< Arcade Mode > (Bao + Aga)

Je ne suis pas arrivé depuis très longtemps et je ne sais pas encore ce que j'en pense. De tout ça, la maison, les autres SAJA, mon frère, la fac. Je ne sais pas encore si j'aime bien être là.
Mais ce dont je suis certain c'est que c'est toujours mieux qu'être à Busan. Au moins ici la plupart des gens ne me remarquent pas, ils ne me parlent pas, et pour être honnête c'est toujours mieux que de me faire insulter, rabaisser ou frapper en permanence. Je sors timidement de ma chambre en regardant de chaque côté du couloir pour être bien sûr que je ne croiserais personne. Un dimanche après-midi, ça devrait aller normalement, la plupart des gens sont dehors, ils profitent surement du beau temps. Parfois j'aimerais sortir aussi. Aller sur l'herbe et lire un livre ou je ne sais quoi. Comme les gens normaux. Mais je voudrais pas croiser trop de monde, on sait jamais, je pourrais embêter quelqu'un. On m'a souvent dit que me vue n'était pas agréable alors... Je passe dans le couloir comme une ombre et descends rapidement les escaliers, en chaussettes. Je me faufile dans la cuisine et récupère quelques biscuits que j'avais laissés là avant de remonter aussi rapidement que je suis descendu. C'est en entendant des éclats de voix que je relève rapidement les yeux et que je remarque ce que je n'avais pas vu en descendant. La porte d'une chambre est grande ouverte et des paroles excitées et parfois vulgaires en sortent. Paralysé devant la porte, je n'ose pas la passer. On va me voir, on va forcément me voir. Et si je n'avais pas le droit d'aller à la cuisine, si on me le reprochait ? Je n'arrive pas à raisonner correctement et j'ai l'impression d'être en faute, pris en flagrant délit d'être sorti de ma chambre. J'ai beaucoup de mal à m'habituer à ma toute nouvelle liberté universitaire même si mon frère essaie tant bien que mal de m'initier. Je pose doucement un pied devant la porte et c'est malgré moi que je jette un oeil à l'intérieur découvrant une fille, à plat ventre sur un lit, en train de rire, et un garçon assis en tailleur par terre. Tous les deux sont devant un écran d'ordinateur et ils ont l'air heureux, je me dis. Vraiment heureux. Ils ont un ami, ils sont bien, les rares rayons de soleil passant à travers les stores fermés leur caressent les cheveux. Je me suis arrêté bien trop longtemps, fasciné par le spectacle devant mes yeux, ne pouvant décoller mes iris des deux saja, un sourire timide fleurissant au coin de mes lèvres. Rare spectacle.