cheesy night ► orion

Le Campo Verde, c'est un peu comme le fiancé parfait: il a tout pour lui. Logé dans une ancienne salle de concert, il en impose avec une immense verrière, ses coursives et ses poutres de styles vintage qui nous font tanguer comme à bord d'un transatlantique. Pourtant, cela ne l'empêche pas d'être chaleureux, et de vous accueillir à l'improviste autour d'un de ses plats original aux saveurs de l'Italie. Résultat, on continue d'y retourner pour lui trouver  un petit défaut.
Nina s'y essayait à chaque fois, sans grand résultat.

▬ Bonsoir Maria.  

Nina.
Elle grimace un sourire en direction de la propriétaire et se laisse tomber à sa place habituelle, ses mèches encore humide gouttent joyeusement dans le bas de son dos et son menton vient se planter dans la paume de sa main. Un léger soupire, et elle vient enfoncer ses écouteurs dans ses oreilles, se laissant emporter par les accords d'un vieux rock des eighteens. Pour une fois qu'elle était la première arrivée, elle n'allait pas s'en plaindre. Bien au contraire. Parce que ce soir Nina, elle dinait avec Orion, son "petit mari" comme elle l'affirmait si bien. Et Orion, il était comme un verre de vodka. Un plaisir du quotidien dont elle peinait à se remémorer les tenant et les aboutissements de leur première rencontre. Orion, elle l'avait rencontré aux US, l'avait épousé à Las Vegas et depuis, ils étaient potes de galère. Ca avait été comme un coup de coeur émotionnel, un crush sans amour où le fil de la conversation amène le premier verre, puis un second, puis un troisième. Une pluie d'alcool, la fumée entêtante d'un joint, et elle se réveillait dans un hôtel de l'Etat voisin, sa tête appuyée contre son torse et un acte de mariage au fond de son sac à main. Une erreur de jeunesse, à n'en pas douter. Une de celles qu'elle ne parvenait même pas à regretter.

Après les sms échangés, Orion passa rapidement chez lui pour prendre une douche et s’habiller convenablement pour sa petite femme. Il allait sûrement être le dernier arrivé, mais c’est habituel. Penchant la tête doucement, il donna l’adresse au taxi, un restaurant qu’ils ont l’habitude de fréquenter tous les deux. Il arriva finalement une demi-heure plus tard, sortant du taxi en question, il entra dans le restaurant en souriant légèrement à Maria, la propriétaire. « Bonsoir maria » Il alla par la suite rejoindre la jolie Nina, déposant un rapide baiser sur le haut de son crâne, il se mit à sa place, en face de lui. « J’espère que tu ne m’as pas trop attendu » dit-il en lui faisant un sourire au coin. Il regarde la carte sans vraiment la regarder, il connaissait le menu par cœur après tout. « Pate au pesto pour moi s’il te plait Maria avec une bière, 25 cl » dit-il en souriant à la propriétaire. Une fois la commande passée, il reposa son regard sur Nina et sourit. « Alors ma belle, comment tu vas ? » demanda-t-il curieux. En vrai, il voyait déjà que sa belle allait parfaitement.  

Orion, n'était pas un grand expert en matière de ponctualité. C'est une leçon que son quotidien passé à ses côtés lui avait apprit. Alors Nina, elle ne se pressait jamais à leur rendez vous tout comme elle ne s'étonnait pas lorsque la trotteuse suivait sa course sur le cadran sans que monsieur ne montre son joli museau. Pourtant, il suffisait d'un baiser abandonné sur le sommet de son crâne pour lui arracher l'ébauche d'un sourire, d'une mimique pour lui tirer le grelot d'un rire. Orion, elle ne lui en voulait jamais. Sans doute parce qu'elle n'en attendait rien de particulier.

▬ Pas trop, je ne me suis pas pressée.  

Sa commande suit sans qu'elle ne prenne la peine de consulter la carte, des pâtes carbonara et une une skoll. Nina, son amour pour l'alcool, elle l'avait traîné depuis sa Pologne natale et ne se trouvait pas dépayser au sein de la capitale coréenne. Quoi qu'on en dise, les habitants du pays du matin calme buvaient comme des trous. De quoi vous fondre dans le paysage ambiant malgré vous traits caucasiens. A sa question, la jeune femme esquisse une légère grimace avant d'hausser ses épaules dans un rire.

▬ Bien, si on oublie le fait que j'ai passée la nuit dans la voiturette de cette cher Saera et que j'y ai renversé la moitié de ma bouteille.

Petit écart de conduite que la belle ne manquerait pas de constater. Même si elle trouverait surement le moyen de s'en amuser. Nina le savait après tout, Saera s'amusait de leurs frasques bien plus qu'elle ne s'en contrariait.

▬ Et toi mon petit nem? La journée a été bonne?

La ponctualité était presque son ennemi, il n’y avait que durant les concours et les entraînes de breakdancer qu’il arrive à l’heure. Sinon, c’est souvent avec quelques minutes de retard qu’il arrive –mais jamais plus d’une heure. Forcément qu’elle ne s’était pas pressé, elle devait avoir l’habitude depuis le temps. « Je n’en doute pas tiens » dit-il en s’installant en face d’elle. La commande était déjà toute trouvée. Il prenait toujours la même chose ici. Il lui demanda finalement ce qu’il y avait de nouveau dans sa vie. Sûrement pas grand-chose comme ils ont l’habitude de se parler assez régulièrement, il est au courant de chose beaucoup plus rapidement que prévu. « Et tu foutais quoi dans cette voiturette au juste ? T’as trop bu pour être capable de rentrer chez toi, c’est ça ? » dit-il avec un sourire au coin des lèvres. Elle faisait ce qu’elle voulait, ce n’est pas parce qu’ils sont mariés qu’elle avait une corde au cou. Orion aussi s’amusait, plus qu’elle peut-être. « Pas grand-chose tu sais, j’ai été à la soirée des Saja et leur jeu de la bouteille là… Je suis tombé sur des personnes bien étrange. » Il repensait surtout à Daphnée, les deux autres, il les connaissait plutôt bien…  

Elle aurait bien du mal à décrire sa soirée Nina. Non pas qu'elle s'en soit enivré au point de tout oublier - oh non, mais souvenirs et sensations s'entremêlait dans une brume inconsistante, associations sans sens et sans grande importance où chaque rires, chaque danses, chaque chants, se retrouvait entremêler à son confrère et atterrissait inévitablement sur cette fameuse banquette dans cette fameuse voiturette. Elle ne craignait pas la réaction d'Orion, ni même son jugement. Le jeune homme avait, après tout, bien assez de frasques à son actif pour inévitablement la décomplexer. Nina, elle lui racontait tout ou presque. Elle lui faisait bien plus confiance qu'on aurait put le supposer, sans doute s'étaient ils trouvés liés après leur première rencontre débridée.

▬ Je crois... Oui je crois que de base, je voulais juste faire une blague à Sae'. Avec un autre type tu sais, alors on lui a piqué sa voiturette et on s'est tiré. Puis après on a discuté et avec l'alcool je me suis endormie là. J'ai même pas pensée à la ramener.  

Ni a reboucher sa bouteille de vodka avant de s'y vautrer. Mais ça, c'est un tout autre débat. Et Orion, lorsqu'il évoque la fameuse soirée Saja, mademoiselle ne peut que cacher le sourire qui manque d'étirer ses lèvres derrière le dos de sa main. Oh, elle aussi elle y était. Et elle en gardait un souvenir bien précis.

▬ J'y étais aussi, mais j't'ai pas vu. On a dû se croiser sans faire gaffe. Il était comment toi, ton binômes de placard?

Après tout, elle était curieuse de le savoir. Elle ne se souvenait pas avoir aperçut Orion parmi le cercle des joueurs, sans doute était-elle déjà trop ivre pour prendre la peine de réellement s'attarder sur ce qu'elle faisait et avec qui elle le faisait.

Orion savait déjà que la belle s’amusait beaucoup de son côté, il ne s’empêchait en rien de le faire par la même occasion. Ce n’était pas parce qu’ils étaient mariés que les choses changeaient. Ils l’avaient fait sous l’effet de l’alcool et ce n’était peut-être même pas un mariage légal mais c’était plus simple pour eux de penser que c’était réel. Le jeune danseur arqua un sourcil en regardant sa belle occidentale, souriant finalement quand elle eut fini de raconter sa petite aventure dans une voiturette. « Pourquoi ça ne m’étonne même pas de toi tiens ? » dit-il avec un sourire au coin moqueur. Leurs boissons arrivèrent en premier et le jeune champion put se désaltérer rapidement. Il eut un sourire au coin quand elle lui dit qu’elle était aussi à cette soirée. « oui, je t’ai vu mais tu étais occupé » dit-il en secouant la tête doucement. « Ils sont juste étranges. J’ai eu Sunah, l’évêque des Saja, elle était sympa mais elle connaît trop de chose sur chacun de nous. Yunho, comme d’habitude, il était chaud lapin et Daphnée, qui a d’abord pensé que j’allais la violer. » dit-il amusé. Enfin, elle était tout de même mignonne la petite Daphnée, peut-être qu’il finira par la revoir un jour. « J’ai eu tête à violer sérieusement ? » dit-il en reposant son verre. Nan, il n’avait pas besoin de ça pour avoir des rapports.  

Oui Nina, pourquoi? Pourquoi ne pouvait-il pas être surpris que tu ais finis dans ce genre d'histoire. Pourquoi ne prenait-on plus la peine de s'étonner de tes frasques. Toi la fausse sage au sourire trop absent, qui finissait toujours par retomber dans ses vieux démons. L'alcool, après tout, vous faisait faire des choses étranges. Epouser des hommes à Las Vegas et dormir à même la banquette d'une voiturette de golf. Alors des bêtises Nina, elle en ferait encore.
A chaque instant du moment qu'elle le pouvait encore.

▬ Qui sait. Peut être parce qu'on a finit marié après avoir picolé ensemble. C'est le genre de chose qui pose bien les bases n'est ce pas?  

Nina, elle ouvre sa canette et la porte à ses lèvres avant que la mousse ne déborde sur la table. Les noms qu'il prononce ne lui dise rien, sans qu'elle ne s'en étonne. Madame ne recherchait pas nécessairement la compagnie des autres. Son petit cercle de connaissance lui suffisait et les rencontres qu'elle faisait en soirée s'achevaient sur un oubli le lendemain.

▬ Jamais entendu parler. Je devrais peut être faire quelque chose à ce propos pour la prochaine fête.

Mais Nina, elle lui jette un regard incrédule. Un regard un rien confus lorsqu'il lui affirme que quelqu'un avait put le prendre pour un prédateur sexuel. Lui. Orion. Avec ses joues rondes et son sourire joueur. Et ça la fait rire soudainement. Un rire qui crépite dans le creux de la gorge et qui la pousse à se tenir les côtes. C'est qu'elle n'en avait pas l'habitude Nina, de ces fou rires qui vous prenne par surprise. Qui vous fauche en plein vol sans que vous ne vous y attendiez réellement.

▬ Oh oui tout à fait, un dangereux criminel. Le pire de tous.

Elle lève les yeux au ciel, secouant ses boucles blondes, presque navrée de temps de naïveté. Décidément, celle là, on ne lui avait jamais faite.

▬ Je viendrai plaider en ta faveur si jamais tu finis dans un tribunal ne t'en fais pas.

En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'elle ne le laissera jamais oublier ça.