esprit es-tu là ? ô l'batard ! [saera la tepu]

tenue qui trou l'cul ☾ ptin sérieux, qu'est-ce qu'on est entrain de faire là ? j'vois à moitié à cause du casque de scooter que je porte. j'me suis dis, on sait jamais si un esprit attaque au moins j'me protège le crâne. quoiqu'actuellement éclaté par ma septième raille de coke de la soirée. join en bouche, je me fourre un doigt dans le nez, concentré sur la table de ouija en face de nous. « t'es sûre meuf ? » je tend la main vers ma bouteille de tequila, tremblant comme une feuille. d'excitation bien sur, ta cru quoi toi. saera et moi on est les membres les plus actives du club de paranormalité. ça se dit ça d'ailleurs ? whatever, j'suis là, assise en tailleur aux côtés de l'autre tepu. on est venu exprès dans un vieux manoir abandonné, histoire d'approfondir nos recherches en matières de fantômes. j'suis pas certaine que l'idée soit bonne en vrai. je bois une longue gorgée de tequila et tire sur l'énorme pétard que je viens de rouler. « oh ptin c'est d'la bonne, j'lai chourrave au prof de philo de la fac, c't'enfoiré fait pousser. » forcément, moi aussi, mais sur le coup c'était plus marrant de se servir dans les plantations de l'autre chauve que dans les miennes. je renifle, en tentant de débloquer un petit cailloux de coke dans ma narine gauche. je pose ma main sur la ouija, attendant saera avec impatience.

tenue qui nique tout ☾ Bordel de merde. Je crèèève de chaud là dessous je suis en train de faire cuire des cookies sous mes bras et j'ai un bout d'alu dans la teuch.

- T'es sûre meuf ?

Je regarde Mika. Enfin, j'essaie de la distinguer à travers ma visière tant bien que mal, tout à l'heure j'ai mis un quart d'heure à réaliser j'avais la main sur un rat mort et pas sur la planche de ouija.

- Ben ouuuui...

J'suis sûre de beaucoup de choses, même de mon costume. 'Fin j'l'étais jusqu'à ce que je me dise que l'alu ça protège pas des esprits frappeurs. Plus des aliens, nan ? On est jamais trop prudents tu m'diras. Mais bon, je retire quand même mes moufles, j'en ai trop marre de me prendre pour un playmobile, en plus il me faut des doigts pour tirer sur le joint que Mika me secoue sous le nez depuis tout à l'heure. Cette connasse elle sait m'faire saliver.

- oh ptin c'est d'la bonne, j'lai chourrave au prof de philo de la fac, c't'enfoiré fait pousser.

- Tu m'étonnes jackson, il est plus perché que ma pisse lors d'un contrôle anti-drogue ce pélo...

Je tends un bras pour chopper l'objet du délit en ricanant, arrachant mon casque de l'autre avec un soupir de soulagement. Heureusement qu'on a apporté le matos parce qu'après trois putain d'heures de bagnole dans des chemins à la con pour venir se fourrer dans le manoir digne de celui d'mon arrière grande tante à moitié vampire sur un d'mes éclairs de génie... On a bien b'soin d'un ptit remontant, si tu vois c'que j'veux dire Alphonse ! Je tire une longue latte sur le pèt'. Hmmmmm.

- Fruitée.

Commentais-je finalement avec l'air et le ton d'un putain de... de... Sommelier de la weed.

- Bon ! C'est l'heure meuf.

J'me détache de l'effet hypnotisant de la braise qui grésille pour planter mes yeux dans ceux de ma compagne, un bras appuyé sur mon genou et l'autre en train de me gratter un sein. Sa mère j'en peux plus de ce costume de merde. Mais l'heure est aux fantômes, peut-être qu'on pourra parler à Mickael Jackson en plus. J'attrape la main de ma pote -que la coke me décrit en trois exemplaires- avant d'entamer un chant mortuaire le plus sérieusement possible.

- Aaaaaaowimaaaaaaaaaomaaniiigouuuuuuyouuumaaaaa...

J'sais plus j'ai vu ça dans une série syfy avec Moe la semaine dernière. Parait qu'ça va appeler les esprits.

tenue qui trou l'cul ☾ « tadis koiiii ? » en vrai à cause de ce putain de casque de scoot’ j’entend que dalle, alors j’fais style j’hoche la tête en affichant ce que je pense être un air attentif. c’est dur putain qu’est-ce que c’est dur de tenir en place, j’me sens hyperactive, j’ai besoin de sauter sur quelques chose, de ronger un bout de cailloux ou autre j’sais pas moi putain, ma main tremble sur la ouija et je renifle à intervalles régulières.

« AH PUTAIN SAERA LAAAA » je manque d’avaler de travers ma gorgée de tequila à cause du cri que l’autre cinglée vient de pousser. « ferme ta gueule tu m’as fais flipper ptin » la main sur le coeur je respire lentement avant de reposer ma main sur la ouija. « bon okay, on y va. » j’inspire un grand coup, totalement sur-excitée par la coke. « esprit es-tu là ? » je refoule un rire hystérique en jetant des petits coups d’oeils furtifs à saera : subitement, la palette du ouija commence à se déplacer lentement. « oh putain oh putain oh putain » je fais les gros yeux en louchant sur le délire. bordel de merde qu’est-ce que je fou ici moi. tandis que l’esprit manifeste sa présence, je demande à saera d’une demi-voix. « vas-y grosse pose ta question. » j'lui dis ça l'air de rien, osant même pas débuter le game.

tenue qui nique tout ☾ Nan mais, ça commence bien avec Mikado qui me laisse pas finir ma putain de litanie, j'me souviens pas exactement pourquoi là tout de suite mais ça avait l'air hyper important pour moi. Trop tard mon esprit m'échappe, j'suis expulsée aussi violemment que le jour où ma mère m'a sortie d'son vagin, dans une réalité parallèle là où je suis comme un chat de théoricien, d'un côté vivante et aux sens décuplés mais de l'autre morte et totalement passive. Merci la drogue. Mon cerveau passe en mode physique quantique, oh bordel. J'ai brusquement pleins d'idées géniales pour calculer le champs électromagnétique d'un esprit éventuel et alors que je regarde Mika avec la tête de tonton hervé qui a un avc -oui c'est ce que à quoi je ressemble quand j'ai un éclair de génie-. Mais cette connasse est aussi concentrée sur le plateau de ouija que Gilbert Montagné sur son clavier, du coup j'ose pas l'interrompre. Mais au premier esprit es-tu là ? j'explose sans pouvoir me retenir une seconde.

HAN.

Putain de merde. Je stoppe tout mouvement. La, la, la... La planche. Wow, à moins d'avoir des hallus cette connerie a bougé. Oui. C'est la réponse de la manifestation paranormale.

« vas-y grosse pose ta question ! »

« hein ? »

Ah oui. Heu merde ma question. Une question. Est-ce que le paradoxe EPR est lié au concept de non-séparabilité selon la vision des choses d'un mort ? Non, c'est nul.

« Qui êtes-vous ? »

Ouf. C'est ptêtre pas con de commencer par le début. Je fixe nos mains sur la planche de ouija avec la concentration d'un voyeur derrière son télescope, prête à être moi-même télescopée par la réponse de casper le fantôme. J'sais pas moi j'vois déjà les Jack l'éventreur ou Norman Bates un truc un peu stylé quoi mais qui va nous faire nous pisser dans notre froc. Vlan. Le verre bouge à nouveau, on se regarde aussitôt avec mon acolyte. God, la vérité est si proche, la caméra qu'on a installé filme toute la scène...

La première lettre est un G. Puis un... A non un E ! R. t-t-T ! Gert ? Nos mains continuent de bouger malgré nous alors que j'en oublie presque de respirer dans ma boite de conserve échelle humaine. Encore un R. Et un U maintenant. D. Et enfin E. Plus rien ne bouge. Merde...

Attends un peu, gertrude ? Ça fait gertrude ?!

Je lève la tête dans le vide, choquée

« T'es sérieuse tu t'appelles Gertrude wsh ? »

Un petit ricanement me trahi, le blaze le plus pété de la planète. Fallait qu'on tombe sur le fantôme de la vieille tante du concierge quoi.

tenue qui trou l'cul ☾ franchement, même toute les drogues du monde ne pourraient pas avoir l’impact qu’un esprit frappeur a sur nous. non mais sérieusement, quelle idée de venir faire ce genre de connerie. j’veux bien que saera et moi on fasse partie du club de paranormalité de la fac -on en est d’ailleurs les seules et uniques membres, ma foi- mais là ça commence à pousser. je sais pas si c’est la faute de toute la coke que j’me suis envoyé depuis ces derniers jours mais j’suis à la limite de me pisser dessus. alors je tremble légèrement en me mordillant nerveusement les lèvres. saera demande à l’esprit qui il est et le ouija commence à bouger lentement mais surement. je lance un regard appuyé à ma couille droite en sifflant entre mes dents « tu le fais exprès ? c’est toi qui bouge le truc ? » le pire c’est que ça en a pas l’air.

Ce truc de merde bouge vraiment tout seul, mon index à peine posé sur la surface laquée du bois. le truc à un nom, si je ne puis dire. « Gertrude? » je lève les yeux au ciel en retirant ma main pour m’allumer une énième clope. « sérieux sae’ tu m’a fait flippé connasse. c’est pas drôle là. vraiment. » je tire une longue latte, pleine de stresse et de toc en tout genre, speed comme jamais. c’est à ce moment là que ça fait tilt dans ma tête. « attends. Gertrude genre… Gertrude ? la grande tante du concierge ? » j’écarquille les yeux en reposant ma main sur la pointe du ouija. bordel de merde, cette vieille bique aura la réponse à nos partiels. je pose ma question : « bonjour Gertrude, as-tu les résultats des prochains examens ? » bah ouais, j’ai beau être surdouée, je pourrais me faire un max de fric en revendant les réponses aux élèves. à ce moment là le ouija se met à trembler et la pointe désigne lentement les lettres : « V-A …. T-E….. F-A-I-R-E…. V-O-I-R….. » je lance un regard perplexe à saera et lâche un « salope. » oups, mauvais idée de mettre l’esprit d’une vieille femme morte de sénilité en colère. la table de ouija tremble plus fort cette fois-ci et l’air autour de nous s’épaissit durement puis devient glacial. la maison abandonnée craque dans tous les sens et un tableau usé jusqu’à la moelle s’éclate parterre dans un bruit sourd. je glapis tel une chienne et me sent propulsée en arrière contre le mur en brique. aie. ça fait mal sa mère. « pardon madame. » je lâche entre deux gémissements de douleur, ma clope écrasé contre ma cuisse.