HYLIA + HYESUNG

Je sais déjà plus quelle mouche m'a piquée. Pourquoi je me suis inscrit, surtout que je suis student et que j'ai aucune maison à représenter. Je crois que je voulais faire comme tout le monde, pour une fois et quand j'ai vu que des gens me demandaient si j'étais inscrit, avec entrain, j'ai juste suivi le mouvement, je me suis inscrit, je me suis laissé faire comme toujours. Sauf qu'en arrivant devant le bâtiment plus que lugubre, je sais plus ou me mettre. Si je pouvais rentrer dans un trou de souris ou un terrier quelconque, je le ferais. Je finis quand même par trouver le gars avec des fusils -des putains de fusils bordel, je vais vraiment devoir tirer sur quelqu'un là-dedans ? Je lance des regards apeurés autour de moi, cherchant une échappatoire, n'importe quoi. Je suis presque prêt à me casser volontairement une jambe pour pas entrer la dedans lorsqu'une tignasse rousse passe dans mon champs de vision. « oh... hyesung.. on va se balader tous les deux là dedans ? » Ma bouche s'ouvre en grand sous le coup de la surprise et je rosit doucement sans le vouloir. Ma voix douce ne porte pas, jamais. « Ah, Hylia. Se- Se balader ? » Je déglutis lentement. Pitié, pitié, pitié, qu'ils me fassent pas tirer sur Hylia, je pense même pas que j'en serais capable. Je suis tellement distrait que j'en oublierais presque de prendre mon fusil si elle ne me le tendait pas. Et ben si, c'est exactement ce que je vais devoir faire, lui tirer dessus. J'effleure ses doigts en le récupérant et repense à notre rencontre, à la façon dont elle jouais les équilibriste sans avoir peur. J'entre à sa suite dans la maison, prêt à me pisser dessus et la regarde partir d'un côté. « Hylia ! » L'écho de ma voix timide résonne autour de moi mais elle a déjà disparu. Pars pas. Que j'aurais voulu dire. Sauf que non, je me retrouvais tout seul au milieu de ce qui ressemblait vraiment à un ancien hôpital psychiatrique. Mes parents m'ont laissé une semaine en service psychiatrique et rien que d'y repenser j'en ai des frissons alors ce jeu va vraiment pas être une partie de plaisir. Je m'accroupis derrière un meuble recouvert d'un drap blanc en tentant de reprendre ma respiration. Mon coeur bat furieusement dans ma poitrine, je hais cet endroit, je hais ce jeu, je hais ma vie. Je regarde furtivement par dessus le meuble pour essayer de capter Hylia. Puisqu'il faut jouer, ce serait bien que je sache où elle est avant qu'elle ne me tire dessus. Je vois un mouvement dans la lunette de mon fusil et je vise complètement au hasard et tire.

J'entends le bruit sourd de la peinture frappant quelque chose ou quelqu'un et je me remet vite à couvert, dos au meuble, l'organe vital affolé. Merde, merde, merde. Qu'est-ce qu'il m'a prit de m'inscrire là-dedans ? C'est même pas comme si j'avais une fraternité à représenter en plus. Je voulais juste être comme tout le monde, faire partie de quelque chose de plus grand que moi-même. Et voilà comment ça se finit. Je ferme les yeux une seconde, prends mon courage à deux mains et cours, accroupi, jusqu'à la pièce d'à-côté. Il fait de plus en plus sombre à mesure que le soleil se couche et je ne voit pas de trace d'Hylia. Mon souffle est saccadé et j'ai du mal à reprendre ma respiration. Terrifié de l'endroit mais encore plus de faire une crise d'angoisse, je me trouve une nouvelle cachette derrière une table renversée. J'appuie ma main gauche contre le bois et tente vainement de reprendre mon souffle lorsque je me reçois une boule puante dessus. Ecoeuré et toujours aussi terrifié, je sursaute et me relève vivement pour courir vers les escaliers en pierre que je monte quatre à quatre. Je me retrouve vite sur le premier palier et j'attends sagement en regardant vers le bas. Si elle monte, je lui tire dessus. Mes mains tremblent mais mon regard est déterminé. J'ai pas peur. J'ai pas peur. J'ai pas peur.