my heart is gold and my hands are cold. #Sunah

“se faire du soucis”. ce n’est pas dans ses habitudes d’Agapé, du moins pour sa santé il se l’empêche. Il ne doit pas s’en faire pour les autres, du moins il devrait, parce qu’avec ses problèmes d’anxiété ça l’angoisse davantage jusqu’à le rendre malade. C’est pourquoi il est toujours si insensible devant les autres, si calme; il se crée un voile obscur devant la réalité pour mieux l’ignorer. Et depuis peu il n’avait plus besoin de se protéger, sa lucidité s’étant faite volée par le même criminel qui s’était emparé de son cœur; son amoureux, son étoile, son plus bel Astre : ah, il avait tant de surnom cet adorable Jaehwa et il les méritait tous... parce que sans lui, sa vie serait bien plus triste et fade, plus déprimante et sombre. Mais dans sa vie, il y avait aussi sa princesse. La femme de sa vie; sa princesse à lui. Oh, le premier qui tenterait de la dérober aurait d’abord à faire face au terrible (mais surtout adorable) agapé. parce qu’avant son propre bonheur, il y avait le sein. Qu’il chérissait bien plus que tout ce qu'il pouvait un jour posséder, tout comme son sourire, si précieux, si symbolique pour lui, parce que c’était le sien qui l’avait guéri lorsqu’il était au plus bas.

Et depuis peu, depuis l’article qui avait été publié dans le journal son état l’inquiétait. pour la première fois, il s’était surpris à angoisser; à paniquer et se rendre presque malade pour elle. Elle n’allait pas bien, c’était une évidence, elle ne répondait plus à ses messages et restait enfermée dans sa chambre. Alors le garçon s’empara de son courage à deux mains pour toquer à sa porte. une fois, deux fois, il l'ouvrit et l'obscurité lui fit croire que le lieu était vide, jusqu'à entendre un léger mouvement entre les draps. « hey. » il allume la lumière tandis qu’il referme la porte, cherchant la bouille de son amie avant de se hisser discrètement sur le rebord de son lit, lui murmurant de sa voix la plus douce et chaleureuse pour en camoufler l’angoisse. « hyung, tu veux bien me parler? » il sourit, il se force, même s'il avait déjà le cœur sensible et l'âme déjà brisée.

Sa vie était un cauchemar. Enfin, sa vie était en train de devenir un cauchemar. Un vrai cauchemar. Elle... Elle ne savait pas ce qu'elle avait fait, pour mériter ça. Sérieusement. Pourquoi fallait-il que ce genre de chose lui arrive toujours à elle ? Tout ce qu'elle voulait, Su Nah, c'était une petite vie tranquille. Et pourtant, les conneries continuaient à lui tomber dessus, encore, encore et encore. Elle voulait poursuivre sa carrière en paix, avoir une relation amoureuse tranquille, un copain potable, et être... Comme tout le monde. Mais non, elle n'y avait visiblement pas le droit. Un copain potable et une relation amoureuse tranquille n'était visiblement pas dans les plans de l'ange en charge de sa vie, il préférait lui envoyer des tuiles à la place. Comme par exemple, Tae Jun débarqué de nul part alors qu'elle se faisait photographier par les paparazzis pour ensuite l'embrasser et... Et flinguer sa soirée. Et sa journée. Et sa semaine. Son manager ne savait plus quoi faire, des rumeurs traînaient de nouveau comme quoi Su Nah avait changé de petit-ami et était avec l'évêque des Dogsuli alors que non, MERDE. Elle avait juste envie de leur crier que, depuis le départ, depuis des années, elle était seule, toute seule, comme une merde, parce qu'elle était maudite, qu'aucune de ses tentatives de relation n'avait fonctionné, qu'elle n'avait pas de chance, que... Aish. Ca la déprimait. Et c'était déprimant. On lui attribuait tellement de relations. C'était limite si on ne la faisait pas passer pour une pute, parfois. Alors... Alors qu'elle était seule, juste seule. Et c'était d'autant plus rageant, dérangeant et... Elle en avait assez. Ce baiser avec Tae Jun avait été la goutte d'eau qui avait fait débordé le vase. Elle s'était enfermée, dans sa chambre, et n'avait plus voulu en sortir. Son téléphone ? Elle l'avait mis en mode silence et l'avait balancé à l'autre bout de la pièce. Elle n'en pouvait plus des notifications, des appels, des sms, des questions des uns et des autres. C'était un enfer. Elle était en enfer et... Et elle en avait assez. Lorsqu'elle sentit la porte de sa chambre s'ouvrir, elle jura intérieurement puis... Soupira en entendant la voix d'Agapé. Elle soupirait parce que... Parce qu'elle ne pouvait pas ignorer Agapé comme elle le ferait avec les autres, non ? « … Je suis … Un peu fatiguée. » Elle finit par se redresser un peu, repoussant les draps. « … Je suis juste un peu fatiguée. Ne t'inquiète pas pour moi, tu peux y aller. » Fatiguée et blasée par la vie, au passage. Elle essaya de forcer un sourire, elle ne voulait pas l'embêter à cause de ses histoires. Sûrement qu'il devait avoir plus important et intéressant à faire, que de rester avec une Su Nah broyant du noir emmitouflée dans ses draps.

Elle se braque et ça lui fait mal au coeur. Il hoche la tête de droite à gauche, sourire bien en place mais gorge nouée. Négation qui se veut muette mais pourtant ferme. Agapé bien que gentil n’est pas idiot. Et c’est bien le problème, il voit à travers le voile de mensonge les larme de son coeur et les émotions brutales qui lui font ravaler ses mots et ses envies, de peur qu’elle ne se brise encore plus. Mais sa fausse assurance s’élime lorsqu’il réalise qu’elle tente de rejeter son aide. Ah le rejet. ça fait mal. Il serre ses poings, grince des dents et souffle un peu brutalement. « justement, je m’inquiète pour toi. » Sa voix troublée si rarement entendue, plaintive, souffrante, il offrira toujours cette honteuse vue à ceux qui sont précieux à ses yeux. L’australien n’a jamais été fort, ou admirable, il a toujours été faible mais seulement bon pour le cacher, apprenant au fil du temps à recouvrir son hyper émotionnalité d’un alliage de glace. Mais face à ceux auxquels il tient, cette barrière fond et s'évapore pour en montrer son âme éraflée par les blessures du temps et les luttes d'un passé peu glorieux.

S’il avait été plus fort, plus mature, comme elle par exemple, il aurait trouvé les mots et les manière de lui apporter du réconfort. Mais il est faible. Il n’est pas fort comme elle. Et lorsqu’il la voit ainsi il en souffre en surface presque autant qu’elle. De savoir que quelque chose l’avait blessé. Que quelque chose avait blessé sa princesse. Il se glisse délicatement sur le lit, se couche, avachi à moitié sur elle, le dos contre ses cuisses, son bras frôlant son nombril. « je te le dis toujours mais… t’es plus jolie quand tu souris... tu le sais ça? » Et s’il ne connaît pas le mode d’emploi pour réparer les mots, il fait alors ce qu’il avait toujours su faire; de montrer qu’il sera toujours là pour elle, comme elle a toujours été là pour lui.

Elle ne rejetait pas vraiment son Agapé, elle... Elle ne voulait juste embêter personne avec ses problèmes. Lui aussi devait en avoir. Tout le monde en avait. Alors... Alors elle ne voulait pas l'accabler. Elle se sentait déprimée, elle se sentait morose et, étonnement, venant de quelqu'un d'aussi sociable et extraverti que Su Nah... Elle se refermait sur elle-même, comme à chaque fois. Elle s'enfermait dans son petit monde, entre elle et elle-même, attendant sagement que le nuage noir passe et qu'elle puisse revenir auprès de ceux qu'elle aime avec sa bonne humeur et sa pêche légendaires. Mais lorsqu'elle se sentait mal, elle ne voulait embêter personne et... Et encore moins ceux à qui elle tenait. Elle devait toujours être un pilier, jamais un fardeau. « Pépé... » Sa voix était étrange. Elle le connaissait bien maintenant, son Agapé. Elle le savait, le sentait lorsque ça n'allait pas. Et là, ça n'allait pas. Sûrement à cause d'elle. Alors... Elle avait encore moins bien réussi sa mission. Elle l'inquiétait, et n'arrivait pas à être crédible en le rassurant. Rien d'étonnant lorsqu'on analyse la situation : une Su Nah presque dans un état vampirique refusant de sortir de sa chambre et plongée dans le noir... Pas très crédible, lorsqu'elle prétendait aller bien. Elle sourit un peu, attendrie. Il n'était pas parti. Il était même venu tout près d'elle et... Essayait de la faire sourire, comme il le pouvait. Maladroitement mais... Plutôt efficacement, en fait. « … Ah oui ? Je ne suis pas jolie pareil tout le temps ? » Elle rit un peu, avant de finalement déposer un baiser contre sa joue et de venir se blottir contre lui. En fait, elle était plutôt contente qu'il ait insisté pour rester. Il n'était là que depuis quelques minutes mais... Elle se sentait déjà un peu mieux. « Tu as mangé ? » Elle sourit, remettant en place quelques unes de ses mèches de cheveux. Elle l'aimait vraiment beaucoup, son Pépé. Alors même dans une telle situation, même si elle n'avait pas mangé de toute la journée, elle ne pouvait s'empêcher de lui poser ce genre de question qui contrastait totalement avec la situation. Car oui, elle s'inquiétait que le Pépé n'ait pas mangé, comme elle, de la journée. Surtout qu'elle ne savait pas quelle heure de la journée il était, au passage.

Agapé, c’était l’incompris, celui que personne n’arrivait parfaitement à cerner et pourtant, ironiquement lui, c’était le meurtri, le délirant, le trop émotif. Empathie extrême, sensibilité à fleur de peau, malédiction maternelle, Agapé souffre qu’il console, pleure quand on sèche ses larmes sur son épaule. Et Agapé ah, face à sa princesse qui souffre il ne savait plus quoi faire. Lui-même devenant martyr lorsqu’il croise son regard triste, lui-même sentant l’humidité lui parvenir aux yeux. Alors il se tait, ne sait plus quoi lui rétorquer si ce n’est que se blottir contre la couette et son corps. « Noona. » Et s’il l'appelait par un homologue masculin lorsqu’il la taquinait; lorsqu’il était sérieux, il ne jouait plus avec les mots ou sa malice, non, seule la vérité parvenait, et définitivement Sunah c’était une proche, sa proche, sa princesse. « les larmes invisibles sont les plus dures à essuyer. » les yeux grands ouverts malgré la fatigue, l’attention captivée par les étoiles invisibles, parsemées, étalées à travers les yeux de son amie, un rictus maladroit le gagne tandis que sa main vient timidement balayer ses joues pour y effacer ses larmes invisibles. « alors parle-moi s’il te plait. dis-moi qui t’as rendu dans cet état. » Il s’en doute, il a entendu les rumeurs, Jae lui en avait lui-même parlé étant donné qu’il était le rédacteur du journal de la fac, il le savait, mais il voulait l’entendre de vive voix. « je… si c’est à cause du journal j’suis désolé. je m’excuse pour lui. » Et Agapé, éternel angoissé il pense déjà à s’excuser, à se faire pardonner (même s'il n'est pas le fautif direct) craintif à l’idée qu’il soit la cause de la tristesse de sa princesse.

Noona. Elle sourit un peu. C'était bien la preuve que la situation était critique, autrement elle aurait eu droit au typique Hyung, qu'il lui servait à chaque fois qu'il cherchait à l'embêter, à la taquiner. Mais là, elle était Noona. Sûrement qu'il jugeait que la situation ne se prêtait pas à la plaisanterie. Et il avait en partie raison, bien que Su Nah tentait tant bien que mal de blaguer pour détendre l'atmosphère. Elle était mal. Vraiment mal. Elle se sentait mal, et était malheureuse. Ces fichues photos, elles... Elles lui avaient pourri la vie. Et elle ne savait pas encore quoi faire, comment faire pour arranger la situation. Les appels, les sms, le monde entier qui demandait des explications, ça l'épuisait. Alors elle s'était enfermée. Isolée de tout, dans sa petite bulle. Bulle qu'Agapé avait réussi à percer. Parce qu'Agapé, il n'était pas comme les autres. Agapé, il avait une place particulière dans son cœur, et une grande grande graaande place. Elle lui sourit alors qu'il essuyait ses larmes invisibles, avant de finalement se redresser. Elle ne pouvait pas le laisser ainsi, avec mille et une question, sans lui répondre. Pas à son Pépé. Elle passa ses bras autour de lui, lui offrant une petite étreinte, à croire que les rôles s'inversaient et qu'elle le réconfortait. « T'y es pour rien toi. C'est pas grave. Il a finalement juste profité de la situation comme tout le monde... C'est pas le seul journal à avoir mis cette photo en première page. » Elle rit un peu, amèrement, avant de se reculer, s'adossant à la tête du lit. « Cette photo traîne partout. Internet, les magazines... Et il y a des rumeurs. Et ça jaze de partout. Tout le monde en parle, tout le monde y va de son petit commentaire. Ca me... Ca m'énerve. Le monde entier s'en mêle et commente, et bien entendu personne ne va me croire quand je vais raconter qu'il m'a embrassée par surprise, que je ne le voulais pas et... Aish. » Elle soupira, passant sa main dans ses cheveux. « Ca m'agace un peu. Mais bon... Ce qui est fait est fait, maintenant. » Elle força un petit sourire. Elle ne voulait pas trop inquiéter son Pépé, quand même. Alors mieux valait garder la face.

lorsqu’elle resserre ses bras contre son corps fébrile, l’australien s’y berce, ses bras s’ancrent naturellement dans les siens, perçant sa bulle de sécurité pour se frayer un chemin jusqu'à la tendresse de son étreinte. C’est doux, c’est chaud, et si certain trouvaient ce geste anodin, pour lui c’était un acte de confiance et d’abandon à l’autre de se retrouver dans une position aussi fragile et désespérée, d’admettre le besoin de ressentir la chaleur d’un autre; Et Agapé n’accorde pas la confiance et l’intégralité de son être à tous, seulement à de rares quelques-uns, à ceux qu’ils jugent comme frères où comme famille, à ceux qu’il juge en mesure de réparer son coeur meurtri.
Et Sunah fût la première.
La première femme à qui il offre une telle place.
Et pourtant ce n’était ni une conquête ni une maîtresse à venir. C’était sa constellation, ce surnom affectueux qu’il se gardait au fond de sa tête (tout comme Jaehwa sa belle étoile, car il était secrètement un admirateur des cieux !) elle fût celle qui brillait si fort qu’elle en avait décroché les astres et les avait volé dans la lueur de ses yeux. « de toute façon la vérité reprendra le dessus quand tu leur présentera le véritable homme de ta vie pas vrai? » son regard doucement accroché au sien, le sourire qu’il dessine écorchant presque ses lèvres tant il est grand. C’est beau l’amour quand on y pense, surtout lui, amoureux transi qui s’obsède presque à tout les sujets concernant sa moitié. Secrètement, il espère qu’un jour elle sera aussi dans la même situation, à sourire pour un rien, à rire dès qu’elle le voit, à souhaiter la pluie juste pour se blottir contre son bras. Agapé sensible, Agapé rêveur, petit prince encore illusionné, il hausse les épaules avant de relever doucement « j’y crois pas, c’est toi qui va mal et c’est moi qui commence à broyer du noir... lève-toi avant que je finisse par déprimer avec toi » Il détourne le regard et attrape sa main, joyeux, souriant, la peine déjà oubliée. « Sortons d’ici, c’est pas en restant ici que tu vas rencontrer ton prince charmant. »