Rallumer les étoiles de tes yeux (Sunah

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+++ Sunah. Simple béguin? Rien de moins certain. Une fois arrivé devant sa porte, la timidité le rongeait, le prenait aux tripes pour le secouer sans douceur. Son visage est déjà rapidement gagné par les rougeurs et ses mains manquant de lâcher à chaque instant la hanse de son sac. La timidité, c’était son défaut, son, le pire de tous, mais c’était aussi ce trait si prononcé qui le distinguait des autres moutons du troupeau. C’était comme le zéphyr, une bourrasque violente et pourtant douce qui le gagnait chaque fois qu’il parlait en public ou qu’il croisait le regard d’un autre. ça le faisait chavirer, faisant trembler sa voix à la rendre si douce pour un homme tandis que sa peau neigeuse se pâlissait honteusement d’un rouge carmin.

Mais cette fois-ci, c’était d’une intensité qu’il n’avait jamais encore connu, comme un noeud qui se formait au fond de sa gorge, une boule de sentiments qui cherche à s’échapper, à se délivrer, à le bouleverser. Adossé contre le mur en face de la porte, il a le souffle qui s’égare, le coeur qui s’affole, les idées qui s’entremêlent; preuve indélébile que son coeur n’avait pas été insensible aux charmes d’une autre, et cela pour la première fois. C’était fou comme elle n’était pas comme toutes ces filles : elle avait le visage rond, les cheveux courts, le corps d’une sportive, c’est dingue comme elle était différente de toutes ces princesses-là qu’il s’était imaginé, si belle, rebelle qu’il en oublie déjà sa juliette et son amour intemporel. Et il sourit comme un idiot en y repensant. Ah, c’était troublant de voir l'expression qu’il affichait sur son visage, si joyeuse et si enjouée, le sourire à en décrocher les étoiles, les yeux à en faire pâlir la plus belle des constellation. Où était passé le sombre artiste, l’obscur écrivain, le timide protagoniste? Elle l’avait changé.

Il toque à la porte lentement, trois coups avant que son regard se retrouvent déjà à fuir et à chercher une issue de secours. « S-Salut! » Il entend ses pas, la porte qui grince le forçant alors à affronter le contact visuel. Timide, et peu confiant quant à la première impression de la journée, il sourit tant bien que mal avec sa bouille d’enfant, les yeux plissés en demi-lune sous la joie non dissimulée, tandis que sa main vient se fourrager dans sa crinière décolorée. « je sais que je suis en a-avance, mais euh… c'est parce que j’avais peur d’être en retard. »

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Ah, Yuuki. Elle lui avait fait une promesse, et elle comptait bien la tenir. Le perdant devait un café à l'autre. Bon, le café allait sûrement finir en goûter très copieux vu qu'elle avait bien mais, ce n'était qu'un petit détail, non ? Puis de toute manière, elle était invitée aujourd'hui, alors elle pouvait se permettre de se faire plaisir. Car Yuuki allait payer, tout à fait. No worries, elle allait tout de même faire attention à ne pas le ruiner, bien évidemment, en évêque responsable et mature. A condition qu'elle ne soit pas trop confrontée à des gâteaux au chocolat, au risque de perdre tout self control.
Elle l'aimait bien, Yuuki. Il semblait être un bon garçon. Gentil, poli, courtois, et assez amusant de par ses réactions. Puis, il était un sportif, un judoka et un Saja. Que demander de mieux ? Franchement, il accumulait les qualités. Et bien que Su Nah le connaissait à peine, bien qu'elle le découvrait tout juste, elle appréciait déjà sa compagnie. Ce petit pari entre les deux était loin d'être une corvée pour elle, au contraire. Et elle était ravie de pouvoir le rencontrer une fois de plus, dans un cadre plus propice à la discussion. Elle s'affairait encore à se préparer, histoire d'être présentable, lorsqu'elle entendit toquer à sa porte. Et lorsqu'elle ouvrit... « Oh, Yuuki ! Salut ! » Elle lui sourit, étonnée par sa présence. Ils étaient censés se retrouver dans dix minutes, non ? Ou alors... « Merde, je suis en retard ?! Désolée désolée désolée ! » Et voilà, ou comment gâcher les choses dès le départ. Sauf que. Sauf qu'elle fut rapidement rassurée par le Saja. Il était en avance, de crainte d'être en retard. Elle bugua l'espace de quelques instants, le temps d'analyser l'information avant de rire, amusée. C'était un bon raisonnement. Elle devrait prendre exemple sur lui,
tiens. « T'as raison. Mieux vaut être en avance qu'en retard. J'ai pas encore fini de me préparer, tu n'as qu'à rentrer m'attendre à l'intérieur, comme ça tu pourras découvrir l'ultime chambre du dortoir, celle de l'évêque, héhé. » Petit clin d'oeil complice alors qu'elle se poussait pour le laisser entrer. Eh oui, un privilège que d'entrer dans cette chambre unique, à laquelle n'avaient accès que les privilégiés. Elle le laissa s'asseoir sur le fauteuil, avant de retourner devant son armoire, prendre quelques vêtements au hasard. « J'adore ton haut. Tu me mets la pression, faut que je sois bien habillée moi aussi du coup ! » Elle rit de nouveau, avant de prendre une tenue et d'aller dans sa salle de bain, revenant quelques minutes après. « Alors ? Tu valides ? On peut y aller ? »

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+++ Que faire dans cette situation? Que ferait ces mecs-là? Yuuki voudrait hurler des choses avec assurance, bomber le torse, la saluer et agir en toute banalité. Mais il n’était justement pas banal. Si on lui avait appris depuis son enfance à se comporter en présence d’autres fortunés, lorsqu’il s’agissait de simple formalités, le garçon à l’éducation bouleversée se retrouvait perdu à chercher parmi ses bribes de souvenirs. C’était quoi déjà de sortir avec quelqu’un? Avec comme unique référence les livres qu’il aurait autrefois lu, ou encore les témoignages de sa meilleure amie, le garçon se retrouvait à rougir en réalisant à quel point il était étranger à toutes ces situations-là. Alors il bégaie, parle si vite qu’il se retrouve limitée à des salutations abrégées, le sourire presque forcé (mais pas faux pour autant) et les bras crispés contre la hanse de son sac. Douce comme le givre sur les pétals de cerisier, sa voix douce le fait tressauter, il relève ses yeux d’un battement de cils, se décrochant de la que lui offrait l'asphalte pour en admirer une des plus sublime; la plus belle des créations. L’apparence qui semble d’une banalité affligeante et pourtant, si ses yeux semblaient être tout les attraits d’une asiatique, son sourire poupon en était des plus beaux, tout comme sa peau neigeuse et ses cheveux d’ébènes. Blanche-neige serait-ce? Aussi douce et belle que la princesse, aussi désirable et admirable que celle que l’histoire de l'héroïne l’on contait aux enfants.
Mais si elle était une princesse,
Avait-il le droit de prétendre au titre de prince?
Son visage pâlit sous la peur lorsqu’elle l'invite à entrer. Et avant même de commencer à lutter il se fait vaincre par son sourire et sa main qui l’invitait. Alors il s’assoit, s’enfonce presque contre le fauteuil tellement il souhaitait disparaître, jusqu'à ce qu’elle ressorte de la salle de bain. « ça te va vraiment bien ! » mais tout te va à merveille. Et il sourit, oublie vite sa panique intérieure (pourvu qu’il s’en aille vite) attrape son sac tandis qu’il sort rapidement de l’appartement pour lentement se diriger vers leur destination. « A-Au fait, moi c’est Asai Yuuki. C’est m-mon nom complet. Je crois que je n’avais pas eu l’occasion de me présenter lors de notre rencontre...alors voila. »

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Mais c'était justement ce qui le rendait différent. Intéressant. Su Nah avait vite remarqué qu'il n'était pas exactement comme tous les autres garçons. Peut-être un peu plus amusant... Moins banal. Oui, moins banal. Et être en sa compagnie était agréable. Très agréable. Drôle, surtout. Elle se souvenait encore de leur petit fight lors des jeux de la Haneul, un moment mémorable dont elle se souviendrait sûrement très longtemps. Et de sa tête, lorsqu'il avait fait descendre son pantalon sans le faire exprès... Dire qu'à ce moment-là, il avait été le plus gêné des deux. D'ailleurs, là aussi, il ne semblait pas très à l'aise. Elle ne savait pas si elle le brusquait un peu trop ou... Peut-être qu'elle était trop pressante, envahissante ? Enfin, Su Nah était de nature amicale, mais son but n'était surtout pas de le gêner, bien évidemment. Simplement de le mettre à son aise. Elle avait entendu dire – car oui, elle n'y croyait pas vraiment – qu'elle pouvait parfois paraître intimidante, d'autant plus qu'elle était l'évêque de la fraternité, mais elle ne voulait surtout pas qu'on puisse penser qu'elle était inaccessible. Au contraire. Elle était accessible, elle voulait l'être en tout cas.
Alors elle le fit entrer dans sa chambre, histoire de lui faire découvrir l'endroit où elle vivait. Puis, après lui avoir montré sa première tenue... Elle lui allait bien. Et il ne semblait pas être du genre à mentir, le Yuuki. « Parfait ! On y va alors ! » Ils allaient enfin pouvoir manger. Après avoir refermé la porte de l'appartement, ils se mirent en route. « Asai Yuuki, Judoka. Je crois que j'avais entendu ton nom à un moment, avant qu'on commence notre match, pendant les jeux. Et vu comment ce match-là a été mémorable, je ne risquais pas d'oublier ton nom, c'est certain. » Elle rit un peu, avant de lui adresser un clin d'oeil. « Moi c'est Kim Su Nah, mais tu le sais peut-être déjà. Tu peux m'appeler Nana, en tout cas. » Elle lui sourit, avant de s'approcher pour prendre son bras. Elle espérait que cela l'aiderait à être plus à l'aise avec elle, sans se douter bien évidemment que ça pourrait avoir tout l'effet inverse. « Alors, dis-moi Yuuki, tu as déjà une idée d'où est-ce qu'on va aller ? Je meurs d'envie de manger un bon gâteau au chocolat. J'en peux plus des protéines tous les matins. » Elle grimaça, avant de rire. Il voyait sûrement ce dont elle voulait parler, sportif qu'il était.