Fuckin' zombie riot

Juste le temps d'enfiler un t-shirt trop large arborant une marque de... station essence ? Par dessus la tenue moulante et le harnais en cuir dans lequel je m'étais empêtrée pour le concert, je garde mes cuissardes par qu'en fait il me faudrait au moins une demie-heure par jambe pour retirer ces foutues sangsues de cordonnier. Une paire de lunettes chrome hearts qui me mangent la moitié de la face et une gauloise planté sur mon fume-cigarette, et voilà. Ce truc est à moitié grignoté, mais c'est normal on connais tous la frénésie gencivaire qui nous prends un pochon de MDMA plus tard, à croire qu'on fais nos dents une deuxième fois.

Bref me voilà prête à aller me bourrer la gueule en charmante compagnie. Pour l'instant y a que Toru qui soit resté avec moi, j'ai lancé les clés de la lambo à Mika et tous les autres sont partis acheter de quoi nous ravitailler et fêter dignement ce concert un peu pété. Je crois qu'un fan s'est cassé le nez sur le manche de Nina et j'ai donné un coup de talon dans l’œil à quelqu'un. Mais un concert de rock sans un appel aux pompiers ça risque pas d'en être un, au moins on aura pas foutu le feu à la salle cette fois. Tant mieux parce que ça devenait dur à trouver.

Alors après m'être m'enfilé quelques mg de speed à l'aide d'un auriculaire manucuré je lance le sachet de poudre à mon pote.

« T'en veux ? »

J'sais même pas comment on va rentrer, maintenant que j'ai plus la vago mon plan c'était à 10% de marcher un peu au hasard et de trouver une solution et à 90% de compter sur Toru. Ça m'fais peur parce que dehors on dirait entendre un putain d'orage, ça tape dans tous les sens et le vent ressemble à une foule en colère. J'veux pas me taper le temps de merde... C'est relou, j'vais puer le chien mouillé jusqu’à la fin des temps. Raaah, j'traine des pieds jusqu'à Toru pour me pendre à son cou en reniflant un peu et en gigotant ma narine droite. Bordel.

« Alleeer t'es prêt ? On y va ? »

A comprendre : j'suis prête. On y va. Je cadenasse ses bras autour de ma taille en l’entraînant dans le couloir vers la sortie. J'ouvre la porte d'un coup de pied. Woah. La lumière inattendue d'un lampadaire me fige un moment, et puis je réalise. Merde mais il pleut pas du tout en fait.

Clope au bec, goutte de sueur au front, sourcils froncés et air concentré, Tôru avait du mal à tenir debout sur une jambe en équilibre. Le petiot essayait de décoller un chewing-gum mâché et fondu de sa semelle parce que déjà trop fait, ça l'empêchait encore plus de marcher droit et le brun trébuchait tous les trois pas – faut dire aussi que s'il avait refait ses lacets, ça aurait été un peu moins compliqué. Cependant, les litres de whisky enfilés durant le concert, plus toutes les merdes ingurgités l'empêchaient bien concrètement à penser à trop de choses. Et qu'il soit concentré sur quelque chose, ça relevait même plutôt de l'exploit. L'étudiant ne faisait même pas attention à sa comparse qui s'ajoutait dans toute la pièce, ne laissant pas s'échapper un seul mètre de son exubérance séduisante.

Enfin le but atteint, Tôru retira rapidement son haut pour foutre un t-shirt plus large, il se laverait en rentrant, ou le lendemain, bien moite après l'after-after. A vrai dire, la défonce a été tellement intense qu'il n'était même pas sûr d'avoir joué juste ni dans le rythme. Son regard était plutôt concentré à repérer une éventuelle proie pour la nuit, mais il avait déjà oublié tous les visages ainsi que les trois quarts du concert. Miraculeusement, Tôru attrapa le sachet de poudre mais un dilemme se présenta subitement à lui... s'occuper du chewing-gum ou bien se foutre en l'air un peu plus ? Bien qu'il pensât la réponse rapide, il eût bien une bonne minute d'absence avant de se décider de consommer un peu encore. « Merci ma poule ! »

Alors qu'il se redressait, le brun sentit un poids s'abattre sur lui, un poids presque mort qui se collait à son cou mais, qui sentait bon le parfum subtil de marque... et l'alcool. Alors que Saera s'agitait contre lui, l'étudiant caressa tendrement sa douce crinière, un sourire se voulant chaleureux mais, en réalité complètement défait, pas si beau à voir que cela. « Prêt ! » Docile, il la suivit, sa main en profitant légèrement pour palper sa hanche courbée – On ne change pas un Tôru qui gagne – et dehors, c'était une tempête qui les attendait. L'orage gronda dans les aigus et des bras s'agitent dans les airs alors que des corps dandinaient. Tôru ne savait pas que les orages parlaient, mais en tout cas, ils parlaient très... très fort ! Il hurlait les prénoms de Tôru ainsi que de Saera et parfois, quelques mots obscènes ! Soudain, il sentit le corps de son ami partir. « Saera ? »Normal puisqu'elle était littéralement entrain de se faire enlever par un fanboy et sa meuf qui hurlait qu'ils allaient faire des merveilles au pieu ce soir ! Mais Tôru lui, il avait prévu de sortir avec Saera, puis c'était plutôt drôle de jouer les héros alors il se jeta mollement vers elle. Alors qu'il allait la rejoindre, il se sentit tirer vers l'arrière tellement fort que son t-shirt se déchira dans son dos. Des cris fusèrent une nouvelle fois et une petite poignée de mains vinrent finir le travail pour le foutre torse-poil. « Arrêtez il fait froid, je vais pointer ! » implora-t-il d'une voix faiblarde, pas certain de ce qu'il était véritablement entrain de vivre. « Saera je crois qu'on va mourir ce soiiiiir ! » ajouta-t-il, l'index relevé, signifiant qu'il disait soit-disant quelque chose de pertinent. Et peu de temps après, il se retrouva allongé au sol alors qu'au-dessus, deux fans hystériques se crêpaient le chignon, l'une lui marchant même sur un de ses tétons qui pointaient. Tôru se frotta son pauvre petit téton avant de râler parce qu'il avait perdu sa clope. « Saera t'es où putain ? »