J'peux pas, j'ai piscine. - André

Je jette un regard noir à Andreas par delà le mètre cinquante qui sépare nos deux chaises face au doyen. J'vais l'tuer, j'vais l'buter cet enculé. Franchement, si on était pas dans l'bureau du boss des boss, je lui aurait déjà sauté dessus en hurlant. Déjà que j'ai pas de time dans ma vie mais si en plus il m'entraine dans des plans pareils, j'suis mal. Je bous intérieurement pendant que le doyen nous fait sa petite morale à deux balles avant que la sentence ne tombe. Trente-six heures de travaux forcés dispachés entre la maison de retraite du quartier, l'équipe de nettoyage du campus et la cantine. Vous pouvez y aller et si je vous revois ici c'est à la porte. Je vois la bouche de mon pote s'ouvrir et je le envoie un coup de pieds assez violent pour lui montrer que j'suis pas content-content avant de sourire au doyen. Bonne journée monsieur, on vous embêtera plus. J'attrape Andreas par sa veste pour le trainer dehors en marmonant entre mes dents. J'vais t'tuer, j'vais t'tuer, t'es mort mec. Tu t'souviens du gars ninja qui t'poursuivais ? Bah j'vais l'retrouver et te livrer à lui. Une fois dehors je lui fous une baffe derrière le crâne. Espèce de petit enculé ! Pourquoi tu voulais qu'on aille piquer de la bouffe à la cantine alors qu'on en a chez nous ???? Bon, pour être honnête, j'étais carrément chaud aussi une heure plus tôt quand on l'avait fait. Et encore plus chaud quand on s'était vidé les pots de ketchup et de moutarde dessus en mode commando dans les cuisine. Je continue de le bassiner à propos de à quel point c'est sa faute et pas la mienne en descendant à la piscine où on aller devoir nettoyer les mycoses vaginales et les poux des gens alors qu'il était déjà vingt heures et que j'bossais à vingt-trois heures. Sérieux, si ça avait été mon idée ça s'saurait ! C'est qui qui a débarqué dans ma piaule en chialant parce qu'il avait faim ?

tenue + Quelle histoire, quelle idée. Andréas le bouffon des temps modernes, le gamin de vingt-huit ans qui parfois, n'avait même pas dix ans dans sa tête. Quelle idée d'être aussi con, vraiment et comme d'habitude, il entraînait Rae dans ses histoires à la con. Les inséparables, comme deux couilles – et le pire c'est qu'Andreas n'avait même pas à convaincre Rae, il venait lui-même le suivre dans ses conneries. Les deux incorrigibles étaient donc convoqués après avoir saccagé la cuisine, parce qu'ils ne s'étaient – évidemment – pas contenté de voler de la nourriture, mais aussi de foutre le gros bordel. À quelle heure un mec de vingt-huit ans et un mec de vingt-deux ans font des batailles de ketchup-moutarde. Bref, les deux devaient se coltiner le nettoyage de la piscine après s'être bien fait engueulé. Andreas avait le droit aux regards noirs de son pote qui lui reprochait de l'avoir entraîné dans cette histoire. « Dude, jt'ai pas forcé là casses pas les couilles. Et si je voulais piquer de la bouffe c'est parce que j'avais la dalle ma gueule. ». Il soupirait, c'était quoi cette question ? « Tu crois j'ai la tune pour aller acheter à manger à chaque fois que j'ai la dalle, t'as cru, toi. ». De toute façon il préférait toujours acheter de l'alcool, on se demandait plus vraiment pourquoi il était aussi maigre. Arrivé devant la piscine, qui avait été vidée. « Nique sa mère, ils devaient faire le ménage, mais ils ont eu la flemme et nous l'ont refilé en T.I.G, cette bande d'enculés. ». Il regardait son pote avant de lui taper sur l'épaule. « Mec, arrête de chialé. Pour la petite histoire j'ai déjà ken dans cette piscine. Allez courage. ». Il lui offrait un sourire, même si lui-même trouvait ça dégueulasse, en sachant qu'il n'était pas le seul à avoir fait ça. Les gens étaient vraiment dégueulasse – lui le premier, du coup.

dude, jt'ai pas forcé là casses pas les couilles. et si je voulais piquer de la bouffe c'est parce que j'avais la dalle ma gueule. tu crois j'ai la tune pour aller acheter à manger à chaque fois que j'ai la dalle, t'as cru, toi. Je lâche un claquement de langue agacé.
Ce mec me fatigue. Pourtant d'habitude c'était moi qui fatiguais le monde. Il est clairement pire que moi, ce con. Des fois je me dis que si j'suis aussi débile c'est surement parce que j'ai grandi avec lui. L'odeur de moutarde me pique les narines. Putain, tu pues. T'sais quand je te regarde je me dis, j'espère que t'auras pas de gosses pour polluer cette terre gros. On arrive enfin à la piscine, qui est vide. J'me dis aussitôt que ça va être pire que ce que je pensais. Au moins si elle était remplie on aurait pu piquer une tête ou se cracher de l'eau dessus. Ils nous ont laissé de l'eau de javel, des balais, des éponges et de l'eau savonneuse dans un coin. Je lâche un soupir en regardant le plafond. Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça putain ? nique sa mère, ils devaient faire le ménage, mais ils ont eu la flemme et nous l'ont refilé en t.i.g, cette bande d'enculés. mec, arrête de chialé. pour la petite histoire j'ai déjà ken dans cette piscine. allez courage. J'esquisse une grimace indignée. Quoi ? T'as ken qui dans cette piscine enfoiré ? Putain, déjà j'dois nettoyer les mycoses des gens et maintenant tes résidus de foutre en plus ? Sérieusement. Faut pas qu'je joue au loto aujourd'hui, j'ai une poisse plus grande que ta connerie. Je saute avec classe dans la piscine, y a des trucs comme ça que je sais faire avec classes. C'est assez limité et quasiment toujours en rapport avec le sport. Le hockey m'a rodé. J'attrape un balai et en balance un en direction d'Andreas en espérant qu'il se le prendra dans la gueule. Allez, au boulot Cendrillon, y en a qui bossent après. Putain, ça m'déprime rien que d'y penser. Tu m'as encore volé une nuit de sommeil là. Tu m'en devais déjà deux, tu pourras jamais me les rembourser. Puis je commence à frotter le sol à moitié gluant comme un gueux.

tenue + Il soupirait, quand est-ce que Rae arrêtait de râler, même ? Il regardait alors son acolyte avant de lever les yeux aux ciels. « T'as de la chance d'avoir choppé le ketchup, moi-même je m'infeste, mais gros con c'est ta faute, tu m'as balancé de la moutarde dessus. Heureusement que j'ai pas spécialement d'affection pour mes fringues, là, parce que jt'aurais niqué la gueule ». Avec son corps de lâche, on y croit, oui. Ils regardaient tous les deux la piscine désespéré et quand Rae lui demandait avec qui il avait couché dans la piscine, il haussait les épaules. « Comme si je me souvenais de son nom ». Il fallait regarder la vérité en face, Andreas devait vraiment se calmer. Entre les fêtes, l'alcool et les femmes, il allait vraiment mourir jeune. Il regardait Rae sauter dans la piscine, c'est vrai que son con avait l'air classe, à côté de ce clampin d'Andreas, qui descendait pas les escaliers, telle une grosse merde. N'importe qui pouvait dire que le sport ce n'était pas son fort, de toute façon. Il attrapait les trucs pour nettoyer avant de se relever pour regarder son pote « Surtout enlève pas des chaussures et touches pas les parois à mains nues, on sait jamais ce que tu pourrais chopper, y pourrait y avoir le sida dans ce truc putain. ». Pas qu'il était hypocondriaque, mais il savait bien que les gens ne faisaient pas que nager et surtout, qu'il n'y avait pas que des gens propres dans ce monde. C'est bien pour ça qu'il détestait les piscines communes. Il commençait à nettoyer, c'était super glissant et ça puait le chlore et le sale. « Putain d'sa mère, ça fait combien de temps qu'ils ont pas nettoyé ce truc, tema c'est orange et vert ». Il pointait le bas de la paroi. Heureusement, la piscine n'était pas si grande que ça. Mais voilà, Andreas avait envie d'être chiant et lourd, comme d'habitude. Il envoyait de l'eau mousseuse sur son pote, comme un débile. Pourquoi nettoyer dans le calme quand, eux-mêmes, étaient crades et couvert de moutarde-ketchup. C'était une très mauvaise idée, vu que c'était glissant, mais ce n'est pas grave, Andreas, l'enfant de vingt-huit ans, n'avait pas envie de travailler. Entre deux, il frottait le fond avec le balais-brosse, pour faire genre, au cas où quelqu'un arriverait pour les surveiller.

« t'as de la chance d'avoir choppé le ketchup, moi-même je m'infeste, mais gros con c'est ta faute, tu m'as balancé de la moutarde dessus. heureusement que j'ai pas spécialement d'affection pour mes fringues, là, parce que jt'aurais niqué la gueule » J'peux pas m'empêcher de partir d'un grand rire en poussant légèrement mon pote. « Bah viens gros j'tattends. On sort on fait un tête. » Puis je descend dans la piscine, suivi par ce gros empoté d'Andreas. « surtout enlève pas des chaussures et touches pas les parois à mains nues, on sait jamais ce que tu pourrais chopper, y pourrait y avoir le sida dans ce truc putain. putain d'sa mère, ça fait combien de temps qu'ils ont pas nettoyé ce truc, tema c'est orange et vert » Je lâche un nouvel éclat de rire. J'arrête jamais de me marrer quand je traîne avec lui, c'est surement pour ça que j'le fais toujours. Parce que depuis le temps et les vieux plans dans lesquels on a un don pour se fourrer, j'laurais surement tej sinon. « Tu m'étonnes, ils pourraient fournir des gants de vaisselle, c'est vraiment des connards. » Je vais pour tremper mon balai dans l'eau et l'autre con me balance de l'eau pleine de savon dans la gueule. Je me fige et cligne des yeux, les cheveux trempés tombant dedans. Je le regarde avec ce genre de regard qui veut dire J'vais t'enculer connard. Et puis j'ramasse l'éponge trempée et je la lui lance dans la gueule. « Bouffe enculé ! » Je me marre en voyant sa tête dépitée puis je montre le sol d'un coup, en ouvrant de grands yeux. « HÉ ANDREAS, LE SOL C'EST DES MST. » Il sait c'que ça veut dire. S'il reste au sol plus de trois secondes, il se prend une pichenette. « UN. » Il hait les pichenettes et j'crève d'envie de lui en mettre une, c'est l'truc le plus drôle du monde. « DEUX. » Je me met à courir vers lui en me disant qu'il va pas y arriver.

tenue + Quelle belle idée d'envoyer les deux crétins de service à la piscine. Pour nettoyer en plus, comme s'ils allaient faire le ménage – ils allaient même tout faire sauf ça, en fait. Andreas emmerdait Rae et vis-versa, quand ce n'était pas l'un, c'était l'autre. Celui qui avait déclenché la bagarre ketchup-moutarde, c'était Rae et là, la bataille d'eau c'était Andréas. Comme d'habitude, pas un pour rattraper l'autre. À les voir on ne devinerait pas qu'ils avaient tous les deux plus vingt ans et pire, que l'un d'entre eux était presque trentenaire. Et voilà que Rae lançait un petit remake de the floor is lava. Et comme Andreas n'est pas très rapide à réfléchir il arrive bientôt à la limite de temps, de ce fait, sans réfléchir – pour changer hein – il sautait sur son ami, qui n'était visiblement pas prêt du tout. Et ce qui devait arriver, arriva. Les deux finissaient au sol. Rae glisse sur l'eau et Andreas s'écroule sur lui, se rattrapant sur son poignet. « PUTAIIIIN ». Le faux malade hurlait sans s'arrêter, comme un damné, comme s'il venait de mourir – ne vous inquiétez donc pas, c'est juste une chochotte. « T'es vraiment con avec ton floor is mst. Putain gros, ça va toi ? ». Rae avait l'air d'avoir vraiment mal – quelle tapette, il avait l'habitude avec le hockey, non. Il soupirait, c'était vraiment des trimards, putain. « Bon bah go se faire soigner man » direction pour l'hôpital, pas le choix. Andréas c'était un bébé, il avait besoin qu'on s'occupe de lui et de toute, Rae était pas mieux.