoit à mes côtés. c’est sur qu’avec des yeux pareils difficile de le prendre pour un asiatique. je plisse les miens alors qu’il me demande mon nom. il a l’air distant, peut-être qu’il ne réalise pas que je suis anglaise. enfin à moitié. ou peut-être qu’il réalise que je suis complètement perchée. va savoir. « Gigi. Moi c’est Gigi. » juste gigi oui, ça fait bien longtemps que j’ai oublié mon nom de famille. ou que j’en ai rien à foutre. c’est tout aussi simple.  « sora ? sérieusement ? » je le regarde en biais, un petit sourire amusé sur le bord des lèvres. « c’est pas commun pour un arien de porter un blaze asiat. » je ricane dans mon coin, oubliant ma franchise malfaisante. je tire sur ma clope qui n’est toujours pas allumée et le regarde de la tête aux pieds. « ben dis donc ? la soirée à été longue ? » je lui demande en voyant son air de lendemain de soirée un peu difficile. je porte pas vraiment attention au fait qu’il était entrain de faire une sieste dans le jardin botanique. non, du tout, c’est normal ça. après tout on est à la haneul. « t’es nouveau ici ? » je dois dire que ça, j’y fais jamais bien attention. mon univers tout entier tourne autour du peu d’amis que j’ai, et surtout autour de lenny. donc bon, je dois dire que les quelques quinze mille autres élèves du campus ne m’intéressent pas vraiment. et ce depuis six ans.

vêtements du jour ƒ  j’essaie encore de tirer sur ma clope non-allumée. faut dire que j’essaie d’arrêter pas mal de choses en ce moment, la clope comprise. à chaque fois que j’ai tenté le diable je m’en suis éprise encore plus. tous ces vices sans fins qui me bouffent chaque jour un peu plus, j’en suis épuisée putain de merde. alors je cligne des yeux une première fois alors qu’il me déblatère une foutue histoire sur ses parents. « mouais, si tu connaissais les miens, tu trouverais les tiens plus que communs. » je renifle d’un air négligeant, en même temps quand on est l’expérience un peu ratée d’un couple gays d’acteurs pornos, on peu dire que c’est pas vraiment commun tout ça. ouais, vraiment pas. « mais c’est mignon, Sora Suga. on dirait une sorte de confiserie. » je lui lançais un regard un peu plus poussé. faut dire ce qu’il en est : c’est une sacré bonne confiserie le gamin. j’en prendrais volontiers un bout. juste un tout petit. c’est à peu près à ce moment là que mon énième hallucination de la journée apparue. sora se transformait en une sorte de bonbon hyper alléchant, alors je passais ma langue sur mes lèvres et détournais le regard. fichues pilules psychotropes. j’abandonne. il me parle de mon prénom. « ouais. c’est vraiment pas courant. sauf à Londres, là d’où je viens. » oh ma belle Londres, qu’est-ce qu’il me manque ce taudis. des punks à chien à la bourgeoisie en imprimé vichy, du marché de la gare au ciel tout aussi gris que mon âme. tout me manque. mais séoul, c’est bien aussi. le vice est tout autant présent qu’en Angleterre.

je le sens relever mon visage et coller sa clope à la mienne pour l’allumer. « Avec la clope allumé ça marche mieux, tu verras.  » je joue le jeu et tire dessus sans vraiment le vouloir. « je voulais arrêter de fumer, tu sais. » je tente un sourire perdu et le remercie d’un clin d’oeil avant de tirer la taffe la plus longue de toute mon histoire. hop, quelques pour-cent de capacités pulmonaires en moins. « Putain oui. Je n'ai même pas l’impression qu’elle soit fini.  » je rigole, clairement cette fois-ci, mais c’est presque inaudible. « bah, tu sais, elle se finit jamais vraiment, la soirée. » encore une vérité, une sacré belle vérité. je crois que j’ai jamais vraiment terminé cette soirée d’il y a dix ans. j’avais quatorze ans, je tentais mon premier buvard d’acide et je finissais perchée à jamais. tous les psys pourrons vous le dire, je suis jamais redescendue. trop jeune, trop bonne, trop conne. « moi, nouvelle ? pas vraiment, j’suis un genre d’ancêtre ici. » et c’était peu de le dire. « j’en suis à ma sixième année, bientôt sept. j’me demande encore comment j’ai réussi à en arriver au doctorat. » ouais, c’est le genre de question que je me pose à chaque fin de partiels, quand je vois que je suis toujours dans les meilleurs sans rien faire du tout. soit je suis naturellement douée soit mes vieux font du chantage au doyen. « ah, merci, ça te va bien à toi aussi. » forcément, la défonce ça va plus ou moins bien à tout le monde.

« alors comme ça, tu l’as vu, ce con ? » j’en reviens à mon hallucination. ce mec l’a vraiment vu ? j’aurais pas de mal a y croire s’il était pas aussi défoncé. ce putain de nain de jardin me fais flipper depuis quelques semaines, après avoir commencé à avaler trop de nouveaux psychotropes.

vêtements du jour ƒ  je suis là, sans vraiment être là, comme d’habitude. alors je change de position et m’assoit sur mes talons, jambes pliées. le splendide blond prend la clope coincée entre mes lèvres charnues et l’ écrase au sol. alors je lui lance un regard contrit, plein de solitude. j’en avais besoin, ne serait-ce que pour la gestuelle. en attendant il me tend un paquet de chewing-gum, que j’accepte. je n’avais rien mangé d’autre que des pilules roses et bleus et des pastilles à la menthe depuis trois ou quatre jours, ayant perdu le fil de mes repas depuis bien longtemps. mon corps frêle en étant le premier témoin. j’inspire lentement en mâchant la matière première. qu’est-ce que c’est dégueulasse, tout ce fichu sucre. mais j’hausse les épaules, c’est pas la fin du monde. « mouais, je devrai arrêter. vraiment. » je devrais arrêter beaucoup de choses, encore et toujours, pour finir par m’y plonger toujours plus.

« vingt-quatre ans. et toi? » bah, je ne me suis jamais considéré comme vieille, même si les moeurs coréens en disent le contraire, je devrais déjà être fiancée. cette mentalité asiatique m’a toujours échappé, même s’il en ressort cinquante pour cent de mes origines. mon coeur et mon âme restent avant tout Anglais. j’en reviens à mon hallucination, le blond m’a mentit, peut-être pour me consoler dans ma folie, comme tant d’autres. alors je cligne lentement des yeux et lui lance un petit regard en biais. je forme une bulle avec mon chewing-gum, elle grossie, encore et encore puis fini par s’éclater jusque sur mon nez. je fais une moue mécontente et reste plantée là, sans essayer de le décoller. « c’est pas sympa. de m’avoir mentit. » je fronce les sourcils maintenant, louchant sur la matière qui me colle à la bouche et sur le bout de mon pif.

Je le regarde s’allonger à mes côtés puis je fais de même, mon épaule droite frôlant la sienne et mes longues boucles brunes s’étalant sur la moitié de son torse à lui, puis dans mon dos, se perdant dans l’herbe fraîche jonchée d’une rosée matinale. « ce que je faisais ? je m’en souviens pas. je crois que je devais arroser les tulipes, mais pourquoi, je ne sais plus. » j’avais perdu le fil après avoir exécuté ma mission au sujet des tulipes. « et toi ? comment tu as pu finir par décuver ici ? » je tourne mon visage vers le siens, oubliant le chewing-gum.

vêtements du jour ƒ Au final, il a raison le petit blondinet sexy qui se tient allongé à mes côtés. faut savoir en faire, des sacrifices je veux dire. j’ai jamais vraiment essayé ce genre de chose mais tout à un début non ? et pourtant… je meure d’envie de me griller une barre de cancer. je me mord fort la langue, oubliant ce foutu chewing-gum encore. faut dire que je lutte par tous les moyens pour rester sur Terre, me raccrochant au peu de réalité qui m’entoure : en cet instant présent je remercie silencieusement le bel inconnu de m’y maintenir fermement. je redescends encore un peu plus de mon nuage lorsqu’il me donne son âge : « Woaw. et toi tu ne fais pas vingt ans, j’aurais presque parié que t’étais plus vieux que moi. » Un petit rire rauque et taquin s’échappe d’entre mes lèvres collantes de friandises. En soi, je suis pas entrain de mentir, mais le fait de le savoir aussi jeune me fais me sentir subitement…. Plus jeune. et ça fait du bien. une éternelle enfant dans un corps de femme. Perturbant n’est-ce pas ?

Alors que je ronchonne parce qu’il m’a menti, ce con s’excuse. « Oh. Bah merde. C’est tellement rares les excuses dans ce pays. on dirait que ça leur arrache le cul de s’excuser, les Coréens. tu m’as surprise. » et là, je fini par rire franchement, à gorge déployée, subitement attachée par cette tête blonde. Je tourne mon visage vers lui encore, les yeux brillants de rire. il m’explique qu’il est venu ici histoire de pas déranger son coloc et j’hoche la tête. Faut dire que j’ai le coloc le plus zen du monde, et je suis pas non plus du genre excitée alors Ryu et moi on se complète bien. Je respecte le respect qu’a Sora envers son entourage et louche sur son portable à quelque centimètres de mon visage. « ah… » fut tout ce qui sortit de ma bouche. Faut dire que je sentais que ça collait ici. Alors je ronchonne un peu et tente d’enlever l’excédent de chewing-gum. Je finis par me redresser, prenant tout mon courage et ma force ici présente pour bouger mon corps. Au moment même où j’enlève le dernier bout de chewing-gum, un petit déclic se fait entendre et Sora et moi sommes subitement surpris par une dizaine de jets d’eau provenants de toutes les directions. Prise au piège par l’arrosage automatique, je me lève doucement en fermant les yeux, bras tendus et petit sourire. Faut dire qu’avec le plane actuel que je me tape, c’est juste parfait. Alors je me retourne vers Sora et le pousse gentiment en riant : « Touché ! Attrapes-moi si tu peux. » Et là je met à courir de toutes mes forces en direction du petit labyrinthe du jardin, m’y enfonçant en riant à travers l’eau qui fouette mon visage tordu par les rires et les hoquets.

Mademoiselle Gigi ronchonne, il semblerait qu’elle ne soit pas contente que tu lui aies menti, mais lorsque tu t’excuses elle semble étonnée plus qu’énerver. Ah ? « Oh. Bah merde. C’est tellement rare les excuses dans ce pays. On dirait que ça leur arrache le cul de s’excuser, les Coréens. Tu m’as surprise. » En réalité en Italie aussi, les excuses ne sont pas souvent faite, d’ailleurs très souvent les Italien sont du genre fier, mais toi, tu n’es pas comme tout le monde, tu n’es pas comme la majorité. Tu es plutôt du genre doux et gentil et c’est assez rare en soi malgré ton physique avantageux, tu ne profites pas souvent de tes atouts. Non, tu es juste comme un môme au cœur tendre, dans un monde de taré.

- AH ? 

Un cliquetis se fait entendre, un petit bruit qui n’annonce rien de très gênant en soi L’eau. Tu aimes ça, tu te sens bien quand tu es mouillé. Alors, ouais, tu ne réagis pas beaucoup, seulement sur le coup de la surprise du froid. Puis tu regardes la demoiselle, les femmes au corps ruisselant d’eau sont magnifiques hein ?

- Maintenant on a pas seulement le cul mouillé. 

Tu ris un peu et mademoiselle te pousse, elle te provoque et tu ne peux t’empêcher de rire « Touché ! Attrape-moi si tu peux. » Elle se met à courir jusqu’au labyrinthe, tu n’es pas douée pour courir, tu t’essouffles vite, quand tu étais petit, tu devais rester couché sans bouger, pas de mouvement brusque, ni rien. Alors lorsqu’elle t’invite à rattraper, ce temps perdu, tu lui cours après. Tes jambes sont grandes et ton corps adapté, quoique tes poumons ne suivent pas si bien le rythme.

- Je vais t’attraper !

Tu cours, encore et encore, tu la suis dans le labyrinthe et finalement, tu l’attrapes par la taille de son jean et la tire contre toi et lui décoiffent les cheveux d’un coup de main.

- Je t’ai attrapé. Tu es dans mes filets.

Un sourire, tu lâches son jean et tu la chatouilles sans la laisser filer d’entre tes bras, tu joues comme un gosse, mais bon, tu ne peux t’empêcher de remarquer les courbes de cette jolie nana que tu as sous les doigts.

vêtements du jour ƒ L’euphorie me gagne, petit à petit. Comme un enfant qui saute dans des flaques d’eau un jour d’averse, moi, je les évites, en riant à gorge déployée. Je m’enfonce dans ce fichu labyrinthe sans aucune peur de m’y perdre. Parce que je le connait, parce que je m’y suis perdue tellement de fois que j’en ai fini par l’amadouer lentement mais surement. L’arrosage automatique continuer de fouetter mon visage et noie mes rires incessants. Je suis finalement stoppée dans mon élan par une main qui me tire à l’arrière de mon jean, je manque de trébucher dans un hoquet de surprise et atterris dans des bras fermes. Un regard levé lentement vers celui de mon assaillant et je lui souris à pleines dents. « J’ai perdu. » dis-je en soufflant sur une mèche qui vient entraver ma vue.

Puis il commet un acte irrémédiable : les chatouilles. Encore et encore, je ris tellement que j’en ai mal au ventre, mais le genre de mal agréable. C’est la pire chose qu’on puisse me faire, alors je me débat de toute mes forces à travers des rires étranglées profonds. Une vague d’adrénaline me submerge et je tente de m’échapper de cette emprise mortelle mais tout à fait agréable. J’abats mes mains sur son torse, toujours en riant à gorge déployée puis fini par utiliser la technique ultime de défense féminine : je lui pince les tétons et part en courant, noyant mes rires à travers ma respiration saccadée. Hop, ni une ni deux, je fonce dans une haie et mange le sol durement. aie… je me suis écorchée les mains sur le les branches mais peu m’importe je continue à rire, étalée parterre et trempée comme jamais. Levant un pouce en l’air je lâche un petit : « Pause ! » avant de de laisser tomber mon bras parterre pour mourir de rire en paix.