I like you better in my bed (Orion & Tee)

Le restaurant universitaire, repère de nombre d'élèves d'horizons complètement différents, solution facile pour les étudiants fainéants, lieu de rendez-vous des plus sociables ou simplement, comme pour Teerapat, l'enfer sur terre. L'endroit regorgeait d'héritiers espérant sympathiser, d'odeurs plus ou moins tolérables, et il y régnait une sorte de cacophonie mêlant à la fois le bruit de couverts heurtant le sol, de rires, de cris et d'autres sons en pagaille. L'esprit solitaire du Thaïlandais voulait qu'il évite l'endroit comme la peste, mais aujourd'hui faisait exception à la règle. La raison était simple : le repas que lui avait préparé JiEun s'était retrouvé étalé par terre après qu'un autre étudiant de sa majeure l'ait bousculé alors qu'il s'apprêtait à dévorer l'assortiment de makis et autres sushis.
Il s'était cependant débrouillé pour avoir une table assez excentrée, isolée, et s'était donc installé avec son bol de naegmyeon, seul, ses oreillettes enfoncées dans ses oreilles de sorte à prévenir quiconque qu'il était inutile de tenter une quelconque approche avec lui, qu'il n'était pas intéressé et qu'il voulait passer ce moment seul. Pour accentuer encore cette barrière sociale, il sortit un livre, un thriller, dernier ouvrage d'un auteur anglais peu connu. Depuis son physique qui ne trompait pas quant à ses origines jusqu'à l'ouvrage en anglais tout en passant par la musique à un volume indécent qui s'échappait des oreillettes, il ne faisait nul doute que le jeune héritier ne souhaitait pas du tout être dérangé. Teerapat donnait facilement l'impression de ne pas se prendre pour n'importe qui, pas mal d'élèves pensaient de lui qu'il se croyait trop bien pour les fréquenter, mais c'était pire encore, il n'avait pas la moindre envie de le faire, et cette réputation trop facilement acquise n'était pas la pire rumeur qui courrait à son sujet. Complètement pris par la lecture, fermé à l'extérieur, il ne vit pas le destin lui tendre un piège plus terrible encore que la possibilité qu'un pauvre étranger l'aborde...

La journée était plus que longue, la théorie n’a jamais été la tasse de thé du jeune américain. Il préférait clairement la pratique, sans aucun doute. Après trois heures en cours, il eut l’autorisation de partir pour aller manger. Il n’aimait pas la cantine d’ordinaire, trop de bruit et de personne, mais il n’avait pas la fois de se faire à manger non plus. Grognant dans sa barbe, il n’hésita pas à passer devant plusieurs personnes, répondant d’un regard blasé dès qu’il voyait que ça gueulait. Il prit son plateau et chercha une table vide ou très peu peuplé. Son regard s’arrêta finalement sur Teerapat, qui était comme toujours seul dans son coin. Il n’était que très rarement dans ce genre d’endroit. Orion ne réfléchit pas deux fois et se dirigea en direction de sa table. Il s’installa sans même lui demander en face de lui, un sourire moqueur scotché sur son visage. « Tee daigne montrer sa face à la cantine, tu m’en vois ravi. Ca va occuper mon temps ennuyeux » dit-il avec un sourire au coin. Sa relation était plutôt compliquée avec Tee, disons qu’ils se prenaient souvent la gueule mais ça finissait souvent dans un lit pour recommencer le lendemain. Il y a une forte attirance, mais ça manière d’être avait le don d’emmerder le jeune américain. Différence de culture sûrement. « T’as une sale gueule today » dit-il en haussant les épaules doucement. Ouais, il fallait bien commencer les hostilités.

Il sent le mouvement plus qu'il ne voit ou n'entend vraiment l'intrus, bien trop occupé par le bouquin que pour vraiment percevoir ces nuisances. Il lève cependant le regard des lignes encrées qu'il trouvait si captivantes et se trouve légèrement surpris de tomber sur le beau visage de l'énervant Orion. Il sent ses dents grincer légèrement face à l'agacement que la simple idée de devoir converser avec lui lui inspire, et doucement, vient retirer les oreillettes, juste à temps pour percevoir la pique qui lui est dirigée. Il ne s'offusque même pas, après tout, il se sait plutôt avantagé physiquement, et ce n'est sans doute pas Orion qui dirait le contraire, vu qu'ils avaient déjà couché ensemble par le passé et que l'attirance était indéniable.

« Merci. Je te retournerais bien le compliment, mais ça serait trop d'honneur. Si t'as rien d'autre à faire, tu peux aller voir ailleurs si j'y suis. Je suis occupé. »

Clairement, le brun préférait plonger dans son ouvrage plutôt que de devoir supporter le comportement imbuvable du métisse, et il n'allait pas le cacher. Il lui adresse donc un sourire clairement faux et forcé, qui n'effleure pas même ses yeux. Il n'était pas d'humeur à se prendre la tête avec lui, entre les soucis amoureux de Siwan et sa propre incapacité à tomber amoureux, il avait largement de quoi faire, déclarer la guerre au beau métisse ne lui servirait à rien. A moins que déverser sur lui ce trop plein d'émotions qu'il dissimulait habilement soit la solution... Oh, au moins, il aurait le mérite d'avoir essayé de dévier l'orientation de ces retrouvailles.

Orion peut être un vrai chieur quand il s’agit de Tee, il faut dire que le thaïlandais lui rendait bien. Ils ne se supportaient pas et le jeune américain en jouait beaucoup –sans aucun doute. Il fallait bien qu’il commence les hostilités, c’était sa principale raison pour être venue lui parler. Sa réponse ne l’étonnait même pas. Le jeune danseur commença à manger tranquillement alors qu’il regardait ce que cet abruti était en train de faire. « Tu seras mon occupation de ce midi et fait pas genre, t’as clairement envie de me voir devant toi » Il n’était pas con, il savait très bien qu’il plaisait à son ennemi juré et son fantasme par la même occasion. Voyant que son pote de lit était pleinement en train de l’ignorer, il lui prit le livre des mains et le plaça à côté de lui. Attrapant une frite, il la tendit en direction de la bouche du thaïlandais pour qu’il la mange. Peut-être qu’il attirait son attention, il avait juste besoin de le taquiner, qu’ils s’engueulent un peu, que ça bouge un peu en fait. « Voyons, tu ne vas pas faire ta chiffe molle Tee, ça ne te ressemble clairement pas. » dit-il en levant les yeux au ciel. Il laissa un soupire ennuyé sortir de ses lèvres, il était ennuyant par moment ce mec.

On ne pourrait pas dire qu'il n'avait pas essayé de fuir le conflit, qu'il n'avait pas tenté de passer entre les mailles du filet, parce que pour une fois, Teerapat avait bel et bien fait au mieux pour enlever de la tête d'Orion l'idée de venir lui chercher des noises. Il n'avait pas même été provoquant, son seul défaut avait été de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Peut-être s'il avait été entouré par un groupe d'ami, le métisse n'aurait pas été tenté de venir déclencher une autre guerre, mais malheureusement pour lui, le Thaïlandais était loin d'être le plus sociable de la fac. Il regarde la frite un moment avant de la rejeter d'un revers de la main, pointant ensuite son plat du doigt.

« Je suis en train de manger des nouilles, tu crois que je vais manger ça?! »

Il souffle et range son livre, tout espoir de passer un moment tranquille à apprécier l'art de la langue anglaise envolé au profit de cette prise de tête qui s'annonçait. Décidément, il préférait largement lorsque le brun était coincé entre ses draps, pris au piège de leur étrange attirance physique. Un léger sourire naît sur son visage, rien qui évoque de l'amusement, plutôt quelque chose de narquois.

« Hm ? On dirait surtout que tu es celui qui ne peut pas s'empêcher de venir me voir. Quoi ? Tu ne trouves personne qui sache te satisfaire ? »

Et si on l'entendait ? Au diable les rumeurs, il y avait déjà tellement de messes basses qui circulaient à droite et à gauche à son sujet qu'il s'en sortait difficilement, alors une de plus ou de moins ne changerait rien.

Orion était bien décidé à occuper son midi comme il le pouvait. Tee était clairement le type de mec qu’il adorait faire chier, simplement parce qu’ils étaient parfaits. Le jeune américain n’hésita pas à faire de son mieux pour attirer l’attention du grand brun, une frite tendue, il se fit rapidement remettre en place. « T’es un vraiment un asiatique à cent pour cent mon gars. Toujours des nouilles ou du riz, ça te va bien tiens » dit-il en plissant du nez avant de rire légèrement. Clairement Orion cherchait la merde en attrapant le bouquin que Tee lissait. Il voulait son attention, il avait besoin de se dégourdir un peu avant de retourner en cours. Le thaïlandais était tout de même un très bon coup et il savait le distraire, toujours. « T’aimerais trop mais c’est pas pour ça que je te colle au cul, disons que tes réactions m’amusent. Ca me fait passer le temps, ça me détend. » dit-il en haussant les épaules. Bon, il aimait aussi clairement quand ils finissaient leur petite guerre dans un lit à baiser comme des démons mais l’engueulade était tout de même plus qu’important. « Mais t’es putain de ramollis aujourd’hui, c’est même pas drôle. » Il allait finir par se lever Orion et aller trouver de quoi se distraire plus loin. Possiblement avec Yunho, il savait qu’il attendait que ça, un petit moment aux toilettes à deux.

L'énervement grimpe en lui face aux remarques puériles du métisse, après tout, même si les nouilles et le riz étaient en effet une partie importante de la gastronomie asiatique, le continent était aussi connu pour sa grande maîtrise de l'art culinaire. Il se contente de serrer les dents alors et hausse un sourcil, après tout, il n'allait pas se priver de faire ce commentaire qu'il avait au bord des lèvres quant à la réputation de certaines cuisines de son côté du globe.

« Ouais, moi j'me demande comment tu pèses pas encore 300 kilos avec votre régime. »

Il est tenté de lui même lever le camp mais si c'est Orion qui le fait alors peut être pourra-t-il finir son plat en paix. Peut-être avait il raison, peut être que le thaïlandais s'était calmé dernièrement, peut être qu'il était devenu un peu plus mou, un peu moins agressif, après tout, il avait toutes les raisons d'être plus calme, son voyage en Thaïlande était déjà dans le passé et puis Aeden avait tendance à jouer sur son côté à vif.

« Ah... Pourtant c'est marrant que tu restes alors que tu avoues toi même que je ne suis pas si amusant aujourd'hui ! »

Orion était vraiment mignon, et s'il avait été moins agaçant, moins sûr de lui ou moins grande gueule, peut être qu'il aurait pu se passer autre chose que le physique qui les liait pour l'instant, malheureusement, ils étaient trop différents, s'accrochaient trop souvent pour espérer entretenir une relation saine. Et même alors qu'il disait des mots qui pouvaient passer pour de la taquinerie, sa voix contenait un venin à peine dissimulé.

« Allez, avoue, tu es en manque! »

Orion était certes un américain, mais il avait tout de même grandit à Seoul pendant un petit laps de temps. Il aimait la bouffe américaine, comme il aimait la bouffe asiatique. Le jeune danseur avait l’habitude de beaucoup bougé, à chaque fois. « Je peux me permettre de manger gras, je bouge beaucoup plus de toi tu sais. Ce n’est pas difficile, tu vas me dire. » dit-il en le regardant avec un petit sourire au coin. Enfin, il n’était pas venu pour ça mais bien pour faire chier un peu le jeune thaïlandais. « T’es même grave chiant, mais j’ai faim alors je mange. » dit-il en remettant une frite dans sa bouche. Il comptait bien finir sa bouffe en espérant qu’il allait se décoincer un peu. On dirait qu’il est amoureux le con, pas de lui, ça se saurait. A croire que Tee voulait être plus sage pour le moment… C’est triste à voir. « Je ne suis pas en manque de toi, ça se saurait. Je n’ai pas que toi qui partage mon lit, heureusement, vu comment t’es une vrai chiffe mole en ce moment… J’aurais eu le temps de redevenir puceau » dit-il en secouant la tête doucement. « T’es amoureux pour être aussi ramolli ou quoi ? » dit-il en croquant dans sa viande.

Si Teerapat était aussi discret sur sa vie amoureuse, c'était en cause de son absence d'aventures amoureuses. Certes, il ne se privait pas de coups d'un soir, d'escapades sensuelles et autres parties de jambes en l'air, parce qu'il était un homme et si l'enveloppe lui plaisait alors avait-il vraiment tort de se priver ? Il devait cependant avouer que son apaisement récent avait peut être quelque chose à voir avec les papillons de l'amour qui venaient chatouiller son ventre à la simple vue du métisse Suédois, mais il ne l'avouerait pas sous la torture.

« Ben entre les muscles et la tête, j'ai fait mon choix! »

S'il ne disait pas clairement qu'il prenait désormais Orion pour un athlète sans cervelle, le sous-entendu était assez agressif. Le métisse voulait du mordant, il allait être servi, mis légèrement sur la défensive à l'idée qu'on le perce à jour. Si même Siwan n'était pas au courant de ses sentiments pour Aeden, il n'y avait pas la moindre chance qu'il se dévoile devant une personne comme le danseur.

« Je savais pas qu'il y avait que ma table dans cette putain de cantine. T'es grave lourd comme mec, tu sais ?! »

Il fronça les sourcils, l'énervement devenant palpable dans sa voix mais également sur son visage, sa mâchoire déjà marquée se serrant ostensiblement, dévoilant un angle presque menaçant. Il se sentait menacé, et n'allait pas se faire prier pour éloigner le sujet de cet amour qu'il savait infructueux, le moindre artifice lui servirait efficacement à n'en pas douter !

« Et puisqu'il y a tellement de gars qui passent dans ton lit, pourquoi c'est moi que tu viens faire chier ?! »

Bordel de merde. Qu’est-ce que je fou dans ce trou à rats nommé « Restau U’ ». Sérieusement ? Ce fichu bizutage de mes couilles, j’ai passé l’âge de toutes ces conneries. Quoique ce serait un jeu d’enfant, encore plus facile que de faire cramer le gymnase de mon ancien lycée. Plus facile aussi que de droguer le doyen pour prendre des photos compromettantes de lui dans un motel. Seigneur, je sais même pas si ces putains  de photos me servirons un jour. Alors je mâche mon chewing-gum la bouche ouverte, lunettes de soleil sur le bout du nez, oreilles de lapin sur le crâne et je pénètre dans l’antre de la malbouffe dans un déhanché méchamment travaillé. neon girl en action. C’est bondé à mort, genre mort de chez mort. Je ricane dans mon coin en chopant une merguez sur le plateau d’un première année. « Cimer mon frère. » et je croque dedans puis me dirige vers le buffet où je m’empare d’un saladier remplis de salade piémontaise. Je passe à côté de deux petits beaux gosses en plein débat, leur lance un clin d’oeil, puis monte sur la table voisine à la leur, le tout dans un fracas de talons aiguilles verts menthe. De ma main libre je porte deux doigts couleur arc-en-ciel à ma bouche et siffle. Le bruit strident résonne dans la cafétéria et le silence s’installe. Parfait. Je plonge ma main dans le saladier et commence à en envoyer de partout autour de moi en hurlant « BATAILLLLLE DE BOUUUUFFE » je continue et vise un prof en plein dans la tête, tout le monde s’excite et en moins de trente secondes c’est environs cent cinquante personnes qui se jettent de la bouffe à tout va. Un balèze de saja me choppe par la taille pour me faire sortir alors que je hurle d’un rire hystérique, écrasant le reste de la piémontaise dans sa gueule. Ni une ni deux, j’évite une part de pizza et saute pour attraper un M&M’s entre mes dents, dont une ornée d’un mini diam’s en forme de coeur. Envoyant des doigts d’honneurs parsemés de bagues au style punk aux profs qui commencent à me courir après, je m’engouffre dans la sortie et part me réfugier dans ma cabane dans la forêt, loin du gros bordel que j’avais -encore- foutu à la fac. et ça ne faisait que commencer. oh oui.