douceur sauvage ♡

douceur sauvage

ça dure. ça dure depuis des mois. rhéon et toi. toi et rhéon. ça dure depuis longtemps. une langue offerte en échange d'une sorte d'allégeance et d'une loyauté sans faille, telle était le deal entre vous. tu lui offrais les cours qu'il avait besoin et lui, il s'incrustait parmi les tiens, il s'incrustait dans ta vie comme personne n'avait pu avoir ce privilège auparavant. protecteur, l'un envers l'autre. presque fusionnel, toi qui habituellement, t'éloignes de toute forme de sentimentalisme. ainsi, assis sur ce lit aux draps blanc, fins, tu te retrouves le bras perfusé, le teint blanchâtre faisant la concurrence à ces draps si désagréable. un cour de sport, puis un malaise plus tard, tu venais d'ouvrir les yeux entre ces murs, ainsi l'infirmière étant dans la confidence, tu comprends, tout comme elle qu'il s'agit là d'une apparition, parmi tant d'autre, de cette foutue maladie que tu caches.

puis tu le vois, arriver, se pointant à ton chevet. toi, tu fronces les sourcils parce que tu veux pas de lui. pas comme ça, pas ici. de la pitié ? tu n'en veux pas. des cris ? clairement pas. ainsi, un soupir plus tard, tu fixe le tuyau de la perfusion avant de grimacer. sous alimenté suite à ta perfection extrême, beaucoup trop de jours étaient passés sans que tu n'ais avalé ne serait-ce qu'un bout de pain. trop assidus dans tes cours, tes devoirs, que tu en oublie de te nourrir, pourtant, ce n'est pas faute de te l'avoir dit et répété comme le fait si bien jieun. qu'est-ce que tu fais là ? t'es censé avoir cour. ça n'était pas l'ami qui parlait, mais l'évêque qui s'adressait à son membre. rhéon comptait parmi les élèves les plus imposant sur le campus grâce à son intelligence, ainsi tu savais qu'il rattraperait aisément les pts que tu avais pu perdre à ce fameux cour de sport.

douceur sauvage

t'as toujours été entouré de visages flous. passant trop vite dans ta vie, ne laissant que de vagues traits et des noms lointains. tu tends à peine la main qu'ils s'en vont déjà, et tu es laissé là, avec quelques souvenirs qu'il ne te reste plus qu'à jeter à la corbeille. tu ne saurais vraiment dire qui est un ami et qui n'est que de passage. après un moment, tu as appris à t'en contenter, à te suffire de ces personnes éphémères.
jun su, c'est l'exception. il a toujours été une exception d'ailleurs. depuis que vous avez échangés vos premiers mots écrits, tu savais qu'il était différent. tu ne saurais toujours pas dire comment, mais jun su, c'est ton ancre dans cette mer de flou. tu sais que lui est là pour rester, et c'est rassurant putain. vous avez toujours eu une relation étrange. amis un peu trop proches parfois mais sans aucune gêne, tu n'as jamais vraiment chercher à mettre un mot dessus. tu ne penses pas qu'il y en a besoin.
alors quand un gars dont le nom t'as échappé il y a un moment te chuchote à l'oreille en plein cours magistral que "jun su a fait un malaise pendant le cours de sport", ton sang se gèle dans tes veines et tu sens ton visage pâlir. alors tu t'étouffes. volontairement, certes, mais tu imites la crise de toux la plus violente du siècle. qu'on te donne un oscar, car en moins de dix secondes tu obtiens permission de filer à l'infirmerie. t'as jamais été à l'infirmerie, alors tu te perds une ou deux fois, avant d'arriver une bonne dizaine de minutes plus tard, désorienté, à la porte de l'infirmerie.

tu le repères directement dans un des lits, et le soupir de soulagement t'échappe avant même que tu ne te rende compte que tu le retenais. puis ton regard tombe sur le tuyau, la perfusion, et soudainement tu te sens plus si bien que ça. tu te laisses tomber dans la chaise à son chevet.
son regard est dur, comme ses paroles. tu sais que tu ne devrais pas être ici. mais peut-il vraiment te blâmer ? n'aurait-il pas fait la même chose à ta place ?
"c'est à moi de te poser cette question. qu'est ce que tu fais là ?"
tu fais un mouvement de tête vers sa perfusion, et tu attrapes sa main doucement pour mieux l'observer. puis tout est clair. tu te souviens,ou du moins, tu ne te souviens pas. tu ne te souviens pas de l'avoir vu avaler quoi que ce soit ces derniers jours, alors que tu étais avec lui la plupart du temps. et tu l'as laissé s'émietter sans même t'en rendre compte.
"c'est rien de grave, hein ? dis moi juste que c'est rien de grave." t'as une boule dans la gorge qui rend ta voix hésitante. tu sais pas d'où elle sort ni même si elle compte s'installer là un moment, mais ça te ressemble pas. c'est pas toi, de manquer de confiance comme ça.

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t'as été habitué à tout ça. habitué à ne plus te nourrir convenablement, habitué à ne presque plus dormir, habitué à te refermer sur toi même. tout ça, t'as tristement été habitué pour parvenir à l'excellence. ainsi, ta maladie prenant le dessus, le fait de sauter quelques repas te rend bien plus fragile qu'un de tes semblables et cela te tues parce que t'as pas besoin de ça. t'as pas besoin de finir à infirmerie et de rater ne serait-ce qu'une seule seconde de cours. ainsi, tu te maudis intérieurement de ce manque d'attention. tu te maudis de ne pas avoir écouté ta sous évêque qui pourtant, se faisait un plaisir de t'offrir quelques repas, que tu laissais salement refroidir au bord du bureau avant de tout jeter à la poubelle. ainsi, vient l'attitude de rhéon. inquiet, presque paniqué. cela viendrait presque à te mettre hors de toi. cela te donnerait presque envie d'arracher cette foutue perfusion pour partir d'ici.tu fatigues de ces quelques sur ta foutue santé. tu fatigues du fait qu'on te dise quoi faire ou non. tu sens enchaîné, emprisonné. je suis pas à l'article de la mort, détends-toi. c'était un mensonge, mais ça, rhéon n'en savait rien et pas sûr que tu le lui dise un jour. après tout, pourquoi le lui dire ? tu étais calculé dans ta tête. tu partirais seul. totalement seul. t'as pas besoin d'avoir quelqu'un à tes cotés pour constater ta décomposition à chaque stade de ta maladie. t'as besoin de personne pour vomir ou saigner. t'as besoin de personne pour crever, si ce n'est que de toi même au final. tu m'expliques pourquoi t'es ici et pas en cours ? tu mettais un point d'honneur aux études, plus que sur ta propre vie, ainsi tu refusais le fait qu'un de tes membres puisse se permettre de rater ce qu'ils peuvent entreprendre. tu devrais retourner là bas. t'as rien à faire ici. que pouvait-il faire de plus que de rester assit sur cette chaise ? te poser une multitude de questions ? non, c'était pas une solution.

douceur sauvage

détends-toi. c'est con, c'est que quelques mots au final, mais ça fonctionne. t'as envie de le croire, alors tu arrives à baisser les épaules et lâcher ce souffle que tu retenais depuis un moment. t'as envie de croire qu'il ne te mentirait pas, pas pour ce genre de choses. tu lances un regard vers l'infirmière, qui malheureusement à l'air plus occupée par ses propres affaires. pas moyen de chercher confirmation, mais bon. t'as envie de faire confiance à jun su, alors tu le fais.
il n'en reste pas moins glacial envers ta présence. d'un côté, tu le comprends. c'est angoissant d'être vu aussi vulnérable, et tu sais à quel point il accorde de l'importance aux études. toi aussi, d'ailleurs. mais pour toi, ton sens des priorités est très clair : les êtres chers avant les cours. alors tu essayes de détendre l'atmosphère. tu prends un air faussement offusqué, main sur le cœur.
"excuse moi ? je te ferais remarquer que je suis moi aussi malade, j'ai été envoyé à l'infirmerie par le professeur."
tu joues une crise de toux remarquable, bon acteur que tu es, et tu t'assois sur le lit voisin. l'infirmière n'a pas l'air inquiète et tu sais bien que junsu ne te croiras pas non plus, mais tu n'allais pas le laisser te renvoyer en cours aussi facilement. de toute façon, tu aurais eu l'esprit bien trop préoccupé pour pouvoir comprendre un seul mot, alors entre être ici ou assis sur une chaise à te ronger les ongles, ton choix est vite fait.

"je dois pas être la première personne à te le dire, mais il faut vraiment que tu prennes plus soin de toi." tu tentes, ne sachant pas vraiment comment approcher le sujet qui fâche.