orange range + im jae hwa

Tu risques de devoir redoubler si tu ne rattrapes pas le retard accumulé et un sacré retard. Cette année 2017 avait été une année riche en émotions et en victoires pour la jeune championne. Après avoir été dans l'incapacité de défendre son titre de championne du monde en 2015 à cause d'une blessure, Su Nah a enfin pu retourner sur le tatami et prouver une fois de plus qu'elle était le maître incontesté dans sa pratique. Parallèlement, elle parvint à obtenir sa première médaille d'or aux jeux olympiques et... C'était parfait. C'était le paradis. De l'argent, des sponsors, mais aussi énormément de travail, d'entraînements, et de cours ratés. L'université la dispensait régulièrement, connaissait son emploi du temps très chargé mais, si jamais elle ne parvenait pas à se remettre à la page d'une manière ou une autre, elle allait se retrouver dans l'obligation de redoubler son année. Et ça, la fière Su Nah ne le voulait pas. Jusqu'à maintenant, elle était parvenue à avoir un parcours scolaire très stable, et il était hors de question que ça change. Elle se considérait investie d'une mission : celle de servir d'exemple aux plus jeunes, aux enfants comme aux adolescents comme aux jeunes adultes de son âge. Et elle voulait prouver qu'il y avait toujours, toujours un moyen de faire front et de trouver un équilibre.
Même si ce n'était pas gagné pour le moment. « On va juste dans un café du coin ? Ca te va ? » Im Jae Hwa. Un élève plus jeune qu'elle, à qui on avait confié la mission de la mettre à la page, en maths. Sérieusement. Les maths, quoi. Elle faisait du taekwondo, et ce qu'elle ferait dans le futur aurait un rapport de près ou de loin avec le taekwondo. Qu'est-ce qu'elle en avait à faire des maths ? Mais alors qu'ils marchaient en traînant des pieds, le Jae bouscula un type. Assez grand, assez costaud. Et qui marchait comme un gorille histoire de montrer ses gros biceps développés grâce à de la pseudo-gonflette. Jusque-là, rien d'anormal. Sauf que le kéké, il voulait pas capter que Jae ne l'avait pas fait exprès, et qu'il s'était poliment excusé avec un p'tit pardon. « Eh. Il a dit qu'il ne l'avait pas fait exprès. C'est bon. » Et l'air de rien, elle vint habilement s'interposer entre eux, se tenant comme un piquet face aux deux types.  « Allez, viens Jae Hwa. On y va. » Mais visiblement, ils n'étaient pas décidés à lâcher l'affaire. Puisqu'ils les rattrapèrent aussitôt.

Monsieur Im. c'était ça. Le début de ses emmerdes, le début de ce qu'il détestait ; c'était ça. Donner des cours. De maths. A une athlète. La grosse blague. Il avait ri, ce jour là ; mais comme jamais. Il s'était fendu la poire, il avait roulé au sol, limite, et il ne s'en était remis que des heures plus tard. Donner des cours ; mais quelle idée saugrenue, idiote et juste illogique. Il lui avait fallu du temps, pour l'accepter - enfin, il l'avait fait rapidement, puisque le temps, ce n'est pas ce qu'on lui donnait. Le pire ? Zéro sous en échange. Il faisait bénévolement. Ca lui donnait déjà la migraine.

Un café plus tard, et il était là, à côté d'elle, à côté de Sunah, la fameuse athlète sotte. Partagé entre admiration pour la jeune femme et, envie pressante de se suicider, Jaehwa ne pipait mot. Silencieux, ses mains coincées dans ses poches, il restait muet, perdu dans ses pensées. Il n'allait pas le faire éternellement, non. Un mois. Ouais. Il se donnait un mois, avant de criser dans le bureau d'il ne sait déjà plus qui. Sauf que son petit corps en rencontre un plus gros, et très vite des yeux énervés. Alors il tente de filer rapidement, en entendant Sunah lui indiquer la sortie - enfin, la sortie.. bref. Sauf que messieurs le rattrapent, et là, là il ouvre sa bouche, là il se met face à l'athlète, méchant. « Dégagez. » Une baffe. Tout sauf viril ; mais il ne sait pas comment riposter. Alors il se contente de claquer la joue du plus petit d'entre eux, avant de se prendre, carrément, un coup dans le bide. Terrassé, il finit plié en deux - et même s'il ne l'apprécie pas plus que ça, Jaehwa vérifie que sa camarade n'a rien, prêt à revenir sur le ring.

Su Nah n'aime pas les kékés. Vraiment pas, les kékés. Elle n'a jamais aimé les kékés et ne les aimera sûrement jamais. Parce qu'ils se pensent forts avec leurs trois heures de gonflette hebdomadaires, qu'ils se croient plus puissants que les autres et donc se permettent tout et n'importe quoi. Alors que, à l'athlète qu'elle était, et qui détenait une véritable force physique comme mentale, on avait appris à ne jamais ses connaissances en dehors du tatami sauf besoin réel, et à ne surtout pas en profiter pour écraser les autres. Protéger, aider, respecter. Malheureusement, ces deux tarés ne semblaient pas partager ces précieuses valeurs. Dommage. Alors qu'elle avait décidé de partir avec Jae Hwa, l'un des deux délinquants – car ils ne pouvaient être que ça vu leur comportement – vint les arrêter, ou plutôt arrêter son camarade cette fois-ci. Qui lui colla une claque. Bon. C'était courageux, très courageux, mais surprenant. Encore un peu choquée par la scène, elle ne vit pas le coup venir. Merde. Il s'était pris un coup dans le ventre. Merde merde merde. Encaisser les coups, ça s'apprenait. Et lui semblait être aussi fragile qu'une chips. La plaisanterie avait assez duré. « Les mecs. Barrez-vous. Barrez-vous. Ou je vous casse les dents. » Les mots de la dernière chance. Elle prévenait, elle prévenait toujours, parce qu'elle savait qu'elle faisait très mal. Très très mal. Mais, visiblement, ils étaient d'humeur suicidaire. Lui dire de s'éloigner ou ils n'allaient pas hésiter à lui apprendre les bonnes manières même si elle était une femme... Ca lui arracha même un petit rire. « Sérieusement ? C'est l'hôpital qui se fout de la charité, là. » Sexistes. En plus d'être cons. Jae Hwa semblait, quant à lui, vouloir se lancer à corps perdu dans un combat dont il ne sortirait assurément pas gagnant... C'était le moment d'en finir. « Vous l'aurez voulu. » Les combats de rue avec les kékés, c'était de la gnognote comparé à ce qu'elle faisait tous les matins pendant six heures. Alors il ne lui fallut pas plus de quelques minutes pour les envoyer au tapis, sous les yeux médusés des passants. Deux ou trois bons coups bien placés, et l'affaire était réglée. « Mes chaussures toutes neuves sont abîmées à cause de vous maintenant. Même mis au tapis vous servez vraiment rien. » De jolies baskets blanches, couvertes d'un peu de sang parce que l'un d'eux avait visiblement la lèvre éclatée, et puis de la terre aussi, vu qu'elle leur avait mis un high kick bien placé. Sans prendre le temps de s'attarder, elle attrapa le bras de Jae Hwa et l'emmena avec elle. Il valait mieux partir, avant qu'un attroupement ne se forme. « Ca va aller toi ? Pas trop mal ? Désolée, j'aurais sûrement dû les cogner avant, mais j'essaie de ne pas être trop violente dès le départ. » Elle lui sourit, un peu gênée. Elle n'aimait pas trop attaquer, elle préférait donner toutes les chances aux autres de s'en sortir. A eux de la saisir. Et eux ne l'avaient pas fait. Not her problem. « Si t'es pas en forme pour le cours, c'est pas grave. On peut repousser ça à une autre fois. »

Admiration précaire, admiration rapide et admiration folle ; c'est ce qui touchait Jaehwa très souvent. Trop souvent. Entre Haena, Agapé, et maintenant Sunah, il devait, devrait même, se douter qu'il avait un truc avec les sportifs. Parce que voir Sunah, grande fille pas si musclée, terrasser quelqu'un, avec un coup de jambe - coup de jambe incroyablement.. droit ? Il était bouche bée. Bouche bée et admiratif. Lui, tout ce qu'il savait faire, c'était l'éternel coup dans le ventre, coup dans le dos. Technique de défense usée et usée ; mais indémodable pour un petit mec comme Jaehwa. Petit mec qui aurait très certainement du prendre des cours de self-défense - ou quelconque autre attrape-couillon. Mais, justement, le coréen trouvait ça désué, inutile et juste.. juste stupide. Comme si quelques cours avec un coach volontaire pouvaient sauver une vie. Lui, il croyait au destin. Un rationnel pourtant - un cartésien. Mais il y croyait ; il se disait que si un coup ne nous tuait pas, c'était pour riposter.

Et là, là, Sunah l'ébahissait ; et il la suivait, la bouche toujours grande ouverte, des yeux dans les coeurs - ou des coeurs dans les yeux. Ses questions sont des bruits imperceptibles ; il est abasourdi. Son mal de ventre est passif, il l'oublie aussi vite qu'il est arrivé, et il se remet, difficilement, de toute cette action. Petit coeur sensible, il ouvre ses lèvre, les ferme, les rouvre, les ferme, avant de se décider - il doit parler, elle va se douter d'un truc, ça va mal tourner, encore. Et s'il se retrouve à rouler des patins à Sunah, comme avec Agapé, il préfère ne pas imaginer la fin tragique de sa scolarité. « Je- » On y est presque. Raclement de gorge successif, yeux baladeurs et perdus sur le sol, il finit enfin par se centrer. « Merci.. Merci pour ce que tu as fait et je- ça va, j'ai un peu mal mais, ça va. Je dois bien te remercier. » Magique, non ? Il se fait plus conciliant, plus doux et surtout, plus avenant. Un sourire vient même héberger ses lèvres ; et lui, il fait signe à sa nouvelle admiration de le suivre - un sociopathe, ce mec. « On peut toujours se poser dans un café. Je t'offre la consommation, pour te remercier. » Wow. Hallucination. Jaehwa généreux.

Su Nah avait appris à donner des coups de pieds avant même d'apprendre à lire, écrire ou compter. C'était quelque chose de presque naturel pour elle, comme marcher. Elle avait fait du taekwondo toute sa vie, avait encaissé des coups, en avait surtout beaucoup donné, et c'était révélé être un prodige en la matière. Et si jeune elle avait été de nature un peu violente, cet art martial l'avait justement aidée à se canaliser, en lui inculquant des préceptes et des valeurs qui aujourd'hui dictaient sa vie. Elle était une championne, et les champions n'usaient jamais de leur talent pour attaquer les autres, qui n'avaient pas le même entraînement, les mêmes capacités, et étaient donc largement désavantagés par rapport à eux. Mais, les champions se défendaient. Et défendaient les autres. Parce qu'il fallait bien que ça serve à quelque chose, du faire du taekwondo. Alors à la phrase de trop, au coup de trop, elle avait réagi, les mettant au tapis. Elle regretta même de ne pas l'avoir fait avant, car maintenant, le pauvre Jae Hwan était blessé. Et physiquement, il lui semblait plutôt fragile. Bon, visuellement, on pourrait dire exactement la même chose de Su Nah, avec son gabarit de crevette. Mais sous cette stature bien frêle se cachait en réalité pas mal de muscles, une musculature « allongée », qui prenait peu de place en volume mais qui l'aidait à casser des gueules, si besoin est. « T'es sûr que ça va ? … Tu veux pas qu'on aille à l'infirmerie ? » Il était devenu muet, quand même. Pas très rassurant comme pronostique. Et n'arrêtait pas de cligner des yeux. Et de regarder le sol. Peut-être qu'ils l'avaient aussi frappé à la tête sans qu'elle ne s'en rende compte ? Elle fut rassurée lorsqu'il reprit enfin la parole. « C'est normal, t'as pas à me remercier. Faut bien que je serve à quelque chose, quand même. » C'était bien beau des médailles, mais il fallait convertir tout ça en quelque chose dans la vie réelle. C'était l'avantage des sports de combat. Même en dehors du tatami, ils se révélaient très utiles. « M'offrir la consommation ? Carrément ? Eh bien merci, c'est généreux de ta part. On fait ça. » Elle sourit, amusée. Sachant qu'il avait toujours tiré une tronche d'enterrement à chacun de leurs cours, c'était un sacré changement. Si elle avait su, elle aurait fait en sorte de lui servir de garde du corps bien avant. Parce que, bien entendu, elle ne se doutait pas une seule seconde de ce qui se tramait et de ce qui était en train de se produire dans la tête du p'tit génie, et prenait tout ça pour de la simple reconnaissance. Elle entra dans le café la première, choisissant une table près de la fenêtre et un peu à l'écart, histoire de ne pas être trop dérangés. « Tu devrais penser à prendre des cours de combat, ça peut être utile, juste pour apprendre à éviter les coups ou à immobiliser rapidement son adversaire. Je donne parfois des cours de taekwondo gratuits à l'université, tu peux venir si ça te dit. Et comme ça, on sera quittes. » Il lui enseignait les maths et elle lui enseignerait le taekwondo. Bon deal, non ?

Il se contente de répondre en mimes ; il hoche, il secoue, il fait tout ce qu'il peut pour lui faire comprendre ce qu'il se passe dans le plus silencieux des silences. C'est plus simple ; et le petit Jaehwa est encore bouche bée. Traumatisé presque ; mais c'était fou, qu'une femme de son gabarit puisse.. Faire ça. Alors que lui, lui, il baffait, frappait, engueulait, parlait comme le stéréotype féminin. Il se rendait douloureusement compte de son incapacité - tout en admirant la force de l'autre. Sensation étrange, qu'il n'aimait pas des masses - non seulement parce qu'il n'en avait pas l'habitude, mais surtout parce qu'il comprenait le fonctionnement de son intellect et.. Et pour Jaehwa, admiration est synonyme d'asservissement et, la preuve était faite. Il lui payait à boire. Bordel, il ne paie à boire qu'à certaines personnes. Son cercle d'amis est fermé ; il refuse quelconque rapprochement, est toujours distant et effroyablement méchant, vulgaire presque. Il se ferait presque pitié, le pauvre petit Jaehwa, alors qu'il la suit, une moue coincé sur ses lèvres pleines. Pas un mot, silence est maître, il hoche la tête et la suit dans le café, pour s'installer en face d'elle.

Concentré sur l'arrivée d'un potentiel serveur (sauveur), il l'écoute d'une oreille distraite, avant de tilter. Cours. Deux choix ; possibilité de passer du temps avec l'athlète, ou, s'éviter un attachement de plus. Ouais, parce que Jaehwa commençait à se perdre. « Des cours ? » Il étudie la proposition aussi vite qu'il peut, il essaye de ne pas faire planer le suspens mais, il a peur de la froisser. Bon, ok, c'est bizarre pour lui d'avoir peur de déranger quelqu'un mais - est-ce qu'elle se vexera, s'il décline ? Parce qu'il est hors de question qu'il apprenne quoique ce soit. « Je trouve le self-défense inutile. Enfin.. Je pense qu'on peut se défendre sans muscles. Juste avec de la tactique. » Il était certain de ne pas avoir tort - sourire, le serveur arrive, et il se contente de demander un milshake à la fraise. « Tu as besoin de voir quelque chose en particulier, aujourd'hui ? »

Elle n'était pas sûr que c'était une très bonne idée qu'il lui paie à boire... Après tout, il travaillait à temps partiel, non ? C'est qu'il ne devait pas avoir énormément d'argent. Et elle savait ce qu'était la galère. Heureusement, elle avait réussi à améliorer son confort de vie grâce à son sport. Mais, elle savait. Alors elle espérait que sa consommation ne pèserait pas trop sur son budget. Elle tâcherait de choisir le truc le moins cher, tiens. Alors qu'elle prenait place autour de la table, elle ne put s'empêcher de sourire, amusée, lorsqu'il lui répondit qu'on pouvait se défendre sans muscles et juste avec de la tactique. « Mais la tactique, ça s'apprend en cours. » Elle lui adressa un clin d'oeil, avant de passer sa propre commande. Un café. Sans sucres. Elle n'avait pas que des coups de pied de championne, elle avait aussi une diète de championne. « Apprendre à déceler les faiblesses de l'adversaire. A le surprendre. Apprendre à éviter les coups, et à encaisser. Pense y, quand même. » Et c'était pour son bien plus qu'autre chose qu'elle lui disait ça. Il avait un petit gabarit, et il avait aussi, tristement, le profil type du garçon qu'on s'amuserait à embêter. Le côté intello, et le fait de donner des claques plutôt que des coups de poing. Mais, la décision lui revenait. Après une gorgée de café pour se remettre les idées en place, elle décida enfin de passer aux choses sérieuses. Les maths. Bordel, bon sang qu'elle détestait ça. Voilà la raison pour laquelle elle ne le jugerait jamais s'il ne voulait pas se mettre aux cours de selfdefense : peut-être qu'il détestait ça autant qu'elle haïssait les maths. D'ailleurs, sa détresse se lisait sur son visage, puisqu'elle grimaçait déjà. « J'ai raté les cours sur les exponentiels, un truc comme ça. Et j'ai rien compris. Il me faudrait de quoi avoir la moyenne au minimum, sinon je vais être un peu dans la merde. » Elle sortit ses cahiers de son sac, les posant sur la table. « Mais on est pas obligé d'y passer beaucoup de temps. Juste pour que je capte le truc, tu vois ? » Et si le cours pouvait se terminer en cinq minutes, elle serait aux anges, tiens. Les maths la faisaient fuir, carrément. « D'ailleurs, j'ai eu 12 au dernier exam. Plutôt pas mal, sachant que je n'ai pu assister à aucun cours du semestre à cause d'une compétition. » Elle sourit, fière de voir que malgré tout, cette souffrance payait.

Au fond, il ne savait pas si c'était les cours en eux-mêmes qui le dérangeaient - et le risque qu'il en courrait, ou, le fait de donner sa sécurité à une femme. Loin d'être sexiste, toute sa vie avait été maintenue par des femmes - superbement gentilles et attentionnées. Mais il n'en pouvait plus, Jaehwa, de dépendre des autres ; il n'en pouvait plus, de devoir se confier à quelqu'un pour espérer se battre, se défendre et se sauver. « Je maintiens. » Qu'il dit, qu'il affirme, limite prêt à plaider à la manière d'un avocat américain - il ne veut pas de cours. Il se contente donc d'hocher la tête ; autant ne pas divaguer trop longtemps sur ce sujet. Su Nah est adorable de lui proposer son aide ; mais il préfère ne pas trop se rapprocher de la brune. Une réputation est vite détruite ; et si tout le monde l'imagine en couple avec une dizaine de personnes, il ne donne pas cher de la sienne. Oh, bien entendu, ça ne l'intéresse pas non plus des masses - la réputation n'est qu'un facteur social et, il s'en fiche. Mais- mais, quelque chose, il ne sait quoi, ne veut plus supporter les regards en travers. Il se disait fort - intouchable, mais peut-être qu'au fond, il ne l'était pas. Et cette réalisation pouvait - devait briser quelque chose en lui ; alors il préfère l'ignorer, pour se concentrer sur la brune.

Brune qui, après un petit moment silencieux, finit par lui étendre son problème - les exponentiels. Un soupir ; il n'aime pas ça. Il déteste ça. Jaehwa déteste beaucoup de chose, en réalité - ou plutôt, il a des humeurs qui lui font détester des choses. Complexe mais simple ; à force, ça le lasse. Des jours, il préfère les mathématiques ; d'autres, les sciences sociales lui paraissent plus justifiées. Tout est question d'environnement, disons. « Ton prochain exam est dans combien de temps ? » Il allait lui falloir du temps, pour rassembler l'ensemble des cours - pour chercher des outils de travail, des petits moyens pour mémoriser plus facilement.. Tout ça, tout ça n'allait pas être aisé à faire et, Jaehwa soufflait déjà. S'il était admiratif de Su Nah, il restait énervé contre l'administration de l'université. Lui fourrer des cours particuliers, alors que, primo, il déteste ça et, secondo, il est déjà assez occupé. Le travail lui bouffe son énergie ; les cours lui retirent le peu de temps qui lui restent. Epuisé, l'asiatique, attrape son milkshake, coince la paille entre ses lèvres, et il sirote, tranquillement, tout en écoutant sa camarade. « Félicitations.  »  Il sait. Il sait qu'il manque d'entrain, d'intérêt et il sait que ce n'est pas la chose la plus agréable du monde, que de parler avec lui. S'il le vit relativement bien, il espère que la brune ne s'en trouve pas ennuyée - quoiqu'elle doit être habituée. Jambes croisées, Jaehwa sort, de son sac, un trieur. Il y cherche quelques feuilles, pour en sortir une dizaine - sur les exponentiels, justement. Pas un hasard fortuit ; quand il a cours avec Su Nah, il prend, par précaution, la totalité du condensé de ses cours de mathématiques. Ok, donc, en gros ; chaque chapitre, du moins, chaque chapitre qu'il connait, est précieusement résumé en quelques feuilles, et rangé, là. « Tu sais quels cours tu vas être obligée de manquer, prochainement ? Pour que je puisse demander à tes "camarades" de me confier ce qu'il te manque. »