Welcome to madness ft. Kang Tae Jun (-18)

Cela faisait déjà cinq minutes que j’étais enfermé dans la cave. La « punition » de Jun parce que j’avais eu une folle aventure avec sa soeur chérie. Honnêtement, j’avais pas vraiment de respect pour ce genre de choses. Si je voulais écarter les jambes d’une nana, je le faisais, soeur ou pas. Et comme notre évêque avait la main forte sur l’affaire, il n’avait pas hésité à m’enfermer dans la cave.
Il ne connaissait rien de mon passé, mais moi oui. Vivre une expérience traumatisante en étant enfant n’arrangeait en rien la situation, au contraire. Mais je ne m’étais pas dégonflé, je l’avais regardé droit dans les yeux avant de rentrer dans ma « cellule » et de dire un :

Tu ne sais pas ce qui t’attends…

Et je m’étais assis sur le canapé alors que la porte s’était refermée à double tour. Le silence, les murs oppressants et ce manque de lumière me rappelait trop de mauvais souvenirs.
Moi, enfant, peut-être cinq ans en train de pleurer toutes les larmes de mon corps, de hurler, de supplier mon père de me laisser sortir. Mais il ne m’a jamais écouté. Peu de personnes le savaient, voire personne ici. Ma mère avait été la seule à nous protéger de cet homme égoïste et violent qu’était mon géniteur. Enfermer son propre fils pendant des heures dans le noir, à l’ignorer et à balayer d’un coup de main son pardon juste parce qu’il n’était pas assez digne d’être Lee Won.
Je prends une grande inspiration en attendant de voir ma propre condition. Ça n’allait pas trop mal, jusqu’à ce que j’ai les mains moites, que mon esprit commence à se renfermer jusqu’à ce que j’ai de plus en plus de mal à distinguer ce qui m’entoure. C’est la décadence, la démence même. J’ai des sueurs froides, mais je reste encore calme.
Puis je les entends, les pleurs, les hurlements sourds et ma pauvre mère qui essaye désespérément de me sortir de là, en vain. Ça s’accumule, je me perds, ma santé mentale se disperse, se fait engloutir par les vieux démons qui m’habitent encore depuis des années. C’est de sa faute. Il n’a pas le droit. Pour qui il se prend ? Je vais le tuer. Je vais le réduire en charpies jusqu’à ce qu’il disparaisse de la surface de la terre. De mes propres mains je lui ôterai la vie.
Puis sans que je ne le remarque, je fais voler la table basse juste devant moi dans un violent fracas de bois et de verre. Tout ce qui est à proximité y passe. Les verres, les lampes.
Je saigne sûrement, mais ça m’est égal, je ne le sens pas. J'ai le coeur qui bat tellement fort que je pourrais faire n’importe quoi. Du moment que je sors de cet endroit qui me fera perdre définitivement la raison.

« Mais comment ? Il nous a enfermés »
« TAIS-TOI ! »
« Tu es moi, et je suis toi, tu le sais Won, alors pourquoi tu me rejettes ? »
« TA GUEULE !! DISPARAIS !! »

J’ai beau lui lancé tout ce que je veux à la figure, le petit garçon que j’étais est hors de ma portée.

« Il ne nous pardonnera jamais. »
« JE N’AI PAS BESOIN DE PARDON. MOI ! LEE WON ! TU N’EXISTES PAS ! »

Je suis fou, je reconnais que je n'ai plus aucun contrôle. J’ai soudainement envie de tout détruire, de laisser ma haine parler à ma place, de prendre le contrôle de mon être intégralement.

Je suis essoufflé, je peux distinguer des pas derrière la porte, des voix qui s’élèvent au travers. Il y en a un qui entre, je le bute. Je me fiche de qui sait, mais si c’est Jun, alors je n’hésiterai pas à lui faire voir quel monstre je peux être aussi. Me sous-estimer est mal me connaître, me forcer à plier devant ses méthodes est une grave erreur.

Il y a du verre partout, je peux voir le reflet de la surface brillante à cause de la faible lueur de la dernière lampe à terre qui fonctionne encore. Je regarde mes mains, sanguinolentes, avec des traces de coupures, de violence. Puis je ris, parce que ça me fait du bien de laisser évacuer toute cette rage que j’ai enfermé au fond de moi, parce que personne ne pourra la comprendre et que le seul moyen que j’ai, c’est de tout détruire pour qu’on m’écoute enfin.

« KANG TAE JUN !! »

Oops. Le bar y passe. Tout. Il n’y a plus d’évêque qui tienne, ni de sous-évêque. Il n’y a plus que moi, ma haine et les autres. Ça me fait rire, de voir que tout peut se briser si facilement comme on m’a brisé moi par le passé. J’ai envie d’infliger cette même souffrance à celui qui détient la clé de cette prison maudite. Qu’il crève qu’il me supplie à son tour et qu’il implore mon pardon à genoux. Le voir aussi pitoyable que je le suis maintenant. Parce que je le reconnais qu’à l’heure actuelle, je n’ai rien de classe, mais plutôt d’effrayant, un malade mental.
La porte s’ouvre et je me retourne pour voir les visages horrifiés de mes camarades. Suivi de Jun qui aussi a l’air d’être putain de choqué. Enfin une trace de peur sur son visage.

Il n’a peut-être pas compris ce qu’il vient de se passer, mais je sais déjà que moi, j’ai envie de le buter, ou de me buter aussi. Parce qu’une vie aussi futile que la mienne ne contribue à rien.

« Oh tu es là Tae Jun. »

Un sourire de taré traverse mon visage, et je prends la bouteille la plus proche.

« C’est sympa de passer , tu veux voir ce que je fais ? »

La réponse est que je balance cette pauvre bouteille de whisky sur le mur le plus proche, comme le reste des bouteilles à terre.

«  Eh, t’as l’air sur le cul ? Tu t’attendais pas à ce que ton petit sous-fifre ne fasse ça ? »

Je m’essuis la bouche, j’ai la bile qui remonte tellement j’ai la rage. Personne ne répond.

« RÉPONDS-MOI ! »

On aurait pu croire que j’étais possédé, quelqu’un de totalement différent. Comparé à Lee Won, le sous-évêque toujours poli, arrogant bien soigné sur lui être un tel bordel. Couvert de sang, les yeux emplis de folie.

« Oh, tu croyais que j’étais peut-être trop gentil et que j’allais revenir en te disant « Désolé » ? Mais moi Tae Jun, je ne m’excuse pas. Je ne le ferai plus jamais ! » dis-je en insistant sur les derniers mots.

M’excuser ? Devant un mec pareil ? Jamais de la vie, plutôt crever.

« J’ai eu le temps de réfléchir pendant ces sept minutes dans la cave, et…ça ma rafraîchit la mémoire. Je me rappelle maintenant de combien je vous hais tous autant que vous êtes ! »

Les chaises volent, l’adrénaline est maîtresse de mon corps.

« Et toi ! J’ai tellement envie de te buter tu sais pas à quel point j’ai envie de voir ta tête six pieds sous terre…Oh non tu sais pas. »

Je marche sur les débris de verre qui jonchent le sol, incapable de reprendre mon sang froid. La seule solution, c’est de le faire disparaître, ou que je disparaisse ?

Il ferme la porte. Il la referme devant mes yeux alors qu’il sait pertinemment que ce n’est pas le moment. Et il commence à baratiner, un baratin qui m’importe peu.

« Ouais, ça m’amuse de tout foutre en l’air, parce que j’en ai rien à faire. Que ce soit ici, ailleurs, toi, moi et d’autres personne. J’en ai rien à faire. »

Je dis ça dans le plus grand des calmes, parfaitement conscient de ce que je dis. J'ai mal au crâne, mais ça ne m'empêche pas de vouloir tous les buter autant qu'ils sont.
Punition. Ce mot me fait rire, et me donne des sueurs froides. Je me rappelle encore quand le vieux me disait « Tu es puni. Tu resteras en bas pendant deux jours. »

« Oh oh, une punition ? On dirait que j’ai fâché le maître des lieux. Tss. Tu t'es pris pour mon père ?  »

Il mériterait que je lui crache dessus tellement il me donne envie de le frapper jusqu’à la mort. Mais je me retiens, encore et toujours.

« Attention whore. Oui parfaitement, comme si je disais « Aimez-moi » tous les jours. T’es con ou tu réfléchis pas dans ta tête ? Putain, j’y crois pas. Comment une merde comme toi a pu devenir évêque ? Je sais pas si ça t’arrive de lever ton nez de ta petite personne, ou bien tu as de la merde dans les yeux mon gars. »

Je trouve un verre, encore entier pour l’instant et le fait tourner dans ma main en observant celui-ci. Puis il se brise soudainement entre ma main que j’ai contracté. Je contrôle plus ma force. Il se prend pour qui à me faire la morale ? Les chiens ne font pas des chats. Je me rends compte qu’il est impossible de le faire changer, et que jamais je n’arriverai à m’entendre avec lui. C’était par pur cordialité et loyauté que j’étais resté aussi longtemps, mais je commençais à en avoir ras le cul de ce manège. Alors qu’il se prenne encore pour le petit chef de tribu ? Non merci.

« Rattraper MES conneries ? Oh c’est vrai que je suis celui qui fout la frat dans la merde le plus souvent. Jusqu’ici, si tu n’as pas remarqué bro’, c’est MOI qui rattrape tes conneries, en bon sous-fifre que je suis. Tu sais pas combien je me suis démerdé pour que toi tu puisses faire ce que tu veux. C’est bon. J’en ai assez de me plier aux règles d’un enfant roi. Je suis pas ton chien, et les autres non plus. T’as qu’à te démerder un peu, comme un grand ! »

A mes yeux, Jun était pas sérieux. Il était toujours le gosse m’as tu vu, à qui on doit tout donner, tout faire pour le satisfaire sans quoi c’était une grosse durite qu’il nous pétait. Et ça me minait, ça me rendait malade. Mais encore une fois, je n’ai jamais rien dit, parce que ça ne valait pas la peine d’être relevé.
Je lâche les bouts de verre qui m’entaillent la chair. Puis je le scrute du regard, pas un regard calme et résigné. Mais je crois que je lui balance toute ma haine et la rancune que j’ai pour lui depuis que je le connais. On est à la fois similaires et différents, et c’est ça qui me fait chier.

« Tu peux me traiter de tous les mots, ça m’est bien égal là. Je sais pas ce qui me retient de te faire ta fête, ton existence me donne la gerbe. Je pourrais tuer quelqu'un que j'en verrai même pas la culpabilité. »

Inconsciemment, il me faisait penser au personnage effrayant qu’était mon père. Et ça me donnait la frousse. Sceller ces souvenirs avaient été un vrai cauchemar, alors être enfermé dans une cave n’aidait pas du tout, et le résultat était là. Est-ce qu’il était fier de ce qu’il avait sous les yeux ? Est-ce qu’il avait peur ? Est-ce qu’il se rendait compte de ce qu’il avait fait.

J’écarte les bras et je lui montre la pièce.

« Tout ça, c’est pas mon oeuvre…C’est la tienne. Réfléchis. C’est toi qui m’a enfermé ici. Et c’est toi qui en ramasse les conséquences, j’espère que t’es satisfait.  Et puis…C’est à cause de gens comme toi qu’on fait des gens comme moi. Pour ne pas dire des fous. Mais tu sais quoi ? On s’en fiche, on ferme les yeux, tout va bien dans le meilleurs des mondes ~ »

J’en avais plus qu’assez de passer à la trape, de subir sans cesse sous le joug d’autres personnes qui me dictent ma vie comme bon leur semble. Ça y est, je tremble de rage. Depuis combien de temps je ne m’étais pas senti si en colère ? Un bon moment peut-être, un peu trop. Comme une bombe à retardement, j’explose.

« Si t’as fini de te comporter comme le padre, pousse toi de mon chemin, que je dégage d’ici. »

Je m’apprête à sortir, mais j’avais encore quelque chose à lui dire.

« Ah et je me tire. Compte sur quelqu’un d’autre pour ramasser tes pots cassés. Vu que je suis fou, j’vais aller me faire soigner et t’inquiète, je ferai plus peur à tes petits agneaux. Je donne ma démission. »

J’étais assez lucide et sérieux pour qu’il comprenne que je comptais vraiment démissionner. Je ne supportais plus d’être son sous-fifre et de me faire marcher dessus comme je venais de l’être quelques instants plus tôt.