pepas de tulipas

Lenny passion fleurs a encore frappé. Ses oreilles détectent les pleurs incessants de ses bébés, ça frétille sous la douleur des cris perçants et ça détecte l’urgence. Les paraboles Lee, dont lui seul semble avoir hérité, détectent tout. C’est un outil imparable. Bon c’est aussi insupportable parce que, bien sûr, les cris floraux c’est pas hyper agréable aux écoutilles alors il se précipite, Lenny. Il a son rdv hebdomadaire avec ses Tulipas comme il les appelle, c’est leur futur nom de band. Son objectif en ce moment c’est de les motiver à monter leur propre groupe de rock, il est persuadé que ce serait une révolution sur le marché de la musique. Il a beau être rêveur, Lenny, il n’en reste pas moins ancré sur terre et demeure conscient de la société de consommation dans laquelle ils se trouvent. Bref, des tulipes qui font du rock personne n’a jamais vu ça et il n’y a rien de tel que de se positionner sur un marché encore inexploité pour percer. En gros, ses bébés deviendront des stars, il en est persuadé. « Coucou mes jolies. » qu’il s’exclame en entrant dans la serre comme si, par pur miracle de la science, elles allaient lui répondre. Il sort son matos, arrosoir, coke, et se fait un rail. « Aller les poupées aujourd’hui on pousse, on se fait plus belles que jamais car en ce moment on est sur le déclin. Enfin vous êtes sur le déclin, avec la fin de saison et tout le bordel c’est vraiment la merde. » Il snif et dispose le reste de poudre blanche sur la terre et s’en va remplir son arrosoir. Tout bon jardinier doit savoir garder ses secrets. « J’vous jure que j’essaie de faire au max mais c’est chaud si vous n’y mettez pas du vôtre. » Il parle, il parle, il parle, c’est naturel. Normal. « Et aujourd’hui on a une élève donc soyez sérieuses putain. » Il fronce un peu ses sourcils parce que, quand même, faut savoir se montrer sévère parfois. Sae Ra devrait pas tarder à se pointer pour son cours de botanique, il lui a promis de lui apprendre tout sur les plantes. Bien sûr il lui a vendu du rêve avec ses histoires de marijuana mais, lui, tout ce qu’il veut c’est partager sa passion pour les tulipes. Héhé il l’a bien eue. Et la voilà qui arrive, il saurait reconnaître le bruit de ses stilettos parmi mille. Un coup d’eau pour les beautés plantureuses et il se retourne tel le maître des lieux qu’il est. « Beautééé ! Mamamia bienvenue dans l’antre. Entre, entre, je te prie. On t’attendait. » Il ne prend pas la peine d’aller la saluer la belle, c’est comme s’il ne la quittait jamais. « J’avais jamais tilté ton côté Poison Ivy. » il fronce ses sourcils, surpris par sa propre réflexion et se permet de réfléchir à voix haute, parce qu’après tout pour une fois que ça lui arrive il sait pas le garder pour lui. « T’as déjà pensé à chanter ? Genre pour faire pousser mes Tulipas. Tu pourrais aussi être la chanteuse du groupe. » Lenny il considère que tout le monde sait ce qu’il se passe dans sa tête, alors forcément ça a du sens tout ça. C’est même une putain d’évidence, il vient de marquer un tournant certain dans la destinée des Tulipas là.

De manière générale, je me laisse porter par la vie, c'est ce que je dis de moi. Aujourd'hui la vie m'a menée à un cocktail mondain où les gens rient derrière leur main et où les amuses-bouches ont des noms plus poétiques qu'un recueil de Baudelaire. Et la vie a voulu que j'enfile une robe beaucoup trop moulante pour que je puisse faire partie des gens qui encore en vie et un horrible manteaux en fourrure plus destiné à servir de sables mouvants que d'une vocation à habiller qui que se soit. Mais bon, Nana a décidé, et j'me suis dit que c'est là que la vie devait me mener. En fait, tout ce que je savais aujourd'hui c'était que j'allais poursuivre la ballade de mon existence et que je finirais par rejoindre Lenny et ses fleurs, donc tout finirait forcément bien.

J'ai manqué de me faire écraser deux fois, je suis rentrée dans une bouche à incendie et j'ai pris un sens interdit mais la conviction que tout finirait forcément bien ne m'a pas quittée aujourd'hui. C'est le LSA qui me l'a dit.

Bizarrement la vie m'a mené presque à l'heure devant les grandes serres du jardins botanique. Putain, ça donne vraiment le vertige ici et tout ce foisonnement de plantes bizarres me donnent l'impression d'être dans un monde un peu psychédélique où tout est possible. En plus de ça, Lenny m'a parlé de marijuana hybride ou je ne sais quoi alors même si j'y connais rien et que les fleurs je les aimes bien pour m'allonger dedans j'étais plutôt excitée de prendre ce mini cours de botanique.

C'est marrant en fait, parce qu'ici tous les bruits on l'air étouffés et tout doux. J'ai juste envie de me couler sur les genoux de Lenny et d'écouter le silence. Tiens, d'ailleurs je vois sa tête dépasser un peu plus loin, c'est facile de le reconnaître parce que 1. c'est pas une plante 2. d'une certaine façon il a pas changé depuis que je le connais, c'est-à-dire presque toujours. Y a un côté de moi qui vois toujours le petit garçon de 8 ans qui est parti à l'hôpital après avoir bien voulu goûter ma potion magique et je vois aussi l'adolescent qui a du me traîner sur son dos pendant six kilomètres après que j'ai voulu apprendre à faire du skate, ou encore celui avec qui on est parti se baigner dans la piscine des voisins au milieu de la nuit. J'vois aussi le Lenny d'il y a un an ou d'une semaine. C'est pleins de Lenny qui se mélangent et des fois quand j'y pense trop j'avoue que ça m'en pète le crâne parce qu'en vrai je m'en fous, c'est juste mon Lenny quoi. Mon Lenny qui m’accueille en vrai présentateur de cirque pendant que je largue mon manteau rat mort sur le sol.

« Beautééé ! Mamamia bienvenue dans l’antre. Entre, entre, je te prie. On t’attendait. »

Je me plie en une courbette pour le saluer lui, et... qui que se soit sous-entendu par ce "on".

« Lélééé ! Je suis vraiment impatiente alors déconne pas hein. »
Il m'a vendu un putain de moment nirvanesque alors j'l'attends au tournant celui-là. Je balance mes chaussures un peu plus loin d'un coup de pied pendant qu'il continue ses conneries en me comparant à poison ivy. J'avoue que j'sais pas trop d'où il sort ça, même si cette connasse pues la classe à plein nez et que j'avoue être une fan incontestée de sa toxicité. Je me glisse aux pieds des tulipes dans un mouvement maladroit pour y coller mon nez avec fascination. J'veux bien comprendre ce qu'il me dit quand il me parle les entendre pleurer des fois... Genre comme des trucs vivants. Du coup j'flippe un peu qu'elles me trouvent malpolies et qu'elles viennent me buter dans mon sommeil donc je chuchote juste à coté :

« Salut les tulipes. »

« T’as déjà pensé à chanter ? Genre pour faire pousser mes Tulipas. Tu pourrais aussi être la chanteuse du groupe. »

« Tu quoi tu m'parles ? »

Je me retourne en cherchant un groupe des yeux. Lui, il fait sa tête de 'j'ai eu un putain d'éclair de génie' et j'ai peur d'où ça peut m'embarquer. Ouais, même moi.

« Tu m'as fais venir pour chanter des berceuse à tes bébés ?»

J'sais pas trop si ça pourrait marcher mais moi j'y connais rien alors conne comme je suis j'suis bien capable de le croire et de m'essayer aux sérénades pour tulipes. Pocahontas elle parle bien à un arbre, elle. Ptêtre que ces fleurs sont mes grand-mères aussi.

« Tu crois que ça aime quoi comme musique ça ? »

Je me penche encore un peu plus, à quatre pattes, vers les fleurs en foutant mon nez carrément dedans. Je plisse les yeux, attentive. Elles bougent même pas d'un poil. Pfff. J'les entends pas moi alors je m'éloigne pour me coller contre Lenny en trifouillant les outils qui traînent autour de lui, un peu vexée.

Saera est archi sapée et j’comprends pas pourquoi elle s’obstine à faire des manteaux avec ses vieux cheveux, perso’ j’trouve ça dégueulasse. J’suis complètement excité qu’elle se soit pointée, j’y croyais pas trop vu comment elle s’en bat les couilles de mes tulipes depuis toujours mais, eh, j’la connais cette petite. C’est comme si je l’avais faite, et heureusement pas le cas mon gars je m’imagine pas avec un bide à bière portant un gosse déjà rien que sur le principe j’comprends pas, bref j’me doutais bien qu’en lui parlant de weed interspatiale ça allait lui faire ramener son boule bien roulé dans ma serre.

« J’déconne jamais. » je fronce un sourcil, et un seul svp car c’est un skill dont je suis assez fier, et j’la regarde complètement perplexe de sa capacité à douter de moi. Elle devrait pas, naaan, jamais. J’ai p’tete un peu trop joué sur le teasing mais balec, ça fait partie du jeu ma p’tite lucette. J’dis rien quand elle me kick, je me contorsionne juste sous l’habitude comme une victime. J’ai fini de lui tirer les cheveux, ça c’était avant, je suis un homme mature maintenant. J’ai le big smile jusqu’aux oreilles lorsqu’elle salue mes bébés, Sae c’est vraiment une petite perle aussi brillante que ses dents polies la veille. J’peux que lui proposer de prendre la place de chanteuse dans le groupe franchement ça s’impose comme une évidence c’est ouf de pas y avoir pensé avant. J’comprends pas mon moi-être.

« Nan ! Nan ! C’est bien plus gros que ça Sae ! » gros comme l’énorme planète que je lui dessine avec mes bras, un vrai moulin genre. « C’est un projet révolutionnaire ! » je me précipite derrière la table pour me positionner derrière mes petites et les lui présenter en bonne et due forme. J’me prends pour un putain de manager et j’aime ça, le business c’est la vie j’aurais dû me lancer là-dedans plus tôt p’tin Dax avait raison. « Je vais faire monter mes petites sur scène, c’est du jamais vu, elles vont TOUT exploser Sae ! Elles ont un potentiel de dingue mais il me manque un élément important : La Beyoncé, la Nicole, la leader et chanteuse principale, celle qui explosera tout sur scène. Il me faut un charisme plus humaine tu vois. » j’claque des doigts avec mon air sérieux, sourcils froncés comme ils font dans les films. « Bref il me faut toi pour tenir le micro ! T’as déjà tout l’attirail de la tasspé t’es faite pour le rôle ! » j’étends mes bras dans un élan d’assurance, j’suis surexcité j’ai le cœur qui bat à vingt mille et j’manque de collapser quand Sae lance sa bombe.

« CA ? Mais putain comment tu peux insulter ces belles gosses ? Regarde-les comme elles sont mignones. » Je m’accroupis dans une position similaire à celle de Saera, le nez collé contre mes bébés pour qu’elles m’entendent. « L’écoutez pas elle est jalouse~ » et là. et là mon gars j’te jure que ce que je sens c’est pas de la beu. C’est de la pisse. De la putain de pisse. Je colle un peu plus mon nez conter les fleurs et je le fou carrément dans la terre pour en avoir le cœur net. Quelqu’un a pissé dans les Tulipas. J’me relève d’un bond, plus vénère que jamais, j’ai l’impression que mon cœur va exploser de rage.

« Putain. QUI A PISSÉ SUR LA RELÈVE DES DESTINY’S CHILD ? » je me relève d’un bond, furax et prêt à tout défoncé, j’balance une table en l’air parce que ça m’fait chier. « J’vais les niquer. » Je sais pas qui mais j’vais le faire, ouais. J’porte les mains sur ma tête, trop déconcerté, choqué et déçu, le monde s’écroule et j’ai une larme qui glisse sous l’émotion tandis que les contemple comme si elles allaient crever dans trois secondes. « J’comprends pas Sae… »

Wow, pendant un moment j'ai comme l'impression de jouer dans le remake des Chipmunks version florale. Des tulipes sur scène, mais mon pauvre chéri a trop fumé d'écorces de sapin ! Du coup j'oscille entre rire et sérieux, parce que bon le projet est cool quand même il pourrait presque me convaincre... Je laisse mon esprit vagabonder au fil de ses paroles enflammées, m'exposant son projet en détails.  « Je vais faire monter mes petites sur scène, c'est du jamais vu, elles vont tout exploser Sae ! Elles ont un potentiel de dingue mais il manque un élément important : la Beyoncé, la Nicole, la leader et chanteuse principale, celle qui explosera tout sur scène. Il me faut un charisme plus humaine tu vois. » A la fin du speech je suis complètement omnibulée, c'est sûr que c'est un coup de génie ! Oui, il se peut que les effluves de drogues en tout genre filtrant dans mon sang m'attaquent un peu le cerveau, un groupe de tulipes chanteuses, ça fait sens à mes yeux comme jamais. Je réagis même pas à ma qualification de tasspé faite pour le rôle mise à part une petite tape sur son genou. Il m'a transmis sa sur-excitation ce con et je m'y vois déjà. J'me roule un peu dans l'herbe en rigolant pendant qu'il continue sur sa lancée. On ne l'arrête plus, à la limite de l'hystérie il gesticule dans tout les sens c'est vraiment super marrant, il agite ses bras, se redresse, se penche, fout son nez dans les tulipes comme s'il allait leur rouler un patin. Mais c'est à peu près là que tout part en couilles. Au début je rigole encore quand il renifle le sol comme un chien, mais quand il se relève d'un bon de ninja je me redresse quand même sur les coudes. « Quoi ? » d'après l'expression de son visage soit il est en plein bad trip, soit il vient de découvrir que gigi le largue mais ça a pas l'air cool en tout cas. Lenny est toujours heureux, planant sur sa vie en s'en foutant à peu près de tout. Et la dernière fois que je l'ai vu dans un état pareil c'est quand un petit con a cassé son totem fétiche que Mika lui avait offert pour son anniversaire. « Putain. Qui a pissé sur la relève des Destiny's Child ? » Quoi ?! « Arrêtes bordel ! J'ai foutu mon nez en plein dedans ! » Je m'assois pour le regarder, outrée. Comment ça pissé ? Pissé comme dans pisse ? Comme dans pipi, comme dans urine ? « Aaaaaaaargh... » J'attrappe la chemise de Lenny pour me frotter le visage dedans. J'me sens plus souillée que la fois où sa sœur m'a gerbé à la gueule. Je me jette sur l'arrosoir qui traîne à côté et je me le verse sur la figure. Putain, j'ai pas signé pour un stage de survie sur une ile déserte moi ! « J'comprends pas Sae... » chouine-t-il à présent sur le point de pleurer. Et moi j'suis trempée jusqu'aux os, puant l'eau croupie. Ouais, ça devait pas être de la cristalline là dedans. « Putain moi non plus Lenny. C'est quoi ce bordel séreux ? » je regarde un peu autour de nous en désespoir de cause. Si le responsable est encore dans le coin je jure que je vais lui décapiter le petit oiseau. Alors endossant mon rôle de Saera garde-chasse, je décide de sortir ma loupe et d'enquêter. « Regarde là. » Des traces de pas derrière un buisson, je m'accroupis en plissant les yeux. « Elles sont encore fraîches.... Hm Hm. »