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 take shelter (hara)

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MessageSujet: take shelter (hara)   take shelter (hara) EmptyMar 18 Juil - 15:31
take shelter

featuring. moon hara
l'étouffement quotidien. la surcharge de néons et la saturation des cris. un décor qui revenait presque chaque soir, inlassablement. juyeon s'y échouait avec le même sourire et les mêmes mouvements, ils les répétaient en suivant le rythme fracassant des basses qui éclataient contre les murs. en réalité, il ne savait même pas si il aimait se trouver ici, il ne se posait même plus de questions. à peine en mesure de penser, il voulait juste se détruire un peu. s'immiscer entre les corps et s'évaporer dans la lumière, sans qu'on ne le remarque. et alors, il avait finalement l'impression de ressentir quelque chose de semblable à la passion. et les ondes qui vibraient dans son corps, pareilles à un virus, se propageaient jusque dans son cœur, pour en prendre totalement possession. son organe criait dans sa cage, affreusement bruyant. il pensait que rien n'aurait pu l'hypnotiser avec plus de puissance.
mais elle était là. dans les lumières, elle les enveloppait et les portait sur son corps comme une robe. peut-être trop divine pour les autres, on aurait dit qu'elle se voulait invisible, mais subitement, juyeon ne voyait plus qu'elle. tout semblait si insignifiant, si plat et vide, face à ce qu'elle dégageait. décidément, il fallait être complètement idiot, ou désespérément aveugle pour ne pas la voir. le jeune homme aurait voulu tout taire, et n'accorder la totalité de sa nuit qu'à elle. mais à peine le désir s'éveillait qu'elle s'échappait, elle défaisait ses ailes, et dans quelques secondes, elle serait déjà sûrement trop loin. hara, papillon versatile aux ailes intactes. avant de la manquer encore une fois, et de n'avoir une occasion que coincé entre les murs de l'université, il attrapa délicatement son poignet, après s'être avancé rapidement. «  moon ? » lança t-il, sa voix ne semblant être qu'un bruit parmi les autres. c'était elle, il le savait, il en était persuadé, il connaissait cette silhouette par cœur.  
ses doigts autour de son poignet se défirent aussitôt, peut-être apeuré par l'idée de salir la pureté de sa peau. ses yeux rencontrèrent violemment les siens, et à l'instant même, il su. il su qu'il n'était là que pour elle.
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MessageSujet: Re: take shelter (hara)   take shelter (hara) EmptyMer 19 Juil - 23:22
take shelter

featuring. jung juyeon



t e n u e + Une pellicule d’euphorie survolait avec quiétude la foule. Doucement, elle déposait ses particules sur les rouages de tous ces corps ambulants. Elle rongeait avec une pointe de malice, un espoir de non-lendemain, les chaines qui entouraient les membres si frigorifiés d’habitude. Frigorifiés par des regards, des jugements hautains, des remarques sarcastiques…par le vice général qui s’éprend tendrement des raisons humaines. Avec l’amour du supérieur. L’amour de la perfection.
La glace fondait, se brisait, au fur et à mesure que les gens se tamponnaient. La chair rebondissant contre une autre, des ecchymoses de plaisir s’allongeant sur toutes les peaux, des réactions chimiques dans des cerveaux embrouillés. Et les images étaient sauvages et brutales : elles explosaient aux yeux embués, répandaient les étincelles contre les rétines, les échauffaient, brûlaient si bien que l’horreur devenait beauté. Que sous les néons multicolores clignotants, les personnes déambulaient entre la terreur et la liberté. C’était épileptique, ce rythme, ces cris, ces soupirs puants l’alcool, ces lumières qui se dérobaient rapidement à l’ombre avant qu’elle ne revienne la seconde d’après. On y perdait le fil du temps, le cours des journées et des heures. On y perdait l’espace et les possessions. Notre corps n’était plus. Il était partit autre part, se dilatait sous la chaleur de la pièce et n’était que tout ce qu’il y avait. Comme une union invisible, on se liquéfiait et remplissait l’entre quatre murs.
Hara se perdait dans cette vague…elle se faisait repousser par des hanches, des coudes, des bras. Elle venait s’échouer dans d’autres. L’écume de ses pensées flottant comme la nuit au-dessus de ses rires. Dans son crâne, résonnaient les basses incessantes qui venaient troubler ses réflexions habituelles. Sa colonne vertébrale n’était que la réminiscence d’une autre Hara…plus jeune. Lorsqu’au lycée, armée de sa tenue de pompom girl, elle venait se réfugier dans les nightclubs de Séoul. Perchée sur des talons, il lui suffisait de prononcer son nom pour qu’on fasse outre de son âge. Elle y allait surtout par satisfaction personnelle : pour se sentir « grande » et méchante sur les bords. Pour se forger ce masque indifférent, ce masque mature et sensuel. Ses talons, aujourd’hui, pendaient du bout de ses doigts.
Et sitôt un son bouclé, un autre venait prendre sa place dans les cris incandescents de la masse qui l’étouffait. Il y avait cette chaleur, ce feu, propageant ses langues dans ses viscères, pinçant ses lèvres et ses joues…les peignant de rouge et d’un film de sueur. Le mascara déposant de charbonneux baisers sur ses cernes bleutés, ses yeux n’étaient plus que cendres là où vu s’enflammer un brasier plus tôt dans la soirée. Lorsque ce garçon dont elle avait oublié le nom était venue la chercher pour l’emmener danser. Il n’était ni beau, ni intelligent, du genre simplet musclé à se promener avec des mots barbouillés de disgrâces dans la bouche. Hara devait être sa première véritable femme au vu comme il l’avait regardé, enlacé…au vu de ses paroles maladroites. Hara devait être la première femme de tous les grands garçons. Il fallait seulement la baiser pour devenir homme qu’on disait. Parce qu’elle n’agissait plus comme la pompom girl. Parce qu’elle n’essayait plus d’agir comme elle. C’était facile de la tuer, elle.
Ses os s’entrechoquaient entre eux, faisant vibrer d’autant plus sa personne. Elle riait à des blagues bien trop usées, parce qu’elle savait que ça lui plairait. Parce qu’il en redemanderait plus tard, dans la nuit, lorsqu’elle se serait évaporée dans un taxi. Le laissant seul, sans même un remerciement. Et pour quoi faire ? Il lui demanderait ça, elle le savait d’avance. Il l’insulterait. Répandrait une trainée de rumeurs, dirait à ses potes comment il l’avait prise par derrière, comment elle en avait même pleuré. Comment elle avait pu le prendre entre ses lèvres. Puis dans les ténèbres de sa chambre, il ferait le deuil de son égo…il l’imaginerait véritablement comme ça : comme la femme de sa vie.
C’était un mécanisme de défense, une chose qui pouvait encore le protéger.
C’était son mécanisme de défense, l’éternel fantasme qu’elle souhaitait susciter. Remplacer l’image de Moon Seulgi par celle de sa fille.
Lassée de comédie, Hara lui avait demandé de venir lui ramener un verre. Pour qu’il lâche sa taille, délaisse son corps, l’avait-elle fait. Pas par envie, mais par besoin. Hara détestait cela, qu’on veuille approcher la « véritable elle ». C’était ce qu’ils disaient tous…ils pensaient pouvoir être les premiers à percer le mystère, à trouver le chemin à travers le brouillard. Il voulait cette chose spéciale qui ferait qu’ils la détiendraient dans leurs paumes. Et encore un fou rire l’égorgeait…comment le pouvaient-ils lorsqu’elle-même s’y perdait. Non elle ne savait pas qui elle était, et n’avait aucune envie de se fixer. Il suffisait seulement qu’elle prétende pour enfin voir la réalité. Ça n’était qu’en mentant que l’on avait la vérité sous le coude. Qu’en trichant qu’on connaissait parfaitement les règles du jeu.
Elle espérait secrètement qu’il se perde dans l’immensité de la foule. Que sous le clignotement rapide des lueurs, il aurait remplacé Hara par une autre. Qu’il se serait emmêlé entre les mensonges qu’elle lui avait déboulé et ses propres rêves : qu’il avait trouvé la femme qu’il cherchait pour la nuit. Celle que la jeune femme avait prétendu être et qui était en fait une autre, trois mètres plus loin. Que par erreur, il pense l’avoir dans ses bras.
Dans ses pas, fut-elle subitement arrêtée par une main sur son poignet. L’articulation qui se fige, la glace qui reprenait. « Moon ? » un pincement au cœur et des lèvres qui s’affinent de déception. L’avait-il donc retrouvé aussi facilement ? Il la lâcha aussi soudainement qu’il l’avait attrapé, la laissant se retourner avec une nouvelle mimique cassant ses traits. La gêne avait fondu pour une fausse joie, une surprise feinte qu’il ne verrait surement pas. « Oh tu as appor- » Pourtant ça n’était pas à lui qu’elle se confrontait. Mais à un autre.
La voix qui se coupe sous le serrement de la gorge. Et à l’’instant même, il y avait une fente dans le masque, quelque-chose de sincère et instantanée qui ne pouvait être calomnier. Dans l’éclair des néons, le tonnerre de la musique, il avait le visage fissuré…homme mi-ombre, mi-lumière.  « Ah…Jung » la voix reprit sa course comme pour finir la sentence lentement développée précédemment. « T’es venu seul ? » ça n’était pas son habitude…lui qui s’accrochait à différentes filles. Puis peut-être que son ex-copine était là aussi…Peut-être en avait-il une autre cette fois-ci. Les questions se posaient, ressortaient des abysses, se démenaient contre les basses qui toquaient à son cœur…ou peut-être était-ce lui qui faisait autant de bruit…qui résonnait dans toutes les cages thoraciques, tout le monde le saurait alors. « C’est une bonne soirée, non ? » Il fallait couvrir l’oisillon battant des ailes dans sa poitrine par des futilités. Il fallait qu’il s’endorme de nouveau, et ne vive que pour les pulsions du son…que pour le moment, et non pour lui. Bien sûr c’était de l’histoire passée entre la Queen B de son groupe d’amies et le jeune homme, mais il y avait des règles établies : aucun sentiment pour les restes de ses consœurs. Alors pour la première fois de la soirée, elle cherchait du regard le bonhomme précédent, une pointe de nervosité courant sur la courbe de ses yeux.

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MessageSujet: Re: take shelter (hara)   take shelter (hara) EmptySam 22 Juil - 1:35
take shelter

featuring. moon hara
il aurait été plus habituel de s'en aller se perdre au rythme des basses. de simplement se fondre dans la masse sans se soucier de ce qu'il pouvait arriver. mais lorsqu'il entendit la voix de hara, il savait qu'il n'avait pas à être ailleurs. capturé comme un vulgaire papillon de nuit aveuglé par la lumière, il s’efforçait de détourner les yeux. craignant la simple idée de n'être que ce garçon ennuyant, qui se tisse un masque de belles paroles, il songea un instant à s'enfuir. c'était plus facile quand les filles étaient fades, c'était bien moins compliqué quand il s'en fichait éperdument. parce que c'est comme ça que ça se passe, quand on a le coeur coincé dans de la glace. juyeon ne pouvait pas s'empêcher d'aller voler un peu de chaleur chez les autres. mais subitement, il se mettait à fondre à la simple vue du regard inintelligible de la jeune femme. 
d'un coup de main dans les cheveux, il chassa toutes ces émotions qui encombraient son esprit et retrouva son air amical. « je suis venu avec des amis, c'est tout. » juste quelques accessoires, sur lesquels on inscrit le nom "amis", le temps d'une soirée. venir seul à ce genre de soirée n'était jamais vraiment une bonne chose, alors ils avaient tous débarqué à la même heure, bruyants et enjoués. et lentement, ils avaient tous commencé à se prendre pour de véritables rois. comme à chaque fois, juyeon s'était laissé emporter par l'euphorie générale, comme il sait si bien le faire. peut-être que c'est ainsi qu'il se sentait le mieux. entouré d'illusions.
peut-être se fichait-elle complètement de lui. il ne pouvait pas savoir, il n'en avait pas la moindre idée. juyeon avait beau essayer, il ne parvenait pas à imaginer un seul mot pouvant errer dans l'esprit de la demoiselle. mais la question qu'elle lança semblait avoir été construite juste pour combler un peu le vide à venir. « un peu banale, mais divertissante. » toujours la même chose. les rires, les cris jetés dans tout les sens, l'ennui qu'on s'empresse de noyer sous des flots d'alcool mauvais. on répète la tradition presque chaque soir, on se dit jeune et libre. mais juyeon doit encore prétendre s'y sentir comme chez lui, même si ça n'est que partiellement faux.  
et ça aurait pu s'arrêter ici. rien qu'eux deux, au centre des néons, tandis que le monde s'éteint. juste eux, un peu gênés dans la lumières, mais honnêtes dans leurs sentiments étouffants, qui se propagent jusqu'au coeur avec la même hargne. ça aurait pu s'arrêter ici, ils auraient pu ignorer les basses lourdes et prétendre un silence pour les envelopper. mais avant que ça arrive, juyeon se rappela. il se rappela que ça n'était pas "eux deux", et que ça n'existe pas, un monde juste pour deux personnes. « et toi? tu es venue avec quelqu'un? » demanda t-il en levant la tête vers elle. il souriait, peut-être à la fois amusé et intrigué, les yeux débordant d'une chaleur inconnue. qu'elle acquiesce ne l'étonnerait pas. hara est d'une beauté artistique, particulièrement envoutante. n'importe qui aurait voulu arriver à cette soirée le bras enroulé autour de son agréable taille. juyeon aussi, sûrement.
mais il n'avait certainement pas le droit de le dire.
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MessageSujet: Re: take shelter (hara)   take shelter (hara) EmptySam 22 Juil - 22:33
take shelter

featuring. jung juyeon



t e n u e + Il y avait toujours cette lumière qui éclatait à ses pupilles effarées. Projetant ses tentacules lumineux dans son cerveau liquéfié, l’embrouillant encore plus comme un kraken gisant des pénombres et dévorant les marins raisonnés. Les éclaboussures explosaient contre son crâne fissuré, laissant transparaitre sur son visage cette mimique spécifique aux folies nocturnes. Ces yeux barbouillés d’alcool et de fatigue satisfaisante, de cette anesthésie générale qui ne s’évacuait que le lendemain matin. Lorsqu’elle ressentirait de nouveau les maux de tête, et de cœur. Les maux de l’âme, sa peur. L’engourdissement pouvait se lire sur les coins de ses paupières, perlant de sueur et de maquillage, sur ses traits, fossés par ses fous rires, sur ses hanches, balancées d’un côté à l’autre, perdues dans le rythme…Il pouvait s’écrire avec la pulpe d’un doigt contre ses lèvres rougies de ses mordillements, avec une paume se perdant sur ses cuisses, avec une main s’emmêlant à ses cheveux ébouriffés. Sa langue picotait de liqueur, s’égarant entre l’amertume, la sècheresse de sa gorge et le sucre de son gloss à la cerise, qu’elle avait laissé baver un peu sur sa peau, sur la bouche de l’autre garçon, puis aussi en elle. Dévorant sa propre chair…c’était donc sa destinée : se bousiller toute seule. Maculée de mauvaises intentions, elle avait pavé son propre chemin vers l’enfer, un sourire espiègle étirant ses joues, des étoiles sur sa visière. Elle les avait confondus avec des brasiers autrefois, et continuait aujourd’hui de brûler ses ailes par ennui. Un peu de pop culture en bible sacrée, beaucoup de cigarettes en encens, plaçant sa mère sur un piédestal, une idole à qui elle baisait les pieds sans ciller. Parce que c’était ainsi depuis son enfance, elle taisait sa propre personne pour la parole sacrée. « Ne mange pas trop. » « T’es grosse. » « Il faut seulement être belle. » « Ton frère est un raté. » c’est que ce frère ne prenait même plus la peine de communiquer avec sa famille, avec les restes qu’il avait laissé sur le côté de son assiette. Et Hara se demandait parfois ce qu’il devenait, le stylo tremblant au-dessus de la feuille avant de n’être reposé et oublié pour la nuit. Il suffisait d’un somnifère et tout serait oublié.
Des cachets comme des bonbons dans son sac, elle les ingurgitait pour être plus jolie à leurs yeux. De la codéine en arrière-gout de ses baisers, elle pouvait être la morphine de tout homme. Appuyant sur la solitude grossissant dans leurs membres, caressant les débris de vie, s’en tranchant les jointures, se faisant trou noir pour en avaler leurs démons. Sa drogue était la leur. Parce que la mère le faisait ainsi…parce que c’était tout ce qu’elle avait appris : plaire, plaire, et plaire. On pouvait être parfait, il suffisait d’être aimé.
Ses talons pendaient toujours du bout de ses doigts, embrasant les articulations de leur sangle. Et peut-être qu’elle les jetterait à la fin de la soirée, les laissant glisser doucement sur sa peau tiraillée. Peu lui importait qu’ils étaient d’un grand nom de la couture, au final ils ne lui servaient à rien. Perchée là-haut, elle ne se mêlait plus à la foule. Hors c’était ce qu’elle souhaitait, là maintenant, vibrer avec la masse, sentir leurs cris résonner dans sa poitrine, puis la musique vrombir entre ses côtes, enlaçant avec violence son cœur. Le serrer à s’en étouffer, à le recracher plus tard dans la cuvette des WC.
Ce battant…ce mort-vivant. En ce moment-même, elle avait l’impression qu’il allait s’éteindre, s’arrêter tout d’un coup et la laisser tomber raide morte. Alors il augmentait le volume, redoublait de force et d’effort pour rester vivant lorsque ses yeux à lui n’arrêtaient pas de lui tirer des balles. Lorsque ses mots à lui s’y incrustaient comme du plomb dans l’aile. « je suis venu avec des amis, c'est tout. » son regard navigua dans les alentours du jeune homme. « Ah ouais ? Je les connais ? » non pas qu’elle s’en souciait vraiment  « T’as du les emmerder ! » lança-t-elle souriante, dans un dernier recours à l’humour pour apaiser les pulsations faisant frémir son âme. On l’appelait la « cool girl »…celle qui aimait le football, qui mangeait des hamburgers trois fois par semaine sans jamais prendre un seul kilogramme, celle qui riait aux blagues cochonnes mais n’en faisait jamais car ça n’était pas la bonne copine. Pour un certain, elle était ainsi. Pour un autre, c’était la jeune femme au rouge à lèvres flamboyant, à l’eye-liner tranchant, aux paroles envoutantes, celle qui lisait des poèmes français surréalistes et buvait tous les soirs un verre de vin rouge du domaine de la Romanée-Conti « pour la santé ». Hara se déclinait en tellement de femmes…elle pouvait toutes les endosser, pourvu que cela attirait l’attention. Et peut-être qu’elle était toutes ces femmes à la fois… « i’m every woman it’s all in me » faisait-elle chanter au crépuscule, entre les couloirs de la maison Yeowang. Pourtant, souvent, se demandait-elle quel genre était-elle pour lui. Et elle se souciait seulement de lui. « un peu banale, mais divertissante. » retenant un rire, elle fit passer ses cheveux derrière son épaule, dégageant un peu sa poitrine d’un poids. Pour mieux respirer… « Banale ? Je ne veux même pas savoir où tu traînes pour dire des choses pareilles. » Mensonge. « et toi? tu es venue avec quelqu'un? » Hochant rapidement, elle reprit sur la fin de son ricanement gamin « Oui, avec quelques filles de la confrérie » Mensonge. « Elles sont parties se chercher à boire… » Et puis l’actrice reprenait la scène, improvisant des phrases tâchées partiellement de sincérité…C’était bien vrai, elle n’était pas seule, et la personne en question était au bar aussi. Hara avait cette capacité de déformer la vérité, la modeler selon ses envies sans même dévoiler un traitre de remord ou de gêne. « Ca fait bien un quart-d’heure maintenant…peut-être qu’elles ont fini sur le bar. » et de nouveau plaisanta-t-elle, pour avoir l’air banale, non préoccupée par des émotions étrangères…surtout détestées. Il n’était rien se disait-elle, se remplissant de ces syllabes, comblant les vides provoqués par ses sentiments maladroits et brutaux, bourrant les ventricules de son cœur de ces lettres faussées. Rien. Si ce n’est un autre grand garçon parmi tant d’autres. Au bord de l’enfance, pas tout à fait homme parce qu’il n’avait jamais su aimer correctement, c’était ainsi qu’elle le lisait. Une analyse qui occupait son esprit du tambour résonnant dans tout son pauvre corps. Elle ne savait pas si ses genoux tremblaient d’épuisement ou d’une autre cause encore inconnue. Elle ne savait plus. Et pour la première fois, elle n’était plus aussi certaine face à un grand garçon.
Dans l’angle de sa vision, dans une intuition que seule une femme pouvait avoir, elle sentit que le bonhomme précédent revenait, une coupe surement à moitié remplie. Paniquée par ce double-jeu qu’elle menait, elle attrapa avec fougue la poignée de Juyeon et l’emmena un peu plus loin dans l’océan de personnes. Elle aurait souhaité l’emmener dans l’ombre pour cacher ses joues gorgeant de sang, ses pupilles grandissantes…pour ne plus se souciait de La Comédie Humaine qu’elle menait vigoureusement. « Désolé…j’ai vu quelqu’un qui ne m’appréciait pas vraiment. Rien de nouveau. » finit-elle par lâcher avec son ton monotone…celui-là même qui n’avait pas eu le temps de mûrir, de se forger de fausses émotions et de s’écrire une histoire. C’était ce matériel brut, ce métal froid, cette Hara-ci qui ressemblait bien trop à celle qui ruisselait dans les miroirs lorsqu’elle était seule. Cette Hara-ci cernée et trompée. Pâle, trop maigre, trop faible. Cette Hara-là qui fermait les paupières en cours, et vagabondait, effacée, dans la bibliothèque vidée. Une fade Hara. « Maman a appelé l’autre jour », il fallait tuer Hara. Le sourire cannibale dévorant l’être. « ton père lui a offert un merveilleux collier en perles, elle était tellement heureuse, il fallait l’entendre ! » Parce que ces sentiments étaient mauvais…néfastes, pas seulement pour un stupide et ridicule « girl code » établi par jalousie, pas seulement parce qu’ils faisaient vriller Hara et la secouaient. Mais aussi parce qu’ils étaient malsains et dérangeants lorsqu’on savait que Madame Moon avait des vues sur Monsieur Jung.


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MessageSujet: Re: take shelter (hara)   take shelter (hara) EmptyDim 23 Juil - 19:59
take shelter

featuring. moon hara
une conversation banale lui aurait suffit. pour une fois, il se sentait largement capable de se contenter du minimum. lui qui désirait toujours plus, lui qui ne se sentait jamais réellement satisfait. mais ce soir là, vraisemblablement, les habitudes étaient balayées en l'air. les oreilles vrillées par les mêmes tubes qui étaient répétés en boucle pendant ces soirées, juyeon se concentrait pour ne distinguer que la voix de la demoiselle. l'alcool bouillonnant dans ses veines essayait encore de brouiller son cerveau, mais il s'obstinait à se concentrer sur les lèvres d'hara, finement dessinées, se mouvant seulement pour lui. automatiquement, sans tomber dans la niaiserie pure, un rire amusé s'échappa de sa gorge. « peut-être. » dit-il en haussant les épaules. « oui, de toute façon, ils se sont laissés emporter par la soirée, je sais même pas si ils se souviennent de moi. » poursuivit-il dans le ton de la plaisanterie, le visage encore un peu rayonnant. ils ne savait vraiment pas pourquoi est-ce qu'il avait employé le terme d'amis. peut-être pour sembler moins ridicule aux yeux d'hara. il n'avait aucune idée de ce qu'elle pensait de lui, et il n'était même pas sûr de vouloir savoir. pourtant, maintenant, ça le préoccupait plus qu'autre chose. était-il trop exposé à la lumière? est-ce qu'il ne la regardait pas correctement? est-ce qu'il se tenait trop près, pas assez? est-ce que sa voix était ennuyante à entendre?
se retenant de se laisser emporter par son soudain manque d'estime de soi, il releva la tête vers hara lorsque celle-ci reprit la parole. comme prévu, elle n'était certainement pas venue seule. mais il n'y avait aucun garçon à ses côtés, et d'une certaine manière, juyeon se sentit rassuré, sans savoir vraiment pourquoi. un rire vint caresser les parois de sa gorge, une nouvelle fois. « ça ne m'étonne pas plus que ça. » ces filles, constituées d'une fadeur exaspérante. sans aucune pitié, il les regroupe tous dans le même tas, la même masse inintéressante. c'est cette arrogance qu'il n'était pas en mesure de freiner. endossant le rôle d'un garçon idiot et typique, celui qui se promène dans les couloirs avec un rictus hautain. ça ne lui allait pas du tout, s'était-il rendu compte.
avant même qu'il puisse renchérir sur un sujet vide qui lui aurait permis de s'éloigner de sa requête de base, il fut interrompu par le geste de hara, qui le fit hausser les sourcils. juyeon ne comprenait pas, mais, ça allait, comme ça. simplement guidé par une seule personne, à travers la foule futile. à son explication, le jeune homme plissa les yeux. non, vraiment, il ne comprenait pas ce que les gens pouvaient lui reprocher. dans cette université, il y avait encore ces codes et habitudes ridicules, alors, il suffisait de sortir un peu du lot pour être méprisé.
juyeon l'écoutait toujours avec intérêt. même lorsqu'elle parlait des deux adolescents qui leur servaient de parents. il souffla du nez, comme lassé des attitudes puériles dont ils faisaient preuves, même si, ça n'avait absolument rien de nouveau. « vraiment? c'est ridicule, mais bon, ça lui ressemble... mais si ta mère est contente, c'est le principal. » couvrir les yeux des femmes avec de l'or et des bijoux. c'était la façon de faire de son père, éternellement assoiffé de nouveaux corps à frôler. mais avec la mère d'hara, il s'agissait presque d'un jeu de conquête stupide, d'amants qui se tournent autour. deux personnages sortis d'un roman pour jeunes filles désespérées. et pourtant, malgré le mépris qui lui aveuglait les yeux, juyeon repensa à ce qu'il désirait initialement.
hara.
passant une nouvelle fois la main dans ses cheveux par réflexe nerveux, il balayait rapidement le sol des yeux, avant de les relever vers elle. « au fait, je, je voulais te proposer quelque chose... » ridicule. pathétique. le battement de son coeur l'étouffait seulement maintenant, il n'entendait que ça et sentait son corps s'engourdir. il ne trouva aucun mots et se sentait complètement perdu. puis, il se racla la gorge d'un coup, retrouva son air assuré. « je pensais qu'on pourrait se revoir. dans un endroit et une circonstance préférables, surtout. » son regard se perdit contre les murs, qu'il détestait vraiment, parce qu'à l'instant présent, il avait vraiment l'impression de suffoquer, et il détestait ça profondément. « enfin, c'est si tu veux, t'es pas obligée d'accepter. » ajouta t-il maladroitement, sa voix restant coincée dans sa gorge.
il n'avait, en réalité, pas la moindre idée de ce qu'il faisait. mais d'une certaine façon, ça le libérait d'un poids qu'il ne comprenait même pas. et il osait mépriser son père d'être aussi ridicule, mais, il ne valait certainement pas mieux.
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MessageSujet: Re: take shelter (hara)   take shelter (hara) EmptyMer 26 Juil - 18:16
take shelter

featuring. jung juyeon



t e n u e + Ca infestait ses artères, ruisselant dans ses veines, tapageant ses neurones…pulsant contre ses tempes, ce bruit grésillant qui plongeait en elle. Dans tout son être entier, il faisait vibrer la moindre de ses cellules, réveillant les atomes, tamponnant contre ces fonctions de la vie longtemps endormies. Il fallait y mettre sa main, tout embrouiller, remplacer la raison par le cœur et le cœur par la folie, y mettre sa main et tout salir…cette musique qui de ses doigts déplaçait les pièces de Hara comme dans une vulgaire machine. Elle était rouillée la Hara…depuis son enfance, ça s’était encrassé. Une couche de vulgaires idées, de la poussière de ses démons, un lit entier de peaux de monstres entre les espaces de son corps. Ca s’entassait, depuis son enfance. Elle ne pouvait rien y faire si ce n’est contempler dans le miroir la destruction progressive de sa personne. Il y avait des nuits où elle s’asseyait simplement devant son reflet, en confrontation avec elle-même, et la pièce se remplissait de cette bouillie néfaste qu’étaient ses pensées. Tout doucement, c’était comme se dénuder devant un étranger. Elle enlevait le t-shirt qui cachait les bleus, le soutien-gorge qui la serrait trop, le pantalon qui la découpait…parfois ça la frappait d’un seul coup, comme un choc à la nuque. La réalité explosait à son regard effaré…elle était le monstre sous le lit, squelettique et détesté : trop maigre, trop de cicatrices, trop laide. Parfois encore, elle détournait le regard et regardait par la fenêtre, se disant qu’il serait peut-être temps d’aller voler.
Alors les sons comme ça étaient comme des sirènes dans sa tête. Les néons étaient ses phares. Et c’était stéréotypé comme elle aimait perdre un petit peu de sa cervelle dans ses danses endiablée. Un poignet qu’elle avait laissé menotté à cette silhouette dans le miroir, un autre balancé en l’air. La gorge déployée aux astres, elle attendait qu’ils la coupent.
Elle voulait s’agiter sous ces lumières, enlever tout ce qui pouvait s’accrocher à elle…enlever les liaisons de son cœur…enlever son regard d’elle. Et puis cacher de ses cheveux son visage fatigué, le pourpre de ses lèvres qu’elle pinçait entre ses dents lorsqu’il parlait, celui réchauffant ses pommettes habituellement blanches. Peut-être qu’il ne voyait pas les couleurs qu’il peignait sur son corps, dans l’éblouissement de la noirceur, peut-être que ses yeux à lui se perdaient autre part. Que l’illusion marchait. « vraiment? c'est ridicule, mais bon, ça lui ressemble... mais si ta mère est contente, c'est le principal. » Hara ne semblait pas comprendre…ses sourcils se fronçant brusquement avant de revenir aussi rapidement qu’ils avaient bougé à leur forme initiale. « Pourquoi ça ? » c’était sorti tout simplement, par offense ? par inquiétude ? elle ne savait pas elle-même d’où venait son soudain intérêt pour le père Jung. « Oui, elle est très contente, tu remercieras ton père encore une fois de sa part, tu veux bien ? » La mère Moon savait se faire aimante et aimable. Elle connaissait les fils de tous les engins battant, tirant avec une maitrise parfaite comme une marionnettiste. Clairement avait-elle compris que l’homme qu’elle chassait aimait les femmes dociles et reconnaissantes. Ce collier de perles, elle aurait pu se le payer. L’argent, elle l’avait. Mais c’était plus intéressant d’user celui d’un autre. Et oui, c’était ridicule à quel point tout le monde tombait dans son jeu. Hara l’avait prise maladroitement pour modèle…elle s’était prise elle-même, comme sa mère le voulait. Sa mère finissait par tout avoir, comme toujours. C’était ainsi. « au fait, je, je voulais te proposer quelque chose... » ses paupières battirent comme les ailes d’un papillon de nuit coincé dans sa fascination pour une ampoule. « Mh ? » les corps bougeant autour d’elle, remuaient parfois ses épaules, la déstabilisant de temps en temps, elle se retenait à des dos étrangers. Puis tendait l’oreille pour entendre et ne pas tomber dans un songe vibrant. « je pensais qu'on pourrait se revoir. dans un endroit et une circonstance préférables, surtout. enfin, c'est si tu veux, t'es pas obligée d'accepter. » Il était évident qu’elle n’était obligée de rien. Une précision qui lui arracha un petit sourire en coin, amusant…pensa-t-elle premièrement, avant de se rappeler avec qui elle parlait. « C’est-à-dire ? » Il y avait ce serrement de cœur, cette anxiété de le croiser au détour d’un couloir, de le voir sourire à ces autres filles…elle ressemblait à ces jeunes filles qui goutaient à l’amour pour la première. Pouvait-elle même appeler ça de l’amour ? Non elle se le refusait…elle le voulait seulement parce qu’il transpirait l’interdit. Ça devait être cela. Hara n’était plus une petite fille. « Je veux dire… » baissant la tête, elle replaça une mèche de cheveux derrière son oreille, dégageant une partie de son visage. Une face sans vie…ou plutôt avec des millions de vies. « De toute manière on risque de se voir souvent si nos parents continus de roucouler ensemble. » elle avait envie de pouffer comme une gamine juste à cette idée, et fut un temps peut-être qu’elle l’aurait fait. Mais la matriarche Moon avait beaucoup trop roucoulé…et c’en était devenu habituel à présent.
« Je vais fumer », une envie qui était venue fissurer l’instant comme un éclair. Elle avait lâché la phrase tel un tonnerre, simplement…parce qu’elle y avait pensé. Parce qu’elle était fougueuse dans ses désirs, agitée dans ses sentiments…elle ne prenait pas la peine de répondre aux questions qui la dérangeaient ou la mettaient dans une situation qu’elle ne contrôlait plus. Cette peur et cet amour…toujours les mêmes : perdre le contrôle, tout lâcher…fermer les yeux et se laisser tomber. « Mh…tu vas peut-être rejoindre tes potes » elle lança un regard indifférent derrière lui, comme si, dans l’océan de visages elle reconnaitrait quelques traits familiers, sortant de la vague comme de l’écume blanche. « Ou t’en veux une aussi ? » Hara avait pris la fâcheuse habitude de fumer les nuits et les matins. Parce qu’elle disait que ça coupait la faim, que ça aidait à garder la ligne. Une autre stupide victime laissant des molécules se jouer de son cerveau. Écervelée, elle n’avait jamais tenté d’y résister pour dire vrai. La nicotine s’incrustait dans ses pores, grisant sa peau, rongeant sa chair petit à petit…Enfumant son ennui…surtout. Elle se refusait de le penser mais elle voulait juste ces instants de silence. Elle bloquait alors sa connerie, et celle des autres, souriant à des blagues abusées. Elle faisait un barrage dans le flot de ses idées…elle n’y pensait plus à ce pétrole noir qui engourdissait son cerveau…semblable à une mouette prise dedans, ses ailes s’enflammaient d’une nuance plus sombre. Il y avait autour d’elle la terre qui s’épuisait…qu’on violait sans cesse, ces informations qu’elle zappait à la télévision pour éviter de trop réfléchir…il y avait cette haine qu’elle portait pour les magazines et les chansons industrialisées qu’elle ignorait pour éviter de trop s’user…trop ressentir. Il y avait cette incompréhension qui flottait à la surface, touchant les rebords de son crâne, se frayant un passage entre les fissures et venant couler, remplir tous ses traits fossés par la fatigue et le temps. Cette terrible incompréhension qui l’effrayait parce qu’elle sentait qu’elle perdait pied, qu’un jour elle deviendrait folle. Qu’elle irait alors se noyer dans l’alcool, s’engorger de médicaments. Encore plus. Toujours plus. Ca n’était peut-être pas la mère le problème, mais la fille. La branche qui ne donnait que des fruits pourris. Hara balayait cette option, Hara n’était pas courageuse. Hara trouvait plus facile d’accuser quelqu’un d’autre pour ses pertes et déroutes. Et à toutes les fautes, elle pointait du doigt une autre fille. A tous les problèmes, elle se détestait d’en vouloir à sa mère. A tous les maux de cœur, elle visait Juyeon.
On trouvait le bonheur lorsqu’on cessait de réfléchir. Alors Hara fumait…fumait pour oublier d’exister et n’être qu’une ombre parmi tant d’autres. Pour sentir son souffle s’épuiser lentement…se priver pendant quelques secondes de respirer et être complète. Fermée sur elle-même dans son éternelle langueur. « Tu fumes ? » se rappela-t-elle brusquement de demander avec une pointe d’hésitation. Elle devait paraitre ridicule. « Enfin une clope ça va pas te tuer. » les mots s’entrechoquèrent avec son rire. « Tu peux rester là aussi… » elle commença déjà à fouiller dans son petit sac à la recherche d’un paquet et d’un briquet, lorsqu’elle releva lentement sa tête, des mèches de cheveux tranchant la pâleur de son visage : « On peut rester là. »

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MessageSujet: Re: take shelter (hara)   take shelter (hara) EmptyJeu 27 Juil - 4:35
take shelter

featuring. moon hara
outfit // il y avait ces soirées basiques, celles aux mêmes tons usés, aux mêmes voix gâchées et superposées sur les mêmes musiques qui s'encrent dans les cerveaux. et il y avaient celles du père jung. celles qui n'était qu'or et mensonges, exactement là où juyeon devait être censé se construire. le corps lacéré par les costumes coûteux des plus grandes marques, il avait été obligé d'apprendre à dire ce que les gens veulent entendre, surveillé par le regard tranchant de son père. il éprouvait un dégoût égal pour les deux types, mais, étrangement, dans l'un des deux, il parvenait à trouver une raison de sourire honnêtement. il ressentait ce quelque chose, semblable à une musique qui nous est chère, ou un souvenir auquel on tient. le jeune homme n'était ni en mesure de comprendre, ni d'expliquer l'explosion de pigments qui ravageait son cœur. tout ce qu'il pouvait faire, c'était la regarder, déglutir, sourire comme s'il ne serait plus jamais capable de le faire de sa vie. « parce qu'il me semble que vu le milieu dans lequel ils vivent, s'acheter des choses est un peu inutile, non? » articula t-il en haussant les sourcils. en ponctuant sa question, il enfonça ses mains dans ses poches. elle comprendra peut-être la source de son mépris, ou peut-être pas, mais ça n'importait pas plus que ça. ils n'avaient pas besoin d'être sur la même ligne d'entente. « oui, ne t'en fais pas, je lui dirais. » affirma t-il en hochant légèrement la tête. il fallait imaginer un éventuel échange entre les deux hommes, ce qui n'arrivait que rarement. parfois, ils se croisaient, mais à peine se regardaient-ils. c'était une situation à la fois inconfortable et plaisante. juyeon ne tenait en aucun cas à communiquer avec lui. plus loin il se tenait, mieux ça allait.
mais voilà qu'il se tenait droit, honteux, maladroit. avec son invitation ridicule et ses regards mal-assurés, s'efforçant de ne pas céder à des tics qui pourraient laisser transparaître son manque d'aisance. ça n'était pas comme d'habitude, certainement pas, elle, elle, il avait envie de la voir, tout les jours, toutes les heures, il voulait qu'elle soit quelque part dans son champ de vision, il voulait pouvoir l'admirer et l'avoir près de lui. il ne s'agissait absolument pas de cette routine où l'on s'amuse à visiter le cœur des jeunes femmes égarées et détruites. c'était bien plus que ça. c'était le cœur au bord des lèvres, et les émotions qui fusent dans le cerveau. et ça, juyeon ne l'avait jamais expérimenté. « ah, oui, c'est vrai. » finit-il par lâcher, timidement. non. non, non, non. il ne voulait pas ça. il ne voulait pas dépendre des rendez-vous ponctuels de leurs parents, il voulait plus, il voulait hara, il voulait qu'elle soit dans ses bras et contre son cœur, mais tout ce qu'il pouvait faire, c'était acquiescer péniblement, hocher la tête les yeux lâches, esquiver son regard et perdre ses mots dans la longueur des cheveux de la jeune femme. et ça l'énervait profondément, de se sentir si coincé, si bloqué et restreint. à l'instant même, il se détesta de toutes ses forces, et aurait préféré disparaître plutôt que de devoir se confronter aux yeux de hara une nouvelle fois.
changeante, elle proposa une transition, sans pour autant répondre à sa question initiale. peut-être voulait-elle se débarrasser de lui, songea t-il immédiatement. la fumée toxique plutôt que des mots qu'on veut éviter. le trait de son visage se défirent, et son sourire l'abandonna aussitôt. « je pense qu'ils peuvent se passer de moi, honnêtement. » déclara t-il, à la fois dans un ton humoristique et totalement sérieux. il ne voulait pas retourner les voir, il serait probablement trop énervé d'avoir quitté hara si rapidement, trop frustré d'être resté sur une liste d'attente. mais, bon sang, il se fichait des cigarettes, il se fichait de fumer ou non. mais si ça pouvait faire durer le moment, si on pouvait frôler l'éternité en grattant un peu, en insistant un peu plus. « non, j'aime pas ça. » répondit-il avec un sourire qu'on prépare sur un brouillon. c'est mauvais, ça sent les idées sombres, ça détruit délicatement le corps. des fois, juyeon aime s'insuffler un peu de poison, mais ça n'était pas la première chose qui lui venait à l'esprit maintenant. c'est le moment qui compte, lui hurlait sa conscience. son coeur battait la nuit, et ses doigts, qui se demandaient qu'à frôler la peau qu'on leur proposait, retenaient des tremblements.
et puis, il y eu cette sincérité dans ses yeux. « je préfère rester toi. » sa réponse fut presque immédiate. toi, plutôt qu'ici. il n'eut pas à réfléchir, et, il le regretta assez vite. l'honnêteté glissait sur son visage dénué de sourire ou de tout autre adoucissant qu'il pouvait préparer pour affronter hara. non, il n'y avait que le sérieux et une franchise infaillible. qui se brisa de nouveau en une fraction de seconde. sourire usuel, regard pétillant. « on devrait aller dehors. ça serait plus agréable. » juyeon avait l'impression d'étouffer. toujours. entre ces murs menaçants et ces inconnus beaucoup trop nombreux. enjoué, il proposa sa main à hara, pour ensuite se tirer hors du piège. hors de la masse, des cris et des verres levés. il poussa la baie vitrée qui donnaient sur un jardin voilé par l'obscurité de la nuit.
il y était. lui, elle, les étoiles, la royale lune. ce tableau qu'il chérissait tant, son préféré. et derrière eux, le bruit étouffé du vacarme d'une soirée basique. les basses qui résonnaient encore, mais qui s'évaporaient derrière les pulsations de l'organe de juyeon. et la brise, fraîche sans pour autant être glaciale, vint se promener entre ses mèches de cheveux, pour les caresser avec une douceur encore agréable. on peut rester là. c'est ici qu'il voulait rester.
et ça n'est que quelques minutes plus tard qu'il se rendit compte qu'il tenait encore la main de hara. alors, avec une délicatesse qu'il ne connaissait qu'à peine, il s'en défit, lentement, laissant le bout de ses doigts frôler d'abord la paume, puis les fins doigts de la jeune femme. et c'est ce simple contact qui illumina sa poitrine rapidement. les étoiles pouvaient très bien envier le scintillement qui éclatait à l'intérieur de lui. « j'espère que j'ai pas gâché ta soirée. » murmura t-il, comme s'il craignait d'effrayer les ombres tapies dans les formes dessinées par la nuit. toujours si peu assuré.
et les lèvres éprises d'un amour qu'il ne pouvait exprimer que du bout des doigts.
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MessageSujet: Re: take shelter (hara)   take shelter (hara) EmptyVen 28 Juil - 17:24
take shelter

featuring. jung juyeon



t e n u e + C’était comme si elle remontait à la surface, d’un coup de pied soudain au sol, les graines se dispersant autour de son impact. Les bulles ruisselaient contre son corps, la pression résistant à ses tentatives raisonnables, et les oreilles sifflaient. Sifflaient de ce cri horrible qui ne résonnait qu’entre les crânes d’ivoires et la cervelle. Des connections embrouillées, de l’électricité qui jaillissait du bout de ses neurones venant énerver ses pensées agitées et lentes à la fois…Cette même sirène qui retentissait lorsque ses yeux se voilaient d’une lumière blanche, que les atomes de son être se dispersaient entre la chaleur du cœur et la froideur de l’épiderme…Puis, sa tête fleurissait hors de l’eau, saignant de l’océan, ses cheveux s’étirant autour d’elle semblable à des pétales noirs. Il fallait nettoyer le sel de son visage, extirper ça de ses moindres pores, et ouvrir les paupières lentement pour ne pas les irriter…reprendre sa respiration brutalement, remplir les poumons d’air comme pour renaitre après avoir nagé dans la mort. C’était comme remonter à la surface, le fait d’arrêter de voguer ses hanches d’un côté à un autre, de battre des mains dans le ciel pour embrouiller les constellations et en voler quelques-unes…Remonter à la surface et être désorientée. Sortir d’un monde pour se réhabiliter à un autre…celui qu’on avait lâché avec envie, avec la volonté de le laisser de côté pendant un petit moment. C’était effrayant et rassurant à la fois…sa voix à lui qui s’écrasait contre ses tympans, semblables à des vagues léchant ses membres, ses yeux la caressant comme l’écume blanche moussant sur sa peau opaline, ses mots qui trempaient son cerveau…elle s’en engorgeait instinctivement, évitant pour autant de se laisser couler. Elle tremblait encore des genoux, la fatigue épuisant ses mouvements qui s’échouaient avec lassitude, leur vibrance et énergie se dissipant dans l’atmosphère. Ils semblaient être des mousses gonflées d’eau, s’abattant avec une certaine langueur sur les dos voisins, les empêchant avec peine de venir la heurter…des bras inconnus cognant ses cuisses, des mains étrangères frôlant sa cambrure…des doigts éreintés emmêlant sa longue chevelure. Elle ne voulait pas leurs touchers, elle n’avait pas besoin de leurs touchers à eux…elle voulait sortir et respirer, sentir le vent écraser ses organes, emporter ses pensées qu’elles se perdent dans la noirceur de l’horizon. Qu’il efface les frôlements et les sentiments.
« parce qu'il me semble que vu le milieu dans lequel ils vivent, s'acheter des choses est un peu inutile, non? » Non. Elle ne comprenait pas mais ne disait rien. Un visage à moitié couvert d’ombre, cachant sa vie sous cet amas confus entre lumière et ténèbres. Elle aurait pu plonger là à cet instant, s’éclipser dans la masse et disparaitre à jamais. Finir dans les bras des algues, les traits figés…boursouflés par l’eau comme un poupon. Elle aurait atterrit dans les chiottes, les yeux larmoyants, les lèvres gercées…le goût âpre du poison de ses organe rongeant le fond de sa gorge. Mais elle ne faisait rien, rien si ce n’est hausser des épaules. Un geste qui voulait tout et rien dire à la fois. Elle haussait des épaules lorsqu’on lui demandait si elle aimait cette jupe-ci, si elle préférait la rouge à la rose, si elle voulait sortir le lendemain dans une autre de ces boites étouffantes. C’était une de ses fâcheuses habitudes en plus de se ronger les ongles, le vernis se coinçant dans ses gencives sanguinolentes. Elle lui transmit alors le message de sa mère, ce sourire figé de la « cool girl », celui qui la sortait de n’importe quelle situation. Elle passait pour la fille qui ne se fâcherait jamais et accepterait toujours les propos d’un quelconque mâle. Celle qui ne ferait jamais de crises lorsqu’il s’intéressera plus à ses jeux-vidéos qu’à elle, celle qui pleurera en silence lorsqu’il ne sera pas là, effondrée sur le sol de la cuisine. Celle qui montrera son cul dès qu’il rentrera sans même lui révéler ses doutes profonds. « oui, ne t'en fais pas, je lui dirais. » hochant de la tête tout comme lui, elle rajouta : « Merci, t’es un amour et si tu pouvais lui rappeler que Madame Moon a une fille qui aime beaucoup les perles aussi ce serait cool. » C’était comme si elle parlait sans réfléchir, son cerveau en pilote automatique sortait des débris de phases auparavant entendues qui avaient fait réagir le monde. Des réponses positives, des rires, de la sympathie s’imprégnant des personnes. Elle voulait tout cela de sa part à lui, et bien plus encore. Qu’elle soit sa « cool girl » malgré l’interdit, le temps d’une minute ou deux. Parce qu’Hara était ainsi : façonnée dans les faux semblants et les bonheurs éphémères…baignée dans l’acide de songes abandonnés, se trimballant les multiples carcasses de ses personnalités, tel un insecte, elle changeait de peau illuminée par les rayons de leurs désirs. Une attention particulière, un coup d’œil rapide, et elle sondait dans leur esprit la femme parfaite. Elle était modelable dans leurs mains, il semblait qu’on pouvait en faire ce que l’on voulait. Durant la nuit, elle se déposait sur les chairs comme un rêve évanoui, les caresses lunaires triomphant de sa vile et ennuyeuse nature humaine. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle s’efforçait tant à être ainsi : parfaite. Hara ne se posait que rarement la question…parce qu’elle aimait être ainsi ? Parce qu’il était amusant de se sentir autre que soi-même ? Etre un caméléon, capable d’endosser tous les rôles ? Pourquoi fallait-il donc se coller une étiquette ? Etre la fille qui suce ou celle sainte-nitouche. Celle qui « se respecte » comme la société le dirait, ou celle qui s’envoie en l’air. Celle qui se consacre à son avenir ou à son présent. Pourquoi une femme devait-elle choisir un camp ? Pourquoi ne pouvait-elle pas tout être à la fois et dérouter les raisons, faucher les opinions et stéréotypes. C’était sa propre révolution. La guerre civile qu’elle menait silencieusement, une sucette pendant à sa langue sucrée de mots doux et de mensonges acidulés. « ah, oui, c'est vrai. » ou peut-être était-ce seulement pour se sentir aimée…parfaite pour quelqu’un, suffisante. Comme si elle ne devait jamais être honteuse de ce qu’elle était puisqu’on l’acceptait comme telle…comme si elle ne devait plus jamais se confronter au fantôme hantant son reflet. Mais la race humaine était imprégnée de vices et de jugements brutaux…on l’avait béni du don de parole pour qu’elle finisse par en user stupidement. « Ouais… » et elle n’avait rien à rajouter. Pas de réponses à donner…à quoi cela servirait-il de toute manière ? Elle ne savait pas ce qu’il voulait d’elle, il ne savait pas ce qu’il faisait d’elle.
Et puis les vagues revenaient s’effondrer contre leurs corps…les repousser plus loin l’un de l’autre, dans cet océan vivant, les phares de ses yeux se perdaient dans la brume des soupirs alcoolisés. Les gens la tiraient vers eux, dans leurs danses endiablées, dans leurs rires enfoirés, dans leurs délires dionysiaques, des sirènes charmant ses sens engourdis et sa cervelle liquéfiée aussi lourde que du plomb…alors prise de panique, elle battait des jambes et des bras pour revenir vers les côtes parce qu’elle s’y était habituée. A ça. A sa respiration rencontrant ses poumons, et parfois se demandait-elle si c’était l’air qu’elle inspirait ou bien son souffle à lui. Elle parlait parce qu’elle ne voulait pas que le feu s’éteigne tout de suite…et dans ses mots elle disait le contraire : elle suggérait la fuite quand elle souhaitait sa prison. Elle sentait bien qu’elle perdait pied petit à petit, savait bien inconsciemment que l’alcool faisait enfin son effet. Elle regardait les fous autour d’elle et ça semblait normal, banal…elle sentait tout ce sang bombarder ses joues de rouge, tout ce flux immonde propulsé par ce cœur déjanté. Il la gardait éveillée et sobre lorsqu’elle voulait sombrer dans l’ivresse. Laisse-moi avait-elle envie de crier…elle ne savait pas très bien à qui : lui, le monde ou cet organe ? Laisse-moi me perdre…ça sifflait dans ses oreilles, au bord de ses lèvres comme ce battant trop bruyant, trop violent pour ses côtes fragilisées par ses coups. Laisse-moi me perdre dans tes bras suggérait-elle par de furtifs regards lancés dans son incapacité à se contrôler. Oui, elle perdait pied, et regrettait amèrement sa décision précédente. Elle aurait dû attendre l’autre débile. Qu’il lui ramène encore un de ces gobelets rouges, et peu lui importait si c’était un de ces pervers à verser de la drogue dedans. Elle l’aurait bien prise pour s’anesthésier. « je préfère rester avec toi. » elle secoua sa tête à la dérobée rapidement, sa vision se floutant quelque peu d’épuisement…et puis cette musique qui perçait ses tympans l’empêchait d’entendre clairement. Scellant sa bouche pour ne pas crier un « t’as dit quoi ? », elle se contenta de lâcher un léger sourire suivant les mimiques de Juyeon.  « on devrait aller dehors. ça serait plus agréable. » et elle n’avait pas vraiment à réfléchir ou à répondre, il fallait seulement qu’elle tende la main et par cette action, le prie de la tirer de l’eau. Il l’emmena à la croisée de deux univers qui s’embrassaient encore longuement. Dehors, il y avait la nuit qui la voilait avec clarté, d’une mousseline sombre d’une teinte plus limpide. Dedans, il y avait ces néons artificiels dérobant ses traits dans leurs paumes obscures et colorées. L’artifice qui déformait, la nature qui dénudait…elle ne pouvait plus tellement se cacher, s’enfoncer dans le sein réconfortant de la noirceur opaque et se protéger de son regard. Ici, les cheveux tirés par les astres, elle se devait de présenter sa face nébuleuse. Son mascara qui saignait ses cernes violacées, son gloss rouge bavant de ses lèvres, sa chevelure embarrassée de la trace de tant de mains étrangères, et puis ses pupilles qui s’agrandissaient toujours plus…avalant sur son passage le brun de ses yeux, créant le trou noir…le passage vers l’intérieur de son être. Et il la lâcha doucement, brisant l’unique contact qu’il pouvait y avoir entre eux. Elle aurait voulu le retenir, emmêler ses doigts aux siens, enrouler son petit doigt du fil rouge de leur destinée, mais elle le laissa partir. Parce que c’était plus sage…seulement semblait-elle tomber, glisser, elle aussi lentement au fur et à mesure qu’il se détachait. Hara devait ressembler à un poisson sorti de l’eau, gigotant dans tous les sens, se battant pour un petit peu de vie par pur instinct. Dans l’éclair de ses pensées, elle voulait retourner là-bas…se fondre et s’évaporer. Qu’il en pêche une autre et la confonde avec elle…pourvu que ce ne fût pas Hara…cette Hara-ci qu’elle ne supportait pas. Qu’elle fuyait en le fuyant. « Quelle sotte je fais, j’ai oublié de mettre mes chaussures… » elle les tenait toujours au bout de ses doigts, lacérant ses articulations et lui coupant la circulation sanguine. « Tu permets ? » Posant sa main sur son épaule, elle s’appuya sur lui pour ne pas défaillir. Et c’était horrible de reprendre ces centimètres en plus…ça mordait ses talons et brûlait ses pieds. « Puis merde… » murmura-t-elle, aussitôt mis, aussitôt enlevés. La douleur enflammait ses tendons, les flammes remontant doucement jusqu’à ses hanches. Alors elle s’approcha du rebord de la terrasse, pieds nus et s’accouda aux bars de fer qui absorbaient la chaleur de ses avant-bras. Il y avait Gangnam qui s’étendait devant elle…toutes ces étoiles superficielles qui remplissaient son regard de millions de paillettes. Il y avait des gens, partout dans ces buildings…différentes existences faisant ce qu’elles pensaient être bon de faire, normal de faire…Elle se demandait si quelqu’un regardait aussi à travers la baie vitrée, ivre d’ennui, se demandant s’il arriverait même à survivre jusqu’à ses trente ans. Hara connaissait secrètement la réponse. « j'espère que j'ai pas gâché ta soirée. » elle haussa des épaules de nouveau sans le regarder. A la place, balançant ses chaussures à côté d’elle, elle sortit son paquet et son briquet plaçant automatiquement une cigarette entre ses lippes. Protégeant la flamme du vent, elle alluma le bâtonnet de nicotine, inspirant les monstres grisâtres. Raclant enfin sa gorge, la coréenne finit par parler d’une voix rouillée. « De toute manière quelqu’un l’aurait gâché. » et la fumée embaumait son visage…s’incrustant dans ses pores, lui donnant cet air des femmes désabusées, les paupières tombantes, le sourire disparate…les iris…comme des éclipses lunaires. « Alors autant que ce soit quelqu’un que je connais plus ou moins », un petit rictus trembla au coin de sa bouche, laissant ses pommettes briller sous les petites perles de sueur. « Tu veux que je te dise ce que je pense ? » la cendre flashait à ses tapotis de doigt. « Tu es beaucoup trop gentil avec moi. Tu t’excuse beaucoup trop. T’es pas à ta place, je veux dire là, avec moi. » mensonge. C’était elle qui n’avait pas sa place avec lui. Etre aussi près de lui, rabattant sa chevelure d’un côté pour lui présenter la chair ivoirienne de son cou, la rondeur de ses épaules, le mystère de ses faux-cils charbonneux rendant son regard pesant vers l’horizon.  « Ce que j’entends par là c’est qu’on a le droit de rester tous les deux, de se croiser mais ça peut être mal interprété. En quelque-chose d’inapproprié et qui est mensonger. » Malgré le bourdonnement dans son crâne, Hara arrivait encore à parler distinctement, sans trébucher sur la fin des syllabes. Elle parlait seulement plus lentement, d’une voix plus grave…de ce ton épuisé qui griffait ses cordes vocales. « Les gens pourraient penser qu’on flirt alors que c’est complètement faux, tu vois ? C’est très délicat. » Lui présentant toujours son profil, ses yeux se perdaient à nouveaux vers les immeubles qui semblaient toucher le ciel…et peu importe leur hauteur, ils n’arrivaient jamais à frôler les nuages. Hara ressemblait à ces monuments grisâtres…se parant d’artifices lumineux pour cacher le béton de ses formes…la grossièreté de son corps. Les bras tendus vers l’espace, elle attendait qu’on la dérobe…qu’elle se dérobe du goudron. Reprenant une bouffée de sa cigarette, elle reprit sa morne parole « C’est pas comme si on le pouvait, non. On fait juste connaissance étant donné la situation familiale dans laquelle nous sommes, n’est-ce pas ? » elle ne souhaitait pas le regarder…le visage détourné, elle semblait reprendre un peu de pouvoir. Un peu de son contrôle. Elle arrivait à attacher ses démons et à chasser les avions de papier qu’étaient ses idées volages. La seule chose qui ne changeait pas était la détonation de son cœur qui semblait tirer un coup de feu à chaque battement…ne laissant aucun répit à la plaie qu’elle s’était faite toute seule, à force de jouer avec ses sentiments. « D’ailleurs, je prends la télécommande tous les soirs à partir de 19h et tu ne toucheras pas à mes céréales complètes. » elle laissa un sourire s’échapper de sa laisse…et elle ne s’en voulait pas, car elle savait qu’il rendrait un peu de vie…un peu de son attitude détaché. Qu’elle redeviendrait la « cool girl », froide et chaude à la fois…une touche d’illusion, la malice de la femme-enfant.
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MessageSujet: Re: take shelter (hara)   take shelter (hara) EmptyLun 31 Juil - 2:32
take shelter

featuring. moon hara
outfit // tout aurait pu s'arrêter ici. figés dans la nuit, la demoiselle aux pieds nus et le garçon transis. leur histoire ridicule et obsédante aurait pu se taire sous le ciel infesté d'étoiles trop brillantes pour des gens si insignifiants. juyeon aurait sûrement dû garder sa main dans la sienne, la serrer, l'attirer contre lui et la couvrir de ses bras, pour lâcher uniquement lorsqu'elle se sentira lassée. mais la ville les regardaient, la lune les écoutaient. ça aurait été stupide de gâcher le décor pour des émotions qui n'ont pas lieu d'être. l'astuce, c'était de tout ensevelir au fond de son cœur, pour tout régurgiter quelques heures plus tard, quand il se sentirait en mesure d'éprouver toutes ces âneries, tout cet amour exubérant, pour une seule et même femme.
s'efforçant de détacher les yeux du somptueux portrait qu'elle était lorsque la lumière de l'orbe nocturne détachait sa silhouette artistiquement, il souffla simplement du nez. si la terre entière était contre hara moon, il craignait de ne pas pouvoir y faire grand chose. ses bras n'étaient pas assez larges pour la protéger de chaque coup qu'elle recevait. juyeon aurait voulu être cette cigarette, pendu entre ses lèvres, lui insufflant du réconfort, infectant la totalité de son corps. ça aurait été plus facile s'il n'avait été qu'un vulgaire outil que l'on écrase sous sa chaussure quand il est usé. mais lorsqu'elle poursuivit, il plissa les yeux, dans l'incompréhension. sa mâchoire se serra automatiquement. trop, trop, ou pas assez? si je dois changer, je le fais immédiatement. dis-moi comment tu veux que je sois, et je changerai tout de suite. il n'avait rien prévu pour cette situation. il avait essayé d'être lui-même, et ça n'allait même pas. il n'était même pas capable de réussir ça. même être lui-même ne suffisait pas. « si tu le dis. » marmonna t-il dans le vent, en projetant son visage dans l'étendue nocturne face à lui, échouant un sourire. ses mots écorchaient sa gorge, mais tant pis, quand il sera rentré, il apprendra encore une fois à être quelqu'un d'autre, et ça ira, probablement. t'es pas à ta place. t'es pas à ta place. t'es pas à ta place. comme s'il ne le savait pas assez bien, toujours perdu, valsant sur un pied différent à chaque seconde qui s'écoulait. il n'en avait pas, de place, alors il s'en construisait une misérablement, trop fier pour supplier qu'on lui en fasse une au près d'elle. sa remarque ne l'avait pas vexé, elle l'avait juste poussé à se détester un peu plus, lui qui pensait bien faire. pauvre idiot.
la suite était évidente. d'une certaine façon, il l'avait vue venir. il aurait fallu être stupide pour croire à une histoire comme celle-ci. mais juyeon l'était sûrement trop. il se fichait bien de l'interdit qui le menaçait lorsqu'il la regardait avec une ardent dévotion. et hara semblait lui répéter ces règles qui dressaient une barrière autour de sa personnalité. d'une façon, il en avait réellement horreur, ça l'insupportait, alors il s'efforça de rester le plus impassible possible. après une courte inspiration, il retrouva un visage plus ou moins détendu. le ton de sa voix était plutôt naturel. « écoute, si ça t'ennuie ou te dérange, on peut arrêter là, pas de soucis. j'arrête de venir te voir ou de te parler, ou bien, je me limite aux formalités de familles riches et gâtées. mais sache que ce que les gens peuvent penser de nous, moi, je m'en fiche complètement. » répondit-il honnêtement, bien conscient que ça n'était pas son cas à elle. il n'y avait pas de plus immense mensonge que le "pas de soucis" qu'il s'était entraîné à articuler. en réalité, cela lui poserait tout les problèmes du monde. mais comme elle ne semblait pas s'en douter, il profita juste de l'occasion pour se voiler la face. « "on fait connaissance"? » ses sourcils se haussèrent, dessinant une expression surprise sur son visage si fatiguant. il en ignora même la pointe d'humour d'hara. son expression se bloqua un instant, puis il finit par exploser de rire, bien trop amusé par le ridicule de cette phrase. le faciès illuminé par sa soudaine bonne humeur, il attrapa de nouveau la main libre de hara et la secoua doucement, lui offrant cette stupide poignée de main qu'il était obligée de répéter lorsque son père l'entraînait dans ses soirées. « d'accord, enchanté, je m'appelle jung juyeon, ravi de faire votre charmante connaissance. » détacha t-il avec hilarité, comme un enfant bien trop prit dans son jeu. la regardant droit dans les yeux, là où il n'était pas entièrement capable de mentir, il posa la main de la demoiselle contre son torse, précisément au dessus de l'hypocentre de ses émotions embrasées. exactement là où son coeur se débattait comme une bête sauvage. « comme on ne se connait pas, il est évident que je n'éprouve pour vous que du respect. » articula t-il, persuadé que ses mots et son insolence ne pouvaient même pas couvrir le vacarme de son organe perçant sa poitrine.
complètement exposé, juyeon avait balayé ses dires précédents avec ce seul geste. jamais il ne serait capable de rester trop loin d'elle, par évidence.
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MessageSujet: Re: take shelter (hara)   take shelter (hara) EmptyMar 1 Aoû - 1:55
take shelter

featuring. jung juyeon



t e n u e + La légèreté du vent allongeait des baisers de velours sur son visage enflammé. Tourmenté par les turbulences de ses organes, l’euphorie des sens qui s’exposaient à toutes les vibrations, la bonne humeur maladive et contagieuse qui s’amourachait des corps dans ce genre de soirées. L’air ambiant venait envelopper de ses bras cristallins l’être de Hara, le cadavre inerte qui ne semblait vivre que par accident...par une mésaventure d’un savant fou qui n’avait jamais su quoi faire de son talent incompris. Un artiste corrompu par sa propre folie, il avait créé ce monstre en décomposition, cette bête qui se retournerait contre lui…qui irait crier aux montagnes ses multiples tourments. Qui irait crier aux ciels orageux les peines de ses sentiments, oh et à quel point cela faisait mal de ressentir quelque-chose. De vivre à demi-mesure, par excès ou déviance, il fallait faire attention. Contenir dans du papier-bulle le battant effarouché, le protéger d’une flèche empoisonnée…Hara était lourde…son crane était fait d’acier, son cerveau était du plomb liquéfié, ses idées du gaz explosif qui n’attendait qu’une petite flamme pour emporter avec elles la cervelle entière de la jeune coréenne. Pour exploser et tâcher les murs de ses mensonges, présenter au monde entier son intimité pourrie, trafiquée par des démons anciens qui ne reposaient plus. Il y avait un temps où il suffisait d’une veilleuse pour calmer leur vaillance et leur appétit, aujourd’hui leur ventre grognait et leur gorge hurlait de ce cri strident qui lacérait le visage de Hara de douleur. Elle était lourde, la femme. Légère quand le vent léchait sa peau doucereusement, avec l’amour des plus beaux amants. Elle n’avait jamais été autant aimée que par le vide des nuits, par le regard scintillant des astres là-haut et leurs souffles multiples s’épanouissant sur son épiderme ivoirien. Peut-être qu’ils ne l’aimaient pas eux, elle n’en savait rien…peut-être qu’eux aussi étaient comme ces autres. Ceux-là qui baisaient son corps et le laissaient inerte sur des draps trempés. Hara n’était alors que des fragments de cette fille-là, la réminiscence de leur rêve parfait…
Elle voulait s’étendre avec le toucher du vent, se désintégrer lentement, sentir ses atomes se détacher…que la matière se redistribue équitablement, qu’elle appartienne de nouveau à quelque-chose d'autre que tout ça. Ce ça qu’elle ne savait définir réellement…était-ce elle, ou eux ? Était-ce sa mère ou ses troubles ? Peut-être était-ce, caché dans les ombres de ses cauchemars, son frère ainé ? Ce fantôme hantant encore les photographies familiales que la matriarche avait retourné sur la commode du salon…comme un miroir que l’on couvrait d’un drap, elle avait refusé de poser son regard sur ces miettes de souvenirs. Elle n’avait jamais rien vu venir de toute manière, que ce soit l’alcoolisme de son fils, ou la dépendance de sa fille. Que ce soit la drogue ou la maladie. Aveugle, elle portait pour yeux deux billes translucides dans lesquelles ses enfants pouvaient encore tout lire contrairement à ces autres hommes qui tombaient pour ses charmes superficiels. On y décelait la maladresse et l’exaspération à la fois, on y devinait la vanité et la fierté, la peur aussi quelques-fois…et c’est ce que Hara détestait le plus dans cette femme : sa peur. Cette chose qui la rendait encore humaine malgré tout. Qui la rendait encore innocente selon elle…et elle écartait l’abus émotionnel, elle écartait les bêtises et les absences…elle effaçait tout, rayait tout. La mère Moon ne devait pas être mère…elle n’aurait jamais dû l’être, aussi ne portait-elle pas son rôle. Elle ne l’avait fait que le jour de sa naissance, quand elle avait pris dans ses bras, les larmes brisant ses pommettes hautes, le nourrisson. C’était un instinct qui s’était déclenché, au bord du précipice, elle aurait pu changer. Mais cette peur. Cette même peur qui la faisait trembler lorsqu’elle se retrouvait seule à table, un verre de vin soulignant sa main, ou lorsqu’elle recevait l’appel téléphonique du médecin de la clinique où reposait son fils unique. Se sentir trop petite pour tout ça…pour ce que la vie avait voulu qu’on soit, trop irresponsable. La mère Moon était un monstre à sa manière…Hara avait pour habitude de penser que les Hommes étaient tous des monstres à leur manière, dans leur pathétique humanité…c’était seulement lorsqu’on parlait d’humanité qu’on mettait au jour la sauvagerie. Et pour chaque bonne action que l’on applaudissait se mettait en relief le reste de la société, les poings enfoncés dans les poches, marchant la tête basse vers des directions les menant nulle part. Il suffisait de penser qu’on arriverait à quelque-chose, un jour ou l’autre. De garder cette foi en l’inconnu…Il suffisait de poser un pied après l’autre, et puis de mourir ayant rempli ses impôts et ses devis.
Du haut de la terrasse, Hara observait donc ce monde avancer dans l’ombre de la nuit…peut-être était-ce le seul moment de la journée où ils se sentaient tous plus libres. Dans l’obscurité, il n’y avait personne pour les juger, personne pour tourmenter leur véritable nature. La nuit dénudait. On ne pouvait lui mentir, c’était l’unique juge, l’unique confidente, l’unique amante. Après tout, nous avions été créés dans la noirceur d’un ventre, en fermant les paupières, nous étions confrontés à ce rien, et à notre mort nous retournions dans les ténèbres. Ca coulait dans nos veines, ce bout de vide qui s’incrustait et grandissait comme une tumeur abominable. Hara en était atteinte gravement…elle sentait ce trou prendre de plus en plus de place en elle, rongeant ses membres, la faisant fléchir et faiblir. Il fallait seulement attendre que cela la consume complètement…parfois même, seule, dans son lit, elle sentait comme la nuit et cette maladie communiquaient entre elles, dans une confidence qu’elle n’arrivait pas à déchiffrer…des grésillements, des murmures s’entrecroisant, lui arrachant des larmes et des gémissements étouffés dans un coussin humide. Elle tentait bien de se couvrir avec un drap, de stopper leurs manigances, mais elles trouvaient toujours un moyen pour parler et faire claquer leur langue de vipère. Ca n’était que lorsque le matin enveloppait de ses doigts rosés la bouche de la nocturne que cela cessait…ça n’était que lorsque Hara bouchait le trou d’artifices que tout redevenait normal. Qu’elle se cachait de nouveau derrière son propre dos, jouant à cache-cache avec les raisons qui pouvaient flotter autour d’elle. Ils ne connaitraient jamais celle-ci : toujours ce même reflet creux dans le miroir.
La fumée anthracite embrouillait son champ de vision, projetant sa vulgaire odeur brûlante contre sa peau…chassant la fraicheur du vent rapidement, le temps de rappeler à Hara que c’était elle qui allait la bouffer de l’intérieur. La grignoter petit à petit…si ça n’était pas lui en premier. Sa présence dérangeait la demoiselle, elle le savait auprès d’elle et c’était comme si tout son être tendait vers lui. Non plus vers l’infinité du ciel où dansaient mélancoliquement ses prières échouées. Mais vers lui, comme si elle se devait de rester ici, les pieds gelés par les dalles de la terrasse. De demeurer sur terre, le temps d’un seul baiser amer qu’elle n’oserait jamais initier. Ses furtifs coup d’œil alors qu’il ne la regardait pas révélaient ses inquiétudes…et elle avait si peur…oh oui, comme sa mère…elle était tant chétive, une biche suffoquant dans sa course éreintante. Savait-il lire dans ses yeux…devinerait-il à quel point elle était prête à succomber. S’il le voulait, il aurait pu la cueillir et la coincer entre les pages d’un vieux bouquin. Elle serait morte, agonisante, lentement, mais aurait été éternelle dans ses mémoires évanescentes…elle aurait pu demeurer. « écoute, si ça t'ennuie ou te dérange, on peut arrêter là, pas de soucis. j'arrête de venir te voir ou de te parler, ou bien, je me limite aux formalités de familles riches et gâtées. mais sache que ce que les gens peuvent penser de nous, moi, je m'en fiche complètement. » elle avait l’impression qu’à chacune de ses syllabe ses côtes se rapprochaient dangereusement de son cœur…et pour une fois voulait-elle le préserver, qu’il n’éclate pas comme une bulle de chewing-gum sous la pression des os. De ces os qui s’étaient engrossés de tellement de péchés depuis son enfance…de tellement de vices. Son cœur était la seule chose qui était restée encore brutale, encore sauvage, préservé de toute humanité, il courrait à l’instinct, découvrant le feu pour la première fois. Il ne criait que la survie, n’était régit que par les sentiments. Etait-ce donc vrai ? Le cœur avait-il ses raisons que la raison même ignorait ? Hara tendait l’oreille, voulait comprendre si elle faisait une simple crise d’angoisse ou si ses mots la blessaient réellement. Mais tout ce qu’elle entendait était cet amas confus et étourdissant qui résonnait dans ses tympans. « Le contraire m’aurait étonné…cites moi une chose dont tu ne te fiches pas éperdument, Jung. » tirant sur sa cigarette, elle se laissa s'envenimer avec langueur. Elle pouvait sentir la fumée ruisseler le long de son corps, ramassant la poussière et les crasses sur son passage…pour les retirer dans son expiration et les laisser s’envoler au loin. C’était pour cela qu’elle était aussi grise, elle portait en son sein la saleté de la jeune Moon. Elle se refusait toujours de porter son regard vers le jeune homme…continuant sur ses explications maladroites, faignant la sagesse et la maturité. Hara aurait voulu ne pas être si responsable, si adulte, elle rêvait en ce moment même de ne plus être la femme qu’elle avait construite, mais juste pour lui, juste une seule nuit, l’adolescente écervelée qu’elle avait pu être autrefois. Il l’aurait alors connu ainsi avant que le temps et la fatigue ne viennent imprimer son visage, avant que ses traits ne s’alourdissent et que son cœur ne se mette en arrêt soudain. Il l’aurait connu dans sa jeunesse, dans ce chaos de pensées érotiques, d’idées poudrées de rose, de talons allant jusqu’à couper ses pieds, d’explosions d’hormones, de rouge à lèvres flamboyant…il l’aurait connu au creux de son cou, dans ses bras et sur ses lippes…sur sa langue, dans le fond de sa gorge. Elle l’aurait infesté, comme un parasite, un virus, elle aurait échauffé son front, épuisé ses muscles, il n’aurait jamais pu l’attraper réellement. Même ses baisers s’envolaient dans des rires malicieux. Hara aurait pu s’en sortir si seulement elle était plus jeune…à présent, elle était coincée. Coincée dans ce fantasme interdit, dans ses regards rapides vers sa silhouette qui se détache du terrain, dans ses soupirs aussi, et tous les gestes qu’elle faisait. Pour attirer son attention, elle balançait la masse de ses cheveux sur son épaule, elle faisait tournoyer son crayon entre ses lèvres, les dents cognant la surface, elle enrobait de toute sa bouche la paille de sa boisson, elle croisait ses jambes, révélait toujours un peu plus de chair. Elle s’improvisait gamine quand elle l’avait enterré depuis longtemps. Et elle était comme déplacée de ces actions…disloquée.
« "on fait connaissance"? » La surprise craquela son masque à l’écho du rire de Juyeon. Instinctivement, elle tourna sa tête vers lui cherchant à comprendre ce qu’il y avait de si drôle dans la situation. Certes avait-elle fait preuve d’humour, mais jamais n’avait-elle autant fait rire quelqu’un. Il manquait aussi une connexion dans sa cervelle lorsqu’il saisit sa main une nouvelle fois et la remua dans une poignée. « d'accord, enchanté, je m'appelle jung juyeon, ravi de faire votre charmante connaissance. » toujours suspendue à son étonnement, les yeux écarquillés surplombés de ses longs cils artificiels, la bouche légèrement entrouverte, il lui fallut bien quelques secondes avant de laisser échapper un ricanement enfantin. « Ce n’est pas ce que je voulais dire, idiot. » répliqua-t-elle, en repoussant une mèche de cheveux qui venait fissurer son visage d’un mouvement rapide de la tête d'abord, puis finissant par s’aider de ses doigts libres. Laissant son rire s’estomper en un sourire, elle tenta de reprendre sa main et de se détourner de nouveau de lui lorsqu’il déposa sa paume contre son torse. Et en une particule du temps, en un souffle coupé, une vague de chaleur lécha l’entièreté de son être. Les flammes avaient grandi subitement, comme du sable que l’on jetait sur la quiétude d’un feu…les cendres reprenaient de leur ardeur avec véhémence et le désastre prenait doucement sa place dans l’ombre de son battant. Observant, venant se réchauffer contre cette fureur abominable, cette destruction massive qui s’opérait dans les viscères de son corps. « comme on ne se connait pas, il est évident que je n'éprouve pour vous que du respect. » c’était un pincement qu’elle avait ressenti en son cœur. Une brèche qui s’ouvrait doucement, elle sentait la pointe de la flèche s’enterrer encore plus loin dans la chair…elle sentait l’acier lacérer ses nerfs…elle se sentait saigner de l’intérieur, comme si soudainement tout fondait en elle, tout se liquéfiait. Tout s’effondrait, si bien que ses genoux recommençaient à chanceler ne supportant plus le poids soudain de toute cette agitation. Et ce terrible sifflement reprenait sa symphonie mortelle dans ses tympans. Elle sentait sa paume moite et pulsante si bien qu’elle ne savait plus si c’était son battant à lui qu’elle pouvait distinguer ou bien le sien qui par résonance avait réussi à s’incruster derrière ses côtes. Semblable à une mauvaise herbe, il avait niché ses racines en lui et grandissait à chaque fois qu’elle faiblissait. La lèvre inférieure tremblante, elle ne savait plus quoi faire, où fuir…puisque fuir était l’unique solution à cette situation. Se cacher, toujours et encore pour que jamais on ne la retrouve. Sa cigarette glissa d’entre ses doigts gonflés de chaleur, tombant dans l’infinité qui s’étendait en bas. Automatiquement, elle retira violemment sa main et dirigea son attention vers la perte. « Oh merde » s’essouffla-t-elle, les yeux fixés vers le bas, elle ne distinguait que les veines de la cité engorgées de lumières jaunes et blanches. Parfois des points différents surmontaient la vague duochrome. Se résignant à la retrouver, elle recula finalement, la respiration saccadée…prise de panique, et cette biche venait de glisser sa patte dans le piège du chasseur. La douleur s’élançant dans tous ses muscles, pulsant jusqu’à ses tempes. Elle manqua de perdre l’équilibre en marchant sur ses talons, se rattrapant aux barres de métal froides qui glacèrent ses mains. Se baissant alors pour ramasser ses chaussures, elle sentit son sac lui glisser de l’épaule et avant qu’elle ne puisse le rattraper, il s’échoua violemment contre le sol. Tout se déroula très vite, un enchainement de maladresse…de perte de contrôle, et elle sentait ses globes oculaires lui démanger. Honteuse, embarrassée et perdue, l’océan s’était déchainé en elle. Et la tempête était si grande qu’elle arrivait à se faufiler entre les fissures, rejoignant sans aucune gêne l’extérieur. Hara tentait de retenir ses larmes, d’ignorer le sel qui rongeait ses yeux, le trouble dans sa vision, reniflant dans l’ombre qu’elle pouvait trouver en baissant sa tête vers le sol. Elle s’accroupit finalement, ramassant alors ses affaires, lasse de ces conflits régnant dans son esprit, ne souhaitant que s’évanouir avec le vent. « Je crois… » essuyant la bordure de son œil, elle se releva rapidement une fois tous ses biens récupérés, tirant un peu sur le bout de sa robe. C’était terrible comme elle pensait pouvoir duper toute une terre entière avec quelques gestes. C’était pathétique…et quelque peu triste comme elle pensait encore pouvoir se mentir. « Je crois que les filles m’attendent, » dit-elle, souriant un peu, les yeux brillant encore de sa faiblesse. « Je vais donc y aller, ouais c’est ça…j’ai besoin d’un verre ou deux. » Ou d’une bouteille entière, elle n’était pas assez ivre pour pouvoir se sortir d’un tel embarras. Et peut-être qu’il ira rire avec ses amis de l’idiotie de la Moon…et peut-être qu’il irait raconter des histoires sur sa personne. Qu’en savait-elle après tout ? C’était exactement ça le problème : rien. Hara n’avait jamais rien su. Elle prétendait seulement, d’une confiance déviante et agaçante. « Je te souhaite donc une bonne soirée. » et comme pour se convaincre elle-même, elle hocha de la tête rapidement, toujours ce même sourire coinçant ses pommettes.

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