Nobody puts baby in a corner - Jae

Le gars éclate de rire et j'commence à flipper ma race. A tous les coups, c'est un malade. Avec les potes d'Andreas faut toujours se méfier t'façons, y a toujours des gens qui veulent lui pété la gueule, qui sont dealeurs, trafficants d'armes ou qui ont des délires chelous. Il a un don pas possible pour se foutre dans la merde et pour rencontrer les pires déchet d'ce monde. Je regarde le gosse prendre des poses hyper marrantes. Il a vraiment une personnalité cheloue ce mec, c'est le genre de type que tu croises pas partout. J'peux pas m'empêcher de me marrer sous cape en le regardant mais l'alcool joue surement un peu. « Je veux aller faire une exploration nocturne ! » Il secoue l'intégralité de son corps vers la porte, au cas où j'avais pas compris ce qu'il voulait faire et j'esquisse un sourire vantard. « Une exploration nocturne ? Mais d'quoi tu parles, j'ai déjà tout exploré moi ici. » Sur le coup, je le pense sérieusement. Moi et Andreas avons exploré chaque recoin de cette putain de fac, entre les conneries, les coins pour fumer ou stalker des meufs tranquille et les punitions qu'on s'était tapé, j'voyais pas où on allait encore pouvoir explorer quelque chose. Je me lève difficilement, prêt à le suivre dehors. « Allons-y, messire Sangrae ! On va aller à la morgue, et si y'a un corps, tu lui roules une pelle ! » Si ma mâchoire pouvait se décrocher et tomber par terre, elle l'aurait fait. Mon visage outré est tourné vers celui du petit diable qui semble être hyper heureux de son défi. Puis, il ouvre la porte, prêt à partir et je le suis dans le couloir, toujours abasourdi, parlant trop fort. « QUOI ? Comment ça rouler une pelle... A un corps. Attends, tu veux dire- GENRE UN MORT ?  » Je regarde tout autour de moi affolé, pour voir si quelqu'un m'avait entendu gueuler ça, heureusement personne en vue et on arrive vite aux escaliers. Je fronce les sourcils en réfléchissant à un truc horrible pour le punir de son action hyper crade. « Okay, mais si j'le fais, toi tu dois toucher la bite d'un cadavre. Sinon j'lui roule pas d'pelle à ton cadavre. » Une lueur de défi dans l'regard en descendant les escaliers, j'étais presque sûr qu'il le ferait pas. Parce que c'était grave pire d'toucher la bite d'un cadavre putain !

On hausse les épaules et on se fiche pas mal de ce qu'il gueule - ouais, rouler une pelle à un cadavre, et Jaehwa il riait déjà, rien que d'y penser. Il faisait des études d'anthropologie,
donc normal, très normal, qu'il s'y connaisse un max ; et même bourré, il sait que les lèvres du cadavres risquent d'avoir un goût plus ou moins infect, et, qui sait, hein, elles seront toutes dures -
ou des trucs comme ça. Il sait pas trop - et il se contente d'hausser les épaules, en fonçant, tout droit, jusqu'à la sortie. Hop, on se tire, on se casse et monsieur Im gambade jusqu'au bâtiment de la morgue. Infiltration ; personne n'est là, le soir, ici, hormis quelques rats un peu trop amoureux des cadavres - donc il n'a pas de mal à filer jusqu'au couloir de la dite morgue. Hein ? Il lui a parlé de toucher la bite d'un cadavre ? Tranquille, c'est qu'un sexe défraîchi - et Agapé lui en voudra pas. Non ? Si ? Nooon. Alors il réalise que là - et il dit ; « J'vais lui toucher la teub, et tu vas lui rouler une pelle, avec ta langue là. » Clin d'oeil, il tapote l'épaule du blond, pour lui attraper le bras - pas le choix chéri, il fonce, direction (le paradis) la mort ; la porte est ouverte, eurêka, alors il rentre, ferme derrière eux, verrouille, s'il vous plaît. Enfermés avec des cadavres. Glauque. « Allez. Roule lui une pelle. Enfin, si trouves-en un à ton goût.  »

« J'vais lui toucher la teub, et tu vas lui rouler une pelle, avec ta langue là. » Je prends la mesure de ses paroles beaucoup trop tard, et seulement parce qu'il le répète. On est déjà dans la morgue quand je réalise qu'il veut vraiment que j'roule une réelle pelle à un macchabée. J'esquisse une grimace dégoutée en pensant au fait d'introduire ma langue dans une bouche morte et chasse très vite l'image de mon esprit pour me concentrer sur l'instant présent, à savoir farfouiller tout autour de moi pour découvrir des secrets morbides. L'idée me fait doucement marrer et je commence à ouvrir tous les tiroirs du bureau sans rien trouver d'intéressant avant d'entendre l'autre idiot fermer la porte à clef.« Allez. Roule lui une pelle. Enfin, si trouves-en un à ton goût. » « Hé, qu'est-ce tu fous mec ? J'te jure si t'essaies de m'tuer je- » Je regarde tout autour de moi avec affolement, réalisant subitement que je suis en plein scénar de film d'horreur. « Bah j'te maitrise en fait, t'as vu ton corps de lâche ? T'approche pas gros. » Je le fixe du regard pendant une seconde avant de réaliser que le mec est complètement déchiré, il aurait pas des plans comme ça, il veut juste que j'embrasse un corps. J'éclate de rire de soulagement. « Ah putain, j'avais oublié que t'étais toi pendant une seconde, j'ai cru que t'allais m'tuer et me foutre dans un tiroir et tout. » Je vais ouvrir le premier tiroir, toujours en rigolant et sort le premier mort de sa cachette. Je me recule subitement, une grimace dégoutée sur le visage. « Wow. » Il est vraiment mort. Bah ouais, j'sais pas à quoi je m'attendais mais pas à ça. Curieux, j'le touche du bout du doigt. Le type est tout pâle comme dans les films et sa peau est bizarre, plutôt dure et froide. Comme dans les films quoi, ils nous on pas menti. « Et t'as vu, ça fait comme dans les films. » Je souffle ma phrase à mi-voix, comme si j'venais d'entrer dans une église ou, j'sais pas, de déranger un mort ? Je referme vite fait le tiroir pour en ouvrir un autre, soudainement excité comme un chercheur d'or devant une pépite de la taille de sa tête. Je tombe sur une fille cette fois et je déglutis. Parce que je capte enfin que c'est pas un jeu, que c'est des vrais gens morts pour de vrai. Parce que la fille est très jeune, trop jeune, et qu'elle a les cheveux d'un noir d'encre. Parce qu'elle me rappelle ma soeur, qui a surement dû trainer dans un tiroir elle aussi même si je l'y avais pas vu. Je déglutis difficilement et reste planté là, les yeux brillants, le coeur affolé, les pensées confuses.

Si Jaehwa n'était pas bourré.. S'il n'était pas bourré, il comprendrait, certainement, sûrement, sans aucun doute, qu'il est dans une morgue, avec un mec qu'il vient à peine de rencontrer, le colocataire de son meilleur pote, d'Andreas ; et il serait un peu flippé, parce qu'il était dans le royaume des morts. Pas non plus dans un cimetière, non, c'était pire ; ils étaient tous chair et os, ils étaient encore un peu vivants - et il se croirait dans un film, il les verrait se redresser, l'attraper, le bouffer, et lui, il crèverait, là, comme un con, étendu sur le sol. Il serait aussi effrayé par l'odeur peu agréable, par le mélange de chair putréfiée et de sang, et par l'atmosphère elle-même - mais c'était pas le cas. Bourré, Jaehwa, il sourit, tout fier, tout content, et il gambade, il touche à tous les outils, tout ce qu'on a laissé dehors, sûrement parce qu'on a pas de tête ; il tripote les scalpels, s'amuse avec les ciseaux, les rubans, les aiguilles ; et il s'improvise chirurgien d'un morceau de papier, avant d'entendre l'autre causer. Ah, ouais, il doit l'embrasser, c'est vrai - il a déjà oublié, en fait, il est parti loin, très loin. Le speech sur son corps de lâche ? Que nenni, il a rien entendu, et s'il avait tout entendu il aurait juste haussé les épaules - ouais, cool, il sait qu'il est pas musclé, mais Rae est pas mieux, hein, faut pas qu'il s'croit plus fort que John Cena, le p'tit con. Secoue sa tête, et secoue ses mains, il danse sur une musique qui n'existe pas, avant de rire à sa remarque. « Bouhhh, les morts vont se leveeeeeeer. » Aucun respect, il le sait, il aurait honte, s'il en était conscient (peut-être qu'il l'est) ; et il vient attraper les bras de l'autre, pour le tirer, jusqu'au cadavre masculin. « Eh, en vrai, j'me suis touuuuuuuuuuujours demandé à quoi ça ressemblait, une bite décomposée. » Oh Jaehwa, ton cerveau (me) te manque. Il glisse sa main sous le draps qui respecte la pudeur du défunt ; et hop, monsieur tripote le chibre de ce dernier, avant de vider tout ce que son estomac avait - sur les chaussures de Sangrae.