MIKA + SIWAN

→ Tu regardes l’écran de ton appli plans avec une grimace avant de relever les yeux vers la porte rouillée et grinçante de l’entrepôt abandonné. L’odeur du sel marin te monte aux narines et tu t’dis que c’est vraiment un endroit chelou pour organiser un concours de shot. Tu entres dans le bâtiment mal éclairé accompagné de ton binôme, des néons te pètent la rétine et tu commence à trouver l’ambiance glauque, surtout quand tu vois tout le monde réuni sur des vieux canapés défoncés, autour d’une table bancale où s’alignent un max de shots de toutes les couleurs. Une meuf avec des fringues qui dévoilent beaucoup trop son corps t’alpague pour t’expliquer le but du jeu et t’en profite pour détailler l’entrepôt. Une énorme carcasse de bateau trône au milieu du bitume gris et froid taché ça et là par la moisissure et tu t’dis que ce serait méga-cool d’aller l’explorer. « Le but est simple, celui qui boit le plus de shots sans finir K.O. gagne l’épreuve. » Facile, que tu pense. T’es presque sûr de gagner.

Franchement, les jeux haneuliens ça va être les doigts dans le cul pour ma gueule. Ahah, non mais sérieux, je reluque le nabot contre qui on m’a foutu. bon, okay, il est vraiment mignon ce nabot mais faire un concours de shot… j’ai pas envie d’avoir un cadavre sur la conscience, moi. Le pauvre gueux se retrouve avec l’alcoolique la mieux bâtie de la fac. Jésus tout puissant, il va prendre cher. Bon je donne pas une vingtaine de shot à mon corps avant de se désintégrer en une masse insignifiante de pue et chanel n°5 m’enfin bon. Passant outre le parfum de grand-mère, je passe un doigt rageur dans mes cheveux. « aie p’tin » l’une de mes nombreuses bagues en toc vient de se coincer dedans. Alors je suis là comme une pauvre conne, la main coincée dans les cheveux, prenant un air faussement naturel devant Siwan. « Quoi. Pourquoi tu me regarde comme ça toi ? » je renifle avec négligence histoire de faire passer les restes de coke sur ma paroi nasale. Je suis même pas certaine d’en avoir pris assez une fois que je débarque dans cet entrepôt. Méchante ambiance, je suis en kiff total sur la lugubrité de l’espace. Cette vieille carcasse de bateau au centre de l’attention, je me  met à grincer des dents, trop tentée d’aller y jeter un coup. Je porte à peine attention à la nana à poil qui jacte. Pour l’heure, it’s time to gerber toutes mes tripes avec des shot pourris. Je prends place en face de siwan et lance un « à la tienne p’tit cul ! » avant de boire cul sec, tel une guerrière des temps modernes, la main toujours québlo dans mes cheveux..

Le jeu allait commencer, jusqu’au bout il s’était dit que cette épreuve était amusante. Siwan avait souhaité faire partie de cette activité, simplement pour connaître son point mort pour l’alcool. C’était aussi un jeu pas mal intéressant. Par contre son adversaire était amusante, il ne pouvait s’empêcher de sourire en la regardant. « Je te trouve juste marrante » dit-il en haussant les épaules. Elle faisait ce qu’elle voulait par la suite, il se contentera de rire d’elle. Elle prit le premier shot, il en fit de même pour se préparer mentalement. Il savait boire mais il ne connaissait pas ses limites non plus. Il penche la tête sur le côté et lève le shot à son tour. « A toi petit seins » dit-il avec un sourire au coin. Si on voulait être con, autant l’être jusqu’au bout. Il ne la connaissait pas cette Mika, mais elle était bien différente des Saja quoi que Coco était pas mal dans son genre. Siwan était sûr qu’elles étaient potes toutes les deux, c’était obligatoire. Il sourit avant de finalement boire le shot d’un coup. Ca brulait la gueule, ça pouvait désinfecter n’importe quoi.

Bordel je ne sais pas trop ce que je viens d’avaler mais mon cul sec passe subitement un peu moins que ce à quoi je m’attendais, comme un arrière-gout de vomit. Je finis par m’auto-persuadé que ce n’est pas le cas, même si ça l’est. Tout ce que j’ai pour faire passer le gout immonde c’est ma conscience et ma défonce, alors je regarde Siwan qui me traite de petit sein. « T’es sérieux ? tu trouves que ça c’est p’tit ? » outrée à souhait je soulève mon tee-shirt pour lui montrer mes énormes nichons ornés de piercings aux tétons. N'étant pas prude pour un sous, il n'était pas le premier et ne sera ni le dernier à affronter mes obus féminins. « Si ça c’et petit…. Tu dois vraiment aimer les vaches à lait…. » j’explose de rire en faisant tinter mon deuxième shot dans le sien et lâche un « A la tienne mon p’tit nabot ! » et pouf j’englouti le liquide, priant pour éviter le pire. le tout, les seins toujours à l'air, bien évidement. Ça aurait été trop facile sinon.

De la tequila, ça lui allait. Il la regarde avec un sourire au coin alors qu’il voyait sur sa tronche qu’il n’appréciait pas ça. Il l’avait charier sur sa poitrine, elle semblait plus que choqué de sa réaction. Ca l’amusait un peu. « J’ai vu plus gros » dit-il en haussant les épaules. Voilà qu’elle lui montrait sa poitrine maintenant. Il la regarde avec un sourire aux lèvres avant d’hausser les épaules. « J’aime toutes les sortes de femme » Comme on dit, tant qu’il y a un trou c’est que ça fonctionne. Mais son cœur est clairement pris par le métisse… son premier et unique amour. Il lève à son tour le shot qu’il venait de prendre et le but à la suite, cul sec. C’était le deuxième, à voir si c’était le dernier.

Le dernier shot que t’a bu te fait tourner la tête, t’as du mal à comprendre ce qu’il se passe autour de toi, tu vois des trucs chelou qui sont pas censés être là, on dirait bien que quelqu’un avait glissé un peu de poudre dans ton verre. Il va falloir essayer de survivre dans l’environnement hostile plein de danger qu’est le hangar à bateaux où tu t’es échoué. Tu ferais mieux de pas trop t’éloigner de ton binôme, il est peut-être moins défoncé que toi après tout.