☼ ways of hat(lov)e (agapé)

Dans l'optique de faire chier Agapé, Jaehwa irait jusqu'à enfiler une tenue de pompomgirl, pour gigoter et l'encourager. But ultime de sa vie - nouvelle volonté, le coréen s'était habillé pour l'occasion. Son plan déjà tout tracé, il se sentait presque fou à lier - mais il voulait voir une veine céder, un nerf craquer, entendre Agapé crier, lâcher. Remercions sa fine oreille, qui n'avait pas manqué d'entendre une rumeur de plus - celle des retrouvailles entre Agapé et une prétendue ex-petite-amie. Et, quoi de mieux qu'une compétition pour lui faire la misère ? Rien. Alors il avait enfilé son plus beau costume - une chemise simplement accompagnée d'un blaser et, d'un.. pantalon, disons, assorti. Coiffé convenablement, cernes effacés et air confiant, il quitte sa chambre, pimpant.

Et quand il arrive, la compétition semble commencer - pile à l'heure. Assis aux premiers rangs, il croise ses jambes et jette de rares coups d'oeil - il est ici pour une seule et unique chose ; agacer Agapé. Stupidité ultime. Il le sait, mais dieu qu'il aime ça. Ca l'avait diverti depuis leur dernière entrevue ; et ça continuait. La compétition passée - incroyablement longue, pour Jaehwa qui ne suivait absolument rien, et surtout, qui n'y comprenait pas un traite mouvement, perdu dans son imagination -, le coréen quitte sa place. Agapé arrive - Agapé arrive et il arrive jusqu'à lui. Le regard mauvais, le regard méchant, Jaehwa prétend un malheur suprême (qui est peut-être réel), sa main claquant l'épaule du rose. « comment t'oses ? » L'assemblée est suspendue. Enfin, une partie. Agapé doit avoir gagné - soit, tant mieux pour lui. Oh, habituellement, il aurait sorti banderoles et cris, mais là, là, il était proche de son admiration. Là, il avait franchi une barrière qu'auparavant, il n'avait jamais vu. « hein ? comment t'oses parler avec elle ? » Sa main serre son vêtement, tire, l'amène jusqu'à lui - il entend des gens offusqués. Victoire. « vestiaires. tout de suite. » Et il s'en va, limite en gambadant, ça allait être explosif.
 

Etait-ce vrai ce que l’on racontait? que la première fois c’était le hasard, la seconde une coincidence et enfin, la troisième on appelait ça le destin? Agapé l’avait vu, Agapé l’avait croisé, Agapé l’avait sauvé de la noyade. Il aurait du fuir, il aurait dû l’abandonner comme elle l’avait fait, mais son regard l’avait à nouveau capturé dans ses filets étoilés. Cassiopée était son premier grand amour, la seule pour laquelle ses lèvres aventureuses n’osaient trop s’approcher. De peur de la blesser, si précieuse, si unique et indispensable à son existence qu’il aurait préféré pouvoir simplement la chérir de loin, loin des sentiments violents et véhéments, en simple observateur-admirateur, mais cela n’avait pu lui convenir. Agapé était insuffisant pour elle.

Était-ce fou de ne plus voir qu’elle à présent? Oublier ses incertitudes, ses états d’âme et ses émois pour la plus belle constellation qu’il n'ait jamais connu? de n’entrevoir qu’elle, de ne penser qu’à elle et elle seule? Le tir final part, -s’empart de la cible et de son centre. La foule crie victorieuse, la foule fredonne son prénom. Mais Agapé n’entend plus rien; il espère, il cherche du regard sa silhouette et sa crinière de feu, il veut la voir, il veut croire qu’il existe encore dans son coeur -mais avant qu’il ne puisse détailler les visages, il croise son amant son némésis, qu’il confronte rapidement, d’un beau sourire... d’une belle grimace en réalité. Il entend sa colère, il la voit, il la sent; elle se fracasse contre les paroies de ses tympans en une cacophonie presque réjouissante. qu’est ce que ça fait d’être jaloux jae? jaloux alors que ce n’était qu’un jeu?. Il se plaît presque à voir son expression dévastée par la jalousie et la colère, il le suit sans lutter, prêt à commencer une nouvelle bataille musclée. « ça te regarde ma vie? on ne fait que prétendre non?  » sa main se pose sur son épaule, l'éraflure légèrement pour y effacer les plis de son vêtement d’un mouvement hypocrite, faussement attentionné. « tu vas faire quoi mh? tu vas faire quoi si elle réclame mon retour parce qu’elle m’aime à nouveau? » Agapé ment, Agapé bluff sur toute la ligne, c’est lui qui ne connaît plus la ligne de démarcation, c’est bien lui l’enfant perdu dans l’histoire. Il aime Cassiopée pourtant... que sont ces gestes envers jae? Sont-ils amoureux, attachés, attirés… chamboulés? Les secondes s’écoulent, son regard croise le sien, ses lèvres se pincent; refoulent une vague de sentiments qui commençait à le gagner en réalisant la similarité de leur situation à une autre en particulier. « Il est où mon cadeau pour avoir gagné? »
 

« quoi ? tu penses que je suis vraiment jaloux ? » Il rit jaune ; il rit jaune et pourtant, il rit pour de vrai. Rire honteux, rire apeuré ; il est vraiment jaloux. Il est vraiment jaloux ; et il en tremblerait. Parce qu'être jaloux, ça veut dire être attaché - et non, non, il ne veut pas, il ne veut pas que ce jeu stupide le mène dans un cercle encore plus malsain. Il sait, c'est une évidence, que ça le fera ; et pourtant, il n'arrive pas à l'arrêter. L'arrêter, c'est le perdre. Et il n'a pas envie. Il veut s'attacher à Agapé - pour il ne sait quel ensorcellement. Il doit s'en détacher, il doit arrêter, il doit s'éloigner, fuir tant qu'il est temps, avant qu'il ne finisse noyé dans un fléau sans pareil - avant qu'il ne finisse assujetti, forcé de s'incliner, et à souffrir, là, en silence, de l'affection que semble porter Agapé à la donzelle. « fais comme tu veux. ça me regarde pas. c'est pas vrai, nous deux. » Pourquoi il est si mauvais ? Bonne question - mais il le regarde, bras croisés, les yeux bouillants de rage.

Il est expressif, Jaehwa, quand il s'agit de ses sentiments - puis, Agapé n'a pas eu de mal à détruire le mur qu'il construisait tranquillement. Involontairement, en prime. Alors que d'autres se battent pour espérer - je dis bien espérer obtenir une expression du garçon. Jaehwa sent un truc, qui danse dans ses veines, qui bouffe une partir de son thorax et qui serre sa mâchoire - jalousie ? Inepties. « tu vas avoir une médaille. tu veux quoi ? une pipe, tant qu'on y est ? » Sourcil levé, méchanceté et sarcasme, Jaehwa ne se retient pas. Il a aussi envie de lui en mettre une, de l'engueuler ; mais il se retient. Il joue, il joue, il doit juste jouer. Mais il se brûle ; et ça lui a toujours fait ça. Quand il s'approchait d'une fille, quand la fille était gentille, quand ils se draguaient, et encore, le mot est fort, Jaehwa finissait amoureux. Il ne fallait pas que ça arrive avec Agapé. Et pour ça, il devait employer la méthode forte ; forcer le destin. Agapé devait retourner avec Ca.. Cassio.. Aucune idée de son nom ; la nana en question.

Ainsi, Jaehwa pose son derrière sur les bancs, ses mains attrapant les bords de ce dernier. Il les serre, il réfléchit ; il doit lui soutirer quelques informations. Mais, est-ce que c'était bien ?. Proche du masochisme s'il s'attachait à lui, Jaehwa ne risquait pas de se brûler, seul ?. Il grogne, sa migraine revient. Elle est toujours là, avec Agapé. Comme s'il était un tourment d'idées à lui seul. « C'est quoi, ta relation avec elle ? Tu l'aimes encore ? »
 

Un brin déçu, un brin désillusionné lorsqu’il entend la prétendue indifférence sortir de la barrière de ses lèvres. Il souffre, un peu, beaucoup, boit son mensonge d’une aisance presque déconcertante tandis que le retour à la réalité le frappait. c’est vrai, c’est bien lui qui avait été le premier à décréter que tout cela n’était qu’un simple jeu. Jeu qui pour lui devenait plus qu’une banale attraction, je qui pour lui espérait devenir un nous. Ses dents se serrent, mordant l’intérieur de ses joues dans une profonde réflexion. « si ce n’est pas vrai, alors pourquoi tu joues si bien le jeu? tu pourrais simplement profiter de la rumeur, profiter d’une prétendue affection? Pourquoi tu veux aussi chercher les mauvais points d’un couple si tout cela n’est que simulation? Pourquoi être jaloux si je ne t’appartiendrai jamais? » Il le dévisage, le regard serein, tandis qu’il pose ses yeux avec délicatesse sur ses lippes. « un bisou, un câlin devant la foule? ce n’est pas comme ça qu’on doit jouer la comédie? Ou bien t’oses seulement le faire à l’abri des regards? » Puis il l’entend parler de Cass. ça l’irrite, ça l’enrage alors qu’il était celui qui avait commencé à en parler. Son visage se crispe, ses doigts se resserrent au point d’enfoncer ses ongles dans sa propre peau lorsqu’il l’interroge sur leur soit-disante relation. Pourquoi tu ne peux pas simplement être obsédé par moi? à nous? Il se brûle, son expression inaccessible se relâche sur une grimace exaspérée et un profond soupir. « Tu la connais toi-même la rumeur, tu veux vraiment que je te fasse un topo dessus? Combien de fois on s’est nous aussi embrassés aussi? Combien de choses je lui ai donné que tu n’auras jamais? » il n’arrive plus à percevoir ses émotions, bien trop chamboulée par les siennes qui s’affrontent et s’opposent. Il veut le rendre jaloux; lui.

Si hier seuls ses mots le stimulait, étaient plaisant et jouissif à l’entendre l’époumonner, aujourd’hui c’était le goût de ses lèvres qu’il s’intimait à vouloir réclamer. ”Tendresse”, voilà ce en quoi il voulait croire aujourd’hui. Sa chaleur contre la sienne, son abandon en échange du sien, il voulait fondre pour mieux y croire, pour mieux étouffer sa raison qui refoulait encore ses sentiments confus. Il y était presque au point de non-retour, prêt à effacer sa peur d’aimer un homme et perdre son amour pour une femme; mais Agapé ne voulait pas se brûler, pas trop encore, trop effrayé à l’idée d’en souffrir d’avantage. Alors il prend sur lui, fait taire son visage trop transparent, le regarde et le berce de sa voix naïve et douce. « Cass, je l’ai aimé. »

« Je suis pas jaloux, PUTAIN ! » Il monte le ton oui, il gueule, il crie, il s'effrite et il s'énerve. Pourquoi est-ce qu'il lui fait une morale - pourquoi est-ce qu'il lui dit que ce n'est qu'un jeu ? Pire, pourquoi est-ce que Jaehwa est si triste, si dévasté, d'entendre tout ça ? Lui qui pensait fuir, lui qui se pensait encore sauvable, peut-être qu'il était déjà piégé. Sa neutralité l'abandonnait, et si Agapé regardait, s'il voyait ses yeux, s'il se perdait dedans - il verrait, non sans mal, que le peu de rationalité qui lui restait s'en allait. Une fissure, légère ; il était en train de céder. Je ne t'appartiendrais jamais. Pourquoi ça lui faisait aussi mal - juste cette phrase ; pourquoi est-ce qu'elle le retournait de l'intérieur ? Il avait envie de nier, de rester neutre, de s'en foutre - comme il s'en était toujours foutu. Mais c'était impossible ; il n'arrivait pas à se contrôler. « profiter de ce qui n'est pas, c'est con. » Il murmure, il marmonne, ses yeux cherchent ses jambes, les trouvent et restent rivés sur le sol. Il ne veut plus regarder Agapé - il ne veut plus y voir neutralité et sincérité. Dieu qu'il adorerait lire dans l'esprit des gens ; mais c'est juste impossible. Agapé est aussi inaccessible que tout ceux qu'il a aimé l'ont été. « si t'as envie que je t'embrasse devant la foule, je le ferais. » Il lâche, abandonne et perd ce round. Il tient pas ; il tient pas cette phrase, qui se répète en boucle et qui lui fait un mal de chien. Pourtant, elle devrait pas. Il devrait s'en foutre - mais il n'y arrivait pas.

Combien de choses que je lui ai donné que tu n'auras jamais ? Le pire, l'horrible ; c'est que ça faisait mal. Pourquoi Agapé faisait aussi mal ? Il n'était plus brûlé, là ; il était enflammé. Il devait sortir, partir, fuir, s'en aller, il était trop tard mais il espérait encore. Quelques jours à peine avaient suffi à Agapé pour happer son esprit ; mais il voulait se convaincre du contraire. Jaehwa n'était pas si facile. Jaehwa n'était pas si facile ; ça sonnait plus logique. « pour me donner des choses que je n'aurais jamais, il faudrait d'abord que je les envie, Agapé. » Vidé, il souffle péniblement, essuie ses yeux - il les sent humides, et il préfère éviter le pire. Alors il balance sa tête en arrière, souffle, attend le jugement final, la phrase qui lui donnera la permission de s'en aller, de fuir et de ne plus jamais apparaître devant lui. Mais il n'en est rien. Cercle vicieux ; il l'a aimé. Et même si Jaehwa n'est pas intéressé, il n'arrête pas de se dire que c'est une victoire. Il l'a aimé. Il ne l'aime plus. Alors pourquoi est-ce qu'il s'amuse à lui dire tout ça ? « tu cherches quoi, Agapé ? Hein ? Si tu ne l'aimes plus, pourquoi tu compares notre relation à celle que tu as eu avec elle ? » Et bizarrement, son envie de les remettre ensemble devenait une phobie. « parce que putain, si tu cherches à me rendre cinglé, t'en es pas loin. »
 

Il l’aimait. Il l’avait aimé, ne l’aime-t-il pas encore à présent? Agapé perd sa notion du temps, il ne sait plus où il en est. Ni avec elle, ni avec lui. Son coeur se meurt sous l’émoi et les états d’âmes, sous la séparation et le choix qu’il devait faire. Cassiopée c’était son amour qu’il n’avait jamais su oublier en réalité, l’éternel regret, l’éternelle punition pour ne pas avoir été à la hauteur. Il a essayé de l’oublier, de se noyer dans des baisers volés, des danses endiablées et des nuits agitées… Mais chaque visage, chaque sourire, chaque mot affectueux lui rappelait quelque chose qu’il lui appartenait; sa voix, la douceur de sa peau. Malade incurable, irrémédiable, par sa faute sans doute, il ne pouvait plus aimer de femme, plus aucune parce qu’il avait été condamné à ne plus être en mesure de détourner son regard d’elle.

Ensorcelé à son parfum, ivre de sa présence, pourtant aujourd’hui il était ivre d’une autre tendresse, d’une douceur insoupçonnée. son coeur battait pour elle, mais c’est lui qu’il l’avait remis en marche. Jaehwa est un homme, un homme attirant qui plus est, mais indéniablement un homme. Agapé voudrait affirmer cette odieuse sexualité pour pouvoir se délivrer de ses souffrances; mais au fond de lui, il n’y arrive pas, une petit voix lui murmure son égoïsme à abuser des sentiments de l’autre. que si le mirage devienne réalité, il lui mentirait le temps d’une vie et le ferait vivre dans un cauchemar à l’allure de songe. mais le diablotin ne se rend pas compte de sa cruauté. il ne voit même pas qu’il oublie sa première qualité; sa bonté. Il pense, il y croit sincèrement être en mesure de l’aimer.

Alors il sourit, il cherche une faille dans son regard; qu’il trouve sans trop d’effort. lui qui est toujours aussi honnête, toujours aussi facile à lire en dépit de la hargne. c’est ça qu’il aimait chez lui en réalité, sa facilité à être compris et à le comprendre même si aucun d’entre eux ne voulait le montrer. Une paradoxe sur lequel se fonde sa certitude et ses doutes; ses jambes se retrouvent devant les siennes, les mains dans les poches et ses sens confus. « n’imagine même pas être un jour à sa hauteur, tu ne pourras jamais l’égaler…. jamais... » sa voix est tachée d’hésitation, de peur… et de timidité? son esprit ne marche plus normalement, ses gestes entrent en conflit avec ses paroles : ses mains viennent chercher sa nuque pour y apposer l’emprise de ses doigts et l’une remonte pour y capturer quelques mèches dans un geste étrangement embarrassé « tu parles toujours trop tu le sais ça? » lui aussi est cinglé, un peu trop fou, un peu trop fiévreux. Il arque le dos et relève son visage vers le sien. Malgré lui ses joues s’empourprent, marque ses lippes d’une délicatesse sans nom. Ses lèvres s’entrouvrent et se pressent légèrement contre les siennes dans un baiser chaste, court, mais suffisant pour le rendre déjà ivre d’émotions dévastatrices.

Complexe de supériorité, ou vice principal de Jaehwa. Il devait absolument être le meilleur. Le meilleur élève, le meilleur employé, le meilleur amant - le meilleur. Hors de question qu'il se fasse dépasser, pire qu'on le compare, péjorativement, à quelqu'un. Impensable ; et pourtant, c'est ce qui arrivait avec Agapé. Les deux n'étaient pas ensemble - ni même amoureux ; mais Jaehwa, Jaehwa, ça le mettait hors de lui. Il avait envie de la dépasser, cette Cassiopée - il la détestait déjà, pour une raison bien futile. Sa mâchoire se serrait, ses yeux devenaient humides - il était à deux doigts de craquer, de lui en foutre une, de partir, fuir, voler - il rêve encore de son départ précipité. Mais ce qu'il cherche, en partant, c'est une réaction - c'est voir Agapé venir à lui. Il rêve, il espère et le pire, c'est qu'en faisant ça, il s'enlise encore plus dans cette espèce de cage dorée - ce piège qu'il a créé, et qui se referme sur lui même.

La dernière remarque du sportif lui passe au dessus de la tête - il le voit s'approcher, il le voit se glisser, serpent, jusqu'à lui. Le coréen ne dit rien, se contente d'observer, d'attendre, de sentir le coup venir, l'écrou du piège se resserrer autour de sa pauvre jambe - et il est piégé, officiellement, quand il sent les lèvres d'Agapé contre les siennes, une énième fois. Il a envie de rêver, d'y croire, d'espérer ; de se foutre de ce qu'il vient de lui dire, et pire, du fait qu'il ne s'agisse que d'un jeu, son jeu. Alors il tend ses mains, mains qui prêchent, comme s'il s'agissait d'un ange, le visage poupin de l'autre homme. Ses yeux se ferment ; et le voilà enfermé dans ce baiser, presque réconfortant. Ouais, réconfortant ; il s'y perd, s'y suspend et refuse catégoriquement de l'arrêter. Ses lèvres happent celles de son partenaire, ses mains cherchent du tissu et l'attrapent. Agrippé, Agapé, il ne bouge plus. Et les secondes passent, les minutes suivent, et il cède. « pourquoi.. » Sa question reste là, dans soin coin ; il est incapable de la formuler. Il veut lui demander pourquoi, comment - qu'est-ce qui l'a poussé à l'embrasser, pire, pourquoi est-ce qu'il s'amuse à lui faire si mal. Mais rien ne vient, et il repart, il repose ses lèvres contre les siennes, il rêve encore, avant de se réveiller. « pourquoi est-ce que tu m'embrasses alors qu'il n'y a personne ? » Il faut qu'il le piège. Il faut que la corde qui s'enroule autour de son pauvre cou s'en aille sur celui d'Agapé - il ne doit pas succomber. « t'oses seulement le faire à l'abri des regards, hein ? pourquoi ? pourquoi tu- pourquoi t'arrêtes pas de m'emprisonner dans ce truc infernal qui me donne mal à la tête ?  » pourquoi je contrôle plus rien, surtout. « je vais l'égaler. » Il tire un peu plus sur ses vêtements, les froisse et l'attire jusqu'à lui. Plus. Toujours plus. « je vais l'égaler. et quand je l'aurais fait, il sera trop tard. »
 

la sensation douce de ses lèvres contre les siennes était presque grisante. Elle lui arrachait un frisson, un choc électrique à chaque instant où elles s’entrechoquent et leurs souffles se mélangent. Agapé le souhaitait bref, simplement pour le narguer, le provoquer, le rendre un peu plus fou; mais il l’avait devancé en lançant son offensive. Il rougit, il meurt sous l’attaque trop brutale pour son coeur, son âme et tout son corps fond sous la candeur de l’acte qu’il avait initié. Ses mains fébriles cherchent une attache plus certaine, elle se hissent vers ses joues et sa mâchoire et l'agrippe d’une délicatesse frôlant une violence sentimentale. C’est chaud, c’est interdit, plaisant, grisant, criminel. Agapé veut gagner la partie de poker, garder le meilleur coup pour la fin, mais son bluff vole en éclat lorsqu'il sent sa poigne féroce le retenir de tout échappatoire. Ses paupières se closent et le prince est déchu de son trône au moment même où ses lèvres désormais assujetties, imposent l’écart pour réclamer de l’air. « parce qu’il est plaisant de te voir rougir et te faire si facilement déstabiliser? » parce que son visage gagné par la gêne était sa plus belle victoire à savourer, mais désormais Agapé lui même était victime des mêmes effets secondaires, ses joues elles même s’étaient empourprées d’un sentiment inconnu, tandis que sa voix était devenue plus douce et plus attendrie depuis leur dernière rencontre. Parce malgré ses propres penchants plus violents et dangereux, il avait étouffé ses pulsions pour s’adapter à l'adversité. (car il n’était pas resté insensible à la remarque de son prétendu petit-ami). n’était-il pas celui qui avait perdu la partie depuis le début du jeu? « Jae, tu ne peux pas égaler une femme. » il sent son souffle chaud se heurter à sa peau, ses yeux brillants se refléter dans les siens et une boule se coince dans sa gorge qui le force à déglutir. leur baiser passé avait stimulé ses sens, le rendant un peu plus rêveur et désireux de plus malgré tout. Agilement, discrètement dans la furtivité d’un félin, l’un de ses genoux se cale sur sur la banquette où l’autre était assis pour se rapprocher dramaticalement plus, tandis qu’il murmurait des paroles peu censée « mais tu peux la remplacer. » il s'éloigne, il se recule n’assume pas ses paroles- fuit presque à se diriger vers la porte de sortie.

Et il ne comprends pas - ou à peine, ce qui le rend si heureux dans le comportement d'Agapé. Pourquoi sa tendresse soudaine apaise son coeur blessé - pourquoi sa révélation entraîne des rougeurs bien plus visibles. Jaehwa se sent niais, Jaehwa se sent facile et surtout perdant ; mais Jaehwa s'en fiche. Son humeur va et vient ; et quand il voit l'autre s'approcher, poser un genou là, à quelques centimètres du sien, l'asiatique lève ses yeux sur lui, simplem[ent captivé - il sait qu'il va lui dire quelque chose. Quelque chose qui, dans son imagination, devrait lui plaire - le satisfaire, et calmer cette peur folle d'être remplacé par la dite Cassiopée - quand bien même, en réalité, c'est tout bonnement l'inverse. « je peux- je peux égaler une femme ! andreas me dit toujours de devenir une femme..  » Il ne sait pas ce qu'il dit, son cerveau, son esprit, sa raison sont brouillés par les lèvres de son camarade. Lèvres contre lesquelles il a encore envie de plonger - lèvres qui bougent, s'ouvrent, mouvent ; et mots qui lui arrachent un battement. La remplacer. Vexant, oui, très vexant - la remplacer, c'est être comme elle ou, pire qu'elle ; mais la remplacer, ça veut dire ne plus faire semblant, non ?

Sourcils froncés, l'air complètement perdu, il regarde Agapé s'éloigner. Mais le démon ne permettra pas qu'il se perde ; Jaehwa se lève, mange la distance, tend le bras en un espoir trop vif ; et il l'attrape. Encore. Emprisonné. Peut-être que c'est lui, finalement, qui gagne ? « tu veux que je la remplace pour de faux ? » Sa voix vrille, ses sentiments vacillent ;   « ou pour de vrai ? » Sa poigne se fait plus lasse, il lui laisse l'opportunité de fuir ; « me demande pas pourquoi, ni comment, et encore moins si je sais ce que je dis, et ne me dis pas que je parle trop, ou que je ne pourrais pas égaler Cassiopée, encore moins avoir ce que tu lui as donné, mais.. d'une certaine façon.. »  Il racle sa gorge. Peur. Peur du rejet, du refus, de la fuite, de la perte ; peur de tout. Mais qui ne tente rien n'a rien, non ? « d'une certaine façon, j'ai envie d'essayer.. pour de vrai. »
 

Il fuit, la réalité le rattrape. Des mots qu’il n’aurait jamais du prononcé ont franchi ses lèvres. Un désir muet, inaudible, enterré, promis, juré à rester effacé au plus profond de son âme, celui de s’imaginer un peu plus proche de lui, un peu plus réel et humain à ses côtés. Parce que l'enfant est né comme un dévoreur d’astre, une ombre meurtrie dépossédée du romantisme; il ne saura jamais comment aimer, comment tomber, tomber au point ne plus pouvoir chuter. Et même lorsque l'occasion inespérée se sera présentée: il ne l'aura jamais expérimenté. Seulement éraflé, frôlé de loin parce qu’il aura été trop naïf -sans doute- lui qui n’avait jamais été celui à être blessé par un amour désabusé.

Jae se tenait devant lui, -si proche- pourtant si loin de lui en même temps. S’ils avaient partagés de brefs moments intimes ils étaient encore au stade de bâtisseurs, pionnier d’un nouveau monde où tout était à réinventer. Ils étaient de parfaits inconnus en réalité; ils ne connaissaient même pas leurs passions ou même leurs films préférés. Le plus âgé se l’était demandé : aimait-il plutôt le chocolat ou la vanille? Les films à l’eau de rose ou les films d’action? Était-il du genre à courir sous la pluie parce qu’il avait oublié son parapluie? A colorier ses cahiers lorsque ses cours devenait trop barbants? Parce qu’Agapé s’était imaginé tout ces scénarios là. De l'emmener voir ce film dont tout le monde parlait, d’un soir s’endormir sur son épaule parce qu’il était exténué par les entraînements de sunah, d’une journée passée à fuir les caprices du temps parce que personne n’avait pensé aux parapluies. Agapé voulait découvrir ce monde à travers cette fenêtre qui s’était montré, agapé voulait se laisser porter par sa douceur pour calmer son brasier. Mais lorsqu’il avait tenté de s’y jeter, il y avait vu la chute, la hauteur et les risques qu’il engendrait. Le mensonge, la déception, il n’aimait pas les hommes après tout.

Ses poings se resserrent, son esprit chasse ses idées de commettre l’honteux péché que représentait Jae dans son regard, si masculin et pourtant si plaisant et si désirable; sa main chasse la sienne sans douceur. « je n’ai pas envie de te faire encore plus souffrir. » où était passé toute sa hargne, tout sa colère et sa haine pour l’autre? Pourquoi vouloir être tendre désormais? « je n’aime pas les hommes jae.» un vide conséquent le gagne. Si cela était vrai, alors pourquoi avait-il réussi à renverser ses états d'âmes d’une simple poigné? avoir engendré les palpitations de son coeur d’un simple touché et volés ses pensées les plus enjôleuses de sa simple présence? Tout cela n’était vraiment qu’une illusion? « je suis juste confus.  » sa main se glisse dans la sienne d'un geste désespéré avec légèreté et la remonte contre sa propre joue; brûlante. « pourquoi tu ne te moques pas de moi? pourquoi tu ne peux pas me traiter de fou comme tu le faisais si bien avant? pourquoi tu ne veux pas me rejeter? c’était pas ça ton but? que je te supplie d’arrêter ton jeu? » On l’oubliait souvent, on l’ignorait souvent à cause de son image de prince-neige. mais Agapé était avant tout un enfant fragile qui avait besoin d’être aimé et protégé. Sa main tremblante contre la sienne, il plisse les yeux pour éviter de voler en éclat, mais tout se brise, se casse au moment où son bras se pose contre ses yeux pour cacher la marée haute. « tu ne te rends pas compte de ce que tu me fais subir. je ne veux pas tomber amoureux jae. l’amour ça ne fait que briser des coeurs. Et le mien est déjà devenu poussière. » Parce qu'il garde toujours tout pour lui, il garde toujours tout derrière ses sourires insensibles et ses expressions distantes. On l'admire pour son calme, mais tout n'est que façade. Agapé est hypersensible, il est simplement un effroyable menteur. mais ce soir il avait craqué ; son âme était chamboulée et brulée à vif.