→ Tenue → Un coup de blues, faut croire qu'en ce moment, t'en a des masses qui s'acharnent sur toi. Pour quelle raison ? Franchement, t'en savais absolument rien, c'était juste des gros coups de pression qui s'imposent et que tu subis sans pouvoir broncher.
Dans ses moments-là, l'alcool est souvent ton meilleur ami et modération se fait la malle. Bref, tu passes une sacrée mauvaise soirée, à ruminer dans ton coin parce que tu supportes pas la tête des autres, et encore moins quand ils déblatèrent leur connerie à deux balles. T'as d'autres soucis en tête et l'épaule quotidienne est close pour écouter leurs déboires enfantins.
Posé dans ton petit recoin, tu ne regardes même pas les gens autour de toi, tu sais qu'ils sont tous agglutinés les uns sur les autres, puant la sueur et le désir, pour la plupart à la recherche du grand frisson, de la boisson en vogue ou de la mini-jupe la plus affriolante. En résumé, absolument pas ce qui t'attire d'ordinaire et encore moins ce soir.
T'as juste la politesse pour héler le serveur - mignon mais trop fin à ton goût - afin qu'il t'apporte le doux nectar. Tu ne sais même plus combien de verre t'as pu ingurgiter, tout ce que tu sais, c'est que t'as dépassé le stade de la gorge qui brûle, t'es plutôt en phase de
"je ne ressens plus rien". Tu vas encore finir en cadavre. T'es pas le genre de personne d'ordinaire qui se laisse aller mais dans ces moments-là, t'es plus raisonnable, tes pieds te traînent jusqu'au bar et ta tête commande pour toi. Pas une pour rattraper l'autre.
T'enfile ta main dans ton pantalon à la recherche de la monnaie qui reste, piéger dans les recoins de ta poche, t'as juste l'impression qu'elle veut te faire chier à pas sortir. Déjà que t'as les nerfs légèrement irrités, tu pourrais vite péter un plomb au moindre soucis, même le plus minime.
En l'occurrence, là ça passe encore ton état mais tu sais qu'avec un ou deux verres en plus, tu vas l'avoir triste, solo dans ton coin, tu vas pleurer comme un faible qui tient pas l'alcool en somme.
Et ton petit verre arrive, tout brillant, tout beau qui t'appelle silencieusement à le déguster, t'attend pas, tu le portes à tes lèvres, le goût âpre te déconseille de le finir mais t'en fiche, t'es pas raisonnable ce soir de toute façon. Tes yeux se lèvent, ils échappent à ta conscience et tu vois une charmante demoiselle se poser à ta table. T'es surpris mais t'essaie de ne pas trop le montrer. Tu te demandes surtout ce qu'elle te veut.
"Y'a de la place libre ailleurs." t'avais pas l'intention de paraître froid mais c'est sorti tout seul, sans réflexion aucune, aucun filtre qui passe, bref, tu foires tout c'est un fait. Même te taire t'y arrive pas, pathétique. T'as encore besoin d'une dose d'alcool, alors tu bois une nouvelle gorgée et tu l'observes, d'un œil attentif et en même temps pas du tout intéressé. Contradictoire, mais rien n'est vraiment réfléchi dans tes gestes ou tes paroles, t'es bourré, voir même complètement déchiré. Le cadavre est de sorti, tu vas avoir du mal à te ramener chez toi. Traitresses de jambes !