emotion devotion [ft. soo ri]

Evan était ce qu’on pouvait communément appeler un bourreau des cœurs. Il ne disait non à rien ni personne, et même s’il avait de la jugeote la plupart du temps, lorsqu’il s’agit d’amour, c’était ce qu’on pouvait communément appeler un imbécile. Pour certaines raisons, dont celle-ci, il n’avait jamais réellement connu d’histoire d’amour comme celles mises en spectacle dans les films nians nians. Pour l’instant, il ne se faisait pas trop d’illusion et privilégiait plutôt le papillonnage intempestif à une véritable remise en question de sa part. Après tout, le petit noble avait encore toute la vie devant lui pour y repenser, et en plus ce n'était pas son genre de s'inquiéter pour quoi que ce soit.

S’il devait nommer sa plus grande relation jusqu’à maintenant, il répondrait sans nul doute celle qu’il a partagé pendant 6 mois avec Soo Ri. Petit à petit, ils avaient appris à se connaître et commençaient réellement à se sentir en couple. Amoureux était peut-être un bien grand mot, mais Evan sentait ce sentiment apparaître pour le consumer lentement jusqu’à ce que la jeune femme décide d’éteindre ce début de flamme sans lui donner aucune raison valable. Evan étant tel qu’il est, c’est-à-dire un imbécile en amour, il n’avait jamais essayé à savoir les raisons de cette soudaine rupture auprès de la concernée, agissant comme si rien n’avait changé dans son existence. Le 1+1 redevenait zéro, ou repartir de rien après ce qu’il avait commencé à construire avec Soo Ri, un jeu d’enfant se disait-il.

Evan s’en allait de la cafétéria vers une direction inconnue. En chemin, il s’arrêta, exerçant le plein pouvoir de son cerveau pour réfléchir à où se rendre pour tuer le temps pendant son heure de pause. A droite se trouvaient les escaliers, à gauche le chemin vers le parc. Après une longue réflexion ponctuée par un pile ou face pour savoir où aller, le destin le conduisit donc à poursuivre vers le toit en empruntant préalablement les escaliers. Au second étage du bâtiment, il s’arrêta de bon chemin en entendant du bruit provenant du placard à balais dont la porte était ouverte et la lumière allumée. Sa curiosité le perdrait, il n’hésita pas à jeter un coup d’œil pour voir qui s’y trouvait. Telle fut sa surprise lorsqu’il remarqua Soo Ri, son amour perdu, apparemment occupée. «  oh soo ri j’savais pas que t’étais là », remarqua-t-il. « j’te dérange, tu nettoies là ? J’peux te filer un coup de main si tu veux » Il n'avait rien à faire, et puis c'était sa pause, alors autant mêler l'utile à l'agréable.

La journée était bien remplie. Dans un sens tu préférais quand c’était ainsi. T’ennuyer c’était pire que tout, surtout quand tu étais au travail. La chaleur ne t’empêchait pas de travailler, tu faisais avec, tu avais une petite bombe d’eau dans ta poche, alors dès que tu pouvais tu t’aspergeais le visage pour pouvoir hydrater ta peau. Mais pour l’instant, tu ne l’avais pas utilisé, et tant mieux. Mais tu savais que d’ici la fin de la journée tu allais y avoir droit. T’étirant un peu, tu jetais tes gants à la poubelle, avant de fermer le placard à clé. Tout était en ordre dans ce bâtiment. Du moins ton étage. Maintenant tu devais aller dans le bâtiment du quartier A pour t’occuper du second étage. Dehors le ciel était bleu, tu tentais de marcher à l’ombre, avant d’entrer dans le bâtiment climatisé. Soupirant tu pris les escaliers avant de filer à l’étage pour aller dans le placard à balais. Cherchant les clés dans ta poche, tu tentais de prendre la bonne avant de l’ouvrir. Soupirant, tu te mis à sortir tout ce dont t’avais besoin. Pour l’instant du balai normal, pour pouvoir enlever toute la saleté du sol. Captivée dans tes pensées, tu lâchais un petit cri, quand Evan, arriva. Te tournant d’un coup vers lui, tu t’adossais au mur, une main sur la poitrine. Plus précisément ton cœur. Les yeux fermés, tu finis par les ouvrir pour le regarder. C’était encore un peu difficile de lui faire face. Même si tu commençais à avoir un crush sur Agapé, dès que tu voyais Evan, tes sentiments refaisaient surface telle une claque monumental sur ta joue. Tes yeux déviaient doucement sur ses lèvres avant de le regarder droit dans les yeux. « Tu vas bien ? Ça fait longtemps… » Tu te décollais du mur avant de fermer maladroitement le placard. Si lui était à l’aise, toi t’avais l’impression que sur ton front était marqué que tu l’aimais encore. « Tu ne me dérange jamais tu sais. » Bon et si tu parlais correctement. Ça serait une bonne évolution, concrètement. « Tu sors avec quelqu’un en ce moment ? » C’est pas du tout ce que tu voulais demander. Attrapant le balai, tu te mis à balayer l’air de rien. T’es sans espoir.

Pendant ses heures de pause entre plusieurs cours, il passait le plus clair de son temps a essayé de trouver de la compagnie. Que ce soit ses amis proche, ou l’occasion rêvée de faire de nouvelles connaissances, tout était bon pour lui faire passer le temps et lui éviter de s’ennuyer. C’était un peu le genre de personne apprécié par tout le monde, et a apprécié tout le monde en retour. Evan c’était le bon pote avec qui tu passes des soirées qui pètent le feu. Toujours prêt à rire ou à se moquer, il peut pourtant parfois avoir l’air blessant, mais il ne pense jamais réellement ce qu’il dit. C’est davantage pour faire le spectacle et l’animation qu’il fait ses conneries habituelles.

Aujourd’hui il était tombé sur son ex amour. Ca tombait bien, il pensait à elle justement, et n’était-ce pas le moment rêvé pour discuter un peu avec elle ? Heureusement qu’ils s’étaient quittés en restant en bons termes tous les deux, sinon il aurait été plus touché par cette rupture qu’il ne l’a été. C’était un peu comme un échange de bons procédés sans réelles explications de la part de Soo Ri, mais ça ne lui avait pas posé problème pour autant. Il ne lui vient même pas à l’esprit de savoir s’il avait pu commettre une erreur pour que leur couple en arrive là, non … Juste un sourire de complaisance et un air de dire que tout allait bien dans le meilleur des mondes. Pour lui, c’était son choix, point barre. Pas assez curieux pour lui demander le pourquoi du comment, ou trop fière pour venir la pousser dans ses derniers retranchements, ou trop stupide, tout simplement.

Quoi qu’il en soit, la revoir était assez déroutant tout en étant agréable. Son visage était toujours aussi beau à regarder, même s’il lui avait refilé un air surpris en arrivant sans prévenir dans son dos. « ça va tranquille, et toi ? J’avoue que ça fait un bail » La situation était très étrange, et ils ressemblaient tous les deux à de jeunes adolescents prépubères en peine d’amour. Il tentait tant bien que mal de paraître à l’aise et relax comme à son habitude, mais ses yeux ne mentaient que trop mal.  Il sourit face à sa remarque, et, même ne sachant pas quoi répondre à sa douceur, il n’en était pas moins fier de ce qu’il venait d’entendre. Il profita du fait qu’elle ferma le placard, et donc qu’elle soit dos à lui, pour l’observer attentivement. Elle n’avait pas changé, et ça lui rappelait des souvenirs qu’il n’aurait préféré pas relater à cet instant. Sa question ne le bloqua pas plus d’une seconde et demi, alors que ça en aurait fait tiquer plus d’un, il se contenta d’y répondre naïvement. « Non, pas vraiment. » Il volait toujours à droite à gauche, puis en y repensant plus longuement, il en avait presque oublié Su Nah, avec qui il espérait pouvoir vivre quelque chose de différent de ses relations de 3 jours habituelles. « Et toi ? » En la voyant balayer, il ne comptait pas rester de marbre, alors il ouvrit le placard à balais et en prit un, releva les manches de son T-shirt et la suivit dans sa tâche. Ça, c’était un gentleman. « Ca t’embêtes pas ton boulot parfois ? J’veux dire, moi j’aurais envie de leur faire bouffer leur saleté si j’étais à ta place » Il n’était décidément toujours pas résolu à évoquer le sujet qui fâche, à savoir leur rupture et les sentiments qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre.

« ça va tranquille, et toi ? J’avoue que ça fait un bail » Il avait raison et tu le savais. Ca faisait longtemps comme ça ne le faisait pas. Tout dépendait du point de vue au final. Mais quand tu l’avais en face de toi, au final, tu pensais ce qu’il disait. Ça faisait un bail. Il t’avait manqué. Parce que tu ne l’avais pas quitté pour une raison particulière. Si ce n’est le fait, que tu commençais à craquer pour lui… Et ça… Ça t’avait fait peur. C’est triste mais véridique. « Ca va oui, je fais aller. » Tu évitais tout de même son regard tout en continuant de travailler. Tu pouvais papoter, mais le travail lui, il ne se ferait pas tout seul, malheureusement. Si seulement… Mais bon, tu ne vivais pas dans le monde d’Harry Potter donc bon… D’ailleurs, tu étais tellement mal à l’aise, que t’en vins à demander si elle avait une copine. Génial, niveau demande y’avait mieux quand même. T’avais envie de te frapper la tête contre un mur. « Non, pas vraiment. » Tu te mordillais longuement la langue. Le pas vraiment voulait dire quoi ? Qu’il changeait constamment ? C’est ça ? « Et toi ? » « Je n’ai personne. » Tu préférais être clair, que d’être évasive. Pathétique. Serrant le balai dans tes mains, tu balayais en faisant des petits tas, enlevant la saleté du sol. Il n’y en avait pas des masses. Le voyant prendre un balai, tu te figeais en le regardant faire. Quel idiot. Pourquoi il t’aidait comme ça ? « Ca t’embêtes pas ton boulot parfois ? J’veux dire, moi j’aurais envie de leur faire bouffer leur saleté si j’étais à ta place » Tu le regardais en haussant les épaules. « Ca dépend… Parfois ça m’énerve, j’ai bien envie de leur jeter les poubelles dessus. Mais bon, je n’ai pas le choix, j’ai décidé de pas aller plus loin que le bac, j’ai un boulot c’est déjà pas mal. » Et puis tu n’étais pas riche comme certains… Donc bon. T’avais un revenu moyen et tu venais d’une famille basique. « Le jour où tu vivras avec une fille elle sera contente de voir que tu fais le ménage. » Tu le taquinais un peu en lui lançant un regard amusé.